Etats-Unis : Kamala Harris a payé Beyoncé 10 millions de dollars pour son soutien ?
Des médias et des internautes relaient la rumeur selon laquelle Beyoncé aurait été payée 10 millions de dollars par Kamala Harris en échange de son soutien à l’élection présidentielle américaine.
a star de la pop Beyoncé a-t-elle été grassement rétribuée en échange de son soutien public à Kamala Harris en vue de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, finalement remportée par Donald Trump ?
C’est ce qu’affirment de nombreuses publications virales, reprises par certains médias. A en croire la rumeur, Queen B aurait été payée 10 millions de dollars. Cette affirmation circule également chez les internautes francophones, reprise par des comptes influents. Sur la plateforme X, l’une de ces publications a été visionnée plusieurs centaines de milliers de fois.
A en croire la rumeur, c’est pour son apparition lors d’un meeting de la candidate démocrate que la pop star aurait été payée une telle somme. Beyoncé a effectivement apporté son soutien à Kamala Harris à Houston, au Texas, comme on peut le constater dans la retransmission postée sur la chaîne YouTube officielle de la chanteuse.
Des réseaux sociaux à Fox News
La rumeur circule au moins depuis octobre, mais a récemment pris une nouvelle ampleur après avoir été reprise en direct par une présentatrice de la chaîne américaine conservatrice Fox News. Comme en témoigne le replay de l’émission The Faulkner focus du 11 novembre identifié par 20 Minutes. Cette séquence a par la suite été reprise par de nombreux internautes, comme dans cette vidéo publiée sur TikTok qui cumule plus d’un million de visionnages.
FAKE OFF
Si le soutien à la candidate, comme celui apporté par de nombreuses autres stars américaines, est bien réel, rien ne permet d’appuyer le fait qu’elle aurait été payée 10 millions de dollars pour cela. Ces allégations ne s’appuient sur aucun document ou témoignage en guise de preuve. 20 Minutes n’a pas non plus été en mesure de trouver d’élément en ligne qui permettrait d’appuyer cette affirmation.
Par ailleurs, l’information a été réfutée par l’attachée de presse de Beyoncé auprès du média américain Politifact, la qualifiant de « plus que ridicule ». Du côté de la candidate, un de ses responsables de campagne a également déclaré au média FactCheck.org que cette affirmation n’était « pas vraie ».
Beyoncé, Leonardo Di Caprio, Taylor Swift… Cette élite de gauche qui a échoué à faire gagner Kamala Harris.
De nombreuses célébrités pensaient pouvoir pousser la candidate démocrate jusqu’à la victoire de l’élection présidentielle, et pourtant, elles n’ont pas su séduire les électeurs de l’Amérique profonde, minés par l’inflation et la crise du logement.
Durant les trois mois de campagne éclair de Kamala Harris, les célébrités ont donné de leur voix pour celle qu’ils avaient choisie comme nouvelle présidente des États-Unis. Sur Instagram, Beyoncé posait avec un tee-shirt frappé du visage de la candidate démocrate jeune. Quand Bruce Springsteen apparaissait dans un spot de campagne de la vice-présidente. Lady Gaga a, elle, chanté lors du dernier meeting de Kamala Harris en Pennsylvanie. Et Jennifer Lopez s’est révoltée après la blague d’un humoriste qui a comparé Porto Rico à «une île flottante de déchet» au meeting de Trump à New York. La liste pourrait encore continuer.
Pourtant, celle que les stars du showbiz avaient choisie n’a pas gagné l’élection. Malgré leurs appels répétés à voter pour Kamala Harris sur les réseaux sociaux, et leurs dizaines de selfies, bulletin de vote en main, les Américains ont préféré Donald Trump. Et ce résultat questionne. Le soutien de ces personnalités sert-il vraiment à quelque chose ? Ou à l’inverse, ne serait-il pas contreproductif ?
Enthousiasmer les électeurs
Une chose est sûre, les célébrités ont le pouvoir de susciter de l’enthousiasme pour un candidat. «Les soutiens de personnalités peuvent créer des raccourcis chez certaines personnes qui ne s’intéresseraient pas forcément à la politique et qui n’auraient pas forcément réfléchi à cette question. Si quelqu’un ne sait pas pour qui voter, il pourrait alors se tourner vers une célébrité en qui il a confiance et qui semble avoir vécu les mêmes choses que lui», analyse David J. Jackson, professeur de science politique à la Bowling Green State University dans l’Ohio, dans une étude publiée dans le Journal of Political Marketing .
C’est pourquoi de nombreux candidats à l’élection présidentielle ont joué de cet atout dans l’histoire des États-Unis. Le New Yorker rappelle qu’en 2008, le soutien d’Oprah Winfrey à Barack Obama avait rapporté plus d’un million de votes, selon des économistes de Northwestern et de l’Université du Maryland. En 1960, John F. Kennedy a voulu entretenir sa popularité en se liant d’amitié avec Frank Sinatra. Le républicain Warren G. Harding, 29e président américain, fut par ailleurs le premier à bénéficier d’un soutien avec les stars du cinéma muet Al Jolson et Mary Pickford, dans les années 1920.
Les célébrités ne sont pourtant pas la solution miracle pour remporter une élection. Hillary Clinton en est la preuve. En 2016, la démocrate avait joui d’un appui d’une grande partie du showbiz hollywoodien, et pourtant, elle a perdu face à Donald Trump.
Un phénomène difficile à quantifier
En réalité, «il est difficile de quantifier leur influence sur le vote final des électeurs. C’est même incalculable», assure Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos. «Derrière le soutien de ces stars, les candidats espèrent rendre leur campagne plus enthousiasmante, loin de l’image terne des dirigeants politiques», décrypte l’expert. Le seul effet mesurable est «le niveau de mobilisation et d’inscriptions sur les listes électorales», accorde Mathieu Gallard.
Et dans ce domaine, Taylor Swift règne en maître. Le 11 septembre dernier, la chanteuse américaine a incité ses 283 millions d’abonnés à voter pour Kamala Harris dans un post publié sur Instagram. Un peu plus de 24 heures plus tard, le site d’information des électeurs tenu par le gouvernement américain a enregistré une hausse de sa fréquentation avec plus de 400.000 visiteurs supplémentaires. Si on a longtemps attribué une influence électorale à Taylor Swift, elle n’a, en réalité, pas fait basculer l’élection. D’après un sondage Ipsos pour la chaîne ABC News, 81% des personnes interrogées ont déclaré que son soutien à Kamala Harris n’avait fait aucune différence dans la probabilité qu’ils votent pour elle.
Cela peut s’expliquer, d’une part, «par le fait que les fans n’écoutent pas forcément Taylor Swift pour ses idées politiques», avance Alexis Carré, chercheur postdoctoral au Jefferson Center de l’Université du Texas, à Austin. Ou tout simplement car «son discours ne touche pas toute la population américaine». Dans sa musique, la chanteuse pro-démocrate défend la communauté LGBT+ et les droits des femmes. La milliardaire a également condamné la décision de la Cour suprême d’annuler la garantie du droit à l’avortement.
Fracture dans la société américaine
Force est de constater que ces thématiques, largement reprises par Kamala Harris durant toute sa campagne, n’ont pas mobilisé les électeurs. «Ce ne sont peut-être pas les préoccupations principales des Américains», analyse le chercheur. Cette élection révèle en effet «une fracture dans la perception de l’inflation entre les différentes classes sociales». Avec d’un côté les élites de gauche issues du milieu du divertissement, peu investies et mobilisées pour lutter contre les problèmes concrets des citoyens. Et de l’autre, l’Amérique dite «profonde». Selon le magazine Forbes, Kamala Harris était soutenue par un plus grand nombre de milliardaires (83), contre 52 pour Donald Trump.
Ce phénomène est également visible d’un point de vue géographique à travers une rupture entre les côtes, souvent plus riches et pro-démocrates, et l’intérieur du pays. «L’expression employée par les habitants des côtes le prouve. Ils parlent de “fly over country” pour qualifier les États du centre qu’ils ne font que survoler en avion, sans jamais s’y arrêter», raconte Alexis Carré.
Les célébrités peuvent ainsi être perçues comme déconnectée face à la hausse des prix et aux difficultés d’accès au logement. Dans leurs discours, rares sont celles qui évoquent ces sujets. Lors de son apparition aux côtés de Kamala Harris le 25 octobre, Beyoncé a principalement évoqué le droit à l’avortement. D’autres, comme Leonardo DiCaprio, sont pointés du doigt sur les réseaux car elles incarnent une gauche moraliste. L’acteur a publiquement soutenu la candidate démocrate, avançant l’argument écologique. Pourtant, l’artiste multi-oscarisé est régulièrement épinglé pour ses déplacements en jet privé.
Donald Trump aussi a été encouragé par des personnalités influentes, comme Elon Musk, Dana White, le parrain du MMA, ou encore le catcheur Hulk Hogan. «Le soutien de podcasteurs comme Joe Rogan, le plus écouté aux États-Unis, a certainement dû contribuer à la victoire de Trump en séduisant un électoral ultra-conservateur», ajoute Alexis Carré. Toutefois, le nouveau président a adopté une position différente de celle de Kamala : «Il s’est placé en opposition avec les célébrités d’Hollywood, voulant représenter les gens simples.»
Un atout non négligeable
Alors, si les célébrités ne semblent pas influencer systématiquement les élections présidentielles, les démocrates ne devraient-ils pas changer de stratégie ? «Ils auraient tort de se priver d’un tel atout. Bien qu’on ne connaisse pas les chiffres de leur influence électorale des célébrités, ils ne prendraient pas le risque de perdre des voix», commente Mathieu Gallard. Pour Alexis Carré, c’est comme si «on demandait à Donald Trump d’arrêter de dire des énormités», comme lorsqu’il a accusé le 10 septembre la communauté haïtienne de manger les animaux de compagnie des habitants de Springfield. Ce qui n’a pas empêché ces derniers de voter pour lui.
Sans oublier que l’engagement des stars a permis aux candidats d’engranger des sommes astronomiques. Avec son 1,5 milliard de dollars récolté, le compte de campagne de Kamala Harris dépasse celui de Donald Trump et son 1 milliard de dollars. Voilà une autre bonne raison pour les futurs candidats de continuer à s’afficher aux côtés des célébrités.
Mais est-ce suffisant pour masquer le vide de la pensée et surtout d’infantiliser l’électorat avec les paillettes et le prêt à penser. La gauche dite humaniste s’appuierait-elle sur l’ignorance et la facilité pour faire triompher ses thèses, comme on le voit dans le conflit du Moyen-Orient où la phrase culte « de la rivière à la mer » n’a aucun substrat intellectuel, sauf un raccourci facile pour nier le droit à l’existence d’Israël.
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