On soigne son look à Gaza. Equipements ultra moderne excellence des produits et du savoir faire des praticiens, 600% d’augmentation de la demande de Botox, 300% de la demande de chirurgie esthétique
Les grossesses de Safa Ahmad ont considérablement changé son apparence physique ce qui a commencé à affecter son couple et à lui causer des problèmes psychologiques. Il y a environ cinq mois, (c’est dire juste après l’opération Bordure Protectrice NDLR), Safa, cette jeune femme gazaoui de 28 ans résidant Gaza, a eu recours à des implants mammaires espérant que cela l’aiderait à se sentir mieux psychologiquement et améliorerait l’harmonie au sein du couple.
« Mon mari voulait se marier avec quelqu’un d’autre en raison des changements dans mon physique, survenus après la naissance de mes trois fils, » a-t-elle confié à Al-Monitor. « C’est par hasard que je ai entendu parler de chirurgie esthétique à Gaza, et j’ai proposé à mon mari d’y avoir recours. Il a immédiatement accepté, et donc j’ai eu des implants mammaires en silicone, et cela a radicalement changé mon apparence et donc aussi ma vie conjugale et familiale. Mon mari a alors abandonné l’idée d’épouser une autre femme « .
Ce n’est pas seulement les femmes à Gaza qui se tournent vers la chirurgie esthétique. Les hommes aussi. Ahmad Hassan, 32 ans, se sentait condamné au célibat après qu’un certain nombre de filles aient rejeté ses propositions de mariage, parce que les rides sur son visage lui donnaient l’apparence d’un homme de la cinquantaine.
«J’ai eu recours à la chirurgie esthétique pour supprimer mes rides du visage et pour pouvoir mener une vie normale et trouver une fille qui accepte de se marier avec moi. Des dizaines de filles m’avaient rejetée avant » a-t-il confié à Al-Monitor. » Environ deux semaines après l’opération, j’étais engagé dans une relation. »
La situation économique et sociale est difficile à Gaza mais ne semble pas empêcher les Gazaouis d’avoir recours à la chirurgie esthétique, car il leur est difficile d’être heureux étant donné le siège de l’occupation israélienne et les guerres récurrentes.
Dr. Salah Zaanin, un praticien de chirurgie esthétique et spécialiste du laser, a commencé à travailler dans ce domaine il y a trois ans dans une clinique privée de la ville de Gaza. La forte demande pour les chirurgies cosmétiques et esthétiques, émanant aussi bien des hommes que des femmes, l’a amené à ouvrir sa propre clinique.
Zaanin a déclaré à Al-Monitor que trois ans après son retour de Grèce il a commencé à travailler dans la bande de Gaza, et constaté que des progrès rapides ont été accomplis dans ce domaine et que la demande pour ce type d’intervention, malgré les problèmes économiques auxquels les habitants de Gaza sont confrontés, avait augmenté. «Nous sommes un peuple qui aime la vie et la beauté comme tous les autres, » a-t-il dit. « En raison des pressions psychologiques, beaucoup de femmes ont commencé à s’occuper de leur bien-être émotionnel et physique, surtout après avoir pris connaissances des progrès accomplis dans le domaine de la chirurgie esthétique et la présence d’un équipement moderne à Gaza « .
Zaanin a déclaré procéder à des centaines d’opérations esthétiques à Gaza, toutes couronnées de succès. Certains clients ont même commencé à lui confier des opérations qu’ils faisaient faire auparavant à l’étranger.
Il a dit que les interventions les plus courantes dans la bande de Gaza sont la liposuccion, l’augmentation mammaire et l’ »abdominoplastie » pour les femmes. Lifting des paupières et suppression des poches sous les yeux sont aussi très populaires. « Au cours du mois dernier, le recours au Botox pour combler et éliminer les rides chez les hommes et les femmes a augmenté de 600% dans ma clinique, indiquant que malgré le blocus et la contrainte, nous essayons d’être heureux en soignant notre apparence », a déclaré Zaanin. « En plus, il y a eu une augmentation de 300% pour le gonflement et l’embellissement des lèvres ».
L’économie, bien sûr, pèse encore sur la demande pour certains types d’opérations, même avec les prix pratiqués à Gaza. Zaanin affirme qu’ils sont les plus bas au monde dans la bande de Gaza et que les soins bénéficient des meilleurs produits sur le marché dans le domaine. » Pour les interventions chirurgicales les prix varient de 1000 $ à 2000 dollars, tandis que les injections de silicium coûtent jusqu’à 300 dollars », a déclaré Zaanin. « Par conséquent, toutes les classes sociales ont recours à la chirurgie esthétique. Par exemple, les pauvres optent pour des opérations à bas prix. Tout le monde devrait avoir le droit de jouir de la vie et de se sentir bien dans sa peau.
Zaanin a également déclaré que les changements dans les sociétés orientales y sont pour beaucoup ; les femmes travaillent ce qui leur procure une indépendance financière ainsi l’importance accrue accordée à l’apparence légitimée, sont des facteurs qui ont contribuer à la popularité croissante de la chirurgie esthétique auprès des femmes et des hommes. Il a dit que toutes les opérations sont menées dans le respect du cadre religieux et des convenances sociales qui ont cours à Gaza et conformément aux normes médicales. «Les femmes sont accompagnées de leur tuteur, de leur père ou de leur mari, lors des consultations, et nous ne procédons pas à des opérations sans eux», a déclaré Zaanin. « En fait, beaucoup d’hommes décident de recourir à de telles opérations suite à ces consultations. »
Malgré la situation économique, politique et sociale difficile dans la bande de Gaza, et les répercussions psychologiques sur les Gazaouis, la chirurgie esthétique semble offrir à certains d’entre eux la chance d’une vie meilleure et l’accès au bonheur.
* Tous les noms de patients dans cet article ont été changés pour protéger l’identité des personnes interrogées.
Mohammed Othman – adaptation Kathie Kriegel
Mohammed Othman est un journaliste de la bande de Gaza. Il a obtenu son diplôme de la Faculté des médias ( Radio et Télévision) de l’Université Al-Aqsa à Gaza en 2009. Il a reçu un certain nombre de récompenses palestiniennes et arabes; Lauréat du Prix de la presse Arabe à Dubaï catégorie jeunesse en 2011, Lauréat du Prix liberté de la presse du Media center palestinien en 2011. Troisième prix comme journaliste d’investigation dans des affaires de corruption, organisé par le Centre de développement des médias à l’Université de Birzeit et de la Commission anti-corruption en 2013.
En savoir plus:http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2015/02/gaza-cosmetic-surgery-social-economic-problems.html#ixzz3SBiyQBBH
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