La présence de Rima Hassan sur la liste LFI fait polémique?

EUROPÉENNES 2024 : POURQUOI LA PRÉSENCE DE RIMA HASSAN SUR LA LISTE LFI FAIT-ELLE POLÉMIQUE ?

Placée en septième position de la liste LFI aux européennes 2024, Rima Hassan est au cœur de la polémique après des prises de position controversées au sujet du conflit israélo-palestinien.

Un positionnement idéologique qui cristallise les tensions politiques. Alors qu’elle occupe la septième position de la liste LFI pour les élections européennes 2024, Rima Hassan, 31 ans, est une militante associative restée jusqu’ici inconnue du grand public. Sa récente notoriété s’explique par des déclarations incendiaires faites ces derniers mois, en lien avec le conflit qui oppose Israël aux terroristes du Hamas, qui ont heurté l’opinion.

Elles ont également irrité bon nombre de dirigeants politiques, allant du Parti communiste au Rassemblement national, certains y voyant même un moyen pour La France insoumise, en la plaçant en position éligible au scrutin de juin, de flatter un électorat communautariste.

UNE INTERVIEW QUI NE PASSE PAS

En novembre dernier, Rima Hassan avait notamment été interviewée par le média Le Crayon, suscitant la controverse. Si la militante y avait certes dépeint le Hamas comme «un groupe terroriste», elle avait toutefois estimé que ce dernier menait une action «légitime».

Des propos tenus à peine un mois après les massacres du 7 octobre et alors que les témoignages glaçants sur les exactions commises par le Hamas se multipliaient. La France, dans la foulée, assistait à une explosion des actes antisémites sur son sol, d’une ampleur jamais vue ces dernières années.

Dans cette même interview, Rima Hassan avait aussi assuré qu’Israël ne disposait pas de droit de défense et qu’une solution à deux États était impossible.

Plusieurs semaines après l’émotion suscitée par ses propos et deux jours après que LFI a dévoilé sa liste pour les Européennes, elle a dénoncé sur X, le 8 mars dernier, la diffusion d’une interview tronquée dont elle demande «depuis plusieurs semaines» sa diffusion en intégralité.

Cette démarche permettrait ainsi, selon ses dires, «qu’elle puisse partager la réflexion qui était la sienne et démentir les attaques menées contre elle».

LA CLASSE POLITIQUE VENT DEBOUT

Au milieu de dizaines de réactions outrées et heurtées d’anonymes, la classe politique s’est rapidement emparée du sujet. Le chef de file du RN aux européennes Jordan Bardella a, dans ce contexte, critiqué vertement le choix politique réalisé par LFI pour le scrutin du mois de juin. «Pour obtenir les voix communautaristes, Manon Aubry est prête à faire entrer les soutiens du terrorisme au Parlement européen. La présence de la militante pro-Hamas Rima Hassan sur la liste LFI en dit long sur une gauche prête à toutes les compromissions et tous les extrémismes», a-t-il expliqué sur X.

Eric Zemmour, le président de Reconquête, s’est quant à lui opposé aux dernières prises de position de Rima Hassan concernant le Hamas. «Pour Rima Hassan, candidate LFI aux élections européennes, “le Hamas mène une action légitime“ et l’État d’Israël devrait disparaître. Avec elle, LFI ne se contente plus d’être le relais du Hamas en France, mais veut l’être aussi en Europe», a estimé ce dernier toujours sur le réseaux social X.

Invité sur le plateau de CNEWS le 8 mars dernier, Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, a aussi fustigé la présence de Rima Hassan sur la liste LFI pour les européennes. Il a décrit cette nomination comme une «honte absolue», visant à «séduire l’électorat antisémite».

«Je pense que c’est ce que peut faire La France insoumise de plus exécrable en envoyant une représentante d’une idée que le Hamas est au fond un mouvement de libération de la Palestine, et pas un mouvement terroriste», a précisé Sylvain Maillard sur notre antenne.

Lamia El Aaraje, la première secrétaire du PS à Paris, s’est aussi indignée sur Radio J des positions tenues par Rima Hassan. «C’est choquant. Cette espèce d’antisémitisme larvé qu’on retrouve dans certaines expressions de dirigeants de LFI est un problème démocratique», a assuré l’adjointe à la maire de Paris.

Rima Hassan n’a pas mâché ses mots en lui répondant directement sur le même réseau social. «Bonjour Lamia El Aaraje, vous mentez, le sujet est certes technique mais force est de constater que vous avez manifestement quelques lacunes en compréhension», a réagi l’activiste.

Dans la même lignée, Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, a souhaité se désolidariser des positions tenues par Rima Hassan. Interrogé sur CNEWS dimanche lors du Grand Rendez-vous, il a critiqué le message adressé par cette dernière et plus globalement par LFI.

«Elle porte un projet qui n’est pas du tout le nôtre, qui n’est pas porteur d’une solution politique de paix, respectueux des deux États et de deux peuples qui doivent pouvoir coexister ensemble sur ce petit bout de terre qui est le berceau de l’Humanité (…) Nous ne partageons pas du tout ce projet qu’ils ont (ndlr LFI), c’est bien pour ça que nous n’avons pas fait de liste commune et que nous portons un autre projet pour l’international», a résumé Fabien Roussel.

Là encore, Rima Hassan a réagi en utilisant le même réseau social. «Pour Fabien Roussel, la classe ouvrière parle français, pour nous, Roussel parle la langue du Rassemblement national. Je suis issue d’une famille de communistes, jamais le PCF ne se sera autant trahi qu’avec des arrangements et contorsions politiques en tout genre de cette non-figure politique, dénuée de toute boussole militante qu’est Fabien Roussel», a fustigé sur X cette dernière.

L’acteur et réalisateur Richard Berry a également critiqué sur CNEWS, le 7 mars dernier, les positions tenues par Rima Hassan sur le conflit au Proche-Orient. Selon lui, la présence de Rima Hassan sur la liste de LFI aux européennes «ne fait qu’exacerber la montée de l’antisémitisme».

LFI ASSUME

En attendant, La France insoumise semble rester imperméable aux critiques, et envisage toujours d’envoyer la militante au Parlement européen.

Plusieurs cadres du parti, à l’instar du député David Guiraud, par ailleurs lui-même récemment accusé d’antisémitisme après avoir fait référence, sur les réseaux sociaux, à un épisode du manga One Piece, se sont même enthousiasmés de la présence de Rima Hassan sur leur liste.

«Quelle fierté de retrouver Rima Hassan dans notre liste menée par Manon Aubry aux élections européennes. Le 9 juin, nous pouvons envoyer une voix palestinienne au Parlement européen», s’est-il ainsi exclamé sur X en faisant vraisemblablement référence au parcours de la jeune femme.

Née dans le camp de réfugiés de Neirab, près d’Alep, en Syrie le 28 avril 1992, Rima Hassan a été rapporteur de la Cour nationale du droit d’asile jusqu’en 2023 avant de fonder le collectif Action France Palestine.

En attendant le verdict des urnes, et alors que les élections européennes approchent à grands pas, un sondage publié samedi 9 mars, montre que la liste RN menée par Jordan Bardella arrive largement en tête avec 29,5% d’intentions de vote, tandis que Renaissance ne récolte que 17%.

Les partis de gauche, eux, cumulent 25,5% des intentions de vote. A noter, selon l’étude, qu’avec 8,5%, le PS dépasse la France insoumise qui n’obtient que 7,5% des intentions de vote. Du côté de la droite, Les Républicains se maintiennent à 7%, tandis que la liste Reconquête menée par Marion Maréchal recule légèrement à 4,5%.

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Nommée à la septième place de la liste LFI menée par Manon Aubry pour les européennes 2024, Rima Hassan pourrait faire son entrée au Parlement européen. [EMMANUEL DUNAND/AFP]