« Israël pourrait entrer dans une guerre à grande échelle avec l’Iran »

L’ancien ambassadeur américain à Ankara et l’ancien député turc mettent en garde dans l’article : « Les intérêts américains dans la région sont en danger » • « Le Moyen-Orient revient à l’époque de la guerre froide« 

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Netanyahu, Trump, Poutine et Erdogan
Netanyahu, Trump, Poutine et Erdogan
La photographie:
Reuters, EPI, AFP et IPI
Le Moyen-Orient a subi des changements extraordinaires au cours de l’année écoulée, et pas seulement à cause du virus corona. Les pays arabes qui ne cachent plus leurs aspirations à la normalisation avec Israël, la présence turque en Syrie et la récente décision de retirer les forces américaines d’Irak, d’Afghanistan et de Somalie – tout indique que toute la région devrait subir de nouveaux changements très prochainement.
Dans un article publié aujourd’hui (mardi 15) à la Fondation pour la protection des démocraties (FDD), intitulé « Les intérêts américains en Méditerranée orientale », les auteurs – l’ancien ambassadeur américain en Turquie Arik Edelman et l’ancien député turc Aiken Ardmir – traitent de l’influence américaine dans la région, et de quelle manière Washington devrait changer sa façon de se conduire. Selon eux, les erreurs ont commencé avec la conduite de l’administration Obama, qui a choisi de tourner son attention vers l’Est – et a fait comprendre aux pays de la région qu’elle les laissait livrés à eux-mêmes. A cela s’ajoutait le retrait des forces de Syrie qui a approfondi ce sentiment d’abandon.
À leur avis, les États-Unis devraient, aussi tôt que possible, établir une vision stratégique cohérente pour le Moyen-Orient, pour deux raisons principales. La première découle d’une liste croissante d’organisations et milices ne dépendant qu’indirectement à un pays et qui ont comblé le vide dans la région – Elles constituent une menace directe tant pour les États-Unis que pour leurs alliés dans la zone.
La deuxième raison concerne la Turquie. Edelman et Armedmir affirment que « la Turquie sous Erdogan est devenue non seulement une menace pour Chypre, l’Égypte, la Grèce et Israël, mais aussi une menace pour les ambitions américaines d’exploiter et de développer des sources d’énergie dans la région, d’une manière qui réduira la dépendance des pays européens au gaz naturel russe« .
Dans le même temps, Moscou fait bon usage de la guerre civile syrienne. « La guerre a permis à la Russie et à l’Iran d’étendre leur présence dans les territoires contrôlés par le régime d’Assad », notent les auteurs, soulignant que « les batteries antiaériennes de l’armée russe, situées sur le littoral syrien, mettent en danger les Etats-Unis et leurs alliés ».
Patrouille conjointe des armées russe et turque en Syrie / Photo: AFP
Edelman et Ardmir, qui connaissent bien le Moyen-Orient, mettent en garde contre l’expansion du « réseau des milices supplétives » de l’Iran au nord d’Israël, qui inclut le Hezbollah aux côtés d’autres milices pro-iraniennes, « ayant aidé l’Iran à gagner un pont terrestre vers la Méditerranée ».
Les deux auteurs préviennent que la fourniture d’armes iraniennes au Hezbollah pourrait rompre l’équilibre dans la région et « pourrait conduire Israël à lancer une opération militaire majeure au Liban, susceptible, également, de se transformer en une guerre plus large directement avec les Iraniens ». La coopération entre le pays et les organisations terroristes se poursuit aussi, selon Edelman et Ardmir, en Turquie. « Le transfert des jihadistes syriens en Libye illustre la grande difficulté à traiter avec les acteurs non étatiques, qui reçoivent l’aide d’un Etat » (mais qui masque ses traces), affirment les deux experts.
Vendredi dernier, le Congrès américain a approuvé des sanctions contre la Turquie, mais contrairement à celles imposées abondamment contre l’Iran – le président Donald Trump devrait s’y opposer. Les mêmes sanctions contre Ankara ont plusieurs facteurs différents. D’abord et avant tout, l’acquisition des systèmes de défense aérienne S-400 de la Russie.
Au-delà de cela, la conduite énergique de la Turquie en Méditerranée orientale, l’envoi de mercenaires en Libye et le parrainage des Frères musulmans et du Hamas – tous ces facteurs ont gravement nui à la façon dont la Turquie est perçue extérieurement. « La Turquie d’Erdogan devient une partie plus importante du problème global », ont expliqué l’ancien ambassadeur américain et l’ancien député turc, « sa présence dans l’alliance de l’OTAN est également problématique ».
Membres des gardiens de la révolution / Photo: AFP
Les auteurs de l’article concluent qu’à l’instar de l’époque de la guerre froide, «la Méditerranée orientale réémerge comme l’arène principale de la lutte entre les puissances». Il y a une semaine et demie, Israel Hayom a publié une proposition de l’associé d’Erdogan, l’amiral Jihat Yaiji, visant à instaurer une frontière maritime avec Israël. En ce qui concerne la question des ressources naturelles, les auteurs de l’article notent qu’«elles sont nombreuses et ont de nombreux effets sur la liberté de mouvement en Méditerranée orientale et sur l’équilibre des pouvoirs dans la région».
Néanmoins, Edelman et Aradmir trouvent également que la zone recèle une opportunité pour la constitution de réserves de gaz naturel au bénéfice des États-Unis. L’encouragement américain à la coopération énergétique régionale, dirigé par le Ministre israélien de l’énergie Yuval Steinitz avec Chypre et la Grèce, est un excellent outil, de l’avis des deux experts, pour renforcer les intérêts américains. Ils appellent à l’expansion de la présence militaire américaine en Méditerranée orientale, et sur le plan diplomatique – à nommer un envoyé spécial américain dans la région qui coopérera avec le Forum du gaz de la Méditerranée orientale, et même encouragera les exercices navals conjoints.
F-16 américains à la base d’Incirlik en Turquie / Photo: GettyImages
Pendant ce temps, un autre point important dans la relation entre Ankara et Washington est la base aérienne d’Incirlik dans le sud de la Turquie, où les forces américaines sont également stationnées. « Les États-Unis devraient préparer des plans pour des options de répartition des forces vers d’autres bases », recommandent Edelman et Ardmir.
Adaptation de l’hébreu : Marc Brzustowski

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