Khamenei met tout son poids dans les menaces de représailles pour l’exécution de Fakhrizadeh

Le Conseil suprême de sécurité nationale iranien a tenu une réunion d’urgence le samedi 28 novembre? à la suite de l’exécution ciblée vendredi de Mohsen Akhrizadeh, l’architecte des programmes secrets d’armes nucléaires et de missiles de l’Iran. Des commandants militaires supérieurs étaient présents à ce briefing.

Le chef suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a appuyé les propos du président Hassan Rohani et d’autres hauts responsables en attribuant la responsabilité de l’élimination imparable au Mossad israélien et en menaçant de représailles. Ils ont tous promis de poursuivre son travail et de riposter à ses exécuteurs – «au bon moment», comme l’a qualifié le président Hassan Rohani.

La réunion d’urgence sur la sécurité a, sans aucun doute, été taxée de mobilisation pour la mise en œuvre de ces menaces de punir le supposé coupable, désigné comme le «régime sioniste». Il n’était pas moins urgent d’identifier et de mettre la main sur les auteurs de ce crime parfait et de boucher les failles béantes exposées au grand jour dans la sécurité du pays, à travers lesquels une grosse équipe d’exécuteurs a pu facilement tuer le chef du programme nucléaire iranien, étroitement gardé, dans une embuscade surprise sur une autoroute proche de Téhéran.

 

Au moins deux véhicules ont été impliqués dans l’attaque. Selon l’agence de presse semi-officielle Tasnim, «des terroristes ont fait sauter une autre voiture» avant de tirer sur un véhicule transportant Fakhrizadeh et ses gardes du corps. Il voyageait dans une voiture blindée qui, selon la plupart des sources, a manifestement explosé, embouti par un camion piégé avant – ou après – que les hommes armés ne sautent d’un autre véhicule et mitraillent le convoi avec des armes automatiques lors d’une fusillade avec ses gardes du corps. Des pertes sont probables. Les exécuteurs semblent avoir préparé un véhicule séparé pour leur escapade et, à cette heure, aucune traque ne semble avoir donné le moindre résultat.

Israël, la Maison Blanche, le Pentagone, le département d’État américain et la CIA ont tous refusé de commenter l’épisode, tout comme l’équipe de transition de Biden. Cependant, s’il s’agissait bien de l’œuvre du Mossad, scénario qui ne sera peut-être jamais confirmé ni prouvé, cela indiquerait la présence d’un vaste réseau clandestin d’agents implantés en République islamique, dont on peut supposer qu’ils ont enrôlé des éléments locaux des mouvements contre le régime pour bâtir l’opération.

Il y a huit ans, un directeur du principal site d’enrichissement d’uranium d’Iran à Natanz a été tué dans l’explosion d’une bombe magnétique placée sur sa voiture. Il était au moins le cinquième scientifique nucléaire iranien tué dans des attaques ciblées apparentes en deux ans, ce qu’Israël n’a jamais reconnu. Puis, en février 2012, le régime islamique a tenu Israël pour responsable et a cherché à se venger. Il l’a fait en activant son réseau étranger de cellules terroristes pour tenter d’assassiner des diplomates israéliens à Bangkok, Delhi et Tbilissi.

Ce réseau a été développé par Qassem Soleimani, le chef d’al Qods, que les Américains ont tué à Bagdad en janvier 2020. Fakhrizadeh partageait avec lui le grade de général de brigade du Corps des gardiens de la révolution iranienne.

L’explosion à New Delhi, ce mois-là, a incendié une voiture et blessé quatre personnes, dont un chauffeur de l’ambassade israélienne et la femme d’un diplomate. L’appareil en Géorgie a été découvert et désamorcé en toute sécurité. Dans les deux incidents, des «bombes collantes» ont été fixées aux voitures par des aimants.

La tentative d’attentat à la bombe à Bangkok il y a huit ans a constitué un autre flop, mais elle a eu des conséquences qui ont bouclé la boucle des attaques et des contre-attaques jusqu’à aujourd’hui. En effet, il y a deux jours, la Thaïlande a remis à Téhéran trois Iraniens dans le cadre d’un échange de prisonniers, contre la libération de l’érudite anglo-australienne Kylie Moore-Gilbert, accusé d’espionnage et condamné à 10 ans de prison.

Les Iraniens libérés en Thaïlande dans un échange pour libérer une universitaire anglo-australienne otage des Mollahs. 

Kylie Moore-Gilbert

Téhéran s’est abstenu de nommer les trois hommes libérés. Il s’avère, cependant, qu’ils n’étaient autres que les hommes condamnés en Thaïlande pour avoir ciblé des diplomates israéliens dans un complot à la bombe en 2012, dans le cadre de l’offensive de vengeance pour la mort de scientifiques nucléaires iraniens. Ce complot a également échoué lorsque leur bombe a explosé accidentellement et que les conspirateurs ont été arrêtés et condamnés à la prison pour divers chefs d’accusation – mais pas de terrorisme.

Il se trouve que jeudi, la veille de la mort planifiée de Fakhrizadeh, ces terroristes à la bombe ratés ont reçu un accueil en héros à leur arrivée à Téhéran.

Alors qu’Israël est en état d’alerte au cas où l’Iran donnerait suite à ses menaces de représailles pour la mort du scientifique nucléaire de haut rang, il est évident pour les deux  camps qu’une réponse extrême déclencherait une guerre à grande échelle, qui ne servirait aucun de leurs intérêts pendant la transition vers une nouvelle présidence à la Maison Blanche – en particulier lorsque l’Iran espère se voir accorder une ouverture à la diplomatie par la présidence Biden.

Malgré les pertes enregistrées par le régime islamique, les sanctions américaines et les guerres menées contre ses auxiliaires en Irak et en Syrie, ses dirigeants persévèrent dans leur marche vers une bombe nucléaire qui imposerait sa domination dans la région. Cette persistance est également une forme de représailles exercées contre les pays qui lui concèdent l’opportunité d’y parvenir, malgré les obstacles.

Adaptation : Marc Brzustowski

Khamenei weighs in with threat of retaliation for the Fakhrizadeh killing

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