Moscou adresse une mise en garde aux pays susceptibles d’accueillir des avions de combat ukrainiens

 

Pour espérer repousser l’offensive lancée par la Russie le 24 février dernier, les dirigeants ukrainiens n’en démordent pas : l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de leur pays est cruciale et leurs forces aériennes ont besoin d’avions de combat qu’elles sont en mesure de mettre en oeuvre.

« Nous le répétons chaque jour : fermez le ciel au-dessus de l’Ukraine, fermez-le aux missiles russes, à l’avion russe de combat, à tous ces terroristes. Nous sommes des humains et c’est votre devoir humanitaire de nous protéger. Si vous ne le faites pas, si vous ne nous donnez pas au moins des avions pour que nous puissions nous protéger, on ne peut en tirer qu’une conclusion: vous aussi vous voulez qu’on nous tue lentement! », a encore répété Volodymyr Zelenski, le président ukrainien, le 6 mais.

La première revendication de Kiev a été rapidement écartée par l’Otan. Pour établir une zone d’exclusion aérienne, il faut théoriquement l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU, en vertu de l’article de la charte des Nations unies. Ce qui est illusoire étant donné que, en sa qualité de membre permanent, la Russie dispose d’un droit de veto.

Et passer outre supposerait, comme l’a rappelé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, d’envoyer des avions de combat dans l’espace aérien ukrainien pour y abattre des avions russes.  »

« Les Alliés sont convenus que nous ne devrions pas avoir d’avions de l’Otan opérant dans l’espace aérien ukrainien ou des troupes de l’Otan au sol, car nous pourrions nous retrouver avec une guerre totale en Europe », a fait valoir M. Stoltenberg, le 4 mars. Et cela serait encore « plus dangereux, dévastateur, et causerait encore plus de souffrances humaines », a-t-il insisté.

D’ailleurs, le président russe, Vladimir Poutine, a prévenu : la Russie « considérera comme cobelligérant tout pays tentant d’imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine ».

Quant à la seconde revendication, elle avait été, la semaine passée, accueillie favorablement par Josep Borrell, le Haut réprésentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, ne peut pas être satisfaite dans l’immédiat. Et cela pour une raison simple : elle supposerait pour les pays susceptibles de fournir les avions de combat demandés [des MiG-29 Fulcrum, qui plus est mis au standard de l’Otan] de se passer d’une bonne partie de leur aviation de combat, alors qu’ils se trouvent eux-même aux premières loges du conflit.

Cela étant, le chef de la diplomatie américain, Antony Blinken, a indiqué, le 6 mars, que les États-Unis regardent de « très près » la demande ukrainienne. « Dans le cours de cette évaluation, nous travaillons à voir ce que nous, nos alliés et nos partenaires pouvons fournir », a-t-il dit. « Nous regardons maintenant activement la question des avions que la Pologne pourrait fournir à l’Ukraine et regardons maintenant comment nous pourrions compenser si la Pologne décidait de fournir ces avions », a-t-il ajouté.

En clair, Varsovie recevrait un complément de chasseurs-bombardiers F-16 en échange des MiG-29 que des forces aériennes céderaient à leurs homologue ukrainiennes. Et, en attendant les appareils américains lui soient livrés, l’Otan compenserait le déficit capacitaire qu’un tel troc induirait.

Mais, pour le moment, on n’est pas encore là. Déjà, il faudrait trouver des F-16 à livrer aux forces polonaises. Ce qui n’est pas aussi simple puisque les versions anciennes de cet appareil sont très demandées, tant par des États qui y voient un moyen de moderniser leur aviation de combat à un coût abordable et que les Entreprises de Services de Sécurité et de Défense [ESSD] qui proposent des prestations dites « Red Air » [entraînement des pilotes de chasse, nldr]. Quant au F-16 Viper, le dernier standard mis au point par Lockheed-Martin, les dernières commandes dont il a fait l’objet prendront du temps à être honorées… Et elles ont été passées par des pays qui ont aussi à faire face à la menace russe.

En outre, une autre difficulté porte sur le moyen de livrer ces MiG-29 aux forces aériennes ukrainiennes… « La Pologne n’enverra pas ses avions de chasse en Ukraine et n’autorisera pas non plus l’utilisation de ses aéroports. Nous apportons une aide significative dans de nombreux autres domaines », a de toute façon tranché le gouvernement polonais, le 6 mars.

Par ailleurs, la Russie a adressé une mise en garde aux pays voisins de l’Ukraine qui seraient tentés d’accueillir des avions de combat ukrainiens.

« Pratiquement toute l’aviation du régime de Kiev apte au combat a été détruite. Mais nous savons de source sûre que des appareils ukrainiens se sont envolés vers la Roumanie et dans d’autres pays voisins », a en effet déclaré le major-général Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère russe de la Défense.

« L’utilisation du réseau d’aérodromes de ces pays pour servir de base à des avions militaires ukrainiens et leur utilisation subséquente contre les forces armées russes pourraient être considérées comme une implication de ces pays dans un conflit armé », a-t-il encore prévenu.

Effectivement, dès les premières heures de l’invasion de l’Ukraine, et pour une raison encore inconnue, un Su-27 « Flanker » ukrainien, armé, s’était posé sur la base aérienne de Bacau, après avoir été intercepté et escorté par deux F-16 roumains.

« Le pilote militaire ukrainien s’est mis à la disposition des autorités roumaines, et les mesures légales requises dans ces situations seront prises », avait expliqué Bucarest.

Finalement, une semaine plus tard, et à la demande de Kiev, le Su-27 a quitté Bacau pour ensuite retrouver l’Ukraine, après avoir été escorté par deux MiG-21 LanceR roumains. À noter qu’il a quitté la Roumanie sans emporter ses missiles air-air dont il était armé au moment de se poser à Bacau.

PAR LAURENT LAGNEAU    www.opex360.com

 

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Asher Cohen

La question est celle du contrôle de l’espace aérien ukrainien, théoriquement entre les mains des russes. Des vidéos montrent que des avions russes et des hélicoptères sont abattus, ce qui prouve que les ukrainiens ont des missiles sol-air. Si les russes prennent encore des aéroports ukrainiens, c’est qu’ils fonctionnaient toujours.

Zelenski demande une zone d’exclusion aérienne ou des avions de combat pour la réaliser. Borrell est prêt à financer ces avions et Blinken a donné le feu vert pour leur livraison. Le problème serait donc simplement que l’Amérique n’aurait pas les F16 en stocks à livrer à la Pologne? C’est du pipeau! Biden doit se retenir d’éclater de rire.

Poutine aboie et menace tout pays qui prêterait ses aérodromes à l’Ukraine. Imagineriez-vous, en octobre 1973, Israël menaçant tous les pays qui livreraient des avions à l’Égypte et la Syrie? Alors le pays supposé avoir la deuxième armée du Monde aurait la paille au cul? Il suffirait, par exemple de livrer les migs 29 polonais sur des porte-avions en mer Baltique ou en mer Noire.

Je crois qu’on a surestimé la Russie. C’est moins de 150 millions d’habitants, (moins que la france et l’Allemagne réunies, sur plus de 17 millions de km carrés à défendre avec une armée d’active d’un million d’hommes. La deuxième armée du Monde a déjà déployé 200.000 hommes, l’équivalent de toute l’armée israélienne d’active. Elle n’avance que très peu, et est stoppée en bien des points, alors qu’elle est censée avoir la maîtrise du ciel ukrainien. Avec sa logistique calamiteuse, elle ne pourra pas tenir encore 15 jours, et les 200.000 russes finiront exterminés par les ukrainiens. Je vois mal Poutine envoyer 100 ou 200.000 hommes de plus en Ukraine. Il affaiblirait alors les défenses de 17 millions de km carrés de territoire russe, et il y a plus d’un pays qui chercherait à lui croquer des territoires, à l’ouest comme au delà de l’Oural. Je le vois mal y envoyer de jeunes appelés, par mobilisation générale, alors que le territoire russe n’est toujours pas attaqué. Il est donc clair qu’il n’arrivera pas à soumettre l’Ukraine avec seulement 200.000 soldats et sa force aérienne, d’autant qu’il craint que l’Ukraine ne reconstitue sa force aérienne.

Pour moi, cette affaire sent le coup tordu de l’OTAN et le mégalomane de Poutine et tombé dans le panneau. Il a sous estimé les ukrainiens qui ont certes 200.000 hommes d’active, mais un million de réservistes qui ne veulent pas de la dictature russe et sont manifestement déterminés à défendre leur pays. Comment va-t-il se sortir de ce piège? En se suicidant, ou en se retirant la queue entre les pattes? Avec toutes ces sanctions économiques et la perte de crédibilité militaire, Il y a des chances que la Russie finisse en sucette, si les vautours et les carnivores n’accourent pas pour la dépecer. Attendons la suite et nous verrons.