On le sait, la politique n’est pas affaire de sentiments et souvent les hommes politiques qui marquent l’histoire ne sont pas des personnages sympathiques ou agréables. Cela fait déjà quelques années que l’on nous présente le président américain Barack Obama comme un homme intelligent, fin et animé d’intentions morales pour les plus défavorisés. En contrepoint, le président Vladimir Poutine est décrit par l’opinion publique en Occident comme une brute épaisse, cynique, sans scrupule et manipulateur. Cette approche manichéiste de la politique est évidemment réductrice et ne correspond pas à la réalité.

La politique est l’art de promouvoir les intérêts des peuples que l’on représente, et son objectif n’est pas d’obtenir un prix Nobel ou la reconnaissance de quelques journalistes. Or si l’on regarde l’histoire des années Obama- Poutine, force est de constater que les Etats-Unis sont une puissance qui s’affaiblit et dont la politique internationale est illisible, alors que la Russie, quasiment absente de l’échiquier mondial il y a dix ans, est redevenue la grande puissance qu’elle était à l’époque de la guerre froide.

L’attitude d’Obama vis-à-vis de l’islam radical est pour le moins ambigüe, tandis que celle de Poutine est claire et immuable. Sur le dossier ukrainien, il est clair aussi que la Russie a réussi à neutraliser l’Union européenne, tandis que les pays limitrophes attendent encore un engagement plus ferme de l’OTAN sur la garantie de leur souveraineté.

Au Proche-Orient, les Russes ont des alliés que l’on connaît, la Syrie, l’Iran et le Hezbollah, mais ils comprennent aussi qu’Israël est un facteur d’équilibre dans la région. Certes ils désapprouvent les attaques israéliennes contre les bases de l’armée syrienne, et notamment celles qui sont tenues par les Iraniens sur le Golan, à proximité de la frontière dans la zone de Kouneitra. Poutine l’a  fait savoir à Netanyahou, même si lors de leur rencontre le 21 septembre dernier à Moscou, le président russe avait donné des garanties sur la sécurité d’Israël en s’engageant à faire respecter le cessez-le-feu.

Poutine considère que la politique est une question de priorités, et non comme le pense Obama une vision imaginaire d’un monde où les loups cohabitent amicalement avec les agneaux. L’expérience des printemps arabes démontrent qu’il ne suffit pas de supprimer un dictateur pour établir une démocratie, et que le chaos ne profite pas forcément à l’avènement de la liberté pour des peuples soumis depuis si longtemps à des régimes tyranniques.

La France, isolée de ses partenaires occidentaux, a entrepris un combat contre l’islam radical, mais n’est pas soutenue dans son opposition morale contre Bachar el Assad, justement parce que cette opposition ne peut être que morale. Cette soudaine prise de conscience n’est-elle pas bien tardive, alors qu’on a longtemps fermé les yeux sur les agissements du père et du fils Assad, très souvent invités d’honneur à l’Elysée ?

Comment peut-on vouloir expulser Assad en signant un accord sur le nucléaire qui renforce son principal soutien militaire et financier, l’Iran ?

De quoi aurions-nous l’air si, après avoir refusé de livrer des armes de guerre à la Russie, on acceptait d’en vendre à l’Iran ?

Les intentions françaises sont louables mais illogiques, et ressemblent de plus en plus à la maladie nationale de ce pays, qui ne cesse depuis des années de donner des leçons aux autres, alors qu’elle ne discerne pas les signes de son propre déclin.

Michaël Bar-Zvi – Chronique du 1er octobre 2015

Yod H’et Be Tichri 5776

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