Immigration et radicalisation : des chiffres rares dévoilés par Gérald Darmanin

Par LEXPRESS.fr avec AFP ,
Des policiers et légistes sur les lieux d'une attaque à l'arme blanche près des anciens locaux de Charlie Hebdo perpétrée par un jeune Pakistanais, le 25 septembre 2020 à Paris

Des policiers et légistes sur les lieux d’une attaque à l’arme blanche près des anciens locaux de Charlie Hebdo perpétrée par un jeune Pakistanais, le 25 septembre 2020 à Paris

afp.com/Alain JOCARD

Le ministre de l’Intérieur a détaillé ce mardi les cas d’étrangers radicalisés en situation irrégulière en France. Selon lui, 4111 étrangers sont inscrits au FSPRT.

A quoi ressemble la menace terroriste émanant de migrants en France ? En détaillant le nombre d’étrangers en situation irrégulière fichés pour radicalisation et qu’il souhaite expulser, Gérald Darmanin a brossé ce mardi un rare portrait de ce danger hautement polémique.

Moins de trois semaines après l’attaque au hachoir perpétrée par un jeune Pakistanais devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’il restait sur le territoire français « 231 personnes aujourd’hui qu’il nous faut expulser, qui sont en situation irrégulière et suivies pour soupçon de radicalisation ».

  • 230 ressortissants étrangers à expulser

Au total, a-t-il détaillé lors de la première présentation mensuelle des chiffres de l’activité des forces de l’ordre, 4111 étrangers sont inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), dont 851 immigrés clandestins. Sur ce contingent, 661 font déjà l’objet de mesures d’éloignement mais seuls 428 « expulsions du territoire national ont été effectuées », a énuméré le ministre de l’Intérieur.

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Restent donc quelque 230 ressortissants étrangers en situation irrégulière pour lesquels une mesure a été engagée mais qui ne s’est pas concrétisée par une expulsion. Pour 180 d’entre eux actuellement incarcérés, « consigne a été donnée de pouvoir expulser » à la sortie de prison, a dit le ministre de l’Intérieur.

  • Certains venus de pays en guerre

Les autres « présentent un motif légitime » qui justifie qu’ils restent à ce stade en France. Il s’agit par exemple de personnes originaires de pays en guerre, vers lesquels la France ne peut pas expulser en vertu des conventions internationales. « Chacun comprend qu’il est difficile d’expulser vers la Libye« , a ainsi déclaré Gérald Darmanin.

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Parmi les étrangers qui pourraient faire l’objet d’une expulsion imminente, « il y a une dizaine de personnes qui sont en train de terminer leur peine ou l’ont terminée qui présentent des profils dangereux et dont nous souhaitons qu’ils soient repris par leurs pays d’origine », explique un haut fonctionnaire proche du dossier. Ceux qui sont libres « sont assignés à résidence, une mesure qui est épouvantablement coûteuse » et font l’objet « de demandes diplomatiques pressantes », souligne cette source.

  • 1 sur les 1300 migrants en situation irrégulière

Les chiffres livrés mardi par le ministre de l’Intérieur sont rares. Corréler publiquement immigration irrégulière et radicalisation est « une nouveauté » de la part d’un gouvernement, observe ainsi François Héran, démographe et responsable de la chaire Migrations du Collège de France.

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« S’il y a 300 000 irréguliers en France, qui est l’estimation la plus répandue mais sans doute inférieure à la réalité, les 231 suivis pour radicalisation, selon Gérald Darmanin, représentent une proportion de 1 sur 1300. Ce n’est pas négligeable mais ça invalide l’idée qu’il y aurait un lien nécessaire entre migrations irrégulières et radicalisation », estime-t-il.

« Le problème le plus difficile à résoudre est le traitement de la menace radicale émanant de résidents en situation régulière, plus difficilement expulsables », ajoute cet expert.

  • Un lien entre immigration et radicalisation pas nouveau

Le lien entre immigration et radicalisation, lui, n’est pas nouveau, même s’il n’a jamais été aussi détaillé. En 2018, par exemple, l’ex-ministre de l’Intérieur Gérard Collomb avait affirmé que vingt étrangers radicalisés avaient été expulsés l’année précédente. Son prédécesseur Bernard Cazeneuve avait fait état en 2016 de 19 expulsions d’étrangers « radicalisés » depuis janvier, un an après les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher.

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En dressant un état des lieux aussi détaillé, Gérald Darmanin entend aujourd’hui « donner des gages de fermeté à l’opinion publique », juge pour sa part Pierre Henry, président de France Fraternités et spécialiste des questions migratoires, « pas sûr qu’il y ait quelque chose à gagner à désigner ainsi les étrangers en situation irrégulière ».

Il faudra pourtant s’y habituer, a averti Gérald Darmanin. « J’aurai l’occasion périodiquement de rendre compte du travail très important que fait la DGSI » sur cette question, a-t-il indiqué, en précisant qu’il suivrait « individuellement chacun des cas évoqués ».

lexpress.fr

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