Invité sur la chaîne télévisée koweïtienne Al-Shahed, l’activiste koweïtien Nasser Dashti a déclaré : « Sur le plan culturel, nous sommes communautaires, dictatoriaux et tyranniques. Malheureusement, telle est la mentalité arabe. » Sur le plan pratique, dit-il, « notre pouvoir est  de type démocratique ; nous sommes libéraux et laïcs dans notre vie quotidienne, utilisant tout ce que l’esprit européen laïc a jamais produit. » Dashti, membre du Centre culturel Tanweer, a précisé qu’en sciences politiques, « les conquêtes islamiques relèvent du colonialisme ». L’émission a été diffusée le 26 mars 2016. Extraits :

Nasser Dashti : Lorsque le texte religieux est parvenu aux musulmans, il s’adressait à eux conformément à leur culture et leur environnement. Le texte religieux est absolu. Il diffère des idées que nous, humains, élaborons pour organiser nos vies. Ces idées sont mutables. Elles sont dynamiques par nature. Voilà pourquoi les États constitutionnels laïcs et démocratiques dans le monde sont les plus avancés dans tous les aspects de la vie. Il existe six lectures principales et des centaines d’exégèses de la charia islamique. Chaque école théologique prétend avoir le monopole de la charia islamique. Les musulmans d’aujourd’hui vénèrent la communauté plus qu’ils ne vénèrent Dieu. Ils vénèrent leur religion plus que Dieu. C’est un problème. Un texte absolu incite chacun à prétendre avoir le monopole de la vérité absolue. Nous vivons partout une crise purement communautaire.

[…]

Les gens ont le sentiment que tout ce qui touche à la religion est une provocation. Si vous évitez de présenter la religion comme une entreprise idéologique, tout ira bien, mais si vous la présentez comme telle et l’imposez au peuple, elle devient encore plus dangereuse.

Journaliste : Pensez-vous qu’un État laïc soit préférable pour toutes les nations ?

Nasser Dashti : Sur le plan culturel, nous sommes communautaires, dictatoriaux et tyranniques. Malheureusement, c’est la mentalité arabe. Mais sur le plan pratique, notre système gouvernemental est démocratique, nous sommes libéraux et laïcs dans notre vie quotidienne, utilisant tout ce que l’esprit européen laïc a jamais produit. Tant que les libertés de l’autre ne portent pas atteinte à [notre] intégrité physique ou psychologique, il doit être autorisé à parler. Au contraire, quand il parle, il me rend la vie plus facile, car je peux dénoncer ses idées à la société.

Journaliste : Accepteriez-vous l’Etat islamique (EI) en notre sein ?

Nasser Dashti : Non, car ils causent des blessures corporelles… Je pense que quiconque prétend que l’EI n’a rien à voir avec l’islam est un menteur. Ils ne peuvent pas prouver…

Autre invité du panel : Ils ne peuvent pas prouver…

Nasser Dashti : Le Prophète Mahomet a dit … Laissez-moi juste terminer mon propos. Ils sont incapables de prouver que l’EI n’est pas lié à l’islam. Chaque fois qu’il y a un crime immoral et inhumain, ils disent : « Ces gens ne représentent pas l’islam. Ce sont des kharijites. Ils interprètent mal l’islam… » Montrez-nous votre propre modèle ! Aucun modèle religieux islamique n’a jamais rien apporté à l’humanité. Même la culture islamique de…

Laissez-moi reformuler : même la culture de la terre gouvernée par l’islam à Al-Andalus s’est développée et a prospéré grâce à l’ouverture culturelle aux ouvrages grecs, dont la traduction a débuté au temps de Khaled ibn Yazid. Cette prospérité ne découlait pas du texte coranique ou de la Sunna. Voyez ce qui est arrivé à l’époque des califes bien guidés [les quatre premiers califes] comme la preuve que l’Etat constitutionnel n’a aucun fondement dans la charia. La transition de pouvoir entre les quatre califes bien guidés était floue. Abu Bakr est arrivé au pouvoir après la réunion dans la Saqifa. Il a été suivi par Omar, qui a été élu par six hommes, choisis par Abu Bakr. Puis vint Othman…

Autre invité du panel : Qu’est-ce que cela prouve ?

Nasser Dashti : Cela prouve qu’il n’y avait pas de système de transition de pouvoir.

Autre invité du panel : Tout ce que cela prouve est que le système islamique est flexible.

Nasser Dashti : Une catastrophe. Ce n’est pas de la flexibilité. La transition peut-elle être sujette à la flexibilité ?! Imaginez cela à notre époque : un jour vous êtes une démocratie et le lendemain une dictature.

[…]

Ce que vous appelez des « conquêtes », nous, en sciences politiques appelons cela du « colonialisme».

Autre invité du panel : Vous considérez les conquêtes islamiques comme du « colonialisme » ?

Nasser Dashti : En sciences politiques, ces conquêtes islamiques sont du colonialisme. C’est seulement dans l’histoire islamique qu’elles sont appelées « conquêtes ».

[…]

Qui a brûlé les livres d’Averroès ? Qui a banni Alhazen ? Qui a accusé Avicenne et Ibn Al-Khwarizmi d’hérésie ? Était-ce Israël ou l’Amérique ?! Ils n’existaient même pas à l’époque. C’est nous qui l’avons fait. Soyons honnêtes à ce sujet. Toutes les nations progressent en posant un regard critique sur leur histoire. Nous ne faisons rien d’autre que de glorifier notre histoire. C’est inconcevable. Notre réalité est misérable car nous vivons dans une duplicité mortelle.

Voir les extraits vidéo sur MEMRI TV ICI

 

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ABRAHYAM

Le colonialisme arabe
Ce que nous dit le koweïtien Nasser Dashti à travers la chaîne télévisée koweïtienne Al-Shahed, c’est que cette Arabe islamique a été éphémère sur le plan historique a peine un siècle. En effet après le glas de l’arabisme sonna à la suite de la révolution ethnique fomentée par l’alliée Abbas contre la dynastie Omeyyade de Damas. L’unité de l’islam Arabe se perdra dans le marécage des tribus turbulentes des régions colonisées. Ce qui conduit à la Croisade des chrétiens latins, ces derniers, bizarrement, ne furent pas aidés par l’empire Byzantin, chapeauté par les orthodoxes chrétiens. L’alliance entre chrétiens de différentes obédiences aurait conduit à la marginalisation de l’islam arabe dans le cas ou les occidentaux auraient acceptés de se plier aux us et coutumes des régions libérées. Les chrétiens empêtrés dans leurs conflits théologiques ne se saisirent pas de cette opportunité historique.
L’islam va quitter le pouvoir arabe et passer historiquement et successivement entre les mains des peuples mongols blancs Seldjoukides, des Maghrébins Fatimides chi’ites, les héritiers de la horde d’or de Gengis Kan, mongols aux yeux bridés, des Mameloukes circassiens et des mongoles blancs Ottomans. Ces derniers vont pousser leurs conquêtes jusqu’aux remparts de Viennes. Naturellement, je ne détaille pas les conflits interne des califats, ni les nombreux massacres qui eurent lieux contre les hérétiques de la foi d’Allah.
L’islam religieux à la merci des tyrans qui s’accaparaient des pouvoirs s’assujettit à la défense des intérêts des dictatures pour maintenir l’ordre et le bas peuple soumis et à genoux. Les théologiens islamiques furent incapables, dans un sursaut collectif, de créer une institution religieuse unique, capable par son prestige et son autorité, imposer son autorité aux divers potentats qui gouvernaient. Mais alors, toute personne pourrait se poser la question : Si, cela s’était produit est-ce que l’islam aurait continué à exister sans cette diversité de traditions et de coutumes plus ou moins barbares. Celles-ci, plus que le fait religieux, est la colonne vertébrale de la pérennité des croyances.
Comme, on s’en aperçoit aujourd’hui en Occident, sans ces deux colonnes, traditions et coutumes, le dévoiement des individus se trouve facilité par toutes sortes d’idéologies, religieuses, politiques et leur implication dans des sectes sous couverts de principes généreux ou de défense de la nature, de la planète, d’humanisme et du droit de l’homme. Ces principes laissent un champ sans limite ouvert à toute sorte de démagogues qui font leur beurre sur le dos de ceux et de celles qui croient en leurs déclarations irréalistes. Si, il y a réussite, celle-ci est toujours le fait d’une minorité agissante qui impose ses dogmes à la majorité silencieuse soumise et à genoux.
Au Moyen-Orient il y a beaucoup de Nasser Dashti, malheureusement, les médias contrôlés par le pouvoir ou craignant la colère des tyrans, ne donnent pas à ces lettrés courageux l’audience et le retentissement de leurs déclarations et de leurs écrits. Ils sont vite étouffés et ils retombent comme le soufflé dans l’oubli. Sans mécène, sans appui politique ou religieux aucune réforme ne peut être effectuée dans la paix, ceux et celles qui en tirent profit ne veulent à aucun prix êtres dépouillés de leur influence. Seule la mise à plat des symboles visibles et des institutions ouvrent la voie à un renouveau existentiel.

Balthasar

C’est normal. Pour l’Islam il n’y a pas de frontière physique.
La frontière de l’Islam c’est le globe. Ils ne respectent pas l’espace cultuel de l’autre.

JeanD

« Les musulmans d’aujourd’hui vénèrent la communauté plus qu’ils ne vénèrent Dieu.
Ils vénèrent leur religion plus que Dieu ! »

Malheureusement, qu’on soit Chrétiens, ou Juifs,
on fait souvent pareil…
On privilégie notre relationnel avec les autres,
plutôt que notre communion et relation avec Dieu !

« Je pense que quiconque prétend que l’EI n’a rien à voir avec l’islam est un menteur. »
Et Oui, il suffit de comparer leurs actes aux actes de Mohamed,
malheureusement ils sont assez similaires !!!
Car de très mauvais exemples ont été donné au nom de dieu par Mohamed.

« Sur le plan culturel, nous sommes communautaires, dictatoriaux et tyranniques. Malheureusement, c’est la mentalité arabe. »
Pas seulement Arabe, mais aussi très lié au Coran et à la religion Musulmane !