Le meurtre de Khashoggi par MbS à nouveau sous les feux d’accusations, avant le sommet du G20 à Buenos Aires
Après une courte accalmie, une troisième vague de rapports désobligeants, aux États-Unis, en Turquie et en Europe occidentale a de nouveau mis le prince héritier saoudien sur le grill pour le meurtre présumé de Jamal Khashoggi, le 2 octobre, au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. Qu’est-ce qui a, de nouveau, catapulté cette histoire à la une, après des semaines de silence? Les sources de DEBKAfile offrent quelques informations de base :
- Le président Donald Trump a déclaré dimanche 11 novembre qu’il avait été informé de la cassette sur laquelle la Turquie prétend avoir enregistré le meurtre, mais qu’il a refusé de la regarder: « C’est une cassette pleine de souffrance, c’est une cassette terrible », a-t-il déclaré.
- Plusieurs médias américains ont, par la suite, rapporté que la CIA, après avoir reçu l’ordre du président d’enquêter sur le crime, avait conclu que le crime avait été planifié et ordonné par le prince héritier Mohammed bin Salman MbS). La CIA elle-même n’a rien dit pour confirmer cette affirmation.
- Trump a répondu à cette allégation, en disant qu’il ne pouvait pas déterminer, à partir des faits exposés devant lui, dans quelle mesure le prince héritier était responsable du meurtre. «Mais en même temps», a-t-il ajouté. « Nous avons un allié et je veux conserver un allié qui a été très bon à bien des égards. »
- Le lundi 19 novembre, un éditorialiste turc bien connu a affirmé que la querelle entre Khashoggi et les agents de la sécurité saoudiens le retenant au consulat avait été déclenchée par leur demande qu’il envoye un télégramme à son fils en Arabie saoudite et qu’il avait refusé. Il a ensuite été mis à mort. Le chroniqueur n’avait aucune idée de ce que le prétendu câble était censé dire.
- Le mardi 20 novembre, une autre publication turque a publié ce qu’elle prétend être des mots entendus sur la bande dans les secondes du meurtre. «Relâche mon bras! Qu’est-ce que tu penses faire? ”On cite Khashoggi en train de crier. C’est suivi par des bruits de coups et de tortures. Les mots suivants ont été prononcés par un homme, identifié comme membre de l’équipe, qui a déclaré : «C’est effrayant de mettre les vêtements d’un homme que nous avons tué il y a 20 minutes.» On l’a ensuite entendu se plaindre du fait que les chaussures de Khashoggi étaient trop petites. On lui dit de porter ses propres baskets. Selon ces sources turques, cette divergence serait apparue lorsque le double du journaliste mort a été filmé dans une rue d’Istanbul après le meurtre.
- Le «double» a été désigné par les médias turcs comme s’appelant Mustafa al-Madani qui, selon eux, est proche du prince héritier. Toutes ces nouvelles citations dans les médias turcs d’une cassette détenue par les autorités turques sont apparues comme la toile de fond d’une conversation qui a eu lieu à New York et dans laquelle le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, avait demandé au secrétaire de l’ONU, Antonio Guterres, de créer un tribunal international pour enquêter sur le meurtre du journaliste saoudien.
- L’Arabie saoudite nie énergiquement toutes les allégations turques disant qu’une équipe envoyée à Istanbul pour extraire Khashoggi est devenue complètement incontrôlée et l’a tué. En Arabie saoudite, 21 personnes ont été arrêtées en lien avec le crime, dont 5 ont été condamnées à mort et 11 ont été condamnées à des peines de prison. Toute l’équipe a agi de sa propre initiative, a déclaré Riyad, alors que le prince Mohammed n’était pas impliqué et ignorait totalement ce qui se passait au consulat d’Istanbul.
La nouvelle collection de publications sur l’affaire Khashoggi reflète un nouvel effort coordonné visant à renverser le prince héritier, ont déclaré les sources de DEBKAfile, qui évoquent quatre motifs :
- Certains cercles de Washington sont déterminés à nuire à la relation solide qui prévaut entre l’administration Trump et le roi saoudien Salman et son fils. Ces cercles cherchent depuis longtemps à affaiblir le roi, mais depuis que Donald Trump est entré à la Maison Blanche, ils considèrent que l’éviction de MbS est d’autant plus souhaitable pour le gain indirect que représentent les relations avec le président et sa famille. L’éclipse du prince héritier aurait deux autres avantages aux yeux de ces cercles : elle mettrait gravement en péril la campagne anti-Iran de Trump et son projet de plan de paix israélo-palestinien, qui dépend de la coopération de l’Arabie saoudite, de l’Egypte, des Emirats Arabes Unis et d’Israël.
- Un certain nombre de parties intéressées, politiques et financières, ainsi que de membres de la communauté pétrolière mondiale, considèrent avec une extrême désillusion les deux princes héritiers, MbS et Cheikh Mohammed Bin Ziyad (MbZ) des Émirats arabes unis, dirigeant le spectacle des événements dans le Golfe comme représentants d’une puissance commune. Leur but n’est donc pas de faire tomber uniquement l’un des princes de son piédestal – mais les deux. La Turquie a donc développé un deuxième récit dans les médias qu’elle contrôle, qui vise à noircir MbZ en tant que complice de MbS dans la dissimulation du crime de Khashoggi. Cette histoire alléguait que les Émirats avaient confié cette tâche à une équipe de quatre personnes. L’un d’entre eux a été désigné par les médias turcs comme étant le Palestinien exilé Muhammed Dahlan, qui est réputé être un ami proche de MbZ. Le ministre des Affaires étrangères des Emirats Arabes Unis a catégoriquement démenti son récit.
- Le président turc, Tayyip Erdogan, ne peut relâcher son désir ardent de repousser les deux princes de la couronne et de les écarter de la liste des dirigeants du monde musulman sunnite.
- Le prince héritier saoudien a annoncé qu’il participerait au sommet du G20 à Buenos Aires du 26 au 30 novembre. Il espère que le voir associé aux dirigeants du monde (y compris Erdogan) comme leur égal, et leur serrer la main devant les flashs crépitants des appareils photos et caméras réparera les torts causés à sa réputation par les assauts de l’affaire Khashoggi et lui donneront une assise solide sur le terrain et la scène mondiale. La nouvelle vague de reportages péjoratifs qui ont bousculé les médias au cours des derniers jours vise à lui arracher cette opportunité en le rendant persona non grata sur le plan international.
En rapport avec l’affaire Khashoggi, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a été interrogé mardi par des journalistes pour savoir si placer les intérêts américains au premier plan signifiait que les intérêts commerciaux des États-Unis l’emportaient sur les droits de l’homme. Il a répondu: Le Moyen-Orient est un endroit dangereux. L’Amérique a besoin d’alliés puissants pour la protection de tous ses citoyens, y compris ceux qui travaillent dans la région, et l’Arabie saoudite est l’un de ces alliés.
Samedi, le président Donald Trump a déclaré : « Nous ne connaîtrons peut-être jamais tous les faits entourant » la mort de Khashoggi, mais « nous entretenons des relations avec le Royaume d’Arabie saoudite ». Il a déclaré aux journalistes qu’un « rapport très complet » serait publié mardi. , tout en rappelant que les Etats-Unis « se tiennent aux côtés de l’Arabie saoudite » pour l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Les relations avec le royaume sont importantes pour la sauvegarde des intérêts des Etats-Unis et d’Israël, a souligné le président.
Erdogan , G-20 à Buenos Aires , meurtre de Khashoggi , prince héritier saoudien MbS
Adaptation : Marc Brzustowski
MbS fingered again for the Khashoggi murder to undermine him ahead of the G20 Buenos Aires summit