Les 10 Commandements et les 613 Mitsvot (1) Vidéo

Après que Joseph et ses frères se soient réconciliés, la famine sévissant dans toute la région, Joseph conseilla à son Père Jacob et à ses frères, de « descendre » en Egypte – au pays de Goshen – pour y vivre sans souffrir de la faim. Les Enfants d’Israël y vécurent heureux jusqu’à la mort de Joseph. A ce moment, les Hébreux s’étaient multipliés et aux yeux du nouveau gouvernant appartenant à la dynastie des Hyksos, ceci constituait une menace pour les Egyptiens. Les Hyksos étant des guerriers, ils ont éprouvé le besoin de combattre les Hébreux. C’est ainsi que s’exprime la Torah :  

 ויקם מלך- חדש על-מצרים אשר לא-ידע את-יוסף :)שמות 1, 8

« Un roi nouveau s’éleva sur l’Egypte, lequel n’avait point connu Joseph » 

Ceci vient nous enseigner, que ce nouveau souverain qui n’avait pas entendu parler des bienfaits de Joseph sur l’Egypte (et non pas seulement de Joseph, mais aussi de ses familiers qui s’étaient transportés en Egypte avec leurs biens déjà considérables), éprouva une grande méfiance assortie d’une grande crainte, ainsi qu’il est précisé dans les deux versets suivants (versets 9 et 10) : 

ויאמר אל-עמו הנה עם בני ישראל רב ועצום ממנו : הבה נתחכמה לו פן-ירבה והיה כי-תקראנה מלחמה 

  : ונוסף גם-הוא על-שנאינו ונלחם-בנו ועלה מן-הארץ

« Il dit à son peuple : « voyez, la population des enfants d’Israël surpasse et domine la nôtre. Eh bien ! Usons d’expédients contre elle : autrement, elle s’accroîtra encore ; et alors, s’il survenait une guerre, ils pourraient se joindre à nos ennemis, nous combattre et sortir de la province »… 

C’est à la suite de cette harangue, que furent institués des officiers de corvée, pour accabler ce peuple et le rendre servile. Ce Pharaon fit preuve de grande démagogie. 

Descendus en Egypte au nombre de 70 âmes (Genèse 46,27), les Hébreux sortirent d’Egypte, après un « séjour » de 210 ans, au nombre de 600,000 hommes adultes, sans compter les femmes et les enfants (Exode 12,37). 

Le danger de l’Egypte désormais écarté, les Hébreux imaginèrent sans peine qu’ils allaient passer d’une vie d’esclavage à des conditions de vie bien meilleures et en toute quiétude. Or, nous le savons, ce peuple ne cessa de récriminer et de se raccrocher au passé, car le futur représente sans doute une inquiétude. Le mauvais penchant guettait ce peuple à chaque pas, tentant de le faire échouer sans cesse. Ce peuple qui avait vécu entouré de paganisme, entouré de sacrifices consacrés à des idoles, avait sans doute des difficultés à s’imaginer un Dieu que l’on ne voit pas, dont on voit certes les prodiges, mais que l’on ne peut se représenter comme une idole. Jusqu’alors, les Hébreux savaient qu’une alliance avait été conclue entre Dieu et les Patriarches – alliance qui se perpétuait avec la célébration de la circoncision (brit mila) – ils obéissaient aux 7 commandements Noahiques, mais restaient les esprits à éduquer à une nouvelle forme de vie. Ce peuple n’allait plus continuer à être désigné en tant que descendants des fils de Jacob (Bné Israël), mais bien en tant que Peuple.  

Le Mauvais Penchant, créé en même temps que l’homme, se tailla une part beaucoup plus belle et conséquente. Parmi les Egyptiens qui sortirent d’Egypte en même temps que les Hébreux en se joignant à eux, que l’on désigne sous le terme de Erev rav, étaient eux aussi au pied du mont Sinaï lorsque Moïse grimpa sur la montagne pour y recevoir les dix commandements et la Torah, la Loi écrite et Orale. L’absence du Chef Spirituel qu’était Moïse se prolongeant (la base du calcul des 40 jours et 40 nuits ayant été faussée), les harangueurs, très démagogues eux aussi, finirent par « convaincre » parmi le peuple même des figures insoupçonnables.  

La faute commise, en érigeant un veau d’or, répondait à un besoin de faire tomber le peuple dans la faute de l’idolâtrie.  

La faute entraîne la sanction, comme la bonne action entraîne une récompense. La première sanction fut la destruction des Tables de la Loi, tables de pierre gravées du Doigt de Dieu Lui Même. Un midrash explique que le fait que Dieu ait gravé Ses propres paroles sur la pierre, Moïse n’en sentit pas le poids. En revanche, au regard  navrant du peuple rendant un culte à cette idole qu’était le veau d’or, les Paroles divines s’envolèrent, et le poids réel de la pierre se fit sentir. C’est ainsi que Moïse, ressentant le poids réel de la pierre, il ne put supporter ce poids davantage et que se brisèrent les premières Tables de la Loi, qui étaient un cadeau inestimable que Dieu voulut faire à Son peuple. Sans doute surpris, aigri, découragé ou rempli d’amertume, Moïse brisa ce qui n’était plus que deux morceaux de pierre. Le Prophète remonta sur la montagne pour y graver les secondes tables… 

Après la promulgation de la Torah (Loi écrite et Loi orale, ou Talmud), le Peuple était véritablement un Peuple possédant une législation complète. 

De nombreux midrashim rapportent, que c’est par un amour sans condition, que le peuple accepta le don de la Torah, et qu’il promit de l’observer et de l’étudier. Cette Torah n’est autre pour nous qu’une longue lettre d’amour de Dieu vers Ses Enfants.  A chaque lecture, on y recueille des éléments nouveaux et des enseignements de grande qualité. On dit communément qu’il existe 70 voies pour comprendre et expliquer la Torah, car il existe aussi de nombreuses façons de penser et d’accepter, et aussi de mettre en pratique. 

La Loi se compose des Dix Commandements (Assereth Hadibroth) et des 613 commandements (Tariag mitsvoth).Connaissons-nous ces dix commandements et comprenons-nous leur signification ? 

Si nous considérons les deux tables mises face à face, nous allons découvrir, que sur la table de droite se trouvent les commandements de 1 à 5, et sur celle de gauche de 6 à 10. 

Les 3 premiers commandements concernent nos rapports avec le Créateur. C’est uniquement la qualité de nos rapports avec Lui qui est en question. 

Dans le 4ème commandement, Dieu nous a fait don du Shabbat et Il nous demande bien évidemment de l’observer ; en récompense, Il nous offre et nous promet la pérennité. 

Dieu a conféré aux parents la possibilité de procréer. Cette procréation a trois partenaires : le père, la mère, et Dieu. Dans la cinquième parole, Dieu demande aux enfants de respecter et d’honorer leurs parents sans plus ; alors que Dieu donne la vie, l’âme, les sens……. 

Dans cette première table, les cinq paroles concernent donc les rapports entre la créature et Le Créateur. 

Sur la deuxième pierre, on ne va trouver que cinq paroles, dont le sens n’est pas toujours bien développé. Il s’agit de cinq interdictions souvent formulées par deux mots. 

Toutes ces interdictions concernent les rapports entre humains. Il s’agit ici, non pas d’amour à partager avec notre prochain, mais plutôt de sauvegarder ce qui appartient à notre prochain, la vie, la propriété, et ce qui lui appartient.  

Ceci va constituer une ligne de morale : ne pas commettre d’homicide, cela va de soi, car nous ne sommes pas les réglementateurs du sort de chacun ; ne pas commettre d’adultère : la vie sexuelle est normale, mais elle ne doit pas dépasser les limites de la bienséance et de la pureté de ces relations. Que ne soit élevé l’acte que dans le but de se sanctifier, et de rendre cet échange comme quelque chose de naturel… 

Puis, nous aborderons la huitième parole, qui va nous enjoindre de ne pas voler, mais cela désigne aussi tout ce qui appartient à la tromperie, au mensonge. La neuvième parole concerne encore une fois le mensonge, et la volonté de trahir ou de camoufler ce qui existe vraiment ; ainsi, il ne faut pas porter de faux témoignage. 

La dernière parole se termine par le mot רעך « ton prochain », mais plus véritablement « ton ami » … celui qui va t’accompagner, qui va être ton appui, ton soutien. Celui qui va t’aider à lutter contre le Mauvais Penchant tapi partout à l’extérieur en prenant des apparences agréables qui te seront parfois funestes, et qui est à jamais tapi en toi, sauf si tu as le courage de lui dire : stop… Nous y reviendrons, mais l’homme est mauvais depuis sa naissance ; ainsi que l’a dit Dieu Lui-Même à propos de Sa créature dans la Genèse : « רע »מנעוריו« , « il est mauvais depuis sa jeunesse ». Il faut donc à l’homme beaucoup de volonté et de clairvoyance, pour lutter contre cet ennemi naturel, et tapi dans l’ombre surveillant le moindre de nos faux pas. C’est la raison pour laquelle la relation avec l’Autre doit être propre, irréprochable, pour que la bénédiction divine puisse se répandre sur l’humanité. 

Ces Dix Paroles se regroupent en 4 domaines différents : le spirituel, la morale, les lois civiques, et les lois sociales. Nous allons retrouver la notion de   polarité, qui est la base de tout ce qui a été conçu dès le Commencement : ici il s’agira du positif et du négatif. Cette polarité est complémentaire, un aspect va puiser dans l’autre puits ce qui lui manque, ce qui lui est nécessaire pour être compris. 

C’est au théologien et talmudiste du IIIème siècle, Rabbi Simlaï, que l’on doit la classification des 613 mitsvoth en négatives et positives. Il fit la découverte suivante : il y a 365 mitsvoth négatives ou d’interdiction (ce qui correspond au nombre d’artères et de vaisseaux dans le corps humain) et 248 mitsvoth positives (ce qui correspond au nombre d’os que contient le corps humain). Que pouvons-nous conclure à partir de cette constatation : que, si nous nous attachions à respecter ces Tariag Mitsvoth (613 Commandements), nous contribuerons au bon fonctionnement de notre corps, que nous allons dédier ou consacrer à notre Créateur… D’ailleurs, cette idée peut être reprise de manière très simpliste : notre mode de vie est régi par des lois הלכות èuyyhni (‘halakhot), et nous rendons grâce à Dieu en prononçant des ברכות (berakhot), ou bénédictions ; ces deux mots indiquent le mouvement ‘halakhot, qui provient de la racine ‘h-l-kh, soit aller, en hébreu » lalékhet ». Quel est l’os qui va nous permettre d’avancer, sinon le genou ברך, « bérekh », d’où vient le mot berakha (bénédiction). Soit, en appliquant les lois qui nous permettent de savoir comment se comporter dans la vie, et en remerciant Dieu pour chaque chose dont nous jouissons dans la vie courante, nous mettons notre corps, notre âme et notre existence tout entière à l’observance de ce que nous demande Le Créateur de toute chose… De même que Dieu ne Se lasse pas de nous voir négliger cette observance, tel un parent empli de mansuétude pour son enfant et (presque) toujours prêt à le redresser lorsqu’il trébuche, nous aussi devons comprendre qu’il n’est pas naturel de se coucher et de se lever, de marcher, de parler, de voir, d’entendre. Chaque matin, Dieu nous fait confiance, et Il nous rend aptes à vivre une nouvelle journée, dans l’espoir qu’aujourd’hui sera meilleur qu’hier. 

Ces lois que contient la Torah, que concernent-elles ? Tout ce qui peut être notre cadre de vie jusque dans les moindres détails. Elles nous donnent une direction pour corriger nos sentiments et notre réflexion, notre jugement, pour que nos actes envers autrui soient parfaits (ou proches de la perfection), et pour que nos passions ne l’emportent pas sur notre jugement. Pour que nous puissions gérer notre corps de manière pure et hygiénique, et que nos rapports envers l’Autre soient dignes, et enfin pour que notre alimentation soit pure et saine. La Torah ne laisse rien au hasard, et elle nous aide aussi à savoir comment régler les questions agricoles, et nos rapports envers les animaux quels qu’ils soient. 

Yéhouda Halévy, Médecin, Poète et Philosophe, né en Espagne en 1075 et décédé en Palestine en 1141, écrivit dans son célèbre Livre du Kuzari les paroles suivantes : « Sache que notre Torah est constituée par 3 états psychologiques : la crainte, l’amour, et la joie. Dans chacun de ces états, tu peux entrer en communion avec ton Dieu. Ta contrition les jours de jeûne ne te rend pas plus proche de Dieu que ta joie pendant shabbat et jours de fête, à condition toutefois que cette joie provienne d’un cœur dévot et parfait. La prière exige la piété et la componction. La joie requiert que tu te réjouisses dans Ses Commandements par amour pur, par l’amour de Celui qui les a ordonnés, et le désir de reconnaître la bonté de Dieu à ton égard. Aux jours de fête, considère-toi comme l’hôte de Dieu, comme invité à Sa table, dans Son Domaine ; remercie Le pour Sa Générosité, intérieurement et extérieurement. Et, si la joie te réjouit au point que tu aies envie de danser et de chanter, sache que le service de 

Dieu t’attache à Lui. Mais la Torah ne laisse pas ces choses à notre bon plaisir, elle les contrôle. Car l’homme manque du discernement nécessaire pour utiliser avec mesure les forces de l’âme et du corps ». 

Ces paroles devraient nous entraîner à comprendre, que contrairement à ce que pensent souvent certains de nos contemporains, ces lois sont toujours d’actualité. Elles n’ont rien à voir avec la modernité qui nous entoure. Et les institutions telles que la Guemilouth hassadim ou l’Entr’aide sociale, sont toujours actuelles encore d’avantage aujourd’hui où les familles ne vivent plus comme d’antan dans la même enceinte, où chacun vit loin de ses parents, où chacun à tant de difficultés à régler des problèmes quotidiens. 

Respecter un Shabbat ou une fête selon la ‘halakha, emplit nos cœurs de satisfaction et d’une telle joie, qu’au moment de la ‘havdala, on éprouve une déchirure lorsque la neshama yitéra (l’âme supplémentaire) qui se joint à nous au début du shabbat, se sépare de nous, pour repartir. Cette pause dans la vie de tous les jours, où nous séparons le profane du sacré, est une nécessité pour notre équilibre psychique. Nous nous sentons comme des esclaves libérés.         A suivre…

Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו

Légende : Marc Chagall, Moïse recevant les tables de la loi, 1960-1966, huile sur toile, 237 cm x 233 cm, donation Marc et Valentina Chagall, 1966, musée national Marc Chagall, Nice. Photo © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2020.

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