Les responsables du Hezbollah ont juré lundi de venger l’attaque, disant au journal libanais A-Safir que les représailles était «inévitable», tout en ajoutant « nous ne allons pas agir sur l’émotion. »

Selon des sources de renseignement occidentaux Jihad Mughniyeh dirigeait une cellule terroriste d’envergure qui jouissaient d’un parrainage iranien direct et était en lien direct avec le Hezbollah. La cellule avait déjà ciblé Israël dans le passé, et lancé des attaques sur le plateau du Golan.

Il y a quelques jours à peine, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, présentait dans une interview télévisée une ébauche de modification des règles de la confrontation avec Israël.

En vertu de cette nouvelle donne, le Hezbollah se réserverait en premier lieu le droit de riposter à des frappes israéliennes se produisant hors du territoire libanais, c’est-à-dire très précisément en Syrie, où la formation chiite est partie prenante au conflit en cours, rappelle l’analyste Élie FAYAD. Et en second lieu, il faisait savoir que le lieu de cette riposte ne serait pas confiné à un territoire particulier et que la réplique ne serait guère conditionnée par le temps.

Trois jours plus tard, prenant pratiquement Hassan Nasrallah au mot, Israël s’invite à la noce et frappe le Hezbollah et son mentor iranien à Kuneitra, dans un secteur syrien tout proche de la ligne de désengagement de 1974.

Aussitôt, les regards se tournent vers le parti de Dieu, les analystes au Liban et ailleurs se perdant en conjectures tout au long de la journée d’hier sur les intentions de ce dernier après ce coup rude. Ripostera-t-il ? Et si oui, où, quand et avec quelle ampleur ?
Comme toujours en pareil cas, deux points de vue s’affrontent : le premier considère, à partir d’un certain nombre de critères objectifs, que le Hezbollah est trop exsangue à l’heure actuelle pour être en mesure d’entreprendre une riposte proportionnée, c’est-à-dire qui soit au moins aussi douloureuse pour l’État hébreu que la frappe de ce dernier ne l’a été pour lui.

Quant à la seconde catégorie d’analystes, elle estime pour sa part que le coup est trop fort, que le Hezb est contraint de riposter et qu’il y va de sa crédibilité.

Il est difficile pour l’instant de savoir ce que fera effectivement le Hezbollah, cette formation ayant incontestablement réussi au fil des années à entretenir une réputation d’imprévisibilité, doublée d’une relative indifférence à l’égard des retombées des conflits régionaux et des aventures guerrières sur l’intérieur libanais. Or ce sont là deux points qui, dans le jeu géopolitique régional, constituent sans doute des éléments de force.
Il reste toutefois que la vraie grille de lecture des événements ne peut être approchée qu’à partir des perspectives israélienne et iranienne, parce que c’est en Israël et en Iran, et pas ailleurs, que se trouvent jusqu’à nouvel ordre la décision de guerre et de paix touchant de près ou de loin le Liban.

Les motivations israéliennes

Dès lors, connaître les motivations israéliennes derrière la frappe de Kuneitra aiderait largement à baliser le chemin pour la suite des événements. N’oublions pas que si le citoyen libanais lambda ne sait pas à ce stade pourquoi l’État hébreu a effectué cette attaque, les dirigeants du Hezbollah, eux, doivent s’en douter à l’heure qu’il est.
Sur ce plan, plusieurs éléments ont été avancés hier : le premier est que le convoi irano-libanais pris pour cible par Israël préparait une action ponctuelle dans le secteur. Un autre facteur serait la volonté du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de marquer des points chez lui, à présent que l’État hébreu est entré en période électorale. Une troisième théorie veut que le gouvernement israélien, qui craint toujours l’isolement diplomatique, adresse de la sorte un message négatif aux Américains à propos des négociations avec l’Iran sur le dossier du nucléaire.

 Pour le Yediot, le Hezbollah répondra, mais évitera d’ouvrir un nouveau front avec Israël

Un soldat israélien sur la partie du Golan Israélien. AFP PHOTO / JALAA MAREY

« L’arsenal du Hezbollah n’a qu’un but : attaquer massivement l’État hébreu en cas d’opération militaire contre les installations nucléaires iraniennes ».

Au lendemain du raid israélien sur le plateau syrien du Golan qui a coûté la vie à six membres du Hezbollah, le Yediot Aharonot s’interroge sur la réponse du parti chiite.

Tout en reconnaissant l’impact du raid pour le Hezbollah – le raid a causé la mort du commandant militaire Mohammad Issa, un des responsables du dossier Irak-Syrie, ainsi que de Jihad, un des fils de Imad Moughniyeh – et le fait qu’une réponse aura lieu, le quotidien israélien ne s’attend pas à l’ouverture d’un nouveau front entre le parti chiite et l’armée israélienne sur le plateau du Golan.

Dans une longue analyse, Ron Ben-Yishai, commence par s’interroger sur les raisons stratégiques de la présence du Hezbollah sur le plateau du Golan. « Si (Hassan) Nasrallah peut à peine justifier les activités du Hezbollah dans les autres régions de Syrie en invoquant la protection des Syriens chiites et alaouites, alors il n’a aucune raison d’être sur le plateau du Golan (peuplé de druze et de sunnites, ndlr) », note l’auteur. A partir de là, il estime que ce positionnement du Hezbollah a un but : « créer un couloir visant à répondre ou venger les attaques présumées menées par Israël à l’intérieur des frontières syriennes ».

Et le Yediot de rappeler que les hommes du Hezbollah sur le plateau syrien du Golan ont déjà mené ou tenté de mener, des attaques contre Israël, notamment neuf jours après une attaque menée en territoire libanais, le 24 février 2014, et imputée à Israël contre un convoi présenté comme transportant des armes pour le parti chiite. Début mars, l’armée israélienne avait tiré contre des hommes présentés comme membres du Hezbollah qui tentaient de placer un engin explosif à la frontière syro-israélienne.
Il y a deux semaines, poursuit l’auteur, quatre soldats israéliens ont été blessés par l’explosion d’un engin placé, là aussi, à la frontière sur le Golan.

Sur la réponse du parti chiite à l’attaque, le journaliste israélien envisage plusieurs options. « Il est parfaitement clair que le Hezbollah n’est pas intéressé aujourd’hui par une escalade majeure avec Israël. Mais il est aussi clair – surtout à la lumière de l’attitude du parti ces derniers temps et du discours de Hassan Nasrallah la semaine dernière – que le Hezbollah veut créer un nouvel équilibre de la dissuasion avec Israël ».

Jeudi, le secrétaire général du Hezbollah avait estimé dans un entretien à la chaîne panarabe al-Mayadeen basée à Beyrouth que « les raids répétés sur différents objectifs en Syrie constituaient une grave violation ». « Toute frappe contre des positions en Syrie vise tout l’axe de la Résistance (Damas, Téhéran, Hezbollah, ndlr) et pas seulement la Syrie », avait-il souligné, ajoutant que « cet axe pourrait décider de riposter C’est son droit. Cela peut arriver à tout moment. Nous ne cherchons pas une nouvelle guerre (…) mais nous y sommes prêts. Si le commandement de la Résistance demande (à ses combattants) d’entrer en Galilée, ils doivent être prêts ».

Il n’y aura pas d’escalade, estime Ron Ben-Yishai, car les Iraniens, engagés dans des discussions avec la communauté internationale, États-Unis en tête, sur le nucléaire, ne veulent pas d’une guerre entre Israël et le Liban pour le moment.

Après un accord intérimaire en novembre 2013, l’Iran et les représentants des pays du groupe 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Chine, Russie et Allemagne) ont échoué à se mettre d’accord en juillet puis en novembre mais ont décidé de fixer une nouvelle date butoir au 1er juillet 2015 pour tenter d’arracher un accord global sur le programme nucléaire iranien. Un tel accord devra permettre d’avoir des garanties sur le caractère purement pacifique du programme nucléaire en contrepartie de la levée des sanctions économiques internationales.

L’arsenal et l’entraînement du Hezbollah n’ont qu’un but, poursuit le journaliste du Yediot : « Que l’organisation libanaise puisse attaquer massivement la population et les infrastructures israéliennes en cas d’opération militaire contre les installations nucléaires iraniennes ».

Dans ce contexte, le journaliste israélien entrevoit plusieurs options :
– Dans un premier temps, le Hezbollah reste silencieux. Puis dans quelques semaines, un engin explosera à la frontière syro-israélienne voire à la frontière libano-israélienne, au passage d’une patrouille israélienne.
– Autre possibilité, des tirs de roquettes contre la partie du Golan occupée par Israël. Ou bien un tir de missile anti-char contre une patrouille israélienne sur le Golan par un groupe palestinien pro-Assad.
– Autre option encore, relevant du symbolique : un drone du Hezbollah survole le territoire israélien. « Un acte qui toucherait le prestige de l’armée israélienne sans nécessairement entrainer de risque de guerre ».

En raison de l’ampleur de l’attaque, Ron Ben-Yishai estime également qu’elle pourrait justifier une opération contre une cible israélienne à l’étranger. L’équivalent de l’attentat perpétré contre un bus à bord duquel se trouvaient des touristes israéliens, le juillet 2012, à Bourgas en Bulgarie.

Le Hezbollah ne peut laisser passer la mort du fils de Moughniyeh sans rien faire, mais il hésitera à lancer une action pouvant engendrer une guerre avec Israël, résume l’analyste, qui conclut avec une autre question : reste à savoir comment Israël réagira à la réponse du Hezbollah.

Silence radio côté iranien

À côté des motivations israéliennes, les réactions iraniennes à l’attaque sont à surveiller de près. Pour l’instant, elles demeurent confinées au strict minimum. Cela peut, certes, ne pas être significatif, mais il n’empêche que Téhéran donne l’impression, à ce stade, d’être celui qui se passerait bien d’avoir à faire face à la situation créée par la frappe. La guerre, à supposer même que l’Iran l’envisage, alors qu’il paraît accroché à son dialogue avec l’Occident et que celui-ci serait du coup menacé, coûterait cher aux finances iraniennes. Or les caisses iraniennes sont vides, l’Arabie saoudite ne faisant strictement rien pour inverser la chute des prix du pétrole.

Sur le plan intérieur libanais, rien ne change pour l’instant. Sauf en cas de riposte majeure du Hezbollah contre Israël, entraînant un nouveau séisme, les prises de contact en cours ici et là se poursuivront, sans qu’à ce stade on en voit l’issue.
Outre l’annonce par le député Ibrahim Kanaan, négociateur du camp aouniste, de la prochaine mise au point d’une feuille de route commune avec les Forces libanaises, l’unique fait important de la journée d’hier s’est résumé aux propos tenus par le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad.
Ce dernier a, pour la première fois d’une manière aussi nette, établi un rapport direct entre les dialogues en cours et la fin de la vacance présidentielle. Serait-ce l’amorce d’une réorientation vers l’idée de compromis ?

« Le Liban ne peut supporter une nouvelle aventure » militaire, estime Joumblatt

 

Le leader du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt a estimé que « le Liban ne peut supporter une nouvelle aventure » militaire et que le secrétaire général du Hezbollah en est conscient.

« Je pense que la résistance et (le secrétaire général du Hezbollah) Hassan Nasrallah sont suffisamment conscients du fait que le Liban ne peut supporter une aventure militaire », a déclaré M. Joumblatt au quotidien al-Mustaqbal paru mardi. « Mais évidemment, nous devons toujours prévoir qu’Israël nous entraîne dans une nouvelle agression », a-t-il poursuivi.

Israël a mené dimanche une frappe aérienne en Syrie, sur Kuneitra (plateau du Golan syrien), au cours de laquelle six combattants du Hezbollah ont été tués ainsi que six militaires iraniens.

Le chef du PSP a indiqué que l’attaque de Kuneitra a eu lieu « en territoire syrien et non libanais ». « Nous sommes concernés par nos terres occupées sur les collines de Kfarchouba et des fermes de Chebaa , mais ce qui se passe en Syrie ne nous concerne pas », a-t-il poursuivi.

L’Orient Le JOur et Ynet

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