La Chine ne se ressemble plus : 40 ans de croissance sont révolus et les ondes de choc frappent le monde
40 ans de croissance sont-ils terminés? La Chine, l’une des économies les plus fortes du monde, est depuis longtemps confrontée à la chute des prix dans le secteur immobilier, aux faillites, à l’augmentation de la dette publique et à un faible taux de croissance.
Il semble que le « miracle chinois », caractérisé par la la construction sans fin d’usines, de chemins de fer et de bâtiments, est décédée et que l’injection d’argent du gouvernement pour construire des infrastructures, des biens immobiliers et la consommation privée – n’est plus efficace. Environ un cinquième des appartements construits dans les projets chinois sont inhabités, et les ponts et les voies ferrées de nombreuses provinces souffrent d’une faible demande et de coûts d’entretien élevés.
Pendant ce temps, le Fonds monétaire national prévoit pour l’économie chinoise une croissance inférieure à 4% du PIB, soit moins de la moitié de son taux moyen des 20 dernières années.En outre, la dette de toutes les autorités chinoises a augmenté à 300% du PIB. en 2022, dépassant de loin le taux d’endettement des Etats-Unis.La dette des collectivités locales a également gonflé à la suite d’une interdiction imposée par Pékin sur les prêts bancaires à 9 000 milliards de dollars.
Lorsque les banques sont restreintes, le marché des prêts hypothécaires et des prêts se refroidit également. Ces derniers jours, la société immobilière China Evergrand a déposé une demande de protection contre ses créanciers aux États-Unis (Section 15), au moment cosmique avec le Chinese Country Garden, qui a mis en garde contre la faillite. « L’effondrement au ralenti de Country Garden, similaire à Evergrande, pourrait encore saper la confiance des acheteurs de maisons, aggraver leurs problèmes de liquidité et rendre difficile pour les décideurs politiques de stabiliser la vente et la construction de biens immobiliers », déclare le Dr Gil Bafman, Économiste en chef de la Banque Leumi. « Cette situation va inciter une partie encore plus importante des ménages et des prêteurs à éviter les transactions avec les entrepreneurs privés. »
« L’économie chinoise est sous le choc »
Karis Whitty, fondatrice et PDG du groupe Signal pour les relations israélo-chinoises, affirme que le moment est venu de déclarer la fin de l’ère de la croissance à deux chiffres en Chine. Elle déclare aux Globes. marché immobilier et un énorme problème d’endettement.Le président chinois Xi Jinping a tenté de le résoudre toutes ces années en déplaçant les pièces sur l’échiquier très rapidement, de sorte que les graves problèmes fondamentaux dont les experts avertissent ne se sont pas vraiment fait sentir.Ils ont été autour depuis 15 ans. Mais quand 30% de votre économie dépend de l’immobilier, finalement ce jeu est terminé.
Caris Whitty, fondatrice et PDG du groupe SIGNAL pour les relations israélo-chinoises et la politique chinoise / Photo : Studio Omri Miron
« D’abord la demande de protection du géant immobilier China Evergrande pour la protection contre les créanciers, et maintenant Country Garden qui est proche de l’insolvabilité. Nous voyons des multitudes qui continuent de payer leur hypothèque et qui ne peuvent pas entrer dans leurs appartements, dans certains des pires cas qui sont découverts maintenant. »
Alors, comment le marché immobilier chinois, qui au fil des années a connu une forte augmentation, est-il parvenu à un point aussi bas ? Selon Witt, « les achats d’appartements neufs ont diminué de 2,4 % et les achats d’appartements existants de 6 % ». Il y a eu un choc. Bien que le gouvernement chinois encourage la banque centrale à assouplir ses taux hypothécaires, cela ne suffit pas. L’industrie qui est responsable, ou qui était responsable du mouvement de l’économie chinoise, est en état de choc. Le fait que cette situation perdure et qu’Evergrande entraîne tout le marché dans la boue dans laquelle il repose, ne fait qu’exacerber le phénomène. Ce sont des signes terribles, et cela indique que le marché immobilier n’ira pas bien dans un avenir proche. »
L’espoir après la crise corona qui ne s’est pas réalisé
Après la crise de Corona, il semblait que l’économie chinoise se redresserait, que la demande augmenterait et que les détaillants augmenteraient leurs stocks à cette fin. Mais cela ne s’est pas produit. Whitty affirme qu’il y a trois raisons à cela : la première est les exportations de la Chine. « Xi Jinping a tenté de relancer les exportations avant et après le virus corona en subventionnant les prix des transports, mais le principal moteur du marché d’exportation de la Chine – les États-Unis – souffre d’un ralentissement de la croissance. Une deuxième raison est la guerre en Ukraine, qui a eu un impact énorme qui est revenu comme un boomerang en Chine. »
« Une autre raison à cela », selon Whitty, « est la faible consommation intérieure qui résulte d’un manque de confiance dans le système. On a le sentiment qu’il n’y a pas assez de réseaux de protection gouvernementaux : sécurité sociale, mécanismes de protection sociale, souci d’un fonctionnement du système de santé, sécurité alimentaire. Le peuple chinois ne fait pas confiance à l’État pour prendre soin d’eux. Les gens ne font confiance qu’à eux-mêmes et ils gardent l’argent sous le matelas. Lorsqu’il n’y a pas de confiance, il n’y a pas de niveau élevé d’épargne et il y a pas de croissance économique. »
Mais non seulement les citoyens chinois souffrent de la situation, mais aussi les entreprises étrangères opérant en Chine. « Ils ne croient pas que leur situation dans le pays continuera d’être stable », ajoute Whitty. « Vous ne voyez pas un abandon des investisseurs, mais vous ne voyez pas non plus un afflux d’investisseurs : l’investissement de 700 millions de dollars de Volkswagen dans des usines de véhicules électriques en Chine est une rareté aujourd’hui. La plupart des investisseurs étrangers hésitent à augmenter leurs investissements parce qu’ils ne croyez pas que la politique sera en leur faveur, peut-être le contraire. Il est le bon. L’économie est finalement basée sur la confiance.
Le président chinois n’a-t-il pas suffisamment combattu la corruption ?
Dans les années 1990 et au début des années 2000, la Chine était considérée comme un pays très corrompu, mais aussi comme un pays à croissance économique rapide. De nos jours, le pays est moins corrompu dans la plupart des indicateurs, mais comme mentionné, sa croissance est aujourd’hui plus lente. Faire respecter la discipline et l’ordre dans la bureaucratie locale a été la marque de fabrique de l’administration du président Xi Jinping. Une vaste campagne brutale contre la corruption officielle l’a aidé à renforcer sa position et son pouvoir.
Le président chinois Xi Jinping et son peuple lors d’une rencontre avec le secrétaire américain Anthony Blinken / Photo : Associated Press, Leah Millis
Entre autres choses, le gouvernement s’est occupé de la corruption dans les sociétés Internet et le système médical, mais l’entrée du gouvernement dans de plus en plus de domaines, nuisant à la confiance de beaucoup. Plein d’esprit : « Par exemple, l’industrie de l’enrichissement de l’après-midi après l’école, dont le but était d’améliorer l’éducation des élèves. Jinping a tout coupé d’un coup, affirmant que cela créait des inégalités dans la société. Maintenant, tous ces étudiants et anciens travailleurs sont au chômage et inactifs. «
« Ce n’est plus l’histoire de la croissance que nous connaissions »
S’agit-il d’un carrefour historique de l’économie chinoise, ou s’agit-il d’une légère correction après la fin du virus corona et la Chine retrouvera les taux de croissance que nous connaissons ? Il est trop tôt pour le dire, mais la situation actuelle peut indiquer que la Chine a déjà perdu son charme.
« La Chine n’est plus l’histoire de la croissance que nous connaissions. Elle a trop de problèmes internes et sa population diminue et vieillit. Le « miracle chinois » est donc définitivement terminé, et le problème réside dans la structure de son économie. Si ce n’est pas le cas changer ses problèmes de base, il continuera à couler. Et s’il réussit à changer ses habitudes, il coulera temporairement puis reviendra aux niveaux de croissance qui caractérisent l’Europe ou le Japon.
JForum avec Assaf Guilad www.globes.co.il
 |
 |