Les mesures insuffisantes face au terrorisme ©

 

La terreur continue de frapper et la solution reste éloignée

Analyse : 31 Israéliens ont été assassinés au cours de l’actuelle cycle de violence – et les efforts pour renverser cette tendance n’ont pas été suffisants jusqu’à présents. Le gouvernment a décidé de ne pas restituer les corps des terroristes – et certains ont été renvoyés. Un bouclage hermétique a été imposé autour de certaines villes – mais la plupart n’ont été que partiels et temporaires. Quelles autres mesures ont été instaurées et lesquelles se sont avérées relever de la farce?

Des dizaines de combattants de l’unité d’élite Duvdevan ont renforcé leurs amis au sein de la Division Judée et Samarie, durant la nuit de mercredi à jeudi, alors que les troupes de la Brigade territoriale Menashe ont mis des barrages routiers sur pied, pour rendre hermétique la fermeture de la ville de Qabatiya, et les autorités du maintien de l’ordre travaillent à accélérer la démolition des maisons des terroristes. 

Ce sont là les mesures immédiates décidées par le gouvernement, conduit par le Premier Ministre Binyamin Netanyahu et le Ministre de la Défense Moshe Ya’alon, en représailles à l’attaque terroriste qui a enlevé la vie à la jeune garde-frontières Hadar Cohen.

Alors que l’escalade actuelle de la violence entre dans son cinquième mois, cependant, il apparaît que l’appareil de la défense doit encore trouver la formule qui permettra de stopper ces attaques, qui ont retiré la vie à 31 personnes.

L’effort produit par les renseignements de Tsahal et du Shin Bet continue de diffuser des alertes concernant les attaques terroristes imminentes, dont celles des jours derniers et les combattants sur le terrain sont déployés sur les routes principales et les points chauds, où ils arrêtent des centaines de suspects palestiniens chaque mois.

Les forces de sécurité palestiniennes contribuent également à cet effort en maintenant une coordination sécuritaire et en déjouant des attaques terroristes contre Israël.

Et pourtant, le gouvernement ne dispose pas d’une bonne solution contre ce nouveau type de « terrorisme enraciné » en population, qui s’éloigne des organisations terroristes connues.

 » Une intervention calme pourrait empêcher une escalade, comme des mesures économiques, par exemple » ont proposé des responsables de Tsahal la semaine dernière, dans ce qu’on peut percevoir comme une déclaration disant que les mesures militaires seules ne sont pas en mesure d’arrêter les violences.

Depuis le meurtre du couple Henkin près de Naplouse, le 1er octobre 2015, les plus hauts échelons du gouvernement et de l’appareil de la défense ont été convoqués plusieurs fois et ont pris une série de décisions qui ressemble plus à  un inventaire de vieux procédés recyclés.

Les décisions du Bureau d Premier Ministre rapportées aux journalistes par des messages texte, comme d’imposer une clôture partielle d’un petit village ou l’intention de démolir les maisons des terroristes, étaient, jusqu’à 2005, le domaine exclusif d’officiers de rang intermédiaire en Judée-Samarie, comme un commandant de bataillon ou de brigade.

Voici les principales décisions prises par le gouvernement jusqu’à présent : 

Ne pas restituer les corps des terroristes

Au plus fort de l’escalade, le gouvernement a pris une décision controversée, qui a soulevé des objections de la part des échelons supérieurs de l’appareil de défense : retenir le corps des terroristes en Israël pour servir de punition et de dissuasion et dans un effort pour éviter que des processions lors des funérailles ne se transforment en ralliement d’incitation à des actes de vengeance contre Israël.

 

Certains des porteurs de dépouilles lors des funérailles de terroristes sont devenus eux-mêmes terroristes quelques jours plus tard. Mais, en définitive, lentement mais sûrement, les rangs politiques soutenant cette mesure se sont clairsemés et des dizaines de corps de terroristes ont été restituées aux Palestiniens ces dernières semaines.

Imposer un bouclage 

Vous auriez du mal à trouver un officier supérieur du Commandement Central de Tsahal qui soutient la punition collective contre la population palestinienne, principalement dans le climat actuel et les déclarations faites par les officiers supérieurs de Tsahal affirment que la liberté de mouvement pour les Palestiniens doit se poursuivre sur des routes partagées en Judée-Samarie comme sur l’Autoroute 60.

La décision du gouvernement, au début de l’escalade, d’imposer le bouclage d’un village ou d’une ville dont provient un terroriste a été instaurée lentement, partiellement, temporairement et de façon incohérente.

La ville de Naplouse, par exemple, a produit plusieurs des terroristes responsables d’attaques terroristes à Jérusalem ou dans la zone du carrefour de  Tapuach, mais il n’y a pas eu de bouclage à la suite de ces attaques. 

L’entrée du village de Beit Ummar, au nord d’Hébron, vers l’autoroute 60, a été fermée durant quelques jours, par ce que les médias ont appelé un « bouclage » – en s’alignant sur la déclaration faite par le Premier Ministre – du village d’un terroriste qui avait foncé en voiture sur des soldats. Le reste des entrées du village sont restées ouvertes et ce bouclage était, au mieux, partiel. 

Un bouclage partiel, de seulement quelques jours, a aussi été imposé sur le petit village de Beit Ur al-Tahta, au pied de la Route 443, d’où venait le terroriste qui s’est infiltré à Beit Horon la semaine dernière.

Et le bouclage « flexible » de Ramallah au début de la semaine dernière, après l’attaque au barrage routier Focus près de Beit El n’a duré que dix heures environ. 

Après une série de tentatives d’attaques au barrage de Jalamah en région de Samarie, juste au début de l’actuelle escalade, Tsahal a fermé le checkpoint, qui représente une artère économique cruciale pour le secteur. 

Les propriétaires d’entreprises et d’affaires de Qabatiya, l’une de villes les plus violentes de Judée-Samarie, ont eux-mêmes empêché des jeunes de quitter le village pour commettre des attentats terroristes. Ce « succès » a conduit les gens du village de Sa’ir dans le secteur d’Hébron a chercher conseil auprès de leurs amis de Qabatiya sur la façon d’empêcher les jeunes de partir commettre des attaques – à cause des sanctions israéliennes qui limitent les mouvements des résidents du village. 

 

Quoi qu’il en soit, jeudi, un bouclage complet et hermétique a été imposé autour de Qabatiya, d’où provenaient deux des trois terroristes qui ont commis l’attaque de mercredi à Jérusalem.

La décision d’imposer un bouclage partiel devrait être sous la juridiction des commandants de Tsahal dans les différentes zones, à leur discrétion, pour que l’armée puisse, par exemple, fermer l’entrée d’Hébron aux Palestiniens en se fondant sur des nécessités de sécurité, même si un terroriste n’en est pas sorti cette fois-là.

Geler les permis de travail et expulser les terroristes  

En novembre, le gouvernement a prononcé deux sanctions contre les familles des terroristes : révoquer les permis de travail en Israël aux familles étendues des terroristes et l’expulsion de ces familles vers Gaza. En réalité, ces idées sont demeurées du registre de la théorie et révoquer les permis de travail des proches des terroristes n’est appliqué que comme une mesure de sécurité recommandée par le Shin Bet.

Le Ministre de la Sécurité publique, Gilad Erdan a tenté de promouvoir l’expulsion des familles de terroristes vers Gaza comme mesure dissuasive, mais il s’est trouvé confronté aux fermes objections autant de la part de l’ancien Procureur Général Yehuda Weinstein, qu’à celle du nouveau PG, Mandelblit, qui disent que ce geste serait illégal. 

Trois Palestiniens dotés de permis de rester travailler en Israël ont commis des attaques au cours de ces derniers mois, dans ce qu’on a défini comme le « scénario rouge », au sein de l’Administration Civile de Judée-Samarie, qui procure ces permis. Ce n’est qu’après l’attaque terroriste de l’immeuble Panoram au sud de Tel Aviv que la décision a été prise de geler temporairement 1.200 permis donnés aux Palestiniens d’Hébron.

 

De manière informelle, les Palestiniens ayant un permis de travail se sont vus interdits de passage dans les implantations ou les zones industrielles de Judée-Samarie (Zone C) pendant seulement quelques jours, après des attaques dans la zone.

Le Chef de l’Etat-Major de Tsahal Gadi Eizenkot a mentionné lors de son  discours à l’Institut des Etudes de   Securité Nationale (INSS), il y a deux semaines, que le fait que plus de 100.000 Palestiniens travaillent pour des Israéliens,soutenant ainsi des centaines de milliers de familles, reste important pour les intérêts d’Israël et pour sa sécurité. 

Jeudi, le Coordinateur des Activités du Gouvernement dans les Territoires (COGAT) a décidé pour la première fois de geler les permis commerciaux et de travail des familles étendues des trois terroristes de Qabatiya, probablement pour une durée temporaire. 

Renforts de troupes

Trois bataillons de renfort opèrent en Judée-Samarie depuis le début de l’escalade à l’automne, dans ce qui semble être une des mesures les plus efficaces qui aient été prises – on observe moins d’émeutes et d’affrontements chaque mois et les heurts qui ont lieu effectivement se déroulent essentiellement les vendredis sur des points chauds repérés comme tels.

 

 

La présence permanente de combattants le long des routes principales, aux carrefours et sur les points chauds, dissuade les terroristes ou crée une barrière entre les terroristes et les civils. Dans la plupart des cas au cours de ces derniers mois, les attaques ont pu être déjouées sans qu’aucun Israélien ne soit blessé, grâce au niveau élevé de compétence et de vigilance des hommes de troupe.

En outre, plus de 1.200 Palestiniens ont été arrêtés par les forces de Tsahal depuis le début de l’escalade, au cours d’une série de raids nocturnes prenant pour cibles les principaux instigateurs d’émeutes, y compris des mineurs. Cette politique interrompt réellement la capacité des personnages incitateurs de Judée-Samarie à mener de violentes manifestations dans les villes et villages.

La Démolition des maisons de terroristes 

L’une des plus grosses farces d’entre les décisions du gouvernement est celle qui consiste à démolir les maisons des terroristes. Ce geste controversé est aussi réalisé lentement, même après que le gouvernement ait décidé, il y a plusieurs mois, d’accélérer la démolition des maisons afin de renforcer la dissuasion. 

Il y a une décennie, une commission de Tsahal a émis de gros doutes sur l’efficacité d’une telle mesure, ce qui n’a pas empêché le gouvernement de l’adopter avec enthousiasme au cours de ces six derniers mois.

Mais, en réalité, en dépit de la prise des mesures des maisons de terroristes et la transmission de notifications par avance de l’avis de démolition, la grande majorité des dizaines de maisons de terroristes qui ont assassiné ou blessé des Israéliens, au cours de ces derniers mois- sont restées debout.

Les instructions du nouveau Procureur Avichai Mandelblit à ce sujet, pourraient accélérer le processus, mais jusqu’à présent, l’Autorité Palestinienne fournit de nouvelles maisons aux familles de terroristes, des meubles et tout ce qui leur faut, alors qu’Israël prend son temps avant la démolition. 

Les mesures prises par le Ministère de la Sécurité Publique

Erdan a aussi travaillé à changer les règles d’engagement, de façon à ce qu’à présent, les forces de police peuvent employer un fusil Ruger 10/22 non-létal lorsqu’elles sont confrontées à des jeteurs de cocktail-Molotov et de pierres. Il a aussi facilité les conditions pour obtenir un permis de port d’armes et quelques 15.000 demandes de licence ont été reçues jusqu’à présent, comparé à 3.000 durant la même période l’an dernier. 

Le Yamam (l’unité anti-terroriste de la police) et les Forces Spéciales opèrent au coeur des quartiers et des villages arabes de l’Est de Jérusalem pour appréhender les suspects de terrorisme. Au même moment, les quartiers-généraux de base pour les missions, qui avaient été démantelés à Jérusalem par le passé ont été réactivés et la police entre dans des zones sensibles de l’Est de Jérusalem dont l’entrée lui était interdite il y a encore quelques temps.

Erdan et le gouvernement ont aussi promu une loi rendant effectives et obligatoires des sanctions minimum pour quiconque participe à quelque action violente que ce soit, dont les jets de pierre et de cocktails-Molotov.

Le Ministère de la Sécurité Publique travaille également à accroître la surveillance des réseaux sociaux dans un effort pour identifier par avance les terroristes et les incitateurs.

Moran Azulay a contribué à ce reportage.

Yoav Zitun

Publié le : 05.02.16, 15:47 / Israel Opinion

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Adaptation : Marc Brzustowski