« Ankara joue avec le feu » : la dangereuse escalade militaire entre Grèce et Turquie en Méditerranée

Une série de provocations enveniment les relations entre la Grèce et la Turquie. L’escalade militaire est sans fin.

Depuis le 21 juillet, la Méditerranée orientale vit une dangereuse escalade militaire. En cause : quinze bâtiments militaires turcs ont pris la mer ce 21 juillet pour accompagner un navire d’exploration gazière sous-marine, l’Oruc Reis, en Méditerranée orientale, jusqu’au 2 août.

Or, pour les Grecs, les eaux autour de cette île font partie de leur zone maritime. En réponse, la Marine grecque a donc déployé des navires en mer Egée et a annoncé des « préparatifs renforcés » face aux récentes activités turques d’exploration gazière en mer Egée.

En Grèce, l’inquiétude est en effet de mise face à cette contestation du tracé des frontières. Lors d’une rencontre avec le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas à Athènes, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a accusé la Turquie de « tenter d’envahir sa plate-forme continentale ». Athènes a également déposé une plainte auprès du Conseil de sécurité des Nations unies, de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) – dont Ankara et Athènes sont tous les deux membres – et de l’Union européenne. Kyriakos Mitsotakis doit également recevoir les 23 et 24 juillet tous les chefs des partis parlementaires pour évoquer avec eux les « enjeux de politique étrangère grecque ». Une telle effervescence en dit long sur les craintes grecques.

« UNE PROVOCATION »

« Ankara joue avec le feu », affirmait le quotidien grec de droite, Kathimerini, le 22 juillet au matin, à sa Une. « Guerre des nerfs », titrait le journal de gauche Efsyn, Selon ce dernier, « Erdogan tire encore sur la corde en envoyant le « Oruç Reis » au sud de Kastellorizo ». Même les dates ne semblent rien laisser au hasard : l’offensive militaire des forces armées turques qui a conduit à l’occupation de 38% du territoire chypriote par la Turquie a été lancée le 20 juillet 1974. Quant au traité de Lausanne, que le président turc Recep Tayyip Erdogan veut tellement renverser, il a été signé le 24 juillet 1923. « C’est une provocation », explique ainsi Nikos Christofis, spécialiste de la Turquie et Professeur associé à la « Shaanxi Normal University ». Pour lui, « c’est évident : les cartes montrent que le navire turc se trouve bel et bien dans la zone économique exclusive grecque. »

D’ailleurs, même les autorités turques semblent le reconnaître. Il suffit de lire le communiqué publié le 22 juillet par le ministère des Affaires étrangères. « Pour la Grèce, la zone de prospection se trouve à l’intérieur de son propre plateau continental », affirment les Turcs. Mais à leurs yeux, le pays « fonde cette affirmation sur la présence d’îles éloignées de son propre continent, notamment Kastellorizo. » Pour Ankara, la revendication grecque est donc « maximaliste », « contraire au droit international, à la jurisprudence et aux décisions des tribunaux. » Alors, pour les autorités turques, la zone maritime dans laquelle l’Oruç Reis effectuera son sondage, est turque, « tel que déclaré aux Nations Unies et dans les blocs de licence accordés par le gouvernement turc à la compagnie pétrolière de Turquie (TPAO) en 2012. »

UNE QUERELLE VIEILLE DE PLUS D’UN SIÈCLE

La querelle des frontières n’est pas nouvelle. Il faut remonter au traité de Lausanne pour comprendre. Signé en 1923, à l’issue de la guerre gréco-turque, il délimite la majeure partie des frontières entre la Grèce et la Turquie. Une autre part de la frontière maritime correspond aux îles du Dodécanèse, cédée à la Grèce par l’Italie en 1947, par le Traité de Paris. Mais de part et d’autre, ces démarcations sont utilisées à des fins nationalistes.

Selon Nikos Christofis, « depuis 1981, les gouvernements grecs envoient en permanence un signal ouvertement offensif en menaçant d’étendre les eaux territoriales grecques à 12 milles marins. De même lorsqu’ils insistent sur un espace aérien à 10 milles au lieu de 6, ce qui est contraire au droit international. Enfin, la mer Égée n’est pas et ne peut pas être un « lac grec ». D’ailleurs, pas un seul pays dont les navires traversent la région ne l’accepte. » Côté turc, la contestation des frontières est régulière. En 1996, des îlots inhabités d’Imia contrôlés par la Grèce mais revendiqués depuis 1986 par la Turquie ont fait l’objet d’un combat aérien au cours duquel un Mirage 2000 grec a abattu un F-16 turc. Le conflit a été évité de peu. A la fin du mois de mai, au niveau du fleuve Evros, un petit bout de terrain grec est devenu l’objet d’une discorde entre les deux pays, la Turquie ayant laissé une trentaine de militaires s’y installer et y planter un drapeau.

LES SOURCES DE TENSION S’ACCUMULENT

En réalité, les tensions augmentent depuis la signature de l’accord entre la Turquie et la Libye, en novembre. Il permet à la Turquie d’effectuer des recherches d’hydrocarbures en Méditerranée orientale. La Grèce, comme de nombreux pays riverains, ont dénoncé ce texte, qui étend considérablement le plateau continental de la Turquie. Cet accord revient à nier les zones économiques exclusives liées à Chypre ou aux îles grecques (notamment la Crète et le Dodécanèse).

Autre source de tensions : à Istanbul, la basilique Sainte-Sophie vient d’être convertie en mosquée. Une décision loin de convenir à Athènes, première protectrice morale et historique du patrimoine byzantin. Les autorités grecques ne comptent plus les violations de leur espace aérien. C’est d’autant plus inquiétant que les terrains de friction se multiplient dans la région. Ainsi, le mois dernier, un bâtiment militaire turc a pris pour cible une frégate française, qui veillait à faire respecter l’embargo contre la Libye, au risque de déclencher une dangereuse bataille navale.

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Damran

Le Sultan d’Istanbul se positionne toujours sur une ligne rouge lorsqu’il intervient.
Les dictateurs ont toujours un sentiment d’invincibilité jusqu’au jour où ils se prennent en pleine gueule un retour de bâton.
Espérons que les lâches pays occidentaux vont se réveiller et apporter leur soutien à la Grèce et Chypre, le problème c’est qu’en dehors de la France, il n’y a pas d’armée européenne.
Le dictateur turc le sait et il en profite, reste que l’Egypte peut le réveiller en sursaut….

Rosa SAHSAN

Et tout le monde courbe l’échine devant le dictateur.
ROSA

ixiane

Pas étonnant ! Le SULTAN prépare son Califat et bientôt on le trouvera dans les eaux siciliennes !!