L’EXAMEN DE LA RELIGION D’ELIYA DELMEDIGO
Traduit de l’hébreu par Maurice-Ruben HAYOUN avec une introduction et des notes.
Le texte qu’on va lire, écrit en 1490, est d’un médecin-philosophe nommé Elya Delmedigo, qu’il faut peut-être prononcer Delmedico qui fait fait plus sens. Nous avons affaire à un érudit juif, ultime représentant l’héritage averroïste à Padoue.
Ce penseur était aussi le maître d’hébreu de Pic comte de la Mirandole, grand partisan et admirateur de la kabbale, en quoi il divergeait de la pensée de son illustre élevé…Elya eut le grand et rare privilège qui lui reprochait de suivre les théories d’Acérosés sur l’intellect publier ses théories de l’intellect avec les écrits de Jean de Jandum. Il fut aussi le protégé du futur cardinal Dominico Grimani. Mais du point de vue communautaire juif, il buta contre l’hostilité déclarée du recteur de l’académie talmudique locale.
Dellmedigo dut quitter la ville et se rendre dans on île natale de Candie où il mourut des suites d’une infection. Peu avant son diésés, et peu avant l’expulsion des juifs de la péninsule ibérique, il rédigea cet écrit où il défend contre la kabbale les thèses de l’averroïsme.
On peut dire qu’il prend la défense du rationalisme maimonidien et soumet les textes kabbalistiques à une critique sévère, ce qui lui valut d’être adulé par les uns et rejeté par les autres : la science allemande du judaïsme vit en lui l’un de ses prisonniers tandis sue les adeptes du couvrant égotique le traitèrent comme un adversaire à combattre par tous les moyens.
J’offre ici la traduction intégrale du texte hébraïse avec des notes. Delmedigo a été témoin d’événements majeurs survenus dans la judaïsme européen du début du XVIe siècle. Notamment la critique des thèmes kabbalistiques.
Introduction
De même que la paix ainsi qu’un gouvernement juste et approprié aident l’homme à acquérir la félicité politique et théorique -que ce soit en fournissant les moyens efficaces pour y parvenir ou en créant les conditions favorables pour accéder à ces choses qui sont comme des instruments en vue de la félicité- ainsi l’absence de paix et de gouvernement provoquent l’effet contraire. C’est ce que montre clairement l’exemple des nations jadis célèbres pour leur sagesse: la perte de leur souveraineté a sonné le glas de leur sagesse. Lors donc que nous perdîmes notre souveraineté et que nous ne pûmes trouver de quiétude au sein des nations nous demeurâmes comme naufragés au fond des flots. Nos Sages ainsi que les anciens livres de notre Nation avaient presque totalement disparu. Des paroles des nos Anciens il ne nous reste que la Mishna, le Talmud et des écrits similaires lesquels ne renferment que très rarement des indications claires sur tous les principes fondamentaux de notre religion; et parfois, même ces données requièrent des explications et des suppléments. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que certains de ces sujets fassent l’objet de controverses parmi les Sages de notre Nation.
Par ailleurs, lorsque ni la Tora ni l’opinion moyenne des exégètes ne peuvent déterminer avec certitude la nature véritable de certains sujets qui constituent des pommes de discorde entre les Sages religieux, il est évident qu’aucune certitude n’est à notre portée dans ce domaine. Il nous incombe, par conséquent, de scruter sur ces sujets les propos des prophètes, qu’ils reposent en paix, et ceux des Sages; nous nous appuierons alors sur ce qui correspond le mieux aux prophètes.
Les différentes méthodes d’enseigner et d’étudier
Tout être intelligent sait que les méthodes de l’étude varient non seulement d’une science à l’autre mais aussi au sein d’une seule et même science, par exemple la logique. Tu vois bien que la méthode dont usent les talmudistes en vue de déduire les règles religieuses n’est pas celle des grammairiens ni celle des littéralistes. Partant, nous devons recourir à la méthode qui convient à l’objet de notre étude; nul ne sera fondé à exiger de nous des preuves apodictiques lorsqu’il s’agira de tels sujets; celles qui y sont adéquates et appropriées devront y suffire.
L’apprentissage de la sagesse
Nous commencerons par examiner si l’apprentissage de la sagesse est permis aux adeptes de cette religion, i.e. de la loi de Moïse notre Maître, qu’il repose en paix, ou s’il est recommandé ou bien (encore) obligatoire; dans ce dernier cas, son apprentissage ne serait pas seulement un simple acte licite mais une action méritoire, ou bien quelque chose de préférable. Nous dirons ceci: Nul doute aux yeux des adeptes authentiques de la religion que l’intention de cette Tora est de nous guider dans les choses humaines, les bonnes actions et les doctrines vraies suivant les possibilités de la masse mais aussi conformément au mode des élites. C’est pour cette raison que la Tora et les prophètes ont érigé des principes fondamentaux (shorashim; racines) par voie de tradition, à l’aide d’arguments rhétoriques ou dialectiques, conformément au mode de raisonnement de la foule; mais la Tora a aussi (par la même occasion) donné l’éveil aux élites afin qu’elles se livrent sur tous ces sujets à des investigations, conformément aux méthodes qui leur sont propres. Tu trouveras que le prophète s’adresse à la masse en ces termes: «Levez les yeux vers le haut et voyez qui a créé tous ceux-ci» (Is.40;26); de tels exemples sont nombreux. Et tu trouveras aussi que le Prince des prophètes s’adresse à l’ensemble d’Israël en ces termes: «Ecoute Israël, l’Éternel notre Dieu, l’Éternel est un.» (Deut. 6;4) Mais il incite les élites à suivre la voie qui leur est propre, soit explicitement soit implicitement. Il a cependant choisi la clarté en disant: «Sache ce jour et considère en ton coteur que l’Éternel est Dieu dans les cieux en-haut et sur terre en bas . Il n’en est pas d’autre.» (Deut. 4;39). Mais la même recommandation est faite implicitement par les commandements d’amour et de crainte, ainsi que l’a explicité le merveilleux rabbi Moïse ben Maïmon, de mémoire bénie.
Le recours à la méthode démonstrative
De tous (ces versets) il appert que l’apprentissage de la sagesse n’est pas obligatoire au sein de cette religion (le judaïsme), mais qu’il est recommandé (si l’on veut être parfait) et que la Tora gradue la perfection de chacun selon ses capacités propres. Attendu que la méthode démonstrative ne saurait être l’apanage de la masse mais qu’elle est (au contraire) réservée à l’élite seule, la Tora a donc recherché ces deux méthodes.
Il saute aux yeux que le recours à la méthode démonstrative en vue d’élucider quelques uns de ces principes fondamentaux est profitable à l’élite en ce que cette méthode est bien celle qui nous mène vers la science des êtres causés; et à partir de là nous parvenons à la science de l’Agent. La Tora, on l’a déjà dit, incite les élites à (acquérir) la science de Celui-ci. Il semble que la méthode démonstrative est obligatoire pour le Sage mais non pour le simple adepte de la religion.
En tout état de cause, le Sage n’établit pas ces principes fondamentaux du seul point de vue de la spéculation mais aussi en s’appuyant sur l’accord de la Tora; ainsi le Sage et l’inculte sont unis sous cet aspect de la religion, je veux dire que tous deux admettent la chose en leur créance du point de vue de la Tora, à cette différence près que le Sage combine la spéculation avec le décret de la Tora alors que l’ignorant en est incapable. Cependant, l’étude de la philosophie apparaîtra, à bien des égards, bénéfique ou nécessaire aux yeux des Sages religieux, ainsi qu’on l’expliquera infra.
Les savants et la masse
Lorsque la Tora et la sagesse semblent diverger sur des principes fondamentaux, la situation des élites et de la masse est la même: tous admettront cette chose en leur créance du point de vue de la Tora sauf si le point en question a une explication autre que celle des principes et des intentions de la Tora. Il n’est alors guère permis de donner cette explication à la masse pour de nombreuses raisons. Et c’est alors que l’on statue une distinction entre le savant et l’ignorant. Toutefois, c’est pour les Sages une perfection certaine que d’élucider un tel point, ainsi que nous le montrerons. Le Sage doit cependant s’abstenir d’expliquer un tel sujet par écrit ou oralement, je pense aux explications de ces thèmes (principes fondamentaux) qu’il doit réserver aux religieux qui conviennent. Faute de quoi c’est l’intention profonde de la Tora dans son ensemble qui serait battue en brèche et détruite. Ceci explique l’erreur commise par de nombreux auteurs de notre Nation qui écrivirent sur de tels sujets. En ce qui concerne les thèmes sur lesquels la Tora et la philosophie divergent franchement, on ne cherchera pas, le cas échéant, à en démontrer la vérité par voie de syllogisme, mais on s’appuiera plutôt sur les propos de la Tora et sur l’opinion moyenne que les hommes religieux s’en font.
Les principes fondamentaux
D’entrée de jeu, la spéculation montre le caractère problématique des interprétations fondées sur le syllogisme tandis que nous autres, adeptes de la Tora, ne devons jamais douter de nos principes fondamentaux. Par conséquent, nous ne devons pas les soumettre à des interprétations basées sur le syllogisme.
Ces principes fondamentaux sont les suivants: l’existence de la prophétie, l’existence du châtiment et de la récompense ainsi que l’admettent les hommes de religion, que les miracles sont possibles en relation avec Dieu, et ce bien qu’il ne soit pas explicite (mévoar) que les miracles sont un principe fondamental de la Tora: En tout état de cause la majorité des choses dont parle la Tora ne sont vérifiées que si l’on admet que si l’on admet la possibilité des miracles. Il en est de même pour d’autres principes fondamentaux similaires. Tu dois cependant savoir que nous n’invoquons pas les miracles parce que nous les croyons susceptibles de démontrer un sujet philosophique: même de dix mille miracles on ne saurait déduire l’existence nécessaire d’un (seul) point ou d’une doctrine, aussi longtemps que ceux-ci n’existent pas préalablement. Pour la bonne raison que les miracles ne sont pas à même de démontrer pareille chose, ainsi que les intelligents le savent bien. Mais revenons à notre objet.
Nécessité de la sagesse
Et si l’on nous objectait ceci: Si tout ceci (ce qui précède) est vrai, nous ne devrions pas rechercher la sagesse (le raisonnement philosophique) au sein de ces principes fondamentaux anciens, i.e. que Dieu existe, qu’il est unique, qu’il n’est ni un corps ni une force dans un corps. (Si l’on nous objectait ceci) notre réponse serait: Nous ne recherchons pas dans ces principes fondamentaux l’étude de la philosophie puisque leur établissement relève de la spéculation (même) aux yeux des adeptes de la religion; nous voulons simplement montrer que ce qui prévaut aux yeux des Sages s’accorde avec ce qui prévaut aux yeux des adeptes de la Tora. De plus, le problème de l’existence, de l’unité et de l’incorporéité de Dieu est absolument controuvé par l’ensemble des savants, ce qui n’est guère le cas des autres principes fondamentaux qui les divisent.
C’est pour cette raison que si nous cherchions à expliquer ces sujets par la méthode du syllogisme et que nous répliquions à notre adversaire en nous plaçant sur ce terrain, nous subirions alors de nombreux dommages: premièrement, nous chercherions à expliquer par la voie du syllogisme, i.e. apodictique et intellectuelle, ce qui ne peut s’élucider que par la tradition religieuse (ha-amata ha-toriyit); deuxièmement, ne pouvant expliquant ces choses là par la voie du syllogisme, nous ferions face au dilemme suivant: renier la Tora ou en révéler les secrets et rompre la discipline de l’arcane, ou encore rejeter totalement la méthode du syllogisme et porter ainsi atteinte à notre intellect et à son activité. En revanche, lorsque nous admettons que de tels sujets ne sauraient être avérés que grâce à la Tora et que les méthodes d’investigation divergent, ainsi que nous le disions plus haut, il n’en résulte pour nous aucune perplexité ni aucun doute. Cependant, la spéculation sur de tels sujets peut nous être de quelque peu bénéfique car nous savons par l’investigation intellectuelle que les méthodes de recherche divergent beaucoup (les unes par rapport aux autres) et que celle de la tradition n’est pas celle du raisonnement syllogistique. La spéculation peut aussi nous être d’un autre secours car nous trouvons des règles générales qui nous aident à établir de tels principes fondamentaux, c’est-à-dire que ce qui est de notoriété publique peut, dans une certaine mesure, être assimilé à ce qui est nécessaire. Troisièmement enfin, la spéculation montre que les preuves alléguées par nos adversaires ne sont pas des notions premières que l’intellect ne pourra jamais récuser.
Le rejet de l’incarnation, de la trinité et de la transsubstantiation
Et si l’on objectait ce qui suit: Si notre religion divine avait posé que Dieu avait jeté son dévolu sur une fille et en avait eu un fils dont la mission aurait été de sauver le genre humain des mains de Satan, suite au péché du premier homme qui avait mangé un certain fruit, et que celui-ci (ce fils) fut mis à mort afin de sauver les hommes; si, de manière claire ou moins claire, on affirmait qu’une essence ou qu’un individu parmi d’autres (individus) divins, existant en acte, qu’il serait un en soi et en acte, sans changement aucun tout en faisant partie d’un groupe au point que l’on puisse dire de ce groupe qu’il est à la fois Dieu et homme tout en n’étant qu’un en esprit et en vérité. Et si notre religion divine avait posé que l’essence de la divinité était une en esprit et en vérité, mais que les individus de la divinité étaient trois en vérité tout en demeurant une essence unique, c’est-à-dire que l’essence de la divinité qui s’y trouve ne se s’accroît guère: ce qui signifie que ces individus divins n’entretiennent pas entre eux le type de relation que l’intellect séparé a avec sa sphère, ni le sujet doté d’attributs avec ces mêmes attributs dont il est affecté; et si cette existence était bien telle en acte, je veux dire que l’essence de la divinité s’unit avec chaque individu divin qui existe en soi, séparé des autres en acte; et si par l’un des ces attributs ou sujets qu’ils posent (ils affirment) que l’un des individus de la divinité devient ce qu’il est, jusqu’à ce qu’il réside en chacun d’elle ou avec elle; si notre religion divine, dis-je, avait posé que tous les sens s’étaient fourvoyés quant au message de nos sens concernant certains objets de sensation, je veux dire les sens de tous les hommes de toutes les époques, que l’accident pouvait devenir une substance, qu’une substance pouvait se transformer en une substance sans génération ni corruption, ainsi que le prétendent certaines religions au sujet de leur sacrifice (Eucharistie): oui, si notre religion admettait de telles choses, serions nous tenus de les soutenir à l’aide d’arguments traditionnels? Si nous répondons par la négative, deux possibilités s’offrent à nous: nous appuyer sur la spéculation ou sur la Tora. Or nous avons déjà expliqué que ces propositions ne pouvaient être soutenues par la Tora, par conséquent il ne reste que la spéculation. C’est alors que nos adversaires répliqueront: Attendu que vous vous fiez à la spéculation pour de telles choses, comment opérez vous une distinction entre les principes fondamentaux admis par votre religion? Comment les distinguez vous les uns des autres? Comment savoir en quelles lois religieuses nous devons croire ou ne pas croire puisque même au sein de notre religion divine il existe des choses qui ne s’accordent pas avec l’enseignement de l’intellect, ainsi que nous l’avons dit?
A ces objections on peut répondre de différentes façons: Tout d’abord notre divine religion ne nous fait pas obligation d’admettre des contradictions en notre créance, ni de récuser des notions premières ou ce qui en est proche, ni, enfin, de rejeter le message des sens. Et si de telles choses avaient été présentes dans notre religion, nous aurions procédé au rejet de (cet enseignement) de la religion. A supposer même que telle était bien la vérité de toutes choses nous ne serions guère frappés par la punition divine en raison de notre croyance en elles car l’essence même de notre intellect que Dieu a gravé en nous s’y refuserait.
Bien au contraire, l’intellect se représente toujours l’inverse de cela, conformément à son essence, sans être entravé par les habitudes ni par l’imaginaire. Il n’en va autrement que si l’intellect s’accorde avec l’imaginaire et la faculté appétitive, accordant (alors) la première place à l’imaginaire et renonçant à des intelligibles reconnus et au message des sens.
Deuxièmement, ces sujets ne sont pas nécessaires pour l’établissement d’une (seule) de nos lois, à moins de décider qu’il en serait ainsi, pas plus qu’ils ne sont communs à l’ensemble des croyants.. Car même si l’on a admis la corporéité comme postulat, ce n’eut été que par accident en ce qui concerne l’essence divine. Que l’on croie en l’incorporéité ou (au contraire) en la corporéité, ceci ne serait préjudiciable ni à l’essence divine ni à ses attributs éternels. Mais nous reviendrons là-dessus.
Troisièmement: Les causes (motivant) de telles propositions ne sont pas admises par l’intellect ni même par celui du vulgaire. Surtout lorsqu’ils (les chrétiens) prétendent que par la faute du premier homme tous ses congénères futurs ont été condamnés à sombrer dans l’abîme. La faute (en question) serait intervenue à la suite du refus du premier homme de respecter l’interdiction divine de consommer un certain fruit; il n’y aurait pas eu d’autre solution pour sauver les (autres) hommes si ce n’était par sa mise à mort (Jésus). Or, de telles propositions suscitent bien des doutes dans l’esprit de tous: Puisque le péché (du premier homme) ne consistait qu’en une désobéissance, pourquoi Dieu a-t-il accordé son pardon à l’occasion d’un péché bien plus grave et de la perte d’âmes bien plus nombreuses? Dieu aurait donc choisi entre deux maux, le plus grave, et n’aurait accordé son pardon que pour une faute bien plus lourde. Le contraire de tout ceci est admis par l’ensemble des hommes. Partant, si de telles choses avaient été postulées par notre religion nous ne les aurions acceptées en aucune façon.
Il est clair qu’ils (les chrétiens) réunissent les contraires puisqu’il en découle que l’un est trois et que les trois sont un. Partant, l’un n’est pas un et les trois ne sont pas trois. Il est évident aussi qu’ils rejettent la perception des sens et établissent d’autres doctrines dérivées de leur sacrifice (Eucharistie). Si on plaçait un homme dans les montagnes dès sa naissance, sans qu’il eût jamais eu connaissance de telles pratiques et qu’il apprenait par hasard l’existence d’une religion professant de telles doctrines, il n’admettra pas que des hommes puissent y croire et il manifestera son étonnement à la personne qui lui fera ce récit. Le prophète a dit (Ez. 28;9): «Diras-tu encore, entre les mains de tes assassins, je suis Dieu?»
Réponses à nos contradicteurs
Mais s’il se trouvait des gens pour être en accord avec toutes ces doctrines et pour qui la nature de l’intellect ne permet pas de les appréhender car elles proviennent de la prophétie des prophètes, nous ne ferions point grand cas ni ne chercherions à nous opposer à eux car ceci ne relèverait pas de notre objet. discuter de pareilles choses est à la fois déplacé et inconvenant.
Et si l’on nous objectait ceci: N’affirmez vous pas, vous aussi, que Dieu est omnipotent? Dans ce cas, certaines de ces doctrines sont justes! Nous répliquerions alors que nous, adeptes de cette religion n’attribuons nullement à Dieu un quelconque pouvoir sur les contraires et les opposés; nous disons, en revanche, qu’il ne les veut pas du tout. Dieu n’a guère de pouvoir sur lui-même, c’est-à-dire qu’il ne peut pas transformer son essence ni l’un de ses attributs propres. (Ce que nous affirmons), c’est que Dieu ne veut pas pareille chose, qu’il exerce son pouvoir sur toute chose, hormis sur lui-même, et à l’exception des sujets déjà évoqués. Mais s’il se trouvait un adepte de notre religion pour dire que Dieu peut exercer un certain pouvoir sur les contraires hors de son essence, nous n’en ferions pas grand cas car un tel débat serait déplacé. (A suivre)
Maurice-Ruben HAYOUN
Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à l’université de Genève.
par Jforum.fr