Israël conteste auprès de l’ONU le nouvel appel d’offres lancé par le Liban
L’Etat hébreu réclame le retrait de l’appel d’offres, lancé pour attribuer des licences sur les huit blocs restants de la ZEE libanaise.
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU Gilad Erdan a contesté dimanche auprès du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, l’appel d’offres international lancé par le Liban pour l’attribution des licences d’exploration et d’exploitation des réserves supposées d’hydrocarbures offshore situés dans les huit blocs restants de la zone économique exclusive (ZEE) du Liban, alors que des pourparlers entre les deux pays sur la délimitation de leur frontière maritime sont suspendus.
Le ministre libanais de l’Energie, Walid Fayad, avait annoncé fin novembre avoir signé une décision réinitialisant le second round de l’appel d’offres pour l’attribution de ces licences, faisant passer le nombre de blocs à attribuer de 5 à 8 (soit la totalité de ceux restants). Parmi ces blocs, le 8 et le 10 sont situés, au moins en partie, dans la zone contestée entre le Liban et Israël.
Dans un lettre officielle, M. Erdan a appelé le gouvernement libanais à « retirer cet appel d’offres et à s’abstenir de toute activité susceptible de promouvoir des activités non consensuelles dans les zones maritimes israéliennes ». « Le gouvernement israélien présente son objection formelle à toute activité libanaise non consensuelle », a souligné l’ambassadeur. Il a également affirmé qu’« Israël s’oppose à toute activité économique non autorisée effectuée par le Liban dans ce domaine, y compris, entre autres, l’octroi de droits par le Liban à toute tierce partie, les activités exploratoires, le forage ou l’exploration des ressources naturelles dans les zones maritimes où Israël revendique des droits souverains ». M. Erdan a par ailleurs noté que l’Etat hébreu a appelé « les tierces parties concernées à respecter la position de son pays et à s’abstenir de participer, de promouvoir ou de faciliter toute action susceptible de compromettre ses droits ».
Des pourparlers avaient démarré entre le Liban et Israël, en octobre 2020, sur la base d’une zone contestée d’une superficie de 860 km² à partager entre les deux pays (la ligne 23 qui délimite le triangle des 860 km², adoptée par le gouvernement de Fouad Siniora en 2011). La ligne Hof, du nom du diplomate américain Frederic Hof qui avait joué les médiateurs entre les deux parties entre 2010 et 2012, attribuait au Liban 55% de cette zone contre 45% à Israël.
Le Liban avait ensuite fait monter les enchères lors des négociations, réclamant une zone supplémentaire de 1.430 km² dans le tracé de la frontière maritime avec Israël, mais ces pourparlers avaient fini par être suspendus en décembre 2020. Le chef de l’État, Michel Aoun, avait alors fait de la revendication maximaliste libanaise son cheval de bataille, avant de faire volte-face et de s’abstenir de signer le décret amendant la superficie de la zone réclamée par le Liban.
Face aux revendications libanaises qu’il jugeait excessives, l’État hébreu avait menacé le Liban d’élaborer un tracé maximaliste de son cru, qui aurait empiété sur quatre blocs libanais et bloqué toute négociation. Jusqu’à présent, aucune date n’a été fixée pour une nouvelle session de ces pourparlers, alors que la résolution du litige est cruciale pour que le Liban puisse entamer l’exploration et l’exploitation de ses réserves d’hydrocarbures.