Ce qui reste du Liban, rêve de retrouver son indépendance d’antan, quand le Hezbollah milice iranienne ne faisait pas encore la loi dans le pays.

Ce pays prétendait être la démonstration du vivre ensemble, tout en s’acharnant à surtout à bien mourir ensemble avec des guerres intra-confessionnelles. Le pays, avec l’émergence de l’islamisme conquérant, a cru pouvoir maintenir cette équilibre instable quand les chrétiens maîtrisaient encore le pays. Il s’est voulu pays arabe, en épousant en façade la cause palestinienne, tout en voulant la contenir dans les camps, mais cela s’est traduit par une guerre civile. Une autre milice islamiste est alors apparue feignant de défendre le Liban, elle a réduit au silence les palestiniens du Liban par la force, mais a pris prétexte de la défaite du Hamas à Gaza pour entrainer le pays dans la guerre.

Le Liban face à ses démons : l’appel de Netanyahou à chasser le Hezbollah ravive les spectres de la guerre civile.

Alors que l’appel de Netanyahou à chasser le Hezbollah laisse le Liban perplexe, Tsahal poursuit ses opérations dans le Sud-Liban et l’aviation israélienne conduit des raids sur Beyrouth.

Benjamin Netanyahou n’y est pas allé par quatre chemins. « Libérez votre pays du Hezbollah », a-t-il demandé aux Libanais dans une vidéo publiée mardi, avant de les menacer de connaître « des destructions et des souffrances comme celles que nous voyons à Gaza ». Le Premier ministre israélien pilote seul sa guerre. Que la France ait vu dans ses propos une provocation, il n’en a cure. Il avait apostrophé directement Emmanuel Macron lorsque ce dernier annonçait l’arrêt des livraisons d’armes à Israël. « Alors qu’Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d’Israël. Pourtant, le président Macron et d’autres dirigeants occidentaux appellent maintenant à des embargos sur les armes contre Israël. Honte à eux ! » avait-il déclaré.

Même Joe Biden ne semble plus avoir aucune prise sur lui. Les deux dirigeants, dont la relation est difficile, ne se sont pas parlé depuis sept semaines… Un mutisme qui a pris fin par un coup de fil glacial cette semaine. Mais au-delà d’une certaine stupeur chez les soutiens à Israël, cet appel de Netanyahou à chasser le Hezbollah laisse le Liban perplexe, et ce bien au-delà de la communauté chiite. Le Hezbollah fait l’objet de critiques acerbes au Liban depuis son « aventure » syrienne.

Tout a commencé quand Hassan Nasrallah a ordonné à son mouvement de s’engager dans la guerre en Syrie. Le « Parti de Dieu » obtient une première victoire à Qousseir en mai 2013. Ensuite, ses combattants sont de toutes les batailles en Syrie. Ils y gagnent une puissance considérable, refondant complètement la vieille armée syrienne où le nombre des étoiles sur les épaulettes était proportionnel à la taille de la bedaine. En retour, le Hezbollah subit des pertes. Au pays, au Liban, ça gronde. Les familles se plaignent car les obsèques se succèdent.

Politiquement, avant la Syrie, on leur pardonnait beaucoup de choses, en partie en raison de la guerre de 2006, où le Hezbollah avait tenu tête à Israël, qui s’était trouvé face à des combattants bien plus aguerris qu’il ne l’avait imaginé. Dans un entretien qui date de 2017, le Premier ministre libanais Saad Hariri, celui-là même qui avait assassiné son propre père Rafic Hariri, me disait, à propos du Hezbollah : « Il faut bien faire la distinction. Au Liban, le Hezbollah joue un rôle politique. Il a des armes, certes, mais il ne les utilise pas sur le sol libanais. L’intérêt du Liban est de faire en sorte que ces armes ne soient pas utilisées ailleurs. De là vient le problème. »

Le groupe « Sauvons le Liban »..

Alors que les médias proches du Hezbollah, moquent les tentatives d’union pour débarrasser le pays de la férules terroriste iranienne, un rassemblement national s’est tenu au siège du parti des Forces Libanaises à Maarab, sous le titre évocateur « En défense du Liban ». Cette réunion, convoquée pour discuter d’une feuille de route destinée à sauver le pays, intervient alors que le Liban s’enfonce de plus en plus dans une guerre aux conséquences catastrophiques. Morts, déplacements massifs de population, destruction et effondrement sont désormais le lot quotidien des Libanais.

La conférence a réuni des figures politiques, médiatiques, sociales et de sécurité, toutes opposées au régime en place. Étaient notamment présents Samir Geagea, chef du parti des Forces Libanaises, Camille Chamoun, président du Parti National Libanais des Patriotes, et plusieurs représentants de partis tels que les Kataëb, le bloc « Tajaddod », et « Mouvement de l’Indépendance ». On note également la participation de plusieurs députés et anciens ministres, ainsi que des membres de la société civile.

Le chef des Forces Libanaises, Samir Geagea, a ouvert la rencontre par un moment de recueillement, demandant une minute de silence pour les victimes du conflit. Son discours, empreint d’émotion, a rappelé les souffrances des Libanais : « Nous prions pour la guérison des blessés, pour soulager les douleurs des déplacés et pour les enfants du Liban qui ont droit à vivre dans un pays qui garantit leurs droits ».

Cependant, derrière ces mots touchants, une réalité amère persiste : les appels répétés à la fin de la guerre se multiplient, mais les actions concrètes pour stopper l’hémorragie semblent toujours aussi éloignées. Le Liban est à la dérive, et comme le souligne Geagea, « le pays est comme un navire sans capitaine ». Une métaphore forte, certes, mais qui met en lumière l’absence de leadership efficace pour sortir le pays de l’impasse actuelle.

Un consensus contre le statu quo, mais quelles perspectives réelles ?

Après des discussions houleuses sur la situation actuelle du Liban, une commission a été formée pour rédiger un communiqué final. Dans celui-ci, Geagea a affirmé que la guerre qui ravage le pays depuis un an est la conséquence directe de l’incapacité de l’État à contrôler les groupes armés. Sans surprise, ce discours résonne avec l’opposition de longue date de Geagea à la présence d’armes non contrôlées par l’État, notamment celles du Hezbollah.

Le constat dressé lors de cette rencontre est sombre : plus d’un million de Libanais sont déplacés à l’intérieur de leur propre pays, forcés de quitter leurs maisons et vivant dans des conditions précaires. Pourtant, les solutions proposées, bien que cruciales — un cessez-le-feu, l’élection d’un président qui incarne la souveraineté de l’État, et la formation d’un gouvernement capable de rétablir l’ordre — semblent presque utopiques face à la complexité du paysage politique libanais.

Un projet pour sauver le Liban ou une simple répétition des appels passés ? Le discours de Geagea, bien que critique envers le gouvernement actuel, ne manque pas de rappeler la position traditionnelle des Forces Libanaises : la nécessité de se conformer aux résolutions internationales, notamment les résolutions 1559, 1680 et 1701, qui appellent au désarmement des milices et à la souveraineté complète de l’État libanais. Mais cette posture, déjà adoptée lors des crises précédentes, n’a jusqu’à présent pas permis de sortir le Liban de l’impasse. Le chef des Forces Libanaises appelle également à l’élection d’un président qui ne soit pas lié aux pratiques corrompues du passé, mais les exemples de figures politiques « intègres » au Liban restent rares. Geagea conclut son discours en rappelant l’agressivité d’Israël vis-à-vis du Liban, tout en soulignant que l’absence d’une action décisive de la part des forces internes risque de condamner le pays à de nouvelles souffrances. Il est indéniable que la situation actuelle est en grande partie le résultat de décennies de mauvaise gouvernance et de corruption. Toutefois, les propositions avancées, bien qu’ambitieuses, restent peu réalistes sans un consensus national fort et sans le soutien de la communauté internationale.

Alors que le Liban continue de s’effondrer sous le poids des crises multiples, cette rencontre à Maarab apparaît à certains égards comme une lueur d’espoir. Cependant, les critiques soulignent que les appels à une sortie de crise, répétés depuis des années, n’ont toujours pas débouché sur des solutions concrètes. Les factions politiques restent profondément divisées, et la capacité à mettre en œuvre des changements structurels semble plus éloignée que jamais.

Gébran Bassil, entre appels à l’unité et critiques voilées contre le Hezbollah.

Le 13 octobre 2024, Gebran Bassil, chef du Courant Patriotique Libre (CPL), a tenu un discours à la suite de la messe commémorative organisée par son parti pour marquer l’anniversaire des événements du 13 octobre 1990. Ce jour symbolique, rappelant l’opposition du CPL à la tutelle syrienne, s’est transformé cette année en un cri d’alarme contre ce que Bassil a qualifié « d’occupation israélienne », liant ainsi le passé et le présent pour illustrer sa vision de la souveraineté libanaise.

Un discours sous le signe de la résistance, mais des critiques voilées

Bassil a ouvert son intervention en saluant la mémoire des « martyrs libanais », ceux du 13 octobre et ceux qui tombent aujourd’hui sur les lignes de front. S’il a exprimé son soutien à la résistance contre Israël, il n’a pas manqué d’émettre des réserves sur l’implication du Hezbollah dans le soutien à Gaza. Selon lui, « bien qu’Israël n’ait pas besoin de prétexte pour agresser le Liban », l’engagement du Hezbollah aux côtés de Gaza a fourni à Israël une justification pour frapper le Liban, faisant perdre au pays sa posture de défense constante. Cette déclaration, loin d’être anodine, est une critique indirecte à l’égard du Hezbollah. En demandant explicitement au Hezbollah de ne pas s’engager dans le conflit gazaoui, Bassil révèle une divergence stratégique au sein de l’axe de la résistance. Il rappelle même qu’une demande écrite avait été envoyée il y a six mois pour séparer  le Liban des dynamiques régionales en conflit, mais elle avait été ignorée, voire moquée par certains partisans du Hezbollah.

Une critique des « aventures » coûteuses et un appel à la protection de l’État.

L’un des moments clés de son discours a été sa dénonciation des « aventures coûteuses » dans lesquelles certains acteurs politiques voudraient entraîner le Liban. En filigrane, Bassil critique non seulement le Hezbollah, mais aussi les factions politiques qui, selon lui, seraient prêtes à sacrifier la souveraineté libanaise au profit de promesses étrangères ou d’intérêts personnels.

Le métropolite de Beyrouth, Élias Audi, a appelé “les Libanais à l’union »

Le métropolite de Beyrouth, Élias Audi, a appelé “les Libanais, notamment les chrétiens, et les dirigeants en particulier, à s’éloigner des querelles, à s’élever au-dessus de l’égoïsme et des intérêts personnels et à prendre des mesures immédiates pour sauver le pays”.

Lors de son homélie dominicale, Mgr Audi a souligné la “grande responsabilité nationale” des responsables, tenus “d’élire un président dès que possible, par des moyens démocratiques et conformément aux dispositions de la Constitution”.

Selon lui, ce président, “capitaine du navire”, pourra “porter la cause et la voix du Liban dans le monde, négocier en son nom et écarter les dangers”.

“Le Liban a urgemment besoin d’un président qui puisse œuvrer, avec un gouvernement harmonieux, à protéger le Liban, à arrêter les combats, les destructions et les déplacements de population et à mettre en place tous les moyens diplomatiques pour atteindre cet objectif”, a-t-il souligné.

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