« Envoyé spécial » à Gaza: 5 questions à propos d’un reportage

InfoEquitable a regardé et écouté attentivement le reportage d’Envoyé spécial qui a entraîné une polémique entre l’ambassade d’Israël, les organisations juives et France Télévisions. Voici pourquoi le reportage pose problème. 

 

1) Le reportage n’est pas équilibré

La société des journalistes de France 2 ainsi que l’ancien correspondant de la chaîne, Charles Enderlin, ont twitté qu’ils avaient trouvé le reportage « irréprochable » et « équilibré du point de vue de l’éthique journaliste » (sic).

Ce n’est pas notre avis.

 

 

 

Un décompte du « temps de parole » fait apparaître au contraire un déséquilibre évident.

Le reportage d’une durée de 30 minutes est une mise en cause des méthodes de l’armée israélienne à la frontière entre Israël et Gaza.

Pendant 28 minutes, le reportage ne donne la parole qu’à des Palestiniens présentés comme des victimes de tirs injustifiés de l’armée israélienne (ainsi qu’à un Israélien, membre de l’organisation d’extrême gauche « Breaking the Silence », qui va dans le même sens).

La séquence dans laquelle le porte-parole de l’armée israélienne a la possibilité de s’exprimer ne fait que 2 minutes !

Son interview – tronçonnée en quatre petits morceaux – totalise 57 secondes !

 

 

C’est cela, un « reportage équilibré » à France 2 ? C’est comme cela qu’Envoyé spécial considère avoir donné « la parole à tous » ? C’est ça, « l’éthique journalistique » ?

 

2) Le reportage évoque des « manifestations » alors qu’il s’agit de combats violents en zone militaire

Même si le commentaire évoque parfois des « émeutes » et  des « émeutiers », le reportage fait aussi référence à des « manifestions ».

Cette présentation des faits est amenée lors de l’interview de Nadav Weiman, l’ancien soldat qui aujourd’hui milite à Breaking the Silence, organisation spécialisée dans la dénonciation de supposées violences commises par des soldats israéliens à l’encontre des Palestiniens, le plus souvent sur la base de témoignages anonymes d’anciens soldats impossibles à vérifier (l’un des témoignages de Nadav Weiman a d’ailleurs été réfuté par son ancien commandant).

 

 

Interviewé par le journaliste, l’ancien militaire témoigne :

« – Nous, nous ne tirions pas sur des manifestants non-armés. Ce n’était pas autorisé. Mais ces dernières semaines, ces derniers mois, l’armée à tiré sur des centaines de Palestiniens non-armés. Et certains ont été tués. »

Le journaliste lui montre alors une scène d’émeute sur une vidéo. Nadav Weiman poursuit :

« … Le sniper voit très clairement que cet homme n’a pas d’arme, que c’est juste un manifestant. Mais dans nos règles d’engagement, il est dit que le meneur de la manifestation, on peut lui tirer dessus. »

Question du journaliste :

« – Vous êtes formés pour tirer sur le leader d’une manifestation, même s’il ne porte pas d’arme ? »

Réponse du militant :

« – Oui, ces gens qui manifestent, côté Gaza, ne sont pas une menace… »

Manifestation, émeute, combats… Ce sont des distinctions importantes. Car tirer sur de simples « manifestants »est évidemment répréhensible. S’il s’agit d’émeutes, et même de combats (depuis les début des troubles, des centaines d’engins explosifs ont été jetés en direction des soldats, ce que ne précise pas le reportage) visant à forcer une frontière, la réaction des soldats est plus légitime. 

 

3) Les personnes interviewées justifient la présence d’enfants dans ces émeutes

Comment des adolescents et même des enfants peuvent-ils se trouver au milieu de ces émeutes ? Les intervenants palestiniens interviewés dans le documentaire affirment que ces enfants viennent d’eux mêmes, qu’il n’est pas possible de les en empêcher.

 

 

Ainsi, Abderrahman (25 ans), le grand frère de deux jeunes Palestiniens blessés (présenté comme le chef de famille depuis la mort du père) qui plaide son impuissance :

 

  

« Je leur avais pourtant interdit d’y aller à cette marche, mais vous savez comment sont les enfants… Ils disent toujours qu’ils vont au foot ou faire autre chose. Jamais il ne m’ont dit qu’ils s’y rendaient. Ils ont voulu voir de leurs propres yeux. Ils ont voulu faire comme les grands, participer. Mais jamais je ne les ai poussé à y aller. Et quand bien même ils auraient lancé des pierres sur les soldats… Avec une pierre, on ne tue pas ! Ca ne mérite pas de se faire tirer dessus. Comment peut-on infliger une blessure pareille à un gamin ? C’est vraiment triste. Ces images sont insoutenables. Ils voyaient bien dans leurs viseurs que c’étaient des gosses. Et malgré ça, ils ont tiré. »

Il y aussi ce père venu en famille :

« C’est eux qui me supplient de venir. C’est eux qui me demandent ! »

Il se déclare heureux de la présence de sa fille :

 

 

« Si ma fille ne vient pas, si nous ne venons pas, alors qui viendra ? »

 

4) Le Hamas, grand absent du reportage

Les journalistes d’Envoyé spécial posent bien aux interviewés la question de la présence des adolescents et des enfants envoyés en première ligne. Ils semblent se satisfaire des réponses de leurs interlocuteurs. Le reportage se contente de « montrer la situation » et ne va pas plus loin.

Quel est le rôle du Hamas dans l’organisation de ces manifestations ?

Dans quelle mesure l’organisation terroriste – qui dirige la bande de Gaza d’une main de fer – contrôle-t-elle l’emploi de ces très jeunes civils dans les violences ? On ne le saura pas.

Durant leur séjour à Gaza, les journalistes n’ont pas interrogé de responsable du Hamas pour connaître son avis sur la question. En tout cas, il n’en ont pas fait bénéficier les téléspectateurs de France 2.

Pourtant, rien de ce qu’ils se passe à Gaza n’est étranger au Hamas. Les journalistes eux-même ne peuvent y travailler qu’avec l’assentiment de l’organisation islamiste qui contrôle l’information de manière très stricte.

Aucune ONG, aucune organisation humanitaire n’a pu être contactée non plus pour savoir ce qu’ils pensent de la participation des enfants aux combats contre les soldats.

Le reportage reste aligné sur la version suivante : La « Marche du Retour » est un mouvement de colère populaire « lancé par les habitants » de Gaza (nulle information sur ce que signifie la revendication de « droit au retour », à savoir un appel à éradiquer Israël par submersion démographique).

Une séquence au début du reportage pose ainsi le cadre de ce mouvement plus ou moins spontané.

A en croire Envoyé spécial« chaque vendredi après la prière résonne cet appel au rassemblement ». D’où vient cet appel ? La caméra filme et enregistre un autoradio qui diffuse le message suivant :

 

 

« La haute commission nationale pour la Marche du Retour et la fin du blocus vous appelle pour sortir en masse pour marcher et montrer votre colère. »

S’ensuit un chant martial en arabe qui appelle à « marcher pour la Palestine ».

Quelle est cette Haute commission nationale pour la Marche du Retour et la fin du blocus, qui visiblement dispose d’un accès aux ondes pour battre le rappel ? L’enquête n’est pas allée plus loin que ces images furtives d’un poste de radio.

La question de l’utilisation par le Hamas des civils et des enfants comme boucliers humains n’a pas été abordée.

 

5) Une interview a-t-elle été tronquée ?

L’un des jeunes « estropiés de Gaza », Atallah (17 ans) montre fièrement sa fronde à la caméra des Envoyés spéciaux de France 2.

 

 

« Ce sont mes frondes pour envoyer mes pierres sur les colons israéliens, mais eux nous répondent avec leurs balles », explique l’adolescent.

Problème : il n’y a plus d’Israéliens à Gaza depuis 13 ans.

De quoi alors parle le jeune homme ? Peut-être après tout ne connait-il pas bien la situation et désigne-t-il les soldats sous le terme « colons » ?

Mais en écoutant bien les propos en arabe du jeune Palestinien, on entend distinctement sous la traduction le mot « yahoud », qui signifie « Juif ».

Nouveau problème : à aucun moment ce terme n’apparait dans la traduction de l’interview.

Une chose est sûre : la traduction n’est pas totalement fidèle à ce qui dit le jeune émeutier. Il parle des Juifs, mais le téléspectateur n’en saura rien.

Que dit-il à leur sujet ? A ce stade, on en est réduit à des hypothèses. L’une d’entre elles a retenu l’attention d’InfoEquitable :

Les paroles de l’adolescent à l’encontre des « Juifs » risquant de dévoiler de manière trop évidente l‘antisémitisme dans lequel sont éduqués les Palestiniens, il aurait été jugé préférable de traduire le mot « yahoud » par « colon israélien », plus « politiquement correct ». Un jeune Palestinien qui annonce vouloir s’en prendre aux Juifs, ça ne passe quand même pas très bien à la télévision française. S’il veut attaquer des colons, ça passe mieux.

Ce n’est qu’une hypothèse. Pour lever le doute, InfoEquitable suggère à France Télévisions de vérifier la teneur exacte de l’interview et de rendre publiques les raisons pour lesquelles elle a été dénaturée.

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Auteur : InfoEquitable. Si vous souhaitez reproduire cet article, merci de demander ici une autorisation écrite préalable.

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Riviera

Slt Marc, est-ce un poids de se mentir à soi même ou avec le temps on finit par ne plus y penser. Je suis persuadé que vous ne croyez pas un seul mot de ce que vous avez écrit. Donnez-vous des cours privés de propagande.

Sérieusement, les quelques Juifs de France qui viennent sur ce site savent très bien ce qu’il en est, les autres savent que c’est de la propagande, donc a part vous discréditer, cela n’apporte rien et n’a absolument aucun impact sur le lecteur quelque soi son origine.
C’est pourquoi il est toujours amusant de constater que les sites de propagande comme celui-ci continuent cette même ligne de conduite.

willy

Vous avez raison : le dénie de réalité et le stress provoquent des maladies.
Alors bas les masques : le producteur et le diffuseur de ce film sont des ennemis d’Israël et des juifs : quand on a compris cela tout est plus clair et en tant que juif et israélien natif de France on se sent mieux.

willy

Ce reportage hypocrite est motivé par un désire de nuire à Israël aussi concrètement et efficacement que possible.

Il s’agit pour les producteurs de cette forfaiture de mobiliser l’opinion publique contre Israël à la veille d’une intervention militaire qui semble inévitable pour stopper la folie meurtrière du groupe terroriste « Hamas » – folie qui a atteint un point de non retour.

Grâce au mouvement des foules européennes, ces producteurs audiovisuels espèrent ainsi œuvrer à paralyser une réplique militaire d’envergure de l’armée d’Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza.

C’est une oeuvre de ligotage des mains d’Israël, d’appel à la détestation des juifs ou qu’ils se trouvent, une oeuvre de malveillance pure et simple par des amis officiels des ennemis d’Israël et des juifs.

alexandra

On ne les laissera pas continuer à vouloir sacrifier tout un peuple à Moloch comme ils l’ont fait sous Vichy, ces salauds de collabos, car y’a pas d’autres mots.

alexandra

Excellent article.
Le but de ce reportage était de masquer la réalité de l’antisémitisme violent qui est à la base de l’idéologie du hamas et des groupes islamistes de Gaza :
– Ce ne sont pas des manifestations pacifiques mais des actions violentes visant à envahir un pays tiers
– Israël tout entier est considéré comme une « colonie » par le hamas et ses pseudos manifestants aux ordres, car cette organisation ne reconnait pas son existence
– Ceux qui sont visés ne sont pas les « israéliens » mais bien les Juifs, au nom d’une idéologie religieuse.

La traduction a-t-elle été modifiée mais par volonté délibérée de taire la réalité de l’antisémitisme foncier de ces manifestations soit-disants « pacifistes » ?
Idem en ce qui concerne la volonté de taire le rôle du hamas et des organisations islamistes dans l’organisation de ces manifestations (par ex. avec le choix d’un interviewé affichant le portrait d’Arafat à la porte de sa maison, surtout quand on sait que les membres du Fatah sont persécutés à Gaza et considérés comme des « traitres », et que la « punition » des traitres est de leur tirer une balle dans le genoux !) ?

On peut ajouter à l’analyse, l’occultation des dégâts occasionnées par ces manifestations : incendies et ravages causés aux forêts et aux champs en Israël, pollution délétère; sans compter les victimes israéliennes puisque des manifestants armés ont tirés sur des soldats !
La encore, on est bien au-delà de la simple « protestation », mais dans une réelle volonté de nuire, de détruire et de tuer, et cela aussi a été occulté par ce reportage qui n’est pas un reportage d’information mais de la pure propagande.

Marc A

Voila ce que je remarque:
Charles Enderlin qui dit que ce reportage est impeccable! Ben voyons. Il nous a déjà fait le coup avec Al Dura.
Breaking the silence? No comment,les Palestiniens sont pour eux de doux agneaux innocents.
Le Grand frère: Avec une pierre on ne tue pas? D’où il nous sort une connerie pareille? et pourquoi se plaint-il que des gosses y aillent alors qu’en général les Palestiniens ont l’air enthousiaste à l’idée d’aller ‘manifester’.
Atallah: « Ce sont mes frondes pour envoyer mes pierres sur les colons israéliens, mais eux nous répondent avec leurs balles », explique l’adolescent.
Et les pierre tirées par les frondes s’appellent des balles de fronde. Et ce n’est pas pour rien. La fronde est utilisée depuis l’antiquité pour tuer.

Conclusion, ce la fait longtemps que je ne crois pas au travail mal fait des journalistes mais plutôt à de la propagande immonde