La guerre des drones prend son envol, en faisant monter les enchères dans les tensions irano-américaines

Analyse: Les drones ne risquent la vie d’aucun pilote et peuvent être suffisamment petits pour échapper aux systèmes de défense anti-aérienne, ce qui en fait des armes de choix dans l’escalade des conflits au Proche-Orient, du golfe Persique à la frontière israélo-libanaise.

Des vastes déserts d’Arabie saoudite aux quartiers surpeuplés de Beyrouth, une guerre de drones a éclaté à travers le Moyen-Orient au sens large, faisant monter les enchères, et les enjeux dans les tensions actuelles entre les États-Unis et l’Iran.

On a assisté, l’année suivant le retrait de l’accord nucléaire iranien, sur ordre du président américain Donald Trump, à une prodigieuse accélération du rythme des attaques et des menaces présumées d’aéronefs sans pilote pilotés par les alliés de Téhéran et de Washington dans la région.

Drone américain Global Hawk RQ-4

Drone américain Global Hawk RQ-4

 

L’attrait de ce type d’avion – ils ne risquent la vie d’aucun pilote et peuvent être suffisamment petits pour échapper aux systèmes de défense antiaérienne – a alimenté leur utilisation rapide, dans le cadre des campagnes de pression maximales, entre l’Iran et les États-Unis.

Au fur et à mesure que ces frappes deviennent plus fréquentes, le risque d’escalade allant au-delà de l’effet désiré augmente.

L’armée américaine a failli lancer des frappes aériennes contre l’Iran après qu’un drone Global Hawk RQ-4 de surveillance militaire américain a été abattu en juin.

Un drone américain a affirmé avoir été abattu par l'Iran

Un drone américain abattu par l’Iran

Pendant ce temps, des avions de combat israéliens attaquent des cibles en Syrie presque toutes les semaines, dont la dernière signalée  samedi soir.

La raison du dernier bombardement par Israël : Il s’agissait, précisément, de contrecarrer ce qu’il a appelé une frappe de drone iranienne prévue pour atteindre des cibles civiles sur le territoire israélien.

L'attaque israélienne en Syrie serait une opération visant à contrecarrer l'attaque d'un drone iranien contre Israël

L’attaque israélienne en Syrie serait une opération visant à contrecarrer l’attaque de drones iraniens contre la population civile d’Israël

 

Un avion israélien a ensuite survolé Beyrouth dimanche, après que deux drones non-identifiés se sont abattus sur Beyrouth quelques heures plus tôt, ce qui a risqué d’entraîner un conflit plus vaste, entre l’Etat Juif et le groupe terroriste libanais allié avec l’Iran, le Hezbollah.

Les tensions croissantes prennent leurs racines dans le retrait américain de mai 2018 de l’accord nucléaire entre l’Iran et les puissances mondiales.

Dans le cadre de cet accord, Téhéran a prétendu limiter l’enrichissement d’uranium en échange d’un allègement des sanctions. En réponse au retrait de Washington, l’Iran a d’abord cherché le soutien diplomatique de partenaires européens, en restant (apparemment) toujours dans l’accord, mais les sanctions américaines toujours plus lourdes ont étouffé les bénéfices de sa vente de pétrole brut sur le marché international.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a effectué, dimanche, un voyage surprise au sommet du Groupe des Sept, en France, pour chercher de l’aide.

En mai dernier, les États-Unis ont envoyé des bombardiers B-52 à capacité nucléaire, des avions de combat, un porte-avions et des troupes supplémentaires dans la région pour ce qu’ils faire face aux menaces de la part de l’Iran. De mystérieuses explosions ont frappé des pétroliers près du détroit d’Hormuz.

Des attaques de drones coordonnés ont ensuite suivi, d’abord de la part des rebelles Houthi du Yémen soutenus par l’Iran.

Les principales attaques ont visé les infrastructures pétrolières du royaume – l’une contre un pipeline crucial est-ouest, l’autre une installation majeure, au fond du désert de la région vide de la péninsule arabique.

L’Arabie saoudite a immédiatement lié les attaques à l’Iran, son rival de longue date au Moyen-Orient. Alors que l’Iran nie avoir armé les Houthis, l’Occident et les experts des Nations Unies affirment que les drones utilisés par les rebelles sont des modèles identiques à ceux de la République islamique.

Pendant ce temps, une frappe présumée israélienne en Irak, le mois dernier, visait une base de milices chiites alliées à l’Iran – il s’agirait de la première attaque menée par Israël en Irak depuis 1981. Israël est resté muet et les autorités américaines qui ont lié la frappe à l’action d’Israël, n’ont pas dit si des drones étaient impliqués.

Israël a ouvertement reconnu avoir frappé la Syrie, samedi soir, dans le cadre d’une attaque préventive. L’armée a déclaré qu’elle empêchait l’Iran de tenter de positionner des drones tueurs avant une attaque prévue contre Israël.

Ces drones, connus des experts sous le nom de munitions vagabondes, sont similaires à ceux utilisés par les Houthis. Le drone porteur de la bombe s’envole vers une destination, probablement programmée avant son vol, et explose en l’air au-dessus de la cible ou lors d’un impact contre celle-ci.

Un drone et un missile ont été tirés vers l'Arabie saoudite par des forces houthies soutenues par l'Iran (Photo: Reuters)

Un drone et un missile ont été tirés vers l’Arabie saoudite par des forces houthies soutenues par l’Iran (Photo: Reuters)

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui souhaite être réélu en septembre, a paraphrasé un passage talmudique sur la légitime défense après l’attaque : « Si quelqu’un se lève pour te tuer, tuez-le avant. »

L’armée israélienne a publié, dimanche, une carte indiquant les routes d’approvisionnement iraniennes pour acheminer ses drones et missiles en Syrie.

Cela comprend ce que Israël a décrit comme le site de lancement de drones prévu dans le village syrien d’Aqraba, ainsi qu’un autre emplacement dans le village d’Arneh, où une tentative de lancement aurait été déjouée jeudi dernier.

Le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, un porte-parole de l’armée israélienne, a déclaré qu’Israël surveillait l’activité depuis des semaines et qu’elle a fait l’objet de frappes, lorsqu’il est devenu évident que les gardes de la révolution iraniens avaient l’intention de lancer l’engin sans pilote. Il a déclaré qu’il était plus facile de détruire au sol ces drones agiles et difficiles à détecter avant qu’ils ne soient en suspension dans l’air.

« Nous savons que la Force Qods a consacré beaucoup d’efforts et de temps à essayer d’exécuter ce plan », a-t-il déclaré. La force Quds, ou « Jérusalem », est l’unité expéditionnaire de la garde.

L’Iran a nié que les frappes israéliennes en Syrie ait causé le moindre dommage à ses forces.

« C’est un mensonge », a déclaré le général de la Garde Mohsen Rezaei, selon l’agence de presse semi-officielle ILNA. Toutefois, Rezaei a ajouté que « les défenseurs de la Syrie et de l’Irak donneront bientôt une réplique », sans plus de précision.

La réponse de Rezaei montre le danger d’escalade de ces frappes de drones.

Au cours de la même nuit au Liban, un drone d’abord présumé israélien , avant qu’on s’aperçoive de sa provenance iranienne, s’est écrasé à Beyrouth, tandis qu’un autre a explosé, ont déclaré les autorités locales, qualifiant cet acte « d’agression israélienne » et de violation de la souveraineté libanaise.

Un drone qui s'est écrasé dimanche à Beyrouth aurait été lancé d'Israël

Un drone qui s’est écrasé dimanche à Beyrouth aurait été lancé- ou vraisemblablement détourné – par Israël. Il faut se trouver dans un rayon de 8 km pour le piloter à distance. 

 

Israël n’a pas reconnu l’incident.

Le Hezbollah n’a pas tardé à dire qu’il n’avait tiré sur aucun des drones, soulignant le souci du groupe d’éviter une nouvelle escalade avec son voisin du sud.

Ces événements représentent toutefois un défi direct pour le groupe, qui se remet encore d’un conflit meurtrier ayant duré des années en Syrie, pays voisin, où des milliers de combattants ont été tués et blessés alors qu’ils combattaient aux côtés des forces du président Bashar Assad.

Le Hezbollah, qui fait partie d’un gouvernement d’union nationale fragile et qui lutte déjà pour faire face à une grave crise économique et financière, ne souhaite pas être perçu comme entraînant le pays dans une nouvelle guerre ruineuse avec Israël, mais peut se sentir obligé de réagir à ce qu’il devrait considérer comme des « provocations » (contre son arsenal de missiles de précision en préparation).

Au cours de la nuit, le premier drone, apparemment non armé, s’est écrasé sur le toit d’un immeuble de Beyrouth où se trouve le bureau de presse du Hezbollah, causant des dommages aux bureaux du groupe.

« Il est clair qu’ils avaient une cible », a déclaré à AP un porte-parole du Hezbollah. En l’occurrence, 2 camions chargés de matériaux d’amélioration de missiles ont pris feu.

Le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dimanche que l’attaque présumée représentait « un développement très, très, très dangereux ».

Toute vengeance risque toutefois de déclencher un conflit indésirable avec Israël que le groupe dit préférer de loin éviter, car les destructions pour lui-même et leLiban s’avérerait alors incalculables (modèle de « l’âge de pierre »).

Presse associée | Publié: 08.30.19, 09:04

ynetnews.com

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Arieh

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