Khashoggi victime de l’enfermement idéologique en Islam

 

Le 2 octobre 2018, le journaliste saoudien, Jamal Khashoggi a été assassiné, peu de temps après s’être rendu à l’ambassade saoudienne d’Istanboul. Selon la version officielle de Ryad, la mort a été causée, accidentellement, à la suite d’une bagarre l’opposant aux fonctionnaires de l’Ambassade qu’il rencontrait. Personne n’y croit vraiment : le journaliste, amoureux de la démocratie occidentale sur la fin de sa vie (bien que son portrait soit plus complexe et qu’il ait soutenu le Qatar et les Frères Musulmans), ne cessait de critiquer le Prince héritier Mohammed Ben Salmane dans ses chroniques publiées dans le Washington post. C’est la raison, vraisemblable, de l’implication (supposée) du pouvoir politique saoudien dans cette élimination. L’événement tragique illustre, une fois encore, le décallage entre les systèmes de pensée, l’un, démocratique occidental, dans lequel le fonctionnement sociétal s’adapte à la nature complexe de l’individu, l’autre musulman, dans lequel le musulman, c’est-à-dire le « soumis à Allah » doit embrasser la règle sociale qui lui est imposée.

Le Washington Post a publié, le 17 octobre 2018, la dernière chronique de Jamal Khashoggi dans laquelle il déplore l’absence de liberté de la presse dans le monde arabe. Pour lui, les personnes arabes vivant dans le Moyen Orient ne sont pas informés ou le sont mal, ce qui les prive d’outils pour discuter des enjeux concernant la région ou leur vie quotidienne.  Il y dénonçait alors le « discours trompeur des gouvernements qui domine la psyché publique » et évoquait son espoir déçu, quant à l’échec des printemps arabes de 2010 : « Les journalistes, les universitaires et la population générale avaient beaucoup d’attentes et espéraient des sociétés arabes libres dans leur pays respectif. Ils s’attendaient à être émancipés de l’hégémonie de leurs gouvernements et de leurs constantes interventions et censure de l’information. »

Le militant pour la liberté de la presse y a également déploré l’absence de réaction de la communauté internationale : « les gouvernements arabes ont même carte blanche pour faire taire les médias » (évoquant l’arrestation de journalistes locaux dans le silence occidental). Le monde arabe se dissimule derrière son propre « rideau de fer », imposé « non par des acteurs étrangers, mais par des forces internes avides de pouvoir ».

Aussi, était il reconnaissant, à l’égard du Washington post, de lui avoir publié bon nombre de ses articles en arabe pour permettre aux populations arabes de « lire, dans leur propre langue, pour pouvoir comprendre et discuter des divers aspects et des complications de la démocratie aux États-Unis et en Occident. Si un(e) Égyptien(ne) lisait un article exposant le coût réel d’un projet de construction à Washington, lui (ou) elle serait alors en mesure de mieux comprendre les implications de projets similaires dans sa communauté ».

Il aspirait alors, à la mise en place d’une plateforme médiatique moderne « isolée de l’influence des gouvernements nationalistes qui propagent la haine » et sur laquelle les journalistes arabes pourraient s’exprimer » : « Le monde arabe a besoin d’une version moderne des anciens médias transnationaux pour que les citoyens puissent être informés des événements mondiaux. Plus important encore, nous devons fournir une plate-forme pour les voix arabes. Nous souffrons de la pauvreté, de la mauvaise gestion et d’une éducation médiocre. En créant un forum international indépendant, isolé de l’influence des gouvernements nationalistes propageant la haine par la propagande, les citoyens ordinaires du monde arabe seraient en mesure de s’attaquer aux problèmes structurels auxquels leur société est confrontée ».

En fin de compte, Jamal Khashoggi n’est qu’une nouvelle victime de cet enferment idéologique en Islam qui muselle l’individu, l’empêche de réfléchir, et le maintien dans un cadre qui le prive d’évoluer intellectuellement, philosophiquement, et partant, matériellement.

Le musulman est, conformément au sens étymologique du terme, un « soumis à Allah ». Il est tenu, en vertu de cette nature particulière que lui assigne la religion de se soumettre aux règles imposées par Allah. Or, le principe de « soumission » s’oppose, par essence, à celui de « liberté » qui est pourtant l’un des objectifs auquel aspire l’être humain. Ainsi, le musulman se trouve dans sa nature, en contradiction avec le principe même de liberté. Autrement dit, le joug que lui impose la Loi transmise par Allah à Mahomet, est le seule qui vaille dans le système musulman alors qu’il l’aveugle sur l’un des aspects de la nature humaine.

Pour autant, l’avantage de la règle islamique, tient à l’obligation faite aux croyants, d’adhérer spontanément au système politique islamique. Les dictatures imposées par les monarchies arabes, confèrent aux dirigeants, un quasi droit de vie et de mort sur les sujets. Or, c’est précisément le contrôle de l’establishment religieux dans la vie quotidienne des personnes qui facilite une perpétuation du régime en place. Le système de pensée islamique laisse entendre aux sujets des pays arabes que les richesses, pouvoirs et l’autorité dont jouissent les dirigeants des monarchies, sont le résultat de la volonté d’Allah. (La bonne affaire).

Pour l’heure, l’occident ne peut que montrer au monde musulman, un modèle de ce qu’il offre aux individus en terme de liberté, de respect des droits, de chance de vivre la vie choisie. Toutefois, il ne peut imposer aux nations souveraines musulmanes, son propre modèle, même s’il est plus adapté à l’épanouissement de l’individu. Le cadre islamique en profite donc pour perpétuer les injustices, l’absence de droit de pensée, le nivellement des individus par le bas, de sorte qu’ils n’aient ni la force, ni le pouvoir, ni les moyens, ni l’énergie de le transformer.

Pire, les régimes autoritaires du Golfe, justifient (également) l’absence de liberté des ressortissants par la nécessité de contenir les mouvances islamistes qui seraient pire encore pour eux. Les dirigeants des pays arabes peuvent donc jouir d’une supériorité inique et non contestée, sur l’ensemble des ressortissants du pays.

Pour sa part, le Président Trump a évité de prendre partie sur les circonstances dans lesquelles l’assassinat est intervenu, se contentant d’évoquer la nécessité de conserver de bonnes relations avec l’Arabie saoudite (et surtout d’éviter la remise en cause du contrat de fourniture d’armes, d’un montant de 110 milliards de dollars de nature à nourrir 600 000 salariés américains).

En effet, il n’appartient pas à l’occident de dicter la conduite des nations arabes, de leur expliquer la nécessité de partager entre tous, les richesses du pays, d’ouvrir tous les espaces de libertés, de respecter les droits et libertés civiques et civiles reconnus par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, et d’offrir aux habitants, la liberté d’expression dans les domaines politique, religieux, associatif…

Mohammed ben Salman s’est fixé de moderniser la société arabe. Il a changé le discours traditionnel : il admire Israël et explique aux palestiniens qu’ils sont les seuls responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent. Pour autant, il ne s’est pas encore débarrassé des mauvaises habitudes comme l’oppression du peuple et la propension à la vengeance. Patientons. Avec la séparation prochaine de la mosquée et de l’Etat qu’entraînera la liberté progressive de la presse, le peuple musulman va se libérer de l’enfermement idéologique en Islam. Jamal Khashoggi ne le verra pas.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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Picotain

Remplacer saoudien par iranien ou turc et le résultat sera pareil .
Quand on critique certain régime , on ne doit plus les approcher ..

Picotain

Kashogui critique le régime saoudien et que pensez-vous qu’il arriva ? Il se rendit au consulat saoudien pour des formalités avec ce même régime . Il arriva ce qui devait arriver .
Il était tellement amoureux que la réaction saoudienne contre le Canada ne la pas dissuadé d’y aller .