Israël préoccupé par les actions turques en Syrie

Depuis que les rebelles soutenus par la Turquie ont pris le pouvoir en Syrie, les actions du président turc Recep Tayyip Erdogan causent des nuits blanches aux dirigeants politiques et sécuritaires d’Israël, qui ont été mis en garde contre un « potentiel de changements radicaux » dans les relations entre Istanbul et Jérusalem. Ce rapport est le premier d’une série examinant l’évolution de la dynamique entre les deux nations.

La tentative de la Turquie de transformer la Syrie en un État client, en remplaçant l’Iran et la Russie comme principaux acteurs influents, inquiète de plus en plus les responsables israéliens. Une source politique de haut rang à Jérusalem a avoué que les activités de la Turquie en Syrie sont devenues une priorité absolue ces derniers jours.

Cette préoccupation est évidente: deux discussions cruciales sont prévues dans les prochains jours par les dirigeants israéliens : l’une au ministère de la Défense, l’autre sous la conduite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Les responsables israéliens considèrent que les actions de la Turquie en Syrie sont porteuses de « risques de frictions graves entre les deux pays ».

Israël se prépare à l’éventualité que la Turquie devienne une menace stratégique , comme le montre le rapport de la Commission Nagel. La Commission, créée pour formuler des recommandations sur les besoins de renforcement des forces armées et le budget de sécurité d’Israël au cours de la prochaine décennie, mentionne la Turquie à 15 reprises dans le rapport, soulignant l’instabilité régionale et le potentiel de changements rapides, notamment les tentatives de déstabilisation de la monarchie jordanienne, les changements d’approche de l’Égypte et de la Turquie et la montée des tensions avec Israël.

Erdogan et Al-Julani, Photo: Reuters, AFP

Une partie du rapport met explicitement en garde le Premier ministre contre les risques : « Le problème s’aggravera si les forces syriennes deviennent effectivement un « mandataire turc », dans le cadre de l’ambition de la Turquie de restaurer l’influence de l’ère ottomane. La présence de forces turques ou de leurs mandataires en Syrie pourrait accroître le risque d’une confrontation directe entre Israël et la Turquie. »

Qu’est-ce qui pourrait conduire à ce scénario ? L’entrée de l’armée turque en Syrie, qui pourrait entraîner un armement rapide du pays, et des actions militaires contre les Kurdes à l’est du pays, qui pourraient se propager jusqu’aux portes d’Israël. Cette menace est décrite par la Commission comme un « potentiel de changement radical » dans les relations avec la Turquie, un pays avec lequel Israël entretient des relations diplomatiques continues, bien que fondées uniquement sur des intérêts mutuels.

Forces turques près de la frontière avec la Syrie. Photo : AFP

En réponse aux changements tectoniques en Syrie, les pays occidentaux se précipitent pour établir des ponts avec le nouveau régime. Récemment, les ministres des Affaires étrangères allemand et français se sont rendus à Damas. De plus, on observe une tendance croissante dans les capitales occidentales, y compris à Washington, à retirer le principal groupe rebelle du nouveau gouvernement, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), de la liste des organisations terroristes. « Nous ne pouvons pas nous permettre de faire autrement », ont expliqué des responsables occidentaux à de hauts responsables israéliens au sujet de leur approche à l’égard de ce groupe, qui était auparavant affilié à Al-Qaida.

Inquiétudes pour le sort des Kurdes

Les inquiétudes d’Israël peuvent être divisées en deux grandes questions. La première concerne la poursuite du trafic d’armes via le Liban sous les auspices du nouveau régime syrien. La seconde est la possibilité qu’Erdogan exploite la situation pour écraser le régime autonome kurde dans l’est de la Syrie, ce qui pourrait aboutir à un massacre de la population kurde de la région. Dans une récente déclaration sur le sujet, Erdogan a promis d’«enterrer dans le sol, avec leurs armes, ceux qui choisissent la terreur et la violence», en référence aux milices kurdes de la région.

Les Kurdes entretiennent des relations de longue date avec Israël, mais les responsables israéliens soulignent qu’Israël ne cherche pas une confrontation directe avec la Turquie. La question de la protection militaire de l’autonomie kurde en Syrie est considérée comme une responsabilité des États-Unis.

Des combattants kurdes après leur victoire sur l’EI en Syrie (archives). Photo : Reuters

Immédiatement après la chute d’Assad, l’armée israélienne a présenté deux scénarios possibles pour la Syrie : soit le pays serait dirigé par al-Julani (Ahmed Hussein al-Sharaa, chef du HTS), soit le pays serait divisé en cantons dotés de différents niveaux d’autonomie. Le deuxième scénario est celui que préfère Israël.

En pratique, les responsables israéliens affirment que la Turquie est devenue la puissance la plus influente à Damas, remplaçant l’axe chiite iranien par un alignement sunnite-turc. Bien que cet alignement ne soit pas encore considéré comme un adversaire direct, il peut offrir un refuge aux groupes terroristes. « La scène est multidimensionnelle », a noté un diplomate de haut rang. « Les intérêts de la Turquie à faire de la Syrie un État client, renforçant ainsi son influence régionale, sont clairs. Notre réponse comprend des actions sur le terrain et une préparation aux menaces potentielles qui pourraient s’intensifier rapidement. »

Une contre-alliance au Sultan ?

En plus de ses déclarations publiques en faveur des Kurdes, Israël renforce ses liens avec les rivaux historiques de la Turquie. Ces derniers mois, Israël a signé une série d’accords de défense avec la Grèce et Chypre, dont un contrat de 2 milliards d’euros portant sur des systèmes radar et d’interception avancés pour la Grèce. Chypre a déjà reçu des missiles de défense aérienne Barak MX de fabrication israélienne pour remplacer ses systèmes russes.

En revanche, la relation particulière d’Israël avec l’Azerbaïdjan, marquée par des ventes d’armes avancées et des importations substantielles de pétrole via la Turquie, ajoute un niveau de complexité supplémentaire. Les armes israéliennes ont joué un rôle crucial dans la victoire de l’Azerbaïdjan sur l’Arménie au Haut-Karabakh. Compte tenu de l’étroite alliance de la Turquie avec l’Azerbaïdjan, les tensions entre Jérusalem et Ankara pourraient également mettre ces liens à rude épreuve.

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2 Commentaires
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Yan

Je trouve que ce débile de djihadiste en costard joue avec le feu face à Trump…Encore une fois où il se décide rapidement à entrer dans les clous de l´OTAN ou il s´en fera jeter d´une manière si brutale et subite qu´il n´aura même pas le temps de comprendre ce qui lui est arrivé…Surtout que l´idée mortifere de s´en prendre à nous ne lui effleure PAS UNE SECONDE l´esprit sinon ce sera un front americano-israelien semblable à ce qui attend l´Iran qu´il aura face à lui…Associé à de très lourdes sanctions économiques il restera à
vivre à son régime le temps d´une rose…

wall

perso ,je serai étonné que le dictateur affrontera Israel , attendez encore avant d’écrire des choses pareils et de faire peur aux gens