French lawyer Gilles-William Goldnadel poses at his office on February 10, 2015 in Paris. AFP PHOTO / JOEL SAGET (Photo by Joël SAGET / AFP)

Gilles-William Goldnadel: «Et si je m’étais trompé sur l’immigration et l’antisémitisme?»

Par Gilles william Goldnadel

FIGAROVOX/CHRONIQUE – Comme l’écrivain Stephen King, qui s’était excusé après avoir déclaré que «la diversité» ne devait pas «être un critère» aux Oscars, notre chroniqueur se livre à un exercice d’autocritique dans un texte ironique.

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.

L’heure est paraît-il aux excuses. C’est ainsi qu’aux États-Unis, saisis par le wokisme, les gens du cinéma, soudainement éveillés, se confondent en excuses. Exemple entre mille, le grand Stephen King a fait lui aussi amende très honorable. Il avait cru, en 2020, devoir réagir à cette idée selon laquelle il y aurait trop d’acteurs blancs primés par les Oscars. Il osa écrire, sur Twitter, avec impudence: «Pour tout ce qui touche à l’art, la diversité ne doit pas être un critère. Seulement la qualité.»

Devant la petite bronca médiatique, ce maître de l’horreur, ce roi de l’effroi, que d’aucuns auraient pu imaginer plus dur au mal, se sentit obligé de rédiger une tribune d’excuses dans le Washington Post (S.Fitoussi, Woke Fiction): «J’ai dépassé la limite… les Oscars favorisent encore les blancs».

Je ne suis certes pas King, mais je ne vois pas pourquoi, moi non plus, je ne serais pas en droit d’implorer mon pardon ou de donner, comme d’autres hier, dans l’autocritique stalinienne ou la mortification très chrétienne.

Je voudrais d’abord demander pardon à tous ces humanistes que j’ai pu offenser en prétendant depuis trop longtemps que l’immigration massive et illégale de populations non européennes, et principalement musulmanes, en Europe tenait de l’invasion.

Certes, la situation que connaît cette semaine l’île sicilienne de Lampedusa serait de nature à atténuer ma faute.

L’antiracisme des progressistes ferait bien de tirer au clair sa conception des populations victimes « racisées » des seuls blancs d’Occident. Gilles-William Goldnadel

Sept mille migrants venus de Tunisie ont débarqué sans prévenir sur une petite île qui ne compte que six mille habitants, autrefois accueillants. La hausse des arrivants que personne ne m’obligera à nommer clandestins, tant leur arrivée est publique, est exponentielle. 130 000 depuis le début de l’année. Ils n’étaient que la moitié l’année précédente qui était pourtant assez exceptionnelle. Ces migrants Noirs d’Afrique n’arrivent pas de pays en guerre, leur souci est économique .

Mais ils arrivent de Tunisie où, comme en Libye ou en Algérie, ils ont connu un cruel et brutal racisme. L’antiracisme des progressistes ferait bien de tirer au clair sa conception des populations victimes «racisées» des seuls blancs d’Occident .

Madame Von der Leyen, un peu dépassée, a demandé à l’Europe tout entière de prendre en charge ces populations non européennes. Un esprit simple mais intuitif se demande pour quelle étrange raison l’Europe, qui certes s’est révélée incapable de les arrêter, serait dans l’obligation d’accueillir cette population étrangère non européenne, de culture différente, manifestement non éligible au droit d’asile et qui s’impose sans autorisation. Certainement aucune raison économique ou juridique.

Et encore moins morale. L’Europe en général, et la France en particulier, ont déjà fait un immense sinon suicidaire effort en matière d’accueil de l’Autre, sans en être grandement récompensées en matière de sécurité et sans que je me sente dans l’ardente obligation de développer. Un peu avant l’arrivée du pape François à Marseille, dont on connaît son faible pour les migrants, qu’on permette au peu chrétien qui signe de citer son cher ami l’abbé Alain René Arbez avec lequel il entretient une correspondance ancienne autant que régulière.

L’abbé, après m’avoir fait observer que les déplacements des temps bibliques n’étaient aussi massifs, me rappelait hier dimanche cette maxime très chrétienne: «Cet étranger qui vit chez vous, vous le traiterez comme un natif du pays, comme l’un de vous. Tu l’aimeras comme toi-même.» (Lv 19/33).

Mais mon pieux correspondant de me faire aussitôt remarquer: «Faut-il préciser qu’un tel étranger était accueilli dans le cadre d’une réciprocité obligatoire qui fait totalement défaut aujourd’hui: « La même loi existera pour l’indigène et pour l’étranger en séjour au milieu de vous » (Ex 12/40).»

À moins finalement, que ce ne soit la raison du fort, sur le plan idéologique, qui nous oblige à accueillir puis à mourir.

Dans ce cas , je demande pardon d’avoir osé avec déraison le mot invasion.

Ce ne sont pas les juifs qui ont changé, c’est la gauche extrême qui a muté. Gilles-William Goldnadel

Je voudrais également, à l’aube du nouvel an juif, et quelques jours avant le Grand Pardon, présenter mes excuses à Gérard Miller.

Ce très proche de la France Insoumise a publié dans Le Monde du 11 septembre, une tribune étrangement intitulée: «Jamais un aussi grand nombre de juifs français n’ont perdu à ce point leur boussole morale».

Avant d’aborder le fond de mon imploration, une remarque de pure forme: mon imagination est impuissante à décrire la réaction médiatique, politique, voire judiciaire, si, par hypothèse hardie, le même journal de progrès avait titré: «Jamais un aussi grand nombre de musulmans français n’ont perdu à ce point leur boussole morale».

Mais il faut croire que l’on prend à gauche plus de libertés envers tels ou tels ou que l’on pense certains cuirs plus tannés ou certains nerfs mieux maîtrisés.

Sur le fond, Miller se désole de voir les juifs passer l’âme à droite.

«J’appartiens à une génération où être juif et français, c’était tout naturellement aimer Maximilien Robespierre etc…» écrit-il avec alacrité. Et c’est de cela dont je dois m’excuser à plus d’un titre.

D’abord de le contredire. Car jamais les juifs français n’ont pu être réduits à un seul côté. Il n’y a jamais eu de Parti Juif ou «judéo-bolchevique» pour parler comme l’extrême droite antique.

Ainsi, l’un de mes modèles en politique, le grand Georges Mandel, n’était pas franchement un Français de gauche. Ensuite, ils n’ont jamais eu le goût atavique des massacres de Maximilien, et le 21 janvier n’est pas un de leurs jours vénérés. Il est vrai que certains juifs ont eu un faible pour le PC.

Il en fut ainsi de mon grand-père, patriote et résistant, qui laissa un œil à Verdun mais qui m’emmenait chaque année à la fête de l’Humanité. Il renvoya sa carte au parti quand un certain Benoît Frachon en 1967, en pleine guerre des Six Jours, vitupéra au Congrès de la CGT ceux qui vénéraient le veau d’or chez les Rotschild ou au mur des Lamentations. Voilà qui n’est pas sans rappeler six décennies plus tard ce dirigeant de la CGT qui demande à un juif de droite: «Si son train va à Auschwitz» sans être mis sur une voie de garage.

Ce ne sont pas les juifs qui ont changé, c’est la gauche extrême qui a muté. Elle regardait les prolétaires de tous les pays. Voilà qu’elle lorgne les islamistes pas tous franchement philosémites.

Les juifs français ne sont plus victimes des fantasmes trafiqués du passé dont la gauche médiatique aura usé et abusé, mais de la réalité antisémite et islamiste. Gilles-William Goldnadel

Mais je dois surtout demander pardon à Miller en raison de ma propre inconduite. J’ai été de ceux qui, parmi les premiers, ont montré aux juifs français longtemps abusés que ce n’était plus l’extrême droite française antisémite en déréliction le premier danger, mais bien au contraire l’extrême gauche, antisioniste par passion et pro-islamiste par intérêt comme par détestation de tout ce qui est blanc, judéo-chrétien et français.

Aujourd’hui, c’est vrai, les juifs français ne sont plus victimes des fantasmes trafiqués du passé dont la gauche médiatique aura usé et abusé.

Ils sont victimes, de Sarah Halimi à Mireille Knoll, en passant par la rue des Rosiers, de la réalité antisémite et islamiste dans leur chair incarnée.

Il faut dire que l’outrance du parti dans lequel milite Gérard Miller a beaucoup œuvré pour hâter l’évolution des juifs français.

Pardon d’avoir indiqué aux déboussolés qui portaient hier l’étoile où se trouve aujourd’hui le Nord.

Gilles-William Goldnadel
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Asher Cohen

Article de propagande politique, sans aucune base sociologique, ni analyse scientifique ; beaucoup d’attaques contre la gauche française, mais rien, bien sûr, contre la droite, ni l’extrême droite, un pamphlet subjectif pour attiser le feu de la guerre civile.

La France a toujours été antisémite depuis le Moyen-Âge, et comme, depuis 2 siècles, ce pays piège les Juifs pour les exploiter, je n’ai jamais vu de courant politique pro-sioniste. En d’autres termes, la gauche comme la droite sont à la fois antisémites et antisionistes.

Au moins depuis la Déclaration Balfour, et clairement après 1949, il y a eu, essentiellement au Moyen-Orient, dans certains milieux arabes, un antisionisme arabe, politique et non nécessairement islamique. Cet antisionisme a été grandement partagé par l’extrême gauche française, surtout après la victoire israélienne de 1967, et il s’est développé en France avec l’immigration musulmane massive démarrée dans les années 1970. De Gaulle avec sa conférence de presse de novembre 1967, n’a fait que confirmer la jalousie française antisémite et antisioniste.

Mr Goldnadel, ayant probablement déjà un appartement en Israël, a le beau rôle d’asséner ce type de propagande manipulatrice, mais les Juifs ne sont pas dupes. Beaucoup s’organisent pour partir, s’ils ne sont pas déjà partis. La communauté. juive de France est en déclin, et va probablement fortement chuter, voir disparaître totalement à moyen terme, voire à court terme en cas de clash social grave de la France. Cet article est donc sans intérêt pour les Juifs.