Le Premier ministre britannique Boris Johnson annonce sa démission

Le Premier ministre s’est adressé aux Britanniques ce jeudi midi depuis le perron de Downing Street. Il a annoncé sa démission du parti conservateur mais a indiqué qu’il resterait au pouvoir jusqu’à ce que soit désigné son successeur.

La pression était devenue intenable. Après deux journées riches en rebondissements, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est résolu à jeter l’éponge. Depuis le perron de Downing Street, où il est apparu toujours aussi combatif, il a annoncé sa démission du Parti conservateur. « Je peux vous dire à quel point je suis triste de quitter le meilleur « job » du monde », a-t-il déclaré ce jeudi midi, après avoir expliqué qu’il avait tenté de convaincre ses proches qu’il était « excentrique de changer de gouvernement au moment où nous obtenions des résultats ».
« Notre système électoral darwinien va produire un nouveau leader », a-t-il ajouté. Un nouveau Premier ministre devrait être en poste en octobre pour la conférence annuelle du Parti conservateur, à l’issue d’une élection au sein du parti.
En attendant que son successeur soit désigné, Boris Johnson a indiqué qu’il resterait au pouvoir. A moins que le groupe parlementaire conservateur, regroupé au sein du comité 1922, ne décide d’accélérer son départ et ne préfère nommer un Premier ministre par intérim.

« Une bonne nouvelle »

Sa décision intervient deux jours après la démission retentissante de deux poids lourds de son gouvernement, le ministre de la Santé et celui des Finances, qui ont tous deux mis en doute son intégrité et la politique menée.
« C’est une bonne nouvelle pour le pays, mais cela aurait dû arriver beaucoup plus tôt, a réagi le leader travailliste Keir Starmer. Ce n’est pas d’un changement à la tête des Tories dont nous avons besoin, mais d’un changement de gouvernement. »

Refus de démissionner

Mercredi encore, Boris Johnson avait exclu de démissionner . Lors des questions au Parlement, il s’était montré combatif et déterminé à « continuer » et à « assurer le mandat donné par le peuple britannique ». Mais d’autres démissions ont suivi en cascade. Leur nombre atteignait 52 ce jeudi matin parmi les 120 membres du gouvernement (ministres, secrétaires d’Etat et autres parlementaires occupant des fonctions de secrétaires privés).
Plusieurs poids lourds du gouvernement ont tenté de convaincre Boris Johnson de partir, à commencer par son ancien rival, devenu depuis un allié, Michael Gove. Celui-ci a démissionné dans la nuit de mercredi à ce jeudi, faute d’avoir eu gain de cause. Ce jeudi matin, deux ministres tout juste nommés mardi soir, Nadhim Zahawi aux Finances et Michelle Donelan à l’Education, lui ont demandé de partir.

Le père du Brexit

Le Premier ministre britannique se retrouvait ainsi dans une situation où il ne pouvait plus pourvoir les postes de son gouvernement. Deux ans et demi après sa large victoire aux législatives de 2019, sa démission achève un mandat marqué par la pandémie de Covid et la sortie de l’Union européenne, pour celui qui restera le père du Brexit.
Les derniers mois ont été émaillés de scandales, notamment le « Partygate », ces fêtes organisées à Downing Street pendant la pandémie et qui avaient beaucoup choqué les Britanniques. Fragilisé, Boris Johnson a affronté une motion de censure début juin, qu’il a remportée, mais à une courte majorité.

Sanction dans les urnes

Deux semaines plus tard, le Parti conservateur a été sanctionné dans les urnes lors de deux élections partielles où il a été balayé par les Libéraux-Démocrates dans le sud-ouest de l’Angleterre et par les travaillistes à Wakefield, dans le Nord. Une nouvelle polémique la semaine dernière est née de la promotion accordée au parlementaire Chris Pincher, accusé par plusieurs hommes d’agressions sexuelles.
Boris Johnson achève ainsi l’un des mandats de Premier ministre les plus courts de l’histoire du Royaume-Uni. Avec 1.079 jours au pouvoir au 7 juillet, il aura gouverné à peine plus longtemps que Gordon Brown (1.049 jours) et tout juste moins que sa rivale Theresa May (1.061 jours).
Ingrid Feuerstein (Correspondante à Londres)
www.lesechos.fr

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