A propos du verset de notre paracha : 
« Le serviteur prit 10 chameaux parmi les chameaux de son maître, il alla, tout le bien de son maître dans sa main, il se leva, et alla vers Aram Naharayim, vers la ville de Na’hor » soit en hébreu « Vayika’h haeved assara guémalim miguémalé adonav vayelekh vékhol touv adonav béyado vayakom vayelekh el aram naharayim el ir na’hor ».
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La Torah possède 70 facettes. Il est possible de la comprendre à différents niveaux. Voici une explication sur ce verset, avec l’aide de H :
Vayika’h haeved : le serviteur prit … Chaque nom dans la Torah désigne des degrés spirituels, de même que les noms des messagers célestes représentent un attribut ou un aspect de la divinité : par exemple Gavriel, est lié à la force guevoura du Créateur, Rafael, au pouvoir de guérison (refoua) de D.ieu, etc. 
Avraham correspond à la bonté divine qui se manifeste dans le monde. Ainsi, Avraham dit à son serviteur, Eliezer : je t’envoie en mission dans le monde d’en bas, afin de trouver une épouse pour mon fils Yits’hak … Que représente Eliezer ? Il s’agit du repenti, le baal techouva …
Celui qui porte dans les lettres même de son prénom l’aide divine : Eliezer, Mon D.ieu (E-li) – constitue une ezer (aide) ou bien E-l yaazor : D.ieu aidera. 
Car le baal techouva a besoin d’une aide divine constante pour pouvoir avancer dans le chemin de la sainteté, sans retomber dans les travers et les erreurs du passé … 
Le baal techouva au départ n’est pas appelé « ben », fils : du fait de son éloignement passé, il est appelé « eved », serviteur. Cependant, ayant voulu rompre avec son passé négatif, la lettre Hé qui symbolise la sainteté vient se greffer à son nom : il devient alors Ha – Eved, le serviteur … Car à présent, il veut vraiment servir le Créateur, et non rester l’esclave de ses appétits coupables, manifestation du penchant au mal. 
Dans un premier temps, le baal techouva doit avoir une prise avec sa vie et sa situation : vayika’h haeved : le serviteur a pris …
Cette « prise » de conscience l’amène à s’emparer des « dix chameaux » – assara guemalim, qui sont la manifestation de la bonté (guemilout) du Créateur à son égard. Et cette bonté se manifeste à travers l’étude de la Torah, notre elixir de vie qui possède la force de tout réparer ! Nos sages nous enseignent qu’il existe dans le monde céleste une yéchiva dans laquelle les âmes étudient le pouvoir de guérison de chaque mot (!) de la Torah ! Car la Torah est le plus grand de tous les remèdes.
Même si une personne a transgressé ce qu’elle a transgressé, même si elle a violé toute la Torah, à D.ieu ne plaise, le pouvoir de la Torah est si grand qu’il peut tout rectifier … A propos du verset des prophètes : « En ce jour, on cherchera la faute de Yehouda, mais on ne la trouvera pas », Rabbi Nahman de Breslev disait : « A cette époque, toutes les fautes d’Israël seront transformées en Torah … ».
Chaque faute, la plus sérieuse soit-elle, possède une réparation. Mais la réparation ultime, c’est l’étude de la Torah. La Torah est la sagesse du Créateur du monde, et cette sagesse extraordinaire relève de la lettre Yod, de valeur numérique égale à 10. Lettre Yod, lettre la plus petite de l’alphabet, qui rappelle l’importance de l’humilité dans l’acquisition de la sagesse de D.ieu.
Ainsi, le baal techouva est prêt à faire un effort : vayika’h, il prend, il cherche à avoir une prise dans sa vie, pour l’orienter de la meilleure façon possible. Il lui faut d’abord cultiver l’humilité, le yod, le 10 : assara. Quand l’homme adopte un esprit humble, il est alors prêt à accéder aux chameaux guemalim, qui sont les gal-mayim, les eaux qui jaillissent de la source (guémalim et gal mayim ont les mêmes lettres) …
Ce sont les eaux de la Torah qui le désaltèrent et lui donnent une grande vitalité pour pouvoir continuer à avancer dans son chemin de réparation. Une fois que le baal techouva reçoit ces cadeaux, il doit se rappeler qu’il ne possède aucun mérite, car ces cadeaux proviennent de son maître, adonav, son Créateur qui manifeste une grande bonté à son égard.
Les gal-mayim sont le fruit miguemalé adonav, des bontés (guemilout) de son maître, D.ieu. De plus, les lettres de guémalim (les chameaux) et miguémalé (parmi les chameaux de) ont les mêmes lettres, mais dans un ordre différent. Ceci constitue une allusion à l’enseignement de Ben Bag Bag qui dit : « tourne et retourne-la [la Torah] car elle contient tout ! ».
Les erreurs du passé proviennent essentiellement d’une déviation de la pensée. Autrement dit, l’homme a laissé entrer dans son esprit des pensées qu’il aurait mieux fait de laisser dehors … Qu’il s’agisse de fantasmes, d’idées contraires à la Torah ou d’une envie de cadrer son mode de vie sur autre chose qui n’a rien à voir avec la sainteté, la pensée a été contaminée, ce qui a des répercussions directes sur l’âme qui s’affaiblit du même coup.
Mais maintenant que le baal techouva prend conscience de ses erreurs, il se renforce dans l’étude de la Torah, ce qui lui permet de cultiver des pensées en rapport avec la sainteté : ainsi les pensées du passé trouveront leur réparation, ainsi que les mauvaises actions qui découlaient de ces pensées étrangères. Les eaux de la source de la Torah jaillissent et abreuvent l’esprit de l’homme qui s’attache alors à son maître, le Créateur, à travers la tradition, qui n’est autre que les lettres même de Adonav, son maître … Expliquons : le mot adonav est écrit aleph dalet noun yod vav. 1. Les lettres aleph et daleth s’associent ensemble pour donner le nombre 5 : ce sont les cinq livres de la Torah.
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Aleph : le livre de Berechit.
Dalet : Les quatre autres livres. 
Noun et Yod se lient ensemble pour conduire au nombre 60 qui sont les 60 traités talmudiques de la Torah orale. 
Vav : Ces 60 traités constituent l’explication des 6 (valeur numérique du Vav) ordres de la Michna, à la base de la Torah orale.

En possession de la Torah écrite et de la Torah orale, le baal techouva peut maintenant avancer : vayelekh, il va. Ceci constitue une allusion à l’étude de la halakha, la loi juive, reliée à la notion de marche halikha. Il n’est pas seul : il chemine « vékhol touv adonav béyado », avec tout le bien de son maître dans sa main.
A ce stade de sa progression, une question se pose : tout ce bagage de Torah doit-il être conservé égoïstement ? N’y a-t-il pas un moyen d’en faire profiter l’ensemble du peuple ? Alors le baal techouva comprend que sa véritable et ultime réparation consiste à diffuser la Torah afin d’éclairer et de sortir de l’obscurité de nombreuses âmes, car « quand le peuple est nombreux, c’est une gloire pour le Roi » : la gloire du Créateur du monde est rehaussée et exaltée dans tous les mondes quand davantage de personnes qui étaient très éloignées se rapprochent de Lui !
Alors, le baal techouva se met en marche : d’abord vayakom, il se lève, puis vayelekh, il marche. Vous avez certainement remarqué l’anomalie du verset : puisqu’on vient de dire qu’il marche, pourquoi la Torah a-t-elle besoin de répéter : il se lève et marche ? Étonnant quand on sait que la Torah est d’une infinie précision dans sa formulation.
Voici une explication à cette redondance : le premier vayelekh, le premier déplacement, correspond à la phase d’apprentissage : le baal techouva chemine dans la Torah, afin d’apprendre et de combler sa lacunes. Mais une fois que la connaissance de la Torah est dans sa main, il lui faut maintenant aller amener cette connaissance aux autres. Cela signifie quitter pour un moment la maison d’étude : il lui faut alors se lever : vayakom, puis se mettre en marche, mais dans le but d’enseigner et d’unir tout Israël autour de la Torah : vayelekh s’écrit vav yod lamed khaf final :

1. Vav signifie unir
2. Yod : première lettre de Israël. 
3. Lamed : première lettre de Lévi. 
4. Khaf : première lettre de Cohen.
Il s’agit donc d’unifier toutes les composantes du peuple autour de la Torah. 
Le baal techouva n’hésitera pas à cheminer dans des endroits qui semblent à première vue éloignés de la sainteté d’Israël … Vayelekh el aram naharayim : il ira en direction de Aram Naharayim. De quoi s’agit-il ? Il s’agit de la mission de rectification des étincelles de sainteté prisonnières. En voici l’allusion. Le mot naharayim s’écrit noun hé rech yod mem final. Les lettres noun, rech et mem final ont la valeur numérique de 290, la même que tsar, la détresse, l’oppression.
Les lettres restantes, yod et hé, sont enfouies à l’intérieur de ce mot : ces deux lettres Yod-Hé, représentent l’étincelle de sainteté dissimulée dans l’écorce qui voile sa lumière. Mais le terme hébraique de nahar, qui désigne le fleuve est lié à la lumière, néhirou en araméen. Et le suffixe –ayim signifie double : on parle de la Syrie du double fleuve (la partie située entre le Tigre et l’Euphrate).
Ici, la lumière du baal techouva attire une autre lumière, celle qui se trouve emprisonnée. Quand l’âme de la personne éloignée ressent cette lumière, sa propre lumière, enfouie dans sa propre obscurité, se met à vaciller : elle retrouve de l’éclat et lui envoie des signaux, pour lui dire : fais-moi briller ! Sors-moi de là et délivre-moi ! C’est le cri de détresse authentique de l’âme qui est hélas bien souvent étouffé par le tourbillon de la vie mondaine et éphémère …
Alors le baal techouva remplit sa mission : Aram ! Il élève (ram) la lumière cachée (aleph), le Nom divin Y-aH enfoui dans la sombre écorce, représentée par les mauvaises tendances, les défauts, la routine, le manque de joie, etc. : Naharayim. Une fois que le baal techouva a relevé cette âme, il lui faut se rendre « el ir na’hor », dans la ville de Na’hor … De quoi s’agit-il ? Il s’agit de la réparation du corps et de ses instincts. Car nos maîtres nous enseignent que le corps est appelé « ville ».
Et cette ville est sous l’emprise de Na’hor, le mauvais penchant qui exerce sa colère : na’hor a les mêmes lettres que ‘haron, la colère. Car il s’agit de réparer la faute à trois niveaux, selon cet enseignement de nos sages : l’œil voit, le cœur désire et le corps exécute l’action (coupable), à D.ieu ne plaise.

1.Réparer les dommages occasionnés par des visions qui n’ont rien à voir avec la sainteté (et D.ieu sait combien nous devons faire attention dans notre génération à diriger notre regard comme il se doit !) : cela est rectifié à travers le iyoun, la réflexion intense (iyoun est relié à aïn, l’œil) dans l’étude de la Torah et de ses 70 (valeur numérique de la lettre Aïn qui désigne l’œil) facettes. Il s’agit de l’apprentissage de la Torah, dont parle en allusion le début du verset.

2.Réparer les désirs du cœur : l’homme doit comparer le plaisir qu’il tire de l’étude de la Torah, vis-à-vis de ce que peut lui apporter un plaisir passager éphémère et qui ne donne aucune satisfaction tangible. Ceci correspond à la prise de conscience de « tout le bien de son maître est dans sa main » : avec sa main, on pèse tout ce bien, toute notre acquisition de la Torah, et le plaisir du cœur vers des choses interdites disparaît. De plus les finales des mots vékhol touv, « tout le bien » forme le mot lev, cœur.

3. Enfin réparer la mauvaise action, en apprenant à parler à son corps … Car le baal techouva doit se rendre dans la ville de Na’hor : Avec sa parole, Aram, qui a les mêmes lettres que amar, il a parlé, il doit apporter sa lumière à la ville de na’hor, le corps, afin d’éveiller une autre lumière qui y est enfouie.
Car le corps n’est pas détaché de la spiritualité, bien au contraire, la croyance dans la résurrection des morts en conservant le corps que nous avons, mais à un niveau plus subtile et plus éthéré montre bien l’importance capitale du corps, car sans lui, comment pourrions-nous réaliser les mitsvot du Créateur ?
Il faut donc parler à son corps et s’adresser à chacun de ses membres en lui demandant de faire la volonté de D.ieu : ainsi, le corps, qui est la ville, ‘ir, éveillera (‘er) le potentiel de lumière qu’il possède en son sein (la lettre yod se trouve enfouie dans le mot ‘ir entre le ‘aïn et le rech).
Il sera alors possible d’y apporter une rectification, de sorte que le baal techouva drainera sur le corps une lumière qui vient du plus sublime des degrés : il s’agit du monde de bina, le monde de la liberté, le monde de la techouva, représenté par ses 50 portes. C’est ainsi que Na’hor, expression de la rigueur, s’inverse dans une totale miséricorde : en lisant na’hor à l’envers, on lit Roua’h – Noun, l’esprit du 50 ème degré (de pureté). Tout est alors en ordre, le seder (ordre) ayant la même valeur numérique que « roua’h-noun » (264).

En résumé : 
1 Être prêt à avancer et prendre conscience (vayika’h).
2 Faire téchouva, c’est être serviteur d’Hachem ! (haéved)
3 Faire preuve d’humilité (assara)
4 Étudier la Torah écrite et orale en l’approfondissant (guémalim miguémalé adonav)
5 Se rendre compte que tout ce que nous savons, c’est grâce à Hachem ! (Adonav)
6 Étudier la Halakha (vayelekh)
7 Peser le plaisir que l’on a dans l’étude face à celui qui résulterait d’une faute (vékhol touv adonav béyado)
8 Étudier mais aussi apporter et transmettre, en s’interrompant de son étude (vayakom)
9 Diffuser la connaissance de la Torah (vayelekh)
10 Participer à la délivrance des étincelles de sainteté (el aram naharayim) 
11 Parler au corps en le réveillant de sa torpeur (el ir na’hor)
12 Recevoir de nouvelles forces, grâce à la téchouva (na’hor – roua’h noun)

Baroukh H’ léolam amen véamen.
Samuel DARMON

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