Le livre Qui a trahi Anne Frank?, discrédité et retiré des ventes aux Pays-Bas
Exemplaires de l’édition néerlandaise de La trahison d’Anne Frank de Rosemary Sullivan, exposés dans une librairie à La Haye le 2 février 2022. SEM VAN DER WAL / ANP / AFP
Après avoir présentée ses excuses, la maison d’édition néerlandaise Ambo Antho a annoncé le retrait de l’œuvre de l’auteure canadienne Rosemary Sullivan, basée sur une enquête controversée.
Une maison d’édition néerlandaise a annoncé avoir retiré de la vente un livre affirmant qu’Anne Frank aurait été trahie par un notaire juif en se basant sur une enquête qualifiée d’amateurisme par des historiens.
Un groupe de six experts a présenté mardi soir un rapport à Amsterdam contestant les résultats de cette enquête vivement critiquée depuis la présentation de ses conclusions en janvier. «Sur la base des conclusions du rapport, nous avons décidé que le livre n’est plus disponible avec effet immédiat», a déclaré l’éditeur Ambo Anthos dans un communiqué, appelant les libraires à renvoyer les exemplaires en stock. «Nous tenons à présenter une fois de plus nos sincères excuses à ceux qui ont été offensés par le contenu du livre», a-t-il ajouté.
Le livre Qui a trahi Anne Frank? de l’auteure canadienne Rosemary Sullivan, explique comment le notaire juif Arnold van den Bergh aurait révélé la cachette d’Anne Frank en 1944 à Amsterdam. Selon le rapport des experts présenté mardi, l’enquête se basait uniquement sur des hypothèses et des interprétations erronées des sources. Anne Frank a-t-elle été dénoncée par un notaire juif ? C’est la thèse d’un nouveau livre est connue pour son journal intime rédigé entre 1942 et 1944 alors qu’elle et sa famille se cachaient dans un appartement clandestin à Amsterdam. Arrêtée en 1944, elle est morte l’année suivante, à l’âge de 15 ans, dans le camp de concentration de Bergen-Belsen.
Le livre sur la célèbre jeune écrivaine juive était censé mettre fin à un mystère de la Seconde guerre mondiale, mais il s’est rapidement retrouvé au cœur d’une controverse. L’ouvrage, qui affirme que l’adolescente allemande a très probablement été trahie par le notaire juif pour sauver sa propre famille, a suscité une tempête médiatique internationale depuis sa parution. Le directeur du conseil central juif des Pays-Bas (CJO) avait notamment jugé les résultats de l’enquête, dirigée pendant six ans par l’ex-agent du FBI Vincent Pankoke, «extrêmement spéculatif et sensationnaliste».
Le livre avait fait l’effet d’une bombe aux Pays-Bas, toujours hantés par la culpabilité de la déportation de plus de 100.000 Juifs. La maison d’édition du livre aux Pays-Bas, Ambo Anthos, s’était déjà excusée pour ne pas avoir adopté une position plus critique et avait reporté les tirages supplémentaires. L’éditeur américain HarperCollins n’a pas encore répondu à l’appel lancé par la petite-fille du notaire pour arrêter la vente à l’international, selon des médias locaux.
Par Le Figaro avec AFP