La visite historique de Netanyahu à Oman constitue un brèche vers l’Iran

Au milieu de spéculations, disant que Muscat pourrait jouer un rôle plus important dans les pourparlers de paix israélo-palestiniens, selon un analyste, il est plus probable que Jérusalem utilise la nation du Golfe pour envoyer un message à l’Iran

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le sultan Qaboos bin Said à Oman le 26 octobre 2018 (Gracieuseté)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le sultan Qaboos bin Said à Oman le 26 octobre 2018 

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé vendredi une visite surprise à Oman, renforçant ainsi sa prétention de faire entrer Israël dans une nouvelle ère de relations avec les pays arabes. Cette visite-éclair incite à la spéculation sur ce qui est à l’origine de la rare interaction publique entre Israël et un État du Golfe avec lequel il n’entretient plus de relations diplomatiques.

Il y a eu peu de détails concrets sur ses entretiens avec le sultan Qaboos bin Said d’Oman, mis à part une déclaration commune publiée par le bureau du Premier ministre vendredi après-midi, affirmant que les deux parties « ont discuté des moyens de faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient et d’un certain nombre de questions d’intérêt mutuel pour parvenir à la paix et la stabilité au Moyen-Orient. « 

«Israël est un État présent dans la région et nous le comprenons tous», a déclaré bin Alawi bin Abdullah, ministre des Affaires étrangères d’Oman, au lendemain de la visite de Netanyahu.

Netanyahu avec le sultan Qaboos d'Oman (Photo: AP)

Netanyahu avec le sultan Qaboos d’Oman (Photo: AP)

 

«Le monde est également conscient de ce fait. Peut-être qu’il est temps qu’Israël soit traité de la même façon (comme les autres États) et qu’il porte les mêmes obligations » [appel à la « normalisation » des relations, terme qui a le don d’irriter le monde arabe, à commencer par les Palestiniens].

Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, Khalid bin Ahmed Al Khalifa, a exprimé son soutien à Oman pour le rôle du sultanat dans la tentative de sécuriser la paix israélo-palestinienne, tandis que le ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, Adel al-Jubeir, a déclaré que le royaume (saoudien)  était essentiel au processus de paix.

Le sultanat a longtemps joué un rôle discret dans la promotion des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Quelques jours avant la visite de Netanyahu, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’est également rendu à Oman, évoquant la possibilité que ce dernier tente de contribuer à relancer les négociations ou à faire avancer un plan de paix, malmené avant d’être publié, des États-Unis.

Mais un analyste israélien réputé est sceptique sur le fait que c’était la véritable raison de sa visite, la première d’un chef israélien depuis plus de deux décennies.

«Oman veut être un médiateur entre Israël et les Palestiniens. Cependant, Israël n’a besoin de l’aide de personne pour pouvoir dialoguer avec les Palestiniens », a déclaré Ehud Ya’ari, analyste pour Hadashot TV News, évoquant un autre rôle pour Muscat. « Oman conduit vers Téhéran. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) s’entretient avec le sultan Qaboos bin Said à Oman le 26 octobre 2018 (Aimablement transmis)

Oman, qui est situé à la pointe sud-est de la péninsule arabique, avec l’Arabie saoudite au nord et l’Iran à l’est, est également un médiateur silencieux dans la région et a choisi de rester en marge de la rivalité entre les deux pays, qui représentent les deux puissances centrales régionales.

Alors que l’influence d’Oman sur Israël et les Palestiniens est limitée, sa position régionale unique pourrait lui permettre de jouer un rôle plus important dans la médiation entre Israël et l’Iran, son ennemi juré.

Le sultan Qaboos a réussi à diriger son pays à travers les soubresauts d’une politique régionale agitée par une conduite de non-ingérence, en aidant à faciliter la libération des otages occidentaux au Yémen et en offrant une porte dérobée aux communications entre Washington et Téhéran sous le gouvernement Obama. Bien qu’il soit membre du Conseil de coopération du Golfe de six pays dirigé par l’Arabie saoudite, il ne s’est pas joint au royaume dans le boycott du Qatar ni dans la guerre au Yémen.

«Les pays se rendent en Oman s’ils ont un message à faire livrer à l’Iran», a déclaré Ya’ari, évoquant également le travail de fond que les Omanais ont réalisé entre l’administration Obama et Téhéran.

Le président Barack Obama serre la main du vice-Premier ministre d’Oman, Sayyid Fahad Bin Mahmood Al Saïd, après s’être entretenu avec les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe à Camp David, dans le Maryland, le jeudi 14 mai 2015. (Photo AP / Andrew Harnik)

Israël a exprimé à plusieurs reprises sa préoccupation concernant les activités militaires de l’Iran et son soutien aux groupes terroristes chiites en Syrie voisine et a averti qu’il ne permettrait pas à l’Iran de maintenir une présence militaire permanente en Syrie. Ces derniers mois, Israël a mené un certain nombre de frappes sur les positions iraniennes en Syrie.

De plus, les sanctions américaines contre l’Iran doivent entrer en vigueur bientôt, après que l’administration Trump, appuyée par un fort soutien d’Israël, se soit retirée de l’accord nucléaire international avec l’Iran négocié par l’administration Obama.

L’idée qu’Oman serve de canal vers l’Iran semble avoir été renforcée par l’avis des Palestiniens.

Un haut responsable palestinien a déclaré vendredi soir que le sultan avait offert de jouer un rôle de médiateur entre les Palestiniens et les Israéliens, et qu’Abbas avait déclaré qu’il se félicitait de tout processus de paix «significatif». Mais le responsable a déclaré que la visite était principalement liée au « rôle régional » d’Oman.

Le bureau de Netanyahu a déclaré qu’il avait été invité par le sultan après de longs échanges. La télévision d’État d’Oman a diffusé des images de la réunion des deux dirigeants et Netanyahu a partagé une vidéo de sa visite sur ses comptes de réseaux sociaux officiels, la qualifiant de « visite spéciale à Oman – qui va marquer l’histoire! »

 

Israël et Oman n’ont pas de relations diplomatiques. Israël n’est officiellement reconnu que par deux États arabes : l’Égypte et la Jordanie.

Cette réunion était la première entre les dirigeants des deux pays depuis la visite du Premier ministre de l’époque, Shimon Peres, en 1996.

Israël et les Palestiniens n’ont pas tenu de négociations de paix approfondies au cours des dix dernières années. Alors que le président des États-Unis, Donald Trump, a promis un plan de paix pour le Moyen-Orient, les relations entre les États-Unis et les Palestiniens se sont détériorées et ses efforts pour produire «l’accord du Siècle» se sont révélés infructueux.

Les Palestiniens ont rompu leurs liens avec les États-Unis après que la Maison-Blanche a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, puis a déménagé l’ambassade américaine en mai. Les États-Unis ont également réduit le financement de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens et fermé le bureau de l’Organisation de libération de la Palestine à Washington. Ces mouvements ont encore aliéné et isolé les Palestiniens.

Les États-Unis n’ont pas dévoilé les détails de leur plan de paix, mais on s’attend généralement à ce qu’il assigne un rôle à l’Arabie saoudite et à d’autres États du Golfe.

Les États arabes, y compris Oman, restent publiquement attachés aux appels en faveur d’un État palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale. Oman a rejoint un groupe de pays arabes qui ont fermement condamné l’élimination d’émeutiers palestiniens par Israël à Gaza. Les manifestations qui ont éclaté fin mars et ont rebondi en mai se sont poursuivies vendredi.

Une femme palestinienne court avec un drapeau palestinien dans la fumée noire des pneus brûlés par les manifestants lors d’affrontements, à la suite d’une émeute près de la frontière avec Israël à l’est de la ville de Gaza le 26 octobre 2018. (Mahmud Hams / AFP)

Netanyahu et son épouse ont été accompagnés par le chef du Mossad, l’agence de renseignement israélienne, Yossi Cohen, son conseiller à la sécurité nationale Meïr Ben Shabbat, son directeur général du ministère des Affaires étrangères Youval Rotem et d’autres responsables de la défense.

Netanyahu a répété ces dernières années qu’Israël avait développé de bonnes relations avec plusieurs États arabes, malgré le manque de liens officiels. Mais il publie rarement ces contacts ou n’identifie ses partenaires.

Dans la perspective de la visite surprise vendredi à Oman, il y a des signes que le dialogue en coulisse entre Israël et les États arabes devient public, de plus en plus souvent.

En février, le ministre des Affaires étrangères d’Oman a effectué une rare visite d’un responsable arabe dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem et en Judée-Samarie.

Le ministre des Affaires étrangères d’Oman, Yusuf bin Alawi, en visite dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa sur le mont du Temple, dans la vieille ville de Jérusalem, le 15 février 2018. (Ahmad Gharabli / AFP)

Le mois suivant, des responsables omanais ont rejoint leurs homologues arabes des Emirats Arabes Unis, d’Arabie Saoudite, du Qatar et de Bahreïn à la Maison Blanche pour une réunion avec des responsables de la sécurité nationale israélienne, afin de discuter de la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza.

JForum avec agences dont Associated Press

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Bella

Picotin vs avez raison et envoyer aussi des ballons explosifs …
Oeil pr oeil
Dents pr dents
Stoppé à ces parasites manipulés par leurs chefs corrompus.
Leurs chefs qui se servent d eux comme boucliers humains afin de faire pitié et gagner encore plus de fric pr plus de villas avions privés etc…

picotin

faudrait que les juifs allument des pneus dans la zone où le vent va d’israel vers gaza ou d’israel vers la ci-jordanie !!
y a pas de raison !!