LA BATAILLE DU MONT DU TEMPLE

 

 

Avec les troubles que connait Israël autour du Mont du Temple (« l’esplanade des Mosquées » des musulmans et des journalistes), le conflit du Proche Orient s’embrase en son cœur le plus profond, en dévoilant qu’il n’est ni national ni territorial comme le voudraient bien les utopies de gauche, mais religieux, une guerre de religion découlant du scandale inadmissible que représente pour l’islam la souveraineté d’un peuple qui n’a le droit de (sur)vivre que comme « dhimmi ». La  rumeur que les « Juifs » veulent détruire la mosquée El Aksa est un vieux leurre, manipulé cycliquement depuis les émeutes de 1929 et destiné à susciter la fureur musulmane et à la focaliser sur les Juifs.

C’est un mensonge éhonté, du type de ceux qui donnaient naissance à des pogroms. C’est en effet à des actes pogromiques brutaux que nous avons assisté ces derniers jours, comme dans les temps anciens. Je pense notamment à la scène de la femme poignardée appelant au secours sous les lazzis, les crachats et les coups des commerçants des échoppes environnantes. Celà montre bien jusqu’où peut aller le penchant suprématiste, même « sous occupation ». C’est ce que fait entendre la « Liste unie » des députés arabes israéliens qui décrètent (Hanan Zoabi dixit) que c’est toute la montagne qui est une mosquée. Au déni musulman de la sainteté du lieu pour le judaïsme s’ajoute l’intolérance qui veut interdire aux Juifs l’accès non pas aux mosquées mais aux immenses terrasses de la montagne. Le plus piquant c’est que ceux qui hurlent à la profanation des Juifs (Abbas a parlé de « leurs pieds sales… »), sont aussi ceux qui ont effectué en catimini d’immenses excavations sous le mont pour construire sans permis une mosquée souterraine de 12 000 places dans un lieu dénommé « les écuries de Salomon », en détruisant des vestiges inestimables des temples juifs de l’antiquité, à l’instar des destructions de monuments façon Etat islamique.

Ceci dit, l’Etat d’Israël retire les fruits amers d’une démission et d’une négligence. La première commence avec Moshe Dayan qui, en 1967, a remis les clefs du Mont du Temple au Wakf jordanien, à une puissance qui avait profané tous les lieux saints juifs et interdit aux Juifs tout accès à leurs sites. Assumer la souveraineté de l’Etat sur le Mont du Temple semblait sans doute trop lourd à porter symboliquement à l’élite politique israélienne. C’est ce qu’ont bien compris les stratèges arabes: ici s’arrétait la souveraineté d’Israël, bien que le lieu fut en son pouvoir, et c’est dans ce vacuum d’une puissance symbolique planétaire que l’islamisme s’insinuerait pour contester la souveraineté d’Israël en elle même. Telle est bien la plate forme idéologique de la Liste arabe unifiée. La démission suprême d’Israël dans sa victoire offrait aux vaincus une bascule pour renverser la situation sans tanks ni avions, ciblant Israël en son point le plus faible: l’assomption de son identité.

Mais la situation découle aussi de deux négligences israéliennes : tout d’abord avoir laissé se développer depuis plus de 10 ans la « Ligue du nord », un mouvement islamiste israélien qui est le maître d’œuvre de la crise cyclique « les Juifs vont détruire El Aksa » et qui stipendie les émeutiers installés dans la mosquée avec armes et munitions. Les activistes islamistes israéliens (une expression  incroyable!) sont libres de leurs mouvements. Ils drainent avec eux non seulement une partie des Arabes d’Israël mais aussi des territoires. L’intervention de la Turquie de l’islamiste Erdogan est aussi patente. La deuxième négligence israélienne est de ne pas avoir intenté une procédure en inconstitutionnalité de la Liste arabe unifiée à la Knesset qui est une liste non politique mais ethnique rassemblant des islamistes aux communistes, sur une base ethnico-religieuse, ce qu’une démocratie normale (Cour Suprême?) ne devrait pas accepter car c’est là le contraire du multipartisme, une forme d’irrédentisme national. Or cette Liste, depuis son élection, montre qu’elle est le ferment de la révolte civile et de la discorde. Ce sont ses députés qui ont pris la tête de la guerre d’El Aksa. Ils sont les chefs de file de la démonstration de force couplée, selon toute vraisemblance, avec la levée du drapeau palestinien à l’ONU. On subodorait qu’une fois l’Etat proclamé, les Arabes israéliens entreraient en lice. C’est ce scénario qui est simulé aujourd’hui, sans doute fatalement trop intempestif. Merci la France!

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Shmuel Trigano

*Chronique dans ActuJ du 15 octobre 2015

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