Ministre libanais de la Santé: le Cabinet démissionne suite à l’explosion de Beyrouth
Les décideurs libanais démissionnent en masse après des jours de manifestations violentes où on a assisté à des affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants; Le Premier ministre Diab se rendra au palais présidentiel pour remettre sa démission au nom de tous les ministres
Le Gouvernement libanais a démissionné suite à l’explosion dévastatrice de la semaine dernière dans le port de Beyrouth, a déclaré lundi le ministre de la Santé, une décision qui a été prise sous la pression, lorsque plusieurs ministres ont démissionné ou ont exprimé leur intention de démissionner.
Le ministre, Hamad Hassan, s’est entretenu avec des journalistes à la fin d’une réunion du Cabinet, qui a eu lieu après deux jours de manifestations au cours du week-end où on a assisté à des affrontements avec les forces de sécurité tirant des gaz lacrymogènes sur les manifestants.
« L’ensemble du gouvernement a démissionné, » a déclaré Hamad Hassan. Il a ajouté que le Premier ministre Hassan Diab se rendra au palais présidentiel pour « remettre la démission au nom de tous les ministres ». ??
L’explosion massive du 4 août qui a décimé le port de Beyrouth et dévasté de grandes parties de la ville a provoqué une nouvelle vague d’indignation publique contre le gouvernement et la classe dirigeante longtemps enracinée au Liban. Des manifestations étaient prévues devant le siège du gouvernement pour coïncider avec la réunion du Cabinet après de grandes manifestations au cours du week-end, où on a assisté à des affrontements avec les forces de sécurité tirant des gaz lacrymogènes sur les manifestants.
On pense que l’explosion a été causée par un incendie qui a enflammé un stock de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium explosif. Le matériel était stocké au port depuis 2013 avec peu de garanties malgré de nombreux avertissements de risques d’explosion.
Le résultat a été un désastre que les Libanais ont carrément imputé à la corruption et à la négligence de leurs dirigeants. L’explosion a tué au moins 160 personnes et en a blessé environ 6 000, en plus de détruire le principal port du pays et d’endommager de grandes parties de la capitale. Les pertes dues à l’explosion sont estimées à entre 10 et 15 milliards de dollars, et près de 300 000 personnes se sont retrouvées sans abri immédiatement après.
Le Premier ministre Diab devait s’adresser à la nation plus tard, ce même lundi. Son cabinet assume désormais le rôle de gardien jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit formé.
Un juge libanais a commencé lundi à interroger les chefs des agences de sécurité du pays. Le procureur général Ghassan El Khoury a interrogé le général Tony Saliba, chef de la Sûreté de l’Etat, selon l’agence nationale de presse. Il n’a pas donné plus de détails, mais d’autres généraux devraient être interrogés.
La Sûreté de l’État avait rédigé un rapport sur les dangers de l’entreposage du matériel dans le port et en avait envoyé une copie aux bureaux du président et du premier ministre le 20 juillet. L’enquête se concentre sur la façon dont le nitrate d’ammonium a été stocké au port et pourquoi rien n’a été fait à ce sujet.
Une vingtaine de personnes ont été arrêtées à la suite de l’explosion, dont le chef du département des douanes libanaises et son prédécesseur, ainsi que le chef du port. Des dizaines de personnes ont été interrogées, dont deux anciens ministres du Cabinet, selon des responsables gouvernementaux.
Pendant ce temps, la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, a remis lundi sa démission, troisième ministre à démissionner suite à l’explosion. Elle a ressenti le poids de la colère des manifestants lorsqu’elle a tenté de visiter un quartier endommagé et a été accueillie par des insultes criées, arrosées par des tuyaux d’eau et forcée de partir.
Si un total de sept ministres des 20 ministres du Cabinet démissionnent, un nouveau gouvernement doit être formé. Au moins neuf parlementaires ont également démissionné.
Dimanche, les dirigeants mondiaux et les organisations internationales ont promis près de 300 millions de dollars d’aide humanitaire d’urgence à Beyrouth à la suite de l’explosion, mais ont averti qu’aucun argent pour la reconstruction de la capitale ne serait mis à disposition tant que les autorités libanaises ne s’engageraient pas dans les réformes politiques et économiques exigées par le peuple.
L’Iran a quant à lui exprimé sa crainte que les pays occidentaux et leurs alliés puissent exploiter la colère suscitée par l’explosion pour poursuivre leurs intérêts politiques. L’Iran soutient le groupe terroriste du Hezbollah, qui, avec ses alliés, domine le gouvernement et le parlement.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Mousavi, a déclaré qu’ « il est naturel que les gens soient frustrés. » Mais il a dit qu’il serait « inacceptable que certains individus, groupes et pays étrangers utilisent l’incident comme prétexte à leurs fins et intentions (stratégiques) ».
Le ministre de la Défense Benny Gantz a tracé un lien direct, lundi, entre l’explosion et les affirmations que le Hezbollah stocke ses roquettes et ses armes au plus profond des zones civiles.