Le Hamas se joint au plan iranien visant à briser les manifestations des Arabes contre la corruption
De toute évidence, ce que veut l’Iran, c’est de voir les Arabes manifester contre les Etats-Unis et Israël – et contre rien ni personne d’autre.
- Il reste maintenant à voir si les Arabes, qui se sont enfin réveillés pour réaliser que c’est l’Iran – et non Israël – qui constitue la véritable menace pour leur bien-être, pourront maintenir l’élan et continuer leur soulèvement contre la corruption et la domination de l’Iran sur leurs pays.
- Au lieu de tirer des roquettes sur Israël et de manifester à la frontière israélienne avec Gaza, les Palestiniens doivent apprendre de leurs frères au Liban et en Irak quels sont leurs véritables ennemis : dictateurs soutenus par l’Iran et faux dirigeants palestiniens, qui savent seulement diriger leur peuple vers une souffrance supplémentaire.
L’Iran a engagé Khaled Masha’al, l’ancien chef du « bureau politique » du mouvement palestinien Hamas, pour avertir les Arabes des conséquences de leurs demandes de réforme et de démocratie. Sur la photo: Masha’al avec le « Guide suprême » iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. (Source de l’image: khamenei.ir) |
Dans le cadre de ses efforts pour contrecarrer les manifestations anti-corruption au Liban et en Irak, l’Iran a engagé Khaled Masha’al, ancien chef du « bureau politique » du mouvement palestinien Hamas, pour avertir les Arabes des conséquences de leurs exigences de réforme et de démocratie.
L’Iran considère que les manifestations contre la corruption constituent une menace majeure pour ses intérêts dans la région. C’est très probablement la raison pour laquelle il a décidé de lâcher le Hamas et ses autres mandataires – le Hezbollah au Liban et Hashd al-Shaabi en Irak – contre les manifestants dans les rues de Beyrouth et de Bagdad. De toute évidence, ce que veut l’Iran, c’est de voir les Arabes manifester contre les Etats-Unis et Israël – et contre rien ni personne d’autre.
En ce qui concerne les dirigeants iraniens, les Arabes qui exigent réforme et démocratie nuisent aux efforts de Téhéran visant à dominer les pays arabes et à se préparer à la guerre contre Israël. L’Iran semble croire que, grâce aux progrès technologiques de Téhéran, détruire Israël est devenu possible. « Le sinistre régime [Israël] doit être rayé de la carte, et ce n’est plus un rêve, mais un objectif réalisable », a déclaré le général major Hossein Salami, commandant du corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran.
S’exprimant lors de la « Conférence des pionniers de Jérusalem » en Turquie, au début de cette semaine, Masha’al a exprimé sa préoccupation quant au fait que les manifestations contre la corruption, qui sont également dirigées contre l’Iran, pourraient s’avérer néfastes pour les Palestiniens.
Sa principale préoccupation, a-t-il déclaré, est que les soucis des Arabes concernant leurs problèmes et conflits internes détournerait leur attention de la question palestinienne et la placerait au bas de leur liste de priorités. « Nous espérons qu’il s’agit d’une préoccupation temporaire », a déclaré Masha’al. « Nous espérons que la Palestine reviendra au sommet de l’agenda [des Arabes] ».
L’ancien dirigeant du Hamas a également mis en garde les Arabes et les musulmans de prendre conscience de « l’influence d’Israël sur les politiques internes de vos pays ».
La voix est celle de Masha’al – mais il semble évident qu’il parle au nom de ses patrons à Téhéran, qui semblent extrêmement préoccupés par les manifestations de masse qui balayent le Liban et l’Irak – les deux pays où l’Iran a de fortes positions politiques et une lourde présence militaire.
Ces dernières semaines, des voyous du Hezbollah ont attaqué des manifestants pacifiques au Liban avec des couteaux et des gourdins. Les malfrats ont également forcé un jeune Libanais, Luay Shibli, à s’excuser publiquement d’avoir « insulté » le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Sous les menaces du Hezbollah, Shibli a publié sur les médias sociaux une vidéo dans laquelle il a déclaré : « Nous ne valons pas les chaussures de Hassan Nasrallah. »
Un peu plus tôt, Nasrallah s’était prononcé contre les manifestations anti-corruption au Liban en prévenant que les manifestations plongeraient le pays dans le chaos. Il a également affirmé que les manifestations étaient « financées par des parties étrangères ».
Ce que Nasrallah a oublié de mentionner, c’est que son groupe terroriste du Hezbollah, comme le Hamas de Masha’al, reçoit une aide financière et militaire de l’Iran.
En Irak, les auxiliaires de l’Iran, les milices Hashd al-Shaabi, sont amenés à jouer un rôle majeur dans la répression des manifestations contre la corruption. Les milices, accusées de servir d’instrument iranien de domination de l’Irak, auraient placé des tireurs d’élite sur les toits de Bagdad afin de tirer sur ceux qui participaient aux manifestations contre la corruption.
Retour à Masha’al. Cet homme représente un mouvement qui contrôle, avec une poigne de fer, deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza depuis 2007. Le Hamas n’a pas hésité à réprimer ses opposants et à bloquer les revendications de réforme et de démocratie.
Au cours des dernières semaines, les forces de sécurité du Hamas ont arrêté plusieurs Palestiniens qui auraient planifié une nouvelle vague de manifestations contre la corruption et les difficultés économiques dans la bande de Gaza. En d’autres termes, le Hamas fait exactement ce que le Hezbollah et Hashd al-Shaabi ont fait contre les manifestants pacifiques au Liban et en Irak.
Les alliés du Hamas au sein du Jihad islamique, le deuxième groupe terroriste dans la bande de Gaza, sont également financés par l’Iran et s’opposent également à toute manifestation contre la corruption. L’excuse donnée par le Hamas et le Jihad islamique à leur opposition aux demandes de réforme et de démocratie est que les Palestiniens devraient consacrer leurs efforts à la lutte contre Israël. Cet objectif semble être précisément la raison pour laquelle le Hamas continue à envoyer des Palestiniens manifester près de la frontière avec Israël, alors que les terroristes du Jihad islamique continuent de tirer des roquettes sur Israël. Agissant sur les instructions de leurs maîtres à Téhéran, le Hamas et le Jihad islamique souhaitent clairement que la colère des Palestiniens soit dirigée uniquement vers Israël.
La déclaration de Masha’al contre les manifestations anti-corruption au Liban et en Irak montre que le Hamas ne se soucie pas du bien-être des Arabes et qu’il est prêt à tout mettre en œuvre pour défendre les intérêts de l’Iran non seulement sur la scène palestinienne, mais également dans toute la région.
De l’avis de certains Palestiniens, l’ingérence obsessionnelle et persistante de l’Iran dans les affaires palestiniennes – en particulier son aide financière et militaire au Hamas et au Jihad islamique – a été catastrophique pour la cause palestinienne.
« Khaled Masha’al a déclaré que les crises dans la région avaient un impact négatif sur la cause palestinienne », a déclaré l’analyste politique palestinien Hassan Alnewaihi.
« De quelles crises parlez-vous, M. Masha’al? L’occupation [iranienne] de l’Irak est-elle une crise ou une catastrophe qui a frappé la [nation arabe] et détruit la cause palestinienne? De quelles crises parlez-vous lorsque l’Iran est l’occupant de quatre capitales arabes, détruit les capacités des Arabes et les ramènent de nombreuses années en arrière? Le soulèvement des Arabes contre leurs oppresseurs est-il une crise? Les révolutionnaires contre l’occupation [iranienne] sont-ils une crise qui nuit à la cause palestinienne? «
Alnehaiwi a ajouté que « les révolutions populaires contre les occupants [iraniens] et les bourreaux [arabes] sont un point lumineux et un jalon qui serviront les intérêts de la question palestinienne ». Notant que le Hamas avait fait ce qu’il fallait quand il s’est rallié au peuple syrien dans son soulèvement contre le régime du président Bashar Assad, l’analyste politique a déclaré :
« Le Hamas pourrait regretter son soutien à l’Iran. Le Hamas perdrait beaucoup s’il continuait à se ranger du côté de l’Iran et à s’opposer aux peuples qui se sont révoltés contre l’occupation [iranienne] et les bourreaux (arabes). »
De telles critiques, cependant, ne vont probablement pas dissuader le Hamas de poursuivre son programme de défense des intérêts de l’Iran dans la région. Les Arabes qui risquent leur vie pour exiger une bonne gouvernance et mettre fin à la corruption sont maintenant la cible de l’Iran et de ses fantoches dans la bande de Gaza, au Liban et en Irak.
Il reste maintenant à voir si les Arabes qui se sont enfin réveillés pour réaliser que c’est l’Iran – et non Israël – qui constitue la véritable menace pour leur bien-être, pourront maintenir l’élan et continuer leur soulèvement contre la corruption et la domination de l’Iran sur leurs pays.
En continuant de s’aligner sur l’Iran, le Hamas conduit son peuple vers une souffrance encore plus grande. Le seul moyen pour les Palestiniens de la bande de Gaza de soulager leur misère consiste à se révolter contre leurs « dirigeants » au sein du Hamas. Au lieu de tirer des roquettes sur Israël et de manifester à la frontière gazaouï-israélienne, les Palestiniens doivent apprendre de leurs frères au Liban et en Irak quels sont leurs véritables ennemis : dictateurs soutenus par l’Iran et faux dirigeants palestiniens, qui savent seulement diriger leur peuple vers souffrance supplémentaire.
Khaled Abu Toameh, journaliste primé basé à Jérusalem, est membre du Shillman Journalism Fellow du Gatestone Institute.
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Iran is responsible for the « Arab winter »!
Je me demande quel pouvoir peut avoir Masha’al sur la rue libanaise ( les palestiniens, avant d’être virés du Liban par Tsahal, ont laissé un très mauvais souvenir là-bas, sans parler du multi-confessionnalisme ) ou sur la rue irakienne..