La vague actuelle de violences terroristes sur Israël entre dans son troisième mois. Les tensions entre la direction politique du pays et ses services de sécurité qui couvaient depuis longtemps ne cessent d’augmenter et de se rapprocher de ce qui ressemble fort à une crise profonde et de grande ampleur.

Certes, le Premier ministre Benjamin Netanyahou et ses alliés se sont affrontés par le passé avec les défenseurs d’Israël à plusieurs reprises – sur l’Iran, les Palestiniens, l’administration Obama – depuis que Netanyahou a pris ses fonctions en 2009.

Ce qui est différent aujourd’hui c’est le grand nombre de litiges en éruption simultanément, en plein jour, à travers un éventail de remises questions, à un moment de chaos dangereux sur le plan national et régional.

Rarement, sinon jamais, les décideurs israéliens n’ont été aussi fortement en désaccord avec leurs services de sécurité sur tant de questions critiques. Le Premier ministre a émis une position sur la nature du terrorisme islamiste qui est fondamentalement en contradiction avec ses propres services du renseignement.

D’autres questions font l’objet d’un litige concernant entre autre les causes de la violence actuelle et des stratégies pour les contenir, l’opportunité de gestes de bonne volonté envers les Palestiniens, et la faisabilité de la reprise des pourparlers de paix.

Netanyahou et ses alliés croient généralement que la vague de terrorisme palestinien, qui a débuté en Octobre, est alimentée par la haine profonde d’Israël et des Juifs et l’incitation à la violence émanant des dirigeants palestiniens qui mettent le feu aux poudres. La plupart croient que la tactique de la poigne de fer va rétablir le calme. Mais les agences de renseignement israéliennes soutiennent que, si toute incitation joue un rôle, les jeunes agresseurs sont entraînés autant ou plus par les frustrations et le manque de perspectives dans leur vie – personnelle, économique et nationale. Prenant leurs repères dans les médias sociaux, ils agissent indépendamment  les uns des autres et souvent spontanément.

Dans ce contexte, les insultes ont volé rapidement et violemment ces dernières semaines. Considérons cinq événements récents :

1. Le 3 Novembre, l’analyse de l’armée concernant les motifs des violences palestiniennes a été présentée au Cabinet de sécurité, lors d’un briefing par le chef du renseignement militaire, le major. Gen. Herzl Halevi. Selon les comptes rendus de la session top-secret qui ont fuité, un ministre adjoint, Ze’ev Elkin de l’aile du Likoud, a accusé Halevi de se comporter comme un « porte-parole des Palestiniens. »

2. Le 17 Novembre les autorités ont interdit le mouvement islamique fondamentaliste du Nord, en ignorant l’évaluation du service de sécurité du Shin Bet disant que l’interdiction du mouvement base en Galilée ne ferait qu’enflammer les esprits des citoyens arabes-israéliens et que le mouvement deviendrait clandestin et rendrait ses actions plus difficiles à surveiller.

3. Le 23 Novembre, le ministre de l’Éducation Naftali Bennett appelé à l’armée dans une interview à la radio pour lancer « une sorte d’opération Bouclier défensif n°2. » Il faisait allusion à l’offensive israélienne de 2002 en Cisjordanie qui a écrasé la deuxième Intifada et ses leaders. L’appel de Bennett pour une action militaire plus agressive a réveillé les ressentiments dirigés contre l’armée et les accusations portées contre elle au cours de la guerre de Gaza 2014, alléguant que les généraux avaient été trop timides pour écraser le Hamas. Certains officiers accusent aujourd’hui Bennett de délire messianique.

4. Le 25 Novembre, un «cadre dirigeant» non identifié provenant du Commandement central de l’armée, qui couvre la Cisjordanie, a informé les journalistes d’une série de mesures que les Forces de défense israéliennes ont recommandé au gouvernement, demandant d’assouplir les conditions de vie des Palestiniens pour désamorcer la violences. Les propositions comprenaient une libération limitée de certains prisonniers ; l’augmentation du nombre de Palestiniens de Cisjordanie autorisés à travailler en Israël, et la délivrance de permis de construire pour les Palestiniens vivant dans la zone C, la partie de la Cisjordanie sous contrôle israélien complet. Également recommandé : le transfert de nouveaux stocks d’armes légères, de munitions et de véhicules blindés aux forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, afin de les aider dans leurs efforts de lutte contre le terrorisme dans les territoires sous son autorité, en coordination avec l’armée israélienne.

Le bureau du premier ministre a jugé les recommandations de l’armée par le mépris. Selon ses dires, ces concessions n’auraient fait que « récompenser la terreur. » Pour autant, ne pas suivre ces conseils n’a pas évité les violence. Le «cadre dirigeant» a été démasqué par l’extrême-droite comme étant le député juif Maj. Gen. Roni Numa, chef du commandement central de Tsahal. Une campagne sur les réseaux sociaux a aussitôt commencé appelant à démettre Numa de ses fonctions, et il s’est vu contraint de rencontrer les dirigeants des implantations et de désavouer ses propres recommandations.

5. La vague de terreur a également permis à Netanyahou de rouvrir un vieux débat avec les militaires sur la nature du terrorisme. Il insiste depuis près de deux ans que le Hamas, le Hezbollah, le groupe Etat islamique, Al-Qaïda et d’autres groupes terroristes islamistes soient tous déclarés comme étant des «branches d’un même arbre empoisonné. » Après les attentats du 13 Novembre à Paris, il a offert une variation sur ce thème, déclarant que le terrorisme palestinien actuel est de même nature terroriste et que c’est le «même l’islam radical’ qui a frappé à Paris et menace toute l’Europe. »

Son point d’argumentaire consiste à dire que, si Israël fait face au même ennemi, il mérite la même sympathie et on devrait lui accorder le même droit de frapper fort en représailles. Avec cette approche il a rencontré un soutien considérable parmi les organisations juives américaines traditionnelles. Le Vice-président exécutif du B’nai B’rith International, Daniel Mariaschin, s’est fait l’écho de Netanyahou dans un article du 17 Novembre ayant pour titre « la terreur c’est la terreur. » David Harris, directeur exécutif de l’American Jewish Committee a fait un rapprochement similaire disant qu’il s’agit de la même terreur à Paris et déplorant « le silence du monde » à la souffrance d’Israël dans un blog du 11 Octobre dans le Huffington Post. Jonathan Greenblatt, directeur local de l’Anti-Defamation League, est allé encore plus loin, défendant l’idée dans un article daté du 23 Novembre, d’explorer les «racines du mal »  et de chercher via l' »action politique » un moyen de résoudre le problème du monde entier en guerre contre  » le terrorisme islamique. « 

Malgré sa popularité, cependant, l’approche Netanyahou contredit directement le point de vue des organismes de défense et de renseignement d’Israël. Ils ont maintenu publiquement depuis plusieurs années que le Hamas sunnite, le Hezbollah chiite et des groupes terroristes du « jihad mondial comme l’Etat islamique et Al-Qaïda sont en fait trois phénomènes bien distincts qui nécessitent trois réponses différentes. Les djihadistes sont au-delà de la négociation, mais le Hamas et le Hezbollah, avec leurs alliés respectifs, peuvent être dissuadés d’employer la violence ou accepter des ententes tacites. Le Fatah, en dépit de ses flirts avec le Hamas, entre dans une quatrième catégorie, avec l’Egypte, la Jordanie et l’Arabie Saoudite, qui sont des pouvoirs pragmatiques avec lesquels des accords sont possibles.

Quant à la terreur actuelle qui sévit en Israël, elle est de nature tout à fait différente, car elle manque de toute structure d’organisation et d’idéologie. C’est ce point qu’Halevi a souligné devant le Cabinet dans la réunion tendue du 3 Novembre. C’est aussi ce qu’à martelé le Shin Bet dans un rapport publié le 10 Novembre. Et c’est sur ce point qu’il y a clivage entre le gouvernement, en particulier son flanc droit qui ne veut pas l’accepter, et les services de sécurité.

Globalement, les litiges actuels indiquent un point de bascule qui menace la société israélienne de s’effondrer et marque les débuts d’une bataille existentielle dans le choix pour son avenir.

Israël a été marqué pendant deux générations par une dévotion au statu quo en Cisjordanie, tablant que s’il était durable, Israël pourrait reporter indéfiniment d’œuvrer à l’amélioration de sa relation avec les Palestiniens, et que le pays était plus sûr en gardant les territoires qu’en les abandonnant et que la force militaire pourrait indéfiniment garantir sa sécurité.

Pour la plupart des Israéliens, il était commode de croire à ce consensus. Pour le mouvement des implantations et ses alliés à droite de l’échiquier politique, c’était une nécessité existentielle.

Maintenant, l’armée prévient que le monde a changé, que le statu quo ne tient plus et que des décisions difficiles doivent être prises. Cela ne devrait pas nous surprendre que ceux qui ont le plus à perdre soient ceux qui résistent le plus à ces conseils.

Contactez-JJ Goldberg au goldberg@forward.com

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christopher.dee

Merci Hamon de préciser les choses. Vous m’enlevez un poids, tant cet article m’a laissé un gout amer.
Raz le bol de ces bisounours qui pratiquent le discours d’apaisement mensonger, comme si le fatah, hamas, ezbollah etc étaient des interlocuteurs, voire des modérateurs. De qui se moque-t-on. La « cisjordanie » ou plus exactement Judée-Samarie ne sont pas des territoires perdus d’Israël mais bien une région dont l’intégration à Israël a traîné depuis trop longtemps. Peu importe la politique désastreuse de l’après 67.
Cette hypocrisie qui consiste à ménager une population hostile et incompatible avec la démocratie israélienne est une honte, un déni de cette terre , encore aujourd’hui disputée aux Juifs par la communauté internationale, ou plus exactement l’internationale antisémite pro nazislamiste!
Mais qu’attend Israël pour mettre fin à cette bouffonnerie en déclarant, enfin, sa souveraineté sur cette terre, qui mérite le respect, en lieu et place de la vindicte mahométane?

Yaacov

Je suis d’accord avec vous mais il ne faut pas oublier la pression internationale a tout point de vue (financier, economique, militaire, etc…) ce qui ne rend pas la situation facile pour Israel. Contrairement a ce que vous dites, Israel ne peut pas declarer sa souverainete sur cette terre car le leve de bouclier mondial et local causerait de grave prejudice a Israel.

flash

Cet article a au moins le mérite de poser des questions.

C. HAMON

Lamentable de poster ce genre d’article. ……… Rien que le titre induit en erreur !

« Scission entre Netanyahou et ses services de sécurité ? » ,………… Procédé journalistique d’une affirmation suivie d’un point d’interrogation. ……….. Car en fait, cette affirmation est fausse.

Un titre qui annonce un article doit être en conformité avec son texte. Sauf que si le titre est faux, tout le reste de l’article est tendancieux, orienté et par dessus le marché FAUX.

Cela ne m’étonne pas, puisque son rédacteur JJ Goldberg, juif américain, rédacteur de gauche de la revue « Forward »,

Le « Forward » La publication a commencé en 1897 en langue yiddish, un quotidien publié par des dissidents du Parti travailliste socialiste de Daniel De Leon. Le premier numéro de Forverts apparu le 22 Avril 1897 à New York. Le journal a été fondé par un groupe d’environ 50 yiddish socialistes qui se sont organisés environ trois mois plus tôt que le Forward Publishing Association. Le nom de ce papier, ainsi que son orientation politique, a été emprunté au Parti social-démocrate allemand et ses organes Vorwärts.

Donc, vous l’aurez compris, tout ce qui est bon pour salir Benjamin NETANYAHOU est repris ici. Sauf que si l’auteur s’appuie sur des fait réels, ….. L’explication et l’interprétation qui en découlent, sont erronées.

Je pourrais reprendre tous les passages de ce texte et les contredire, ou les ré expliquer.

Nonobstant que le Hamas sunnite, le Hezbollah chiite et des groupes terroristes du « djihad mondial comme l’Etat islamique et Al-Qaïda, ………… Ont la même racine et les mêmes objectifs destructeurs.

Je ne prendrais qu’un seul passage, celui de la guerre contre le Hamas en 2014. Ce qui prouve encore une fois que JJ Goldberg n’a rien compris.

……… « L’appel de Bennett pour une action militaire plus agressive a réveillé les ressentiments dirigés contre l’armée et les accusations portées contre elle au cours de la guerre de Gaza 2014, alléguant que les généraux avaient été trop timides pour écraser le Hamas. Certains officiers accusent aujourd’hui Bennett de délire messianique. »

Cela a été déjà dit des dizaines de fois.

L’arrêt des frappes contre le Hamas à Gaza, a été une décision politique, et non pas une décision des généraux israéliens. Pour plusieurs raisons, le gouvernement israélien n’a pas voulu éliminer le Hamas. Ce qui aurait été très facile à exécuter. Ainsi, éliminer le Hamas aurait été une porte ouverte à Daesh qui essaie déjà de s’implanter dans le Sinaï. Cela aurait pu favoriser la réunion de la Cisjordanie et de Gaza, ce qui n’arrange pas Israël. De plus Israël connaît tout du Hamas et de ses chefs. Israël peut contrôler et maîtriser.

……… Ce qui rend cet article méprisable, inconsistant, faux et trompeur.

beinisch

Pas du tout d’accords avec vos conclusions