Gallant défie Netanyahu sur le projet de loi clivant des ultra-orthodoxes
La question épineuse du service militaire pour la communauté haredi pourrait rebondir avec fracas à la Knesset. Selon des informations de presse, le ministre de la Défense Yoav Gallant s’apprêterait en effet à voter contre une mesure clé visant à faire avancer un projet de loi très controversé dans ce domaine.
Le texte remontant à janvier 2022, adopté en première lecture sous l’ancienne coalition Lapid-Bennett, prévoyait d’importants changements concernant la conscription des ultra-orthodoxes. Parmi les principales dispositions, le relèvement progressif de l’âge d’exemption à 23 ans et la mise en place de quotas avec sanctions financières en cas de non-respect pour les yeshivas (écoles talmudiques).
Le projet proposait également d’ouvrir de nouvelles voies d’intégration dans l’armée, avec un service raccourci de quelques semaines ou mois suivi d’une période de réserve. Une option visant à faciliter l’engagement des jeunes ultra-orthodoxes, tout en les préservant d’une incorporation complète jugée problématique par de nombreux rabbins.
Mais cette réforme ambitieuse, bien qu’adoptée en lecture préliminaire, avait finalement été enterrée par la dissolution du précédent Parlement. C’est pour tenter de la réactiver que le Premier ministre Netanyahu souhaiterait désormais recourir à une procédure parlementaire spéciale, dite de « continuité législative ».
Un choix que pourrait cependant bloquer Yoav Gallant, le chef de la diplomatie militaire, s’il s’opposait effectivement à cette mesure technique lors du vote prévu lundi. Un camouflet pour Netanyahu, qui avait pourtant inclus la réforme des ultra-orthodoxes dans son programme prioritaire.
Si elle se confirme, la fronde de Gallant pourrait faire tanguer la majorité de la coalition au pouvoir. Dans un contexte déjà tendu autour du projet de réforme judiciaire controversé, l’épisode témoignerait des profondes divisions traversant le gouvernement sur les sujets sociétaux.
Le dossier du service militaire des Haredim, en particulier, reste un sujet brûlant en Israël depuis des décennies. Longtemps exemptée pour des raisons historiques et religieuses, cette communauté représente désormais 13% de la population et sa dispense divise la société.
En s’opposant à la résurrection de ce texte, Gallant prend donc un risque politique calculé. Celui de faire entendre la voix des laïcs et des partisans d’une conscription équitable, tout en aggravant un peu plus les fractures idéologiques au sommet de l’État. Un défi de taille pour l’unité du pays.
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