Guerre du Kippour, 6 - 24 octobre 1973 (conflit israelo arabe) : soldat israelien observant les combats de l'autre cote du canal de Suez, 6 octobre 1973 --- Yom Kippur War october 1973 : Israeli soldiers looking fights on the other bank of Suez Canal, october 6, 1973

Il y a 45 ans la quatrième guerre israélo-arabe débutait sur deux fronts: le canal de Suez et le plateau du Golan. La coalition arabe espérait reconquérir les territoires perdus lors de la guerre des Six Jours de 1967.

Guerre du Kippour ou guerre du Ramadan. Le 6 octobre 1973 l’armée égyptienne du président Anouar el-Sadate et l’armée syrienne de Hafez el-Assad lancent une offensive contre Israël: dans la zone du canal de Suez pour la première et sur le plateau du Golan pour la seconde.

C‘est la quatrième guerre israélo-arabe depuis la création de l’État d’Israël. Cette opération est préparée minutieusement par les deux dirigeants arabes mais avec un objectif différent.

En effet, il s’agit pour le président syrien de récupérer les territoires perdus lors de la guerre des Six Jours de 1967 et occupés depuis par l’État hébreu. Tandis que Sadate souhaite reconquérir une bande de terre sur la rive orientale du canal, repousser les Israéliens un peu plus loin dans le Sinaï.

Et montrer ainsi à Israël que son pays dispose maintenant d’une armée opérationnelle et qu‘il a donc tout intérêt à négocier la paix avec lui.

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Cette attaque est une surprise pour Israël. Elle a lieu le jour de la fête juive, Yom Kippour et pendant le Ramadan.

Malgré l’observation de manœuvres et mouvements de troupes syriennes et égyptiennes dans le Golan et dans la zone du canal, les dirigeants israéliens (Golda Meir, premier ministre et Moshé Dayan, ministre de la Défense) n’anticipent pas cette opération et de nombreux soldats israéliens des territoires occupés ont été envoyés en permission à l’occasion de la fête. Mais surtout ils ne croient pas que les pays arabes ont la capacité militaire de reconquérir les territoires occupés. C’est une erreur politique.

Guerre du Kippour: carte parue dans Le Figaro du 8 octobre 1973. En hachures obliques Israël et les territoires qu'il occupe depuis 1967. Dans les cartons de détails: les deux théâtres d'opérations du Golan, aux frontières syriennes, et au canal de Suez.

Ainsi, les forces armées israéliennes essuient de lourdes pertes humaines et matérielles les premiers jours du conflit et perdent du terrain. Les succès rencontrés sur le terrain par les forces égyptiennes et syriennes font douter Israël pour la première fois: sur «la survie du pays et de sa population». Les pays arabes espèrent quant à eux être cette fois-ci victorieux -il s’agit en effet d’une coalition arabe: des unités marocaines et koweïtiennes viennent appuyer les Syriens (des renforts irakiens, saoudiens et jordaniens suivront un peu plus tard).

Le dirigeant égyptien compte obtenir un cessez-le-feu et le commencement des négociations pour la paix, sous la pression internationale, après avoir repris des territoires.

Mais comme le souligne l’éditorialiste du Figaro Roger Massip dans l’édition du 8 octobre 1973: «le malheur, pour le président Sadate, est qu’aucune trêve ne pourra être imposée à Jérusalem tant que la situation sur le terrain n’aura pas été réglée à la convenance d’Israël, c’est-à-dire en excluant toute exploitation diplomatique de l’évènement par Le Caire et Damas.»

La contre-attaque d’Israël

Et de fait, Tsahal (l’armée israélienne) mène une contre-offensive d’abord sur le front syrien puis égyptien et parvient en quelques jours à faire basculer la situation à son avantage. L’État hébreu est soutenu militairement par les Américains tandis que les Soviétiques aident leurs alliés égyptiens et syriens. Mais le 17 octobre un évènement sans précèdent a lieu: les producteurs de pétrole -l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)-, réunis au Koweït, décident d’une baisse de la production et un embargo contre les pays occidentaux qui soutiennent Israël. C’est le premier choc pétrolier.

À la fin du conflit, les forces armées de l’État hébreu se trouvent à une trentaine de kilomètres de Damas. Elles réussissent à prendre à revers les troupes égyptiennes et isoler la 3ème armée le long du canal, tandis qu’au Nord l’armée israélienne est à soixante-dix kilomètres du Caire. Mais des efforts diplomatiques, sous la pression des États-Unis et de l’Union soviétique, permettent de stopper l’avancée israélienne et d’aboutir à un cessez-le-feu le 25 octobre. Par «l’accord au kilomètre 101» signé le 11 novembre 1973 entre l’Égypte et Israël, c’est le retour aux positions du 22 octobre. Et le 26 mars 1979 les deux pays signent enfin la paix, à la suite des accords de Camp David (septembre 1978).

Si cette guerre est un succès en définitive pour Israël, elle laisse un profond traumatisme dans la population, qui demande des comptes à ses dirigeants: Golda Meir démissionne l’année suivante.

Par  Véronique LarocheSignorile


Article paru dans Le Figaro du 8 octobre 1973.

La «guerre du Kippour»

La quatrième guerre d’Israël a commencé à 13h40, hier 6 octobre, six ans quatre mois et un jour après la guerre de 1967. On l’appelle déjà ici la guerre du Kippour, Kippour étant le nom hébreu du jour du Grand Pardon, le plus important de la religion juive, jour où, selon la foi mosaïque, le sort de chaque nation est fixé: la paix ou la destruction. Plus de vingt-quatre heures après le début des combats, on est convaincu en Israël qu’aussi bien la nation juive que la nation arabe jouent leur avenir.

C’est une drôle de guerre, ici. Rien de la tension, de l’attente, de l’élan héroïque de la guerre des Six Jours.

La mobilisation n’est pas encore générale, même si les unités continuent à être appelées par radio. La raison est double: les Arabes n’ont pas donné, cette fois, aux Israéliens la possibilité de se préparer et le gouvernement ne veut pas disloquer la production du pays comme ce fut le cas en 1967, car on doit mener une guerre défensive qui peut durer plus que prévu. Il y a de la circulation dans les rues d’où, toutefois, les jeunes ont disparu.

Un jeune israélien lisant un cahier sur le front syrien (plateau du Golan) lors de la guerre du Kippour en octobre 1973.

Les gens ont repris la vieille habitude de circuler avec des transistors attachés à l’oreille. Il n’y a pas de rationnement, mais les magasins sont pleins d’acheteurs.

Le moral n’est pas celui de 1967. La résolution y est, ainsi que la discipline civique, mais le fait que les combats sont loin des centres habités, qu’il n’y a pas le sentiment d’un danger immédiat et que, pour la première fois, les Arabes ont remporté des succès, rend la population soucieuse.

Le manque presque total d’information de la part des porte-paroles de l’armée sur les chiffres des pertes israéliennes ajoute à l’angoisse des familles. Les bureaux de poste sont fermés, les banques travaillent avec les directeurs aux guichets, les lycéens ont été mis à la disposition des services civiques.

Tous les programmes de radio et de télévision ont été remplacés par des bulletins militaires entremêlés de chansons. Depuis hier après-midi, il n’y a pas eu d’alerte et aucun avion arabe n’a pénétré dans l’espace aérien israélien.

Le calme le plus total règne aussi dans les territoires occupés. Mais aucun ou presque aucun travailleur arabe ne s’est présenté aujourd’hui à son poste de travail. Le calme règne, aussi total, le long de la frontière jordanienne et libanaise.

Car c’est du temps, plus que des années, que dépend ce qui pourrait être une tragédie historique pour l’une ou l’autre partie du Moyen-Orient.

Le gouvernement a tenu, hier soir, une deuxième réunion extraordinaire et il se réunit aujourd’hui encore. Les ministres ont reçu tous les pouvoirs de l’état d’urgence. La campagne électorale a été arrêtée. M. Dayan, dans une interview télévisée et dans une conférence de presse hier soir, s’est dit confiant en la victoire, mais -et ceci est un point capital- il n’a pas fait de prévision sur la possible durée de la crise. Car c’est du temps, plus que des années, que dépend ce qui pourrait être une tragédie historique pour l’une ou l’autre partie du Moyen-Orient.

Épave d'un véhicule blindé lors de la guerre du Kippour en octobre 1973 en Syrie.

L’offensive égyptienne a remporté des succès locaux, mais certains le long du canal de Suez. Les troupes du Caire ont traversé en force et établi plusieurs têtes de pont soutenues par des ponts sur le canal et que les Israéliens essaient maintenant de détruire. Il paraît pourtant que les Égyptiens n’ont pas réussi à faire passer dans le Sinaï d’importantes forces de chars. Les combats continuent cependant dans ce secteur, aussi bien sur terre que sur mer et dans le ciel. Les Israéliens admettent ce matin avoir eu des pertes aériennes, un bateau de guerre touché. Ils disent «se battre près du canal», ce qui signifie qu’ils ne sont plus sur le rivage.

Ce qui est certain, c’est qu’ils contiennent l’action égyptienne avec leurs forces sur place et que les réserves ne sont pas encore entrées en action. Il est clair également, d’après les communiqués égyptiens, que l’aviation israélienne domine le ciel du Sinaï et de Suez. Ce matin, les avions d’Israël ont attaqué en profondeur, pour la première fois, le territoire égyptien, ce qui fait penser qu’il n’y a plus de cible redoutable à détruire dans le Sinaï.

L’offensive aérienne israélienne qui commence semble montrer qu’on est en train de mettre fin à «cette phase intermédiaire entre attaques et contre-attaques» qui selon la propre analyse de Dayan devrait être la plus courte possible.

Sur le front syrien, le but du gouvernement de Damas était de reprendre les hauteurs du Golan.

D’autre part, il apparaît que les Israéliens ont réussi à détruire toutes les unités des commandos égyptiens débarquées sur les côtes du Sinaï.

Le fait le plus important, ce matin, est toutefois que les Égyptiens n’ont réussi à faire passer sur la rive orientale du canal qu’une partie réduite de leurs blindés, tandis que leur infanterie déferle. Si cela est vrai c’est peut-être un carnage qui se prépare dans le Sinaï occidental.

Guerre du Kippour 1973: une colonne de chars israéliens fait un arrêt dans sa marche vers le front égyptien.

Plusieurs bateaux de débarquement égyptiens ont été touchés par l’aviation israélienne, ainsi que deux ou trois bateaux de guerre.

Sur le front syrien, le but du gouvernement de Damas était de reprendre les hauteurs du Golan. L’armée syrienne a lancé dans la bataille quelque 300 ou 400 chars et, hier soir, avait été repoussée hors des positions qu’elle avait conquises. Ce matin, elle a repris l’offensive et, d’après les communiqués israéliens, a pénétré dans trois secteurs à une profondeur de plusieurs kilomètres dans les lignes israéliennes.

Dans cette bataille sont engagés aussi le contingent marocain et toute l’aviation de Damas. Les Israéliens ont engagé leurs chars, une partie de leur aviation, mais ils ont porté les combats aussi sur mer. Une partie de la flotte syrienne a été détruite dans le port de Latakieh par les «vedettes de Cherbourg» avec leurs fameuses fusées mer-mer Gabriel. Quatre navires porte-fusées russes de type Comar et un contre-torpilleur ont été coulés. Les Syriens semblent avoir perdu plus de cent chars. C’est dans le Nord, toutefois, que les Israéliens ont eu, pour le moment, leurs seules victimes civiles dans le bombardement aérien qui a fait une quinzaine de blessés à Migdal Emek, et plusieurs dizaines de Druzes ont été tuées dans la ville de Kuneitra sur le Golan.

Compte tenu de cette situation, que peut-on prévoir?

Le général syrien Moustapha Tlass est le ministre de la Défense en 1973 lors de la guerre contre Israël.

1) Que les Israéliens maintiendront pour plusieurs heures ou plusieurs jours le silence presque le plus complet sur le développement des combats. Ils ne donnent que des nouvelles très incomplètes de leurs succès, en laissant pour le moment le champ libre à la radio et à la propagande arabes. Ces victoires locales égyptiennes et syriennes sont non seulement réelles mais importantes pour convaincre l’opinion internationale que l’attaque a été lancée par les Arabes contre les Israéliens, et cela contre toute apparente logique. C’est un élément d’importance capitale pour ce qui va se passer dans le proche avenir. Cela prouve d’abord que le retour d’Israël aux frontières de 1967 serait un suicide pour l’État juif. Ce n’est que grâce aux nouvelles frontières que la population israélienne n’a pas subi dans les dernières heures les conséquences d’une guerre qui avec la puissance de feu et la portée des nouvelles armes à la disposition des Arabes, aurait pu leur être fatale.

2) Personne ne peut savoir en ce moment comment et où la contre-offensive israélienne va se déclencher.

Le commentateur de la radio, le général Herzog, a dit ce matin que ce serait une folie de penser que cette guerre serait une répétition de la guerre des Six Jours pour les Israéliens. Les Arabes semblent avoir déjà commis cette faute. Si les combats se poursuivent pendant quelques jours encore, sans que les puissances interviennent pour un cessez-le-feu, il n’est pas exclu, comme l’affirma Nasser avant de mourir, qu’une nouvelle défaite arabe se solde cette fois-ci par le désastre de la nation arabe tout entière.

Par René Bauduc

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LECHARTIER

L’un des problèmes d’Israël, elle est sous influence Internationale, certains pays pourrons faire ce qu’ils volent, les conséquences ne joueront pas sur le pays ex: La Russie, un grand pays, même les sanctions de l’Europe, elle n’ a bougée d’un iotas sur l’annexion de la Crimée, pour ce qui concerne la Tchétchénie entendez vous parler d’elle, et aujourd’hui nous entendons plus parler de ces sujets; Idem pour la Turquie vis à vis de Chypre !! Le Sahara Occidental annexé par le Maroc et la Mauritanie idem, les exemples ne manquent pas !! De plus et là je rentre, dans le domaine personnel ( cela me donne une impression, qu’il y a dans les veines, artères de certains dirigeants, coule la peste brune, antisémitisme qui ne veut pas dire comment elle s’appelle)…. Se sont ces facteurs, qu’Israël, avec énormément d’énergie se bat depuis des décennies, nous le voyons par les résolutions; Alors que dans le même temps des milliers de femmes et d’enfants meurent en Syrie, au Yémen au Soudan etc… Dans l’indifférence total et le pourquoi tout simplement la peste brune fait son chemin de contamination………..! Y a t’il trahison, non, je ne le pense pas, Israël, avant hier, hier et aujourd’hui est confronté par cette contamination qui traverse les siècles, c’est à elle seule d’être plus fort de cette peste brune, elle doit dominer les réflexes de ces dirigeants malades, allez de l’avant, eux continueront de cracher et vous le Sionisme évoluera vers davantage de lumière……..ET vous gagnerez……….!

sylvain asline

Ce sont les faiblesses des dirigeeants israeliens qui chient dans leurs culottes. Ils tremblent quand un arabe de la Knesset se revolte. La Zeubi membre de la Knesset les toise et se permet de les insulter et de parader sur un bateau qui a essayé de franchir le blocus israelien de Gaza. Aucune action pour la punir. OU VA ISRAEL?

sylvain asline

Pas mal de dirigeants Israeliens ont trahi leur people. Oslo – Gouch Katif – le Mont du temple – La guerre de Yom Kipour – La sortie precipité du Liban – et bien d’autres.