S’ils avaient été surpris avec un enfant Juif dans leur maison de Gargenville, en 1942, Emile et Germaine Charpentier auraient été exécutés en compagnie de leur fils unique, Roger. Et 74 ans après, Didier Charpentier, leur petit-fils, ne pourrait pas raconter l’histoire méconnue de ce couple de Gargenvillois qui deviendront officiellement, ce dimanche, « Justes parmi les Nations ». Cette distinction permet d’honorer tous ceux qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, en pleine Occupation, ont hébergé des Juifs chez eux au péril de leur vie.

Emile, plombier couvreur, et son épouse Geneviève, femme au foyer, ont accueilli en 1942 le petit Henri Konsens. L’enfant, alors âgé de 5 ans, y est placé grâce à un réseau de juifs communistes parisiens qui étaient en contact avec des communistes locaux. Son père avait été déporté à Auschwitz et sa mère, victime de la rafle du vel d’Hiv. « Il allait à l’école communale, comme tout le monde. Mais après l’école, contrairement, à ses petits camarades, il rentrait directement à la maison », confie Didier Charpentier. Le curé de Gargenville lui apprend les prières catholiques afin de ne pas être distingué des autres enfants. « On se méfiait de tous, se souvient Henri Konsens. C’était un pays occupé où tout le monde se dénonçait. »

Gargenville, vendredi 17 juin et 1943. Henri et sa cousine Madeleine (ci-dessous) ont vécu deux ans chez les Charpentier. « Je suis fier de mon grand-père », confie aujourd’hui leur petit-fils Didier (ci-dessus). (LP/MG et DR.)

La maison du 24, rue de la Division-Leclerc accueillera ensuite la cousine d’Henri, Madeleine. Les enfants y vivront deux ans sous la protection de leurs bienfaiteurs, héros anonymes, avant de retrouver leur destin, errant de ville en ville pour échapper aux rafles : Grenoble, Saint-Etienne… Une fuite qui cesse dès la fin de la guerre. Henri poursuivra alors des études de médecine à Paris. Le couple Charpentier, lui, reprendra sa routine gargenvilloise. « Ils n’ont jamais parlé de ce qu’ils ont fait, explique aujourd’hui leur petit-fils. Quand j’ai appris leur histoire, je suis tombé de l’armoire. Je suis fier de mon grand-père. »

Près de 4 000 Justes en FranceSELON le comité Yad Vashem, qui organise ces cérémonies, un Juste est une personne non-Juive qui a risqué sa vie pour venir en aide à des Juifs. Il s’agit de la plus haute distinction honorifique délivrée par l’État d’Israël à des civils. On en compte près de 25 000 travers le monde, répartis dans 46 pays, dont 3 939 en France. Leur identification a débuté en 1963. Mais un grand nombre n’aurait pas encore été retrouvé car le nombre de Juifs sauvés de la déportation est estimé à plusieurs dizaines de milliers.

Devenu médecin, Henri vit aujourd’hui en Normandie. 74 ans après avoir dû s’y cacher, il va retrouver Gargenville.

  Le Parisien

 

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