Atlantico : Le Rassemblement national fait sa rentrée politique cette semaine. Le parti va notamment mener une réorganisation, après l’échec en demi-teinte des législatives de juillet. Des candidats aux législatives désignés comme des « brebis galeuses », ainsi que plusieurs militants sont convoqués devant une commission des conflits. Pourquoi le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella ne parvient-il pas totalement à se normaliser, à effectuer cette mue et pourquoi n’arrive-t-il pas à se défaire des critiques sur la compétence de ses candidats aux législatives et sur certains de leurs propos ? En quoi ce grand ménage est-il une cause perdue d’avance pour le RN ?
Arnaud Benedetti : S’il ne s’était pas normalisé pour une part importante, il ne serait pas en termes de voix le premier parti de France. Cette réalité-là fait qu’il est aussi le premier groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Donc il convient de ne pas tirer de conclusions par trop hâtives de sa déconvenue relative des dernières élections législatives ou s’il n’est pas parvenu à conquérir le pouvoir, il n’en demeure pas moins qu’il a progressé. Pour autant sa professionnalisation n’est pas achevée. C’est un fait que le recrutement de ses candidats a laissé entrevoir des failles, d’autant plus visibles que le Rn est aussi une formation beaucoup plus scrutée et en conséquence plus exposée. La loupe de l’immédiateté est par nature déformante. Il y a une surveillance sociale indéniablement plus poussée du RN que des autres forces politiques.
Si certains des profils qui ont été mis en exergue pour leur incompétence ou leur aspérité idéologique ont évidemment nuit à la stratégie de banalisation du RN dans ce spot spécifique, très intense que fut l’élection législative, cela est sans doute lié à une mauvaise appréciation de l’encadrement managériale du RN qui a sous-évalué le risque du contrôle médiatique dont le parti demeure l’objet. Il y a un hiatus entre la perception globale de l’opinion qui pousse à la normalisation et la perception de la classe médiatique dont l’atmosphère générale vis-à-vis du parti de Marine Le Pen reste foncièrement négatif. Dans une campagne courte, le rôle des médias est d’autant plus pressant et fort qu’il tend à monopoliser pour une grande part la scène où se noue la compétition. Ce piège s’est refermé sur le RN, faute d’une évaluation appropriée de la menace.
A ce défaut de maîtrise s’en est ajouté un autre, celui d’un flottement quant aux positionnements sur un certain nombre de thématiques, notamment celle de la binationalité , sujet pourtant que le RN avait purgé de son programme précédemment mais qu’il a réintroduit en cours de campagne, suscitant de la sorte une réactivation des stratégies de diabolisation à son encontre.
Tout l’enjeu désormais consiste à cranter un niveau supérieur de crédibilité. Cela reste possible car l’instabilité du contexte politique joue en faveur sur la durée du Rassemblement national et que les enquêtes d’opinion, comme le montre une note récente de la Fondation Jean Jaurès rédigée par le sondeur Jean-Daniel Levy, font ressortir une image dans l’ensemble moins dégradée que la plupart des autres forces politiques. Toute la question consiste à savoir si la formation de Jordan Bardella et de Marine Le Pen pourra s’assurer rapidement d’un renforcement de son niveau d’expertise en recrutant des profils adaptés – ce qui manifestement n’était pas le cas au moment des législatives, contrairement au récit que le parti a tendu à développer en laissant entendre qu’il était prêt à gouverner.
Philippe D’Iribarne : Depuis les élections de 2002, le RN a mené un long travail de dédiabolisation qui a déjà sérieusement payé. Les législatives ont montré qu’il y avait encore du chemin à parcourir dans ce domaine. La stratégie du RN vers la normalisation est à l’opposé de l’attitude de La France insoumise et de la gauche.
Cette tactique pourrait s’avérer payante pour le RN lors des prochaines élections. Le front républicain sera fragilisé. De plus en plus de personnes sont convaincues que le vrai danger pour la démocratie est représenté par La France insoumise. LFI rend un formidable service au RN.
La dédiabolisation du RN porte ses fruits. Le lien entre le RN, l’extrême droite et les heures sombres de l’histoire s’affaiblit. Le fait de convoquer les cadres fautifs conduit à l’exclusion de personnalités douteuses dans l’appareil du parti.
Marine Le Pen a aussi recruté un nouveau directeur de cabinet. Pour ceux qui veulent vraiment lutter contre le RN de manière durable, il vaudrait mieux traiter les problèmes que le RN met en avant. Le RN, pour être un vrai parti de gouvernement, va devoir se positionner de manière raisonnable sur le plan économique. Il est très préoccupant, d’un point de vue démocratique, que toute une partie de la population ne soit pas représentée par un parti respectable qui puisse participer normalement à la vie politique.
Maxime Tandonnet : L’objectif principal du RN est de poursuivre sa course à la dédiabolisation, à la respectabilité. Le Rassemblement national essaye de mettre en œuvre une politique de table rase par rapport au passé, au Front national. Mais cette politique de table rase est illusoire. Malgré les décisions prises par les dirigeants du RN, la réalité historique est que le Rassemblement national porte l’héritage du FN. Il y a un lien historique entre les deux. Il est difficile de rompre totalement avec le passé. Il restera une partie des militants, une partie des dirigeants qui sont en liaison directe avec ce passé. Les partis politiques et leurs représentants ont une histoire et un passé qu’il n’est pas possible d’oublier. Il est difficile de faire complètement table rase du passé.
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Ces difficultés au sein du RN et les critiques envers certains candidats s’expliquent-elles à cause du fonctionnement du parti qui repose essentiellement sur une culture d’entreprise liée à la famille Le Pen ?
Arnaud Benedetti : La marque Le Pen s’est transformée au cours de ces dix dernières années. Cette transformation explique ses succès et sa montée en puissance. Elle se heurte à des résistances exogènes qui restent liées à son passé, tout un stock de représentations issues de son histoire qui peuvent l’handicaper dans sa volonté d’accès au pouvoir et qui sont opportunément réactivées par ses adversaires dès lors que le RN est en passe de l’emporter. Le fonctionnement du parti laisse par ailleurs entrevoir des manques, même s’il s’est renforcé en matière de formation de ses cadres mais pour autant il a peut-être bien plus souffert de son rajeunissement accéléré que de l’héritage que vous évoquez. Depuis 2022, Marine Le Pen s’est concentrée d’abord sur le groupe parlementaire, laissant à son successeur le soin de réorganiser la machine partisane. Elle s’est par exemple peu impliquée dans la constitution de la liste des européennes. Jordan Bardella a reconnu des dysfonctionnements dans l’organisation, en imputant à ces derniers la cause des difficultés rencontrées durant la campagne. Des voix plus discrètes mais critiques ont fait valoir des défauts de management en mettant en avant un excès de centralisation et un déficit de délégation.
Le problème principal est surtout que le RN est un parti en croissance socio-électorale puissante mais son encadrement est vraisemblablement insuffisant, d’autant plus que son rajeunissement rapide a laissé peut-être de côté des profils plus expérimentés.
En d’autres termes, l’entreprise est sous-staffée, parfois manquant d’articulation dans un ensemble assez polycentrique en fin de compte où d’autres initiatives coexistent à côté du parti, comme celle entre autres du groupe des ‘’ Horaces’’, ce groupe d’experts constitué pour préparer l’accès au pouvoir ainsi que le programme du RN. Autre exemple de ce manque d’encadrement qui peut poser question pour une formation aspirant à gouverner : il n’existe pas une direction des études. Plus généralement, ce dont souffre le Rassemblement national est un phénomène global, tendanciel qui va au-delà de son seul cas mais pour lequel il est plus exposé, parce qu’il est pour une part un parti qui a construit son logiciel sur le rejet des élites : l’abaissement du niveau de compétences et de culture générale du personnel politique.
Maxime Tandonnet : Le RN repose sur une structure à caractère familial. Le véritable chef du Rassemblement national est Marine Le Pen, la fille du fondateur du parti. Sa nièce, Marion Maréchal, a joué un rôle important et il semble qu’elle se soit à nouveau rapprochée du parti.
Certains des grands leaders du RN ont des liens affectifs ou familiaux les uns avec les autres. Le RN ne semble pas être en tout cas pour l’essentiel un parti fondé sur un recrutement démocratique avec des militants qui auraient gravi les échelons. Le Rassemblement national est une structure verticale. Le RN est une structure qui à sa tête fonctionne sur des liens affectifs amicaux, personnels, bien davantage que les partis traditionnels.
La famille Le Pen est à la tête de cette structure. La courtisanerie a toute sa part dans son fonctionnement. Même s’il n’est pas le seul à cet égard… Y a-t-il un risque de crise interne et de tensions au sein du RN suite à ces convocations devant la commission et face aux restructurations des fédérations avec une dizaine de nouveaux délégués départementaux ? Est-ce une mue réelle ou une simple évolution de façade ?
Philippe d’Iribarne : Cette étape et les sanctions qui seront prises pourront entraîner des tensions.
Il est clair que le RN ne changera pas et n’a pas l’intention de changer sur le programme et les idées que le parti défend. Le Rassemblement national bénéficie de l’adhésion d’une large partie de l’électorat car le RN aborde notamment les questions de sécurité et de l’immigration. Le RN s’efforce de sanctionner les dérapages de certains de ses candidats ou représentants.
Le RN est dans une position assez similaire au PS par rapport à LFI. Dans sa quête de respectabilité, le RN tente de se détourner du FN et de son héritage. Le Rassemblement national essaye d’entreprendre une transition qui permettrait de se normaliser, comme si LFI tentait de ressembler au PS pour se dédiaboliser.
La polémique et le retropédalage de Jean-Philippe Tanguy concernant ses propos sur Michel Barnier et les déclarations des candidats aux législatives soulignent-elles les failles au sein du RN et les difficultés à surmonter les crises politiques en interne et à rassurer les électeurs pour les futures échéances électorales ?
Arnaud Benedetti : Quoiqu’on en pense le contexte d’un pays sans majorité, travaillé par un fort ressentiment à l’encontre de ses dirigeants, en demande de protection et d’ordre profite mécaniquement au RN. Loin d’être affaibli, il demeure en embuscade, adoptant dans le moment une stratégie parlementaire plutôt habile, même s’il n’a pas réglé tous ses problèmes programmatiques. Il peut continuer à incarner un recours, d’autant plus que même si elle a réussi à lui barrer la route de justesse, la stratégie du ‘’ front républicain’’ sort profondément démonétisée des législatives de juillet. L’expérience gouvernementale qui commence, incertaine et inédite, sera-t-elle en mesure de limiter « la montée des eaux bleues marines » pour reprendre la formule de Jérôme Fourquet ? Rien n’est moins sûr, compte tenu des contraintes structurelles qui pèsent sur l’action du nouveau Premier ministre qui hérite d’une situation dont il n’est pas responsable mais qui entrave fortement ses marges de manoeuvres. Tout simplement parce que Michel Barnier est un chef du gouvernement de la Vème République sans majorité et à tout bout de champs entravé par le jeu des factions qui ont toutes acté l’après-macron. Cette donne là est la note majeure du moment. Et les problèmes internes du RN apparaissent très secondaires par rapport à ce contexte…
Maxime Tandonnet : Le député en question a insulté Michel Barnier. Le fait de recourir aux insultes est toujours un signe de grande impuissance et témoigne de lacunes intellectuelles et d’un manque d’arguments solides pour critiquer quelqu’un.
Mais cela ne tient pas seulement au RN. Voyez ce député LFI qui se vante de ses lacunes historiques et qui se répend en insultes. Ce phénomène concerne d’autres partis, y compris à gauche. Il y a une tendance à proférer des insultes à l’égard des opposants politiques. C’est un signe de médiocrité: l’insulte ou violence verbale et physique se substituent au débat d’idées. Elles reflètent une médiocrité intellectuelle et morale. Les gestes incontrôlés ou le chahut à l’Assemblée nationale témoignent aussi de cette réalité. Les partis de gauche et La France insoumise sont particulièrement concernés par ce phénomène. Le RN, certes, mais il n’est pas seul dans ce cas. Cela dénote un certain malaise et des failles au sein de la classe politique.
Malgré la transformation du RN et les décisions prises au sein du parti de Marine Le Pen pour sanctionner les dérapages et les fautes graves, la gauche et LFI ne sont-elles pas animées par une volonté de diaboliser sans cesse le RN ? Ce poids que fait peser la gauche sur le RN impacte-t-il durablement la vision qu’a l’électorat du Rassemblement national ?
Philippe d’Iribarne : Cette stratégie ciblant le RN est une question de survie pour la gauche. La gauche est en recul auprès de l’opinion. Si la droite avait présenté un front uni lors des dernières élections, la gauche aurait été battue et aurait perdu toute perspective d’occuper le pouvoir.
La gauche s’est mobilisée lors des élections autour du front républicain pour faire barrage au Rassemblement national. Les partis de gauche ont entraîné la macronie dans cette stratégie. Les Républicains n’ont pas suivi cette consigne lors des législatives.
Mais le front républicain est un fusil à un coup. Il risque de s’éroder et sera moins efficace lors des futures échéances électorales.
La décision d’écarter certaines « brebis galeuses » va-t-elle avoir des effets vraiment bénéfiques pour le RN comme lors de l’éviction de Jean-Marie Le Pen du Front National ? Les polémiques liées aux législatives pour le RN n’ont-elles pas démontré que le parti était sous doté en effectif pour affronter la campagne lors de ces récentes élections ?
Philippe d’Iribarne : Le RN ne disposait absolument pas d’une réserve de gens compétents, formés permettant de se présenter dans toutes les circonscriptions avec des candidats de qualité aux législatives. Le parti va donc tenter de mieux former l’ensemble de ses candidats et de ses représentants dans l’optique de la conquête du pouvoir.
Cela va permettre au parti de poursuivre sa quête de respectabilité. Le travail accompli par les maires RN dans les municipalités est aussi un atout pour le parti. Si le mode de scrutin n’évolue pas, le RN va remporter un grand succès lors des prochaines municipales. Le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella poursuit donc sa mue en vue des futures échéances politiques.
Maxime Tandonnet : L’argument selon lequel le parti n’est pas complètement prêt à gouverner n’est pas forcément un bon argument. L’expérience actuelle du macronisme montre qu’il y en a d’autres qui sont amateurs et qui ne sont pas prêts à gouverner alors qu’ils sont au pouvoir.
Le problème de la qualité des candidats concerne l’ensemble de la classe politique et notamment le RN. Il est assez difficile de trouver des candidats au bon niveau. La politique a une image tellement dégradée dans notre pays que les jeunes brillants, volontaristes, motivés ne se lancent plus dans la politique et décident de mener une carrière littéraire, juridique, scientifique ou médicale. La fonction politique est hélas extrêmement dévalorisée.
Le problème des partis politiques actuels y compris du RN est que la plupart de leurs candidats aux législatives européennes ou nationales ne sont pas des personnes qui se distinguent par leurs qualités intellectuelles et humaines qu’ils entendraient mettre au service du bien public, mais plutôt des blessés de la vie qui n’ont pas eu un destin à la hauteur de l’image qu’ils avaient d’eux-mêmes et trouvent dans la politique un outil de revanche sur la vie. Ces personnes se sont engagées dans la vie politique par désir de revanche sociale en compensation de précédents échecs. Ce n’est pas une bonne manière de faire de la politique. Dans les années 1920 et les années 1950, les personnalités politiques étaient parfois des gens brillants et cultivés comme Blum, Poincaré, Tardieu ou Herriot. Aujourd’hui, le mandat politique est bien davantage une occasion de revanche sociale. Chez les dits « extrêmes », c’est particulièrement flagrant. D’où la médiocrité globale de ce milieu, en dehors de quelques exceptions bien sûr.
ATLANTICO
Le point de vue « politique » des restes de Juifs en francekipu, est depuis très longtemps, sans la moindre importance. Un antijuif notoire, « conseiller » du mythe errant, avait arithmétiquement, expliqué pourquoi.
Par contre, en France aujourd’hui, comme aux USA en novembre, ce qui compte, c’est de faire obstacle aux partis et autres organisations et mouvements antijuifs.
La vermine au pouvoir en francekipu, a montré en juillet, qu’elle s’accouple sans honte, avec les pires déchets nazislamistes, pour empêcher d’arriver au pouvoir, le parti préféré des Français .
Donc l’ordure qui disserte sur le RN, dans cet article, entretient encore l’illusion que, les abrutis n’ont pas eu tout à fait tort, de voter avec les antijuifs.
Nous renouvelons nos malédictions sur les Juifs antijuifs des USA, qui ne voteraient pas pour TRUMP.