Crédits photo Noorozi AP
La ministre du Commerce suédoise Ann Linde et plusieurs femmes du gouvernement suédois ont suscité l’indignation en défilant voilées devant le président Rohani. Le gouvernement suédois prétend pourtant pratiquer « une politique étrangère féministe ».

La photo a ému les réseaux sociaux. On y voit la ministre du Commerce et des relations avec l’UE suédoise Ann Linde et d’autres femmes membres du gouvernement défiler en hijab à Téhéran devant le président iranien Rohani samedi. Il s’agissait d’une délégation emmenée par le premier ministre suédois, Stefan Löfven, qui avait pour objet des transactions commerciales avec l’Iran.

UN Watch, une ONG basée à Genève qui se donne pour mission de surveiller la protection des droits de l’homme mise en œuvre par l’ONU, a fait un communiqué dénonçant «une marche de la honte» et ce «en dépit de la promesse de Stockholm de promouvoir internationalement «l’égalité de genre» et d’adopter une politique étrangère féministe».

Le voile islamique est obligatoire en Iran, tant pour les Iraniennes que pour les touristes et les étrangères. En soi, le port du voile par une délégation étrangère n’a rien d’exceptionnel: toutes les femmes le font. Ségolène Royal s’y était d’ailleurs pliée lors de sa visite en septembre dernier. Mais ce que soulignent non sans malice certains opposants, c’est l’hypocrisie entre un gouvernement suédois qui s’autoproclame «premier gouvernement féministe du monde» et cet affichage symbolique.

Ainsi peut-on lire sur le site du gouvernement suédois: «Un gouvernement féministe fait en sorte que l’égalité de genre soit promue sur un large front, tant nationalement qu’internationalement», ou encore: «L’égalité entre hommes et femmes est un objectif fondamental de la politique étrangère suédoise. Garantir que les femmes et filles puissent jouir de leurs droits fondamentaux est à la fois une obligation dans le cadre de nos engagements internationaux et un prérequis pour atteindre des objectifs plus larges».

Deux poids, deux mesures

D’ailleurs, la numéro 2 du gouvernement suédois, Isabella Lövin avait récemment «fait le buzz» en postant sur Twitter une photo d’elle et son équipe après l’élection de Trump, posant en train de signer un accord sur le climat. Une image qui n’était pas sans rappeler le cliché montrant Trump signant un décret contre l’IVG entourés d’hommes, ce qui avait suscité l’ire des féministes. De nombreux internautes ont moqué le deux-poids deux mesures du gouvernement et le décalage entre ces deux images.

 

La journaliste et féministe iranienne Masih Alinejad, qui avait créé en 2014 la page Facebook «My stealthy Freedom» («ma liberté furtive»), invitant les jeunes femmes iraniennes à poster des photos d’elles retirant leur voile, a vivement critiqué le gouvernement suédois.

«Les femmes politiques européennes sont hypocrites», a-t-elle déclaré. «Elles soutiennent les musulmanes françaises et condamnent le décret anti-burkini – parce qu’elles pensent que l’interdiction est mauvaise – mais quand il s’agit de l’Iran, elles ne se soucient que d’argent.»

Le président d’UN Watch Hillel Neuer ne cache pas son indignation:

«Si la Suède se soucie vraiment des droits de l’homme, elle ne devrait pas soutenir un régime qui brutalise ses citoyens et met en œuvre un génocide en Syrie, et si elle se soucie du droit des femmes, alors ses ministres femmes n’auraient jamais dû aller dans l’Iran misogyne.»

 

Le chef du parti Libéral suédois Jan Björklund a exprimé son opposition: «Je pense qu’il s’agit d’une rupture dans la politique étrangère féministe que le gouvernement prétend poursuivre. Le voile est un symbole d’oppression des femmes», a-t-il dit. «Les accords entre la Suède et l’Iran ne doivent pas être signés à Téhéran, ils peuvent avoir lieu à Stockholm. Les photos de ministres suédoises voilées doivent être évitées», a-t-il tweeté.

Amineh Kakabaveh, ancienne peshmerga d’origine iranienne devenue députée du Parti de gauche qui a fondé l’association «Ni putes ni soumises» à Stockholm, a elle aussi vivement réagi sur sa page Facebook:

«Franchement, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer devant ces représentantes du gouvernement suédois censées être féministes soumises à l’apartheid islamique en Iran»

Quant à Ann Linde, elle s’est justifiée en arguant qu’elle n’avait pas le choix et a affirmé qu’elle se rendrait prochainement en Arabie saoudite, où elle ne porterait pas le voile car il n’est pas obligatoire pour les étrangères.

Samedi, le gouvernement a publié un communiqué soulignant «les liens étroits» entre la Suède et l’Iran, sans aucune critique des droits de l’homme ou de la condition de la femme.

Source : Le Figaro

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