En matière de liberté d’expression, les Etats-Unis constituent une exception. Pour une vaste majorité d’Américains, il est inconcevable de remettre en cause le premier amendement de la Constitution. L’élection présidentielle américaine de 2016 constitue un test à grande échelle de ce modèle sans équivalent.

Régulièrement, les médias américains se font l’écho de situation concernant la liberté d’expression à travers le monde, et notamment en France. S’étonnant de la condamnation du couturier John Galiano, en 2011, très critiques au sujet des différentes affaires Dieudonné, beaucoup de journalistes s’étonnent de ce qu’ils perçoivent comme une dangereuse limite. Dans le , le 8 Janvier 2015, Jonathan Turley, professeur de droit public à l’Université George Washington, dénonçait le « développement de l’intolérance française à l’encontre de la liberté d’expression », pointant, au lendemain de l’attentat qui a décimé sa rédaction, les « pressions » exercées par le gouvernement contre Charlie Hebdo, selon lui à l’origine directe de la défiance du magazine, le poussant à aller toujours plus loin dans la transgression. Turley concluait sans manière : « Au nom de l’égalité et de la fraternité, la liberté a été réduite en France. La terrible vérité est qu’il ne faut seulement qu’un seul homme armé pour tuer un journaliste, mais qu’il faut une nation pour tuer un droit. »

Le « génie » de Trump

Un an plus tard, ce sont les mêmes qui dénonçaient hier les atteintes à la liberté d’expression en France, qui font face à l’agitation engendrée, quotidiennement, par les propos du candidat républicain à la présidence américaine, Donald Trump. Chaque jour, les plus célèbres journalistes du pays se livrent au difficile exercice de relayer les déclarations tonitruantes du milliardaire, toutes construites selon le même principe, comme le démontre une étude qui vient juste d’être publiée par la prestigieuse , à New York. David Uberti décortique la phraséologie du candidat, afin d’expliquer les raisons pour lesquelles celui-ci peut « dire tout ce qu’il veut. » « Le génie de la star de la télé-réalité, écrit Uberti, repose sur une astuce simple: Il soulève des idées tout en prenant en même temps ses distances avec elles, juste assez pour neutraliser les critiques. Il établit une certaine marge de négation plausible – assez plausible au moins pour contrer ceux qui prennent ses déclarations au pied de la lettre. De nombreux électeurs perçoivent ce ballet rhétorique, mais il pose des problèmes aux organes de presse traditionnels, liés par des normes journalistiques. » Ainsi, lorsque Trump suggère que les partisans du second amendement de la Constitution américaine pourrait peut-être empêcher Hillary Clinton de l’abroger, le quotidien New York Times affiche en pleine page que Trump « suggère que les possesseurs d’armes à feu agissent contre Clinton », tandis que le magazine Time parle d’une « violente insinuation. »

En réalité, les médias découvrent une dimension qui leur est inconnue et constitue une extension brutale et frappante du domaine virtuel : ils tentent de répondre, par une vérification systématique des faits, pour alerter l’opinion, et ne parviennent, au final, qu’à approfondir le clivage d’une opinion profondément scindée entre ceux pour lesquels cette rhétorique remplit son rôle – indisposer les bien-pensants et l’establishment – et ceux qui y voient une dégradation choquante et dangereuse du débat public. Cette posture « civilsatrice » des médias les plus influents engendre un rejet profond d’une partie importante de l’opinion, mais ils ne le reconnaissent pas. L’antipathie et la méfiance, certaines, qui caractérisent l’attitude du public à l’encontre des médias, comptent pour beaucoup dans le phénomène Trump.

Photo: Une manifestation du mouvement religieux Westboro Baptist Church, dans le Kansas. « Dieu hait Israël – L’Amérique est maudite – Dieu hait les Juifs – Les pédés sont des animaux – Dieu hait Obama ». ()

Liberté d’expression

Donal Trump brandit à la société américaine le miroir de toutes ses ambiguïtés, en testant chaque jour les limites fort incertaines de la liberté d’expression si chère aux Américains. La constitution américaine repose en effet sur la pierre angulaire du premier amendement, lequel dispose ainsi : « Le Congrès ne fera aucune loi relative à l’établissement d’une religion, ou à l’interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d’expression, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d’adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparations des torts subis. » Depuis le vote de cet article, le 15 décembre 1791, des milliers d’affaires ont été portées devant les différentes juridictions du pays et jusqu’à la Cour Suprême. Sur le papier, les limites au premier amendement existent. Elles concernent l’usage de discours pouvant entraîner des blessures immédiates ou la rupture d’une situation de paix ; la diffamation contre une personne publique ou privée, ou contre un groupe d’individus à raison de leur appartenance ; enfin, l’atteinte à la vie privée. En réalité, ces limites ne résistent souvent pas à la pression du premier amendement.

Après le 11 Septembre 2001, les médias américains ont abondamment diffusés les images d’individus se jetant par les fenêtres de deux tours, en les identifiant. Dire que les Juifs ont trop d’influence et d’argent, que les homosexuels sont dérangeants et pratiquent la promiscuité, que les Musulmans colportent le terrorisme ou que les Noirs commettent beaucoup de crimes, n’est pas punissable par la loi américaine. Les organisations racistes comme le Ku Klux Klan ont tout loisir de se réunir et d’entretenir leurs réseaux sur Internet. Les partisans du boycott d’Israël organisent des campagnes de recrutement intensives et des manifestations parfois très impressionnantes sur les campus des universités. Porter un uniforme nazi, se proclamer raciste, antisémite, islamophobe ou anti-gay n’est en rien en contravention avec la loi. C’est la raison pour laquelle les géants d’Internet sont américains et engrangent, depuis des années, des bénéfices gigantesques, sans avoir à se soucier de leur rôle devenu prépondérant dans la désinformation, la stigmatisation, la banalisation de la violence, le développement de propagandes ultra violentes et celui des outils toujours plus performants permettant à tous les individus et organisations intéressés dans l’organisation et la mise en place de crimes ou d’attaques terroristes d’agir efficacement. Cette privatisation de l’espace public, par Facebook ou Twitter, cette machine à propagande à l’instar de Reddit, préfigurent une société où le pouvoir aura totalement basculé du côté de quelques entrepreneurs qui ne cachent pas, par ailleurs, à l’image de Marc Zuckerberg, leur intérêt pour briguer le pouvoir politique à l’avenir. Tous ont d’autant moins à se soucier de leurs évidentes responsabilités que les autres pays se sont montrés incapables de créer leurs propres marques nationales, comme si la création d’un Google européen, par exemple, relevait du pari impossible.

Une tactique élaborée?

Qu’il soit en roue libre ou qu’il considère que son attitude sera payante, Donald Trump et ses équipes de campagne jouent habilement du « tell it like it is », c’est à dire d’une parole décomplexée qui consterne les partisans du « politiquement correct. » Le 16 Juin 2015, lors du lancement de sa campagne, à New York, celui qui n’était encore qu’un outsider excentrique gentiment moqué par ses concurrents lançait : « Les Etats-Unis sont devenus une décharge pour les problèmes de tout le monde. C’est vrai. Et ce ne sont pas les meilleurs et les plus beaux. Lorsque le Mexique envoie ses gens, ce ne sont pas les meilleurs. Ils envoient des gens qui ont beaucoup de problèmes, et qui apportent ces problèmes avec eux. Ils apportent de la drogue, ils font venir le crime, ce sont des violeurs – et certains, je suppose, sont des gens bien. » Deux jours plus tard, lors d’un sommet sur la Famille, à Ames dans l’Iowa, il s’en prenait au sénateur de l’Arizona, John McCain, candidat à la présidentielle en 2008, une figure nationale, réputé notamment, pour ses faits d’armes durant la guerre du Vietnam et pour avoir subi l’enfermement et la torture dans les geôles de ce pays durant cinq ans et demi : « Ce n’est pas un héros de guerre. Ce n’est pas un héros, parce qu’il a été capturé. J’aime les gens qui n’ont pas été capturés. » Le 7 août 2015, lors d’une interview sur CNN, il s’en prend à la présentatrice de la chaîne Fox News, Megyn Kelly, dont il n’avait pas aimé l’attitude à son encontre : « On pouvait voir du sang sortir de ses yeux, du sang sortir de son… peu importe d’où. » Le 14 août, de retour d’un rassemblement dans le New Hampshire, il attaquait le physique de l’une de ses adversaires en compétition pour l’investiture républicaine, Carly Fiorina : «  Regardez ce visage ! Est ce que quelqu’un voterait pour ça ? Pouvez-vous imaginer ça – le visage de notre futur président ? » Le 21 novembre, lors d’un rassemblement à Birmingham, dans l’Alabama, Trump déclare que des Musulmans, dans le New Jersey, ont célébré les attentats du 11-Septembre : « Je regardais lorsque les tours du World Trade Center se sont écroulées. Et je regardais à Jersey City, dans le New Jersey, où des milliers et des milliers de personnes applaudissaient alors que ces bâtiments s’effondraient. Des milliers de personnes acclamaient. » Le 25 novembre, en Caroline du Sud, il mime un journaliste handicapé dont il n’a pas aimé l’article, en mimant ses spasmes incontrôlés : « Ecrit par un gentil journaliste – maintenant, le pauvre homme, vous devriez voir ça – « Ah je ne sais pas ce que j’ai dit ! Je ne me souviens pas ! Il fait, ‘Je ne me souviens pas !’ » Plus récemment, ses attaques contre les parents d’un soldat musulman tombé en Irak, en 2004, a provoqué une vague de réprobation. Mais la salve suivante, contre Hillary Clinton, a rapidement ensevelie cette polémique sous une autre, suivie, hier, par une déclaration dans laquelle il accuse Barack Obama d’avoir « fondé ISIS. »

Effet de surprise?

Parce que ses déclarations multiplient les cibles à grande vitesse, finissant par offenser toutes les composantes de la population, Donald Trump subit régulièrement le contrecoup à travers les sondages d’opinion et dernièrement, les intentions de vote en sa faveur semblent s’éroder, avec des marges d’avances pour Hillary Clinton pouvant aller jusqu’à dix points. Pour beaucoup, Trump est irrécupérable, peut-être même irresponsable voire « malade ». Mais là encore joue un paradoxe passionnant : au déluge médiatique causé par la candidature Trump et qui éclabousse son propre camp, répond l’intensification de soupçons plus sérieux au sujet d’Hillary Clinton. Celle-ci se trouve confrontée à l’aggravation de l’affaire des emails: le refus, ce Jeudi, par le Département de la Justice américaine, d’ouvrir une enquête, est de nature à renforcer une suspicion tenace contre cette candidate qui semble ne pas dire la vérité. D’un côté, les mots, dont l’inflation dilue le sens, de l’autre, les soupçons, dont l’étendue approfondie le doute. A ce jeu, Donald Trump peut-il sortir son épingle du jeu ? Il s’est solidement installé comme un personnage incontrôlable et il « fait le show ». Mais il est probable que lui et ses équipes préparent une série d’attaques plus précises contre Hillary Clinton. S’il changeait de ton, il pourrait provoquer un effet de surprise, en contraignant Hillary Clinton à sortir de la zone de confort relative dans laquelle elle se trouve actuellement, pour aller sur des terrains de plus grande difficulté. Si tel est le scénario envisagé par Donald Trump, ce serait le scénario du pire pour son adversaire, face à un électorat très volatile.

Marianne

Escroc versus escroc, par Chris Hedges

Mary Altaffer / Julio Cortez / AP

Durant la préparation des élections présidentielles, les libéraux ont affiché un manque criant de conviction. Des organisations libérales telles MoveOn.org [Aller de l’avant, NdT] se sont progressivement subordonnées, de façon asse écœurante, au parti démocrate. Les médias libéraux, incarnés par MSNBC, ont liquidé de manière impitoyable ceux qui osaient s’attaquer à l’establishment du parti démocrate. Les commentateurs libéraux, tels Paul Krugman, critiquent vertement les détracteurs du monde politique, les accusant de permettre la nomination d’un candidat du camp républicain. Les libéraux s’égosillent à dire, en dépit des faits, qu’ils ne sont pas comme Ralph Nader, le “révélateur” qui a donné George W. Bush aux américains.

La classe libérale refuse de combattre pour les valeurs qu’elle prétend défendre. Elle est paralysée et piégée par la panique que façonnent les systèmes de propagande corporatifs. La seule pression à l’intérieur du système politique provient du pouvoir des entreprises (corporations). Sans contrepoids et sans la volonté de la classe libérale de défier le statuquo, nous nous enlisons de plus en plus dans un despotisme corporatif. L’argument répété d’une nécessité de soutenir « le moins pire » rend les choses encore pire.

Le changement ne se fera pas rapidement. Cela risque de prendre une décennie, voire plus. Le changement n’adviendra jamais d’une capitulation face au Parti démocrate, qui représente l’ordre établi. Nous allons accepter notre place dans la jungle politique et nous allons construire des partis et des mouvements alternatifs afin de faire s’écrouler le pouvoir des entreprises. Sans quoi, nous apercevrons l’atrophie de notre démocratie, la conversion en un état policier, ainsi que la destruction de notre écosystème.

La montée d’un démagogue tel que Donald Trump est le résultat direct de l’adoption du néolibéralisme par le Parti démocrate. Cette collusion a pour conséquence l’asservissement du Parti démocrate envers l’impérialisme américain et, ainsi, de nous vendre aux entreprises les plus offrantes. Il n’y aurait actuellement pas de Trump si Bill Clinton et le Parti démocrate n’avaient pas initialement trompé les travailleurs citoyens avec l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Cet accord a détruit le système de protection sociale, a quasiment doublé la population carcérale, a réduit les programmes des services sociaux, a offert les ondes radio et TV à une poignée d’entreprises en dérégulant la Commission des Communications Fédérale, a esquinté les pare-feu délimitant les droits et obligations des banques commerciales et d’investissements. Ces déréglementations ont, par la suite, conduit à un crash financier global qui a prolongé la récession. De plus, cet accord marque également le début d’une guerre contre nos libertés civiles. Nous sommes depuis la population la plus surveillée, la plus sur écoute, la plus photographiée et la plus profilée de l’histoire de l’humanité. Il n’y aurait pas de Trump si les Clinton et le Parti démocrate, Barack Obama inclus, n’avaient pas décidé de se prostituer aux maquereaux corporatifs.

Les escrocs se présentent sous toutes les formes. A Wall Street, ils peuvent avoir des diplômes de l’Université de Princeton et de la faculté de droit de Harvard, des aptitudes sociales raffinées et des costumes trois pièces de couturiers italiens coûtant des dizaines de milliers de dollars. Dans la Trump Tower, ils peuvent avoir des mèches rabattues de mauvais goût, des bronzages artificiels, des casinos et des relations avec la Mafia. Dans la Fondation Clinton, ils peuvent se complaire avec les centaines de millions de dollars reçu des entreprises, ainsi que de donneurs étrangers, dont des gouvernements parmi les plus répressifs du monde, et ce en échange de faveurs politiques. Mais au final, ils restent tous des escrocs.

Les traits de caractère des Clinton sont aussi détestables que ceux qui définissent Trump. Les Clinton ont amplement illustré le fait qu’ils sont tout autant misogynes et financièrement corrompus que Trump. Trump est une version moins raffiné que les Clinton. Mais Trump et les Clinton usent sans cesse des mêmes ruses, entre mégalomanie et malhonnêteté pathologique. Le racisme n’est pas restreint à Trump. Les Clinton ont grimpé les marches du pouvoir au sein du Parti démocrate en incitant les stéréotypes raciaux, en condamnant des délinquants et des consommateurs de drogue non-violents mais de couleur à de la prison à perpétuité, en déclarant la guerre aux fraudeurs de la protection sociale et en érigeant les Démocrates en tant que prêcheurs d’une justice pénale plus stricte. Les Clinton font un meilleur travail pour cacher la dangerosité de leur venin, mais ils sont prêts, tout comme Trump, à vendre n’importe qui.

Les Clinton et l’establishment du Parti démocrate parient que la classe libérale se rendra une fois de plus pour s’associer et avoir plus de puissance et s’agenouillera devant l’idéologie néolibérale. Bernie Sanders sera éliminé et, tel un chien de berger la queue entre les jambes, partira convaincre ses partisans, de retourner dans l’enclos. L’outrage moral de ses partisans envers les crimes de Wall Street, surveillance des masses par l’État, l’éviscération des libertés civiles, l’échec dans la lutte contre la destruction des écosystèmes, des guerres sans fin, des coupes budgétaires dans la sécurité social et enfin l’austérité, seront, espère le Parti démocrate, bientôt dissipés. Ils n’ont peut-être pas tort. Étant donné l’histoire de la classe libérale, ils ont même probablement raison.

Les partisans de Sanders, cependant, ont dû affronter la dure réalité de la triche en politique. Quelques-uns ont été dégoûtés et suffisamment politiquement astucieux pour déserter et rejoindre le Parti des verts. Mais une fois qu’ils ne suivent plus les règles du jeu, une fois qu’ils sont devenus des “girouettes”, ils seront ignorés ou ridiculisés par la presse institutionnelle, réprouvés par les élites libérales et sévèrement réprimandés par l’ancien candidat qu’ils supportaient.

Les libéraux, dans un échange de bons procédés avec l’establishment, servent de chiens d’attaque afin de nous garder dans l’étau mortel du capitalisme corporatif. Les libéraux sont tolérés par les élites capitalistes parce qu’ils ne questionnent pas les vertus du capitalisme corporatif, uniquement ses excès. Les libéraux appellent à des réformes mineures et superficielles et ils dénoncent ceux qui osent parler le langage de la lutte des classes. Par les valeurs libérales qu’ils prônent, les libéraux sont le groupe préféré des élites capitalistes qui les utilisent pour diaboliser la gauche en les traitant d’hérétiques irresponsables.

Les libéraux se voient attribuer, par l’élite corporative, des postes dans les universités, dans les médias, dans les systèmes de divertissement et dans les agences de publicité afin de perpétuer le pouvoir des entreprises. Beaucoup sont fort bien rémunérés. Ils ont un intérêt économique clair dans la dominance du pouvoir des entreprises. L’élite éduquée des classes libérales ne sont que les idiots utiles du capitalisme. Ils ne sont tolérés que parce qu’ils contribuent, en discréditant la gauche, au maintien du pouvoir corporatif. Ils ne pensent ni n’agissent pas de façon indépendante. Ils reçoivent l’accès aux plateformes du monde académique, des radios et de la TV afin de marginaliser et de dénoncer tous ceux qui pensent et qui fonctionnent de façon indépendante.

La bataille entre la gauche et une classe libérale en faillite va animer le reste de la course présidentielle. Il est tristement prévisible que tant de progressistes auto-proclamés, ainsi que leurs organisations, vont une fois de plus servir comme les pions du néolibéralisme en pratiquant la censure. Les sites internet progressistes ont, lors des primaires, refusé d’imprimer des articles de critiques comme ceux de Paul Street, qui ne voyait pas en Sanders le nouveau messie de la politique. En nous rapprochant des élections, ces sites internet vont devenir de plus en plus hostiles face à la gauche et de plus en plus soumis à Clinton.

Le système du pouvoir corporatif, que Clinton et Trump ne vont pas altérer, va continuer d’être ignoré. Le poison de l’impérialisme et du capitalisme corporatif, qui ronge incessamment le pays et qui le pousse vers l’effondrement, sera mis de côté. La campagne sera une émission politique de télé réalité dont, cette saison-ci, l’un des candidats présidentiel est déjà une authentique vedette de cet univers-là. La campagne va ignorer les idées mais va susciter les émotions – la peur, la colère et l’espoir. Les insultes vont fuser sur les réseaux sociaux. La course électorale sera vide de contenu. Clinton et Trump, dans ce monde d’illusion politique, vont dire tout ce dont les audiences et les auditeurs veulent entendre. Ils vont combattre avec furie pour emporter les votes des “indécis”, qui représentent essentiellement le segment apolitique de la population. Et une fois les élections terminées, le gagnant – qui aura des comptes à rendre – rejoindra Washington, là où les entreprises, les riches donateurs et les lobbyistes vont continuer à gouverner.

Après novembre, notre rôle sera terminé. Nous ne serons plus encouragés à partager nos avis sur des questions ou dans des sondages dont le but est d’orienter les réponses vers certains résultats. Notre rôle de figurant, dans cette pièce de mauvaise qualité que l’on appelle démocratie, ne sera plus désiré. Le carnaval politique à la télévision sera remplacé par d’autres carnavals. L’état corporatif clamera haut et fort la légitimité démocratique. Nous resterons en servitude.

Le vrai visage de l’état corporatif, et l’évidence que notre démocratie a été éliminé, sera exposé en devanture dans les rues de Cleveland et de Philadelphie à l’occasion des congrès des partis politiques. Les quartiers et immeubles situés autour des halls des conventions seront militarisés et seront envahis de policiers. Il y aura des restrictions de mouvements. Les passants seront arrêtés de façon aléatoire et fouillés. Des hélicoptères planeront au-dessus des têtes. Des autorisations pour rassemblement ne seront attribuées qu’à ceux qui, comme les supporters de Sanders, restent dans les paramètres imposés par la mascarade politique. Les groupes suspectés de planifier des manifestations, pour défier les politiques corporatives, ont déjà été infiltrés. Ces mêmes groupes vont être lourdement surveillés. Ceux qui tenteront d’improviser des protestations sans autorisation seront arrêtés et détenus avant le début des conventions politiques. Les villes vont être sous état d’urgence.

Si vous voulez voir ce à quoi les États-Unis auront l’air dans le futur proche et à travers tout le pays, portez votre attention sur les halls des conventions politiques, et spécialement sur les rues de Cleveland et de Philadelphie. C’est dans les rues que nos maîtres corporatifs vont gagner ou perdre. Et ils le savent très bien.

Les crises

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