Eitay Mack, l’avocat qui veut réguler seulement  les exportations d’armes israéliennes.

Bien avant les révélations du « Projet Pegasus », ce militant des droits de l’homme avait tenté par deux fois de faire annuler les licences d’exportation du groupe NSO.

Dans son bureau exigu, au septième étage d’une tour commerciale vétuste du centre de Jérusalem, Eitay Mack a accroché le célèbre cliché du manifestant de Tiananmen, debout devant les chars. Comme un clin d’œil à son propre combat : depuis dix ans, l’avocat israélien se bat, seul, pour tenter de réguler les exportations d’armes de son pays. « Sur l’aspect juridique, j’étais seul, mais je n’ai pas mené les campagnes en solitaire », nuance l’activiste, qui se dit porté par les militants des droits de l’homme partout dans le monde qui l’alertent « et qui, eux, risquent leur vie ».

Ses petits yeux s’illuminent à l’évocation des révélations du « Projet Pegasus » : « C’est fascinant. » Il fut l’un des premiers à toucher du doigt les violations commises par le groupe NSO, mais ignorait l’ampleur du scandale. En 2017, après des premières fuites sur l’utilisation de la technologie israélienne contre des journalistes, avocats et opposants au Mexique, avec la députée de gauche Tamar Zandberg, M. Mack avait tenté de faire annuler la licence d’exportation du logiciel Pegasus. En vain.

En 2019, il attaque une nouvelle fois NSO avec Amnesty International, qui affirme qu’un de ses employés a été surveillé avec ce système. L’avocat essaie alors de mettre la société israélienne face à ses responsabilités : dans une interview au journal Yediot Aharonot, le PDG de NSO, Shalev Hulio, clame pouvoir retracer toutes les cibles surveillées par son logiciel et désactiver le système. Mais là encore, les juges israéliens se défilent et la procédure échoue.

« Aucune transparence » sur les ventes d’armes

« Eitay Mack est un pionnier : il a attiré l’attention sur les ventes d’armes et de matériels de surveillance et créé un débat public, quasiment à partir de rien, juge Dan Yakir, directeur juridique de l’Association for Civil Rights in Israel, qui lui a décerné un prix en 2020. Son but est de forcer le ministère de la défense à rendre des comptes quand ils affirment se préoccuper des droits de l’homme. En pratique, ces belles déclarations sont creuses. »

Selon un article du journal Haaretz, publié en 2017, le ministère de la défense israélien a approuvé 99,8 % des licences d’exportation d’armes qui lui avaient été présentées lors des cinq dernières années. « Il n’y a aucune transparence, déplore Eitay Mack. Leurs standards sont très bas. » C’est la raison pour laquelle, selon lui, les technologies de défense israéliennes sont si populaires à travers le monde. En 2018, le président philippin Rodrigo Duterte le disait d’ailleurs sans détour : « Il n’y a qu’un seul pays à qui nous achetons des armes, et c’est Israël. (…) Les Etats-Unis sont bons, mais si nous achetons chez eux, il y a des restrictions. Pareil pour la Chine et l’Allemagne. »

Eitay Mack ne mène pas son combat qu’en robe noire, il fait aussi pression sur le plan politique. Il s’est allié avec des députés de tous bords, même d’extrême droite, lui qui, pourtant, défend des familles palestiniennes face aux « colons israéliens ». « Les religieux disent que les ventes d’armes vont à l’encontre de la morale juive », souligne ce descendant de survivants de la Shoah, qui porte la kippa. Mais, selon lui, la Knesset n’a pas vraiment la main sur ces questions. Il pense que la commission d’enquête parlementaire annoncée le 22 juillet, après les révélations du scandale touchant NSO, n’est qu’un paravent : « Le ministère de la défense ne leur dira rien. »

« Il y a quelques semaines, j’ai demandé au président du Parlement qu’une discussion soit organisée autour des ventes d’armes israéliennes à l’étranger, ma demande a été rejetée », abonde Ofer Cassif, député de la Liste arabe unie, qui rassemble des partis arabes et d’extrême gauche. L’élu, à l’origine d’une proposition de loi pour stopper les exportations d’armes et de systèmes de surveillance à des régimes non démocratiques, travaille étroitement avec Eitay Mack, « un homme en or, qui fait tout cela bénévolement ».

Treize pétitions au compteur

En tee-shirt noir et sandales, l’avocat revendique cette indépendance, au-dessus de tout soupçon. « Parce que je suis un homme blanc, juif, je n’ai jamais eu de problèmes. Je travaille dans le domaine du droit, avec des sources accessibles à tous », sourit celui qui gagne sa vie en tant que consultant sur les droits de l’homme auprès d’organisations. Rwanda, Cameroun, Chili sous Pinochet, Soudan du Sud… Eitay Mack, qui vient de fêter ses 40 ans, a tenté d’exposer les exportations d’armes israéliennes vers des régimes autoritaires, voire génocidaires.

Avec treize pétitions à son compteur, dont beaucoup se sont soldées par des décisions sous le coup d’une ordonnance de non-publication, ce passionné a enregistré quelques victoires. Comme il y a quatre ans, lorsqu’il a créé un débat autour des exportations d’armes vers la Birmanie, pendant le nettoyage ethnique des Rohingya. « La décision de justice n’a pas été rendue publique mais, quelques mois plus tard, début 2018, toutes les entreprises de défense militaires israéliennes sont parties, explique l’avocat, qui se fait souvent détective pour tracer les exportations. Malheureusement, je n’ai pas réussi à changer la politique globale et je ne peux pas présenter un million de pétitions. » Et même lorsqu’il gagne et que les ventes sont stoppées, les appareils déjà exportés restent et continuent à être utilisés.

Fin juin, nouveau coup de semonce : la Cour suprême israélienne a rejeté l’une de ses pétitions, se déclarant incompétente sur le sujet des exportations d’armes, fermant la porte à d’autres recours dans l’avenir. M. Mack espère que le politique prendra le relais, surtout après le scandale Pegasus. Sa dernière tentative concernait la société israélienne de cybersurveillance Cellebrite, petite sœur de NSO, qui vend un système permettant d’extraire le contenu d’un smartphone, y compris les données effacées. Il est utilisé par les forces de l’ordre en France et aux Etats-Unis. Avec d’autres activistes, l’avocat avait déjà réussi à stopper les ventes de cette technologie à Hongkong, mais aussi au Venezuela, en Russie et en Biélorussie.

« Cellebrite ne vend pas à des pays sous le coup de sanctions des Etats-Unis, de l’Union européenne, de la Grande-Bretagne ou d’Israël », a répondu l’entreprise au Monde. « Aujourd’hui, les dictateurs ne peuvent plus faire comme Pinochet, conclut Eitay Mack, qui a commencé à s’intéresser à ce sujet lors d’un voyage en Amérique du Sud, après son service militaire. Le monde est devenu bien plus dystopique et je me concentre aujourd’hui sur les systèmes de surveillance, comme ceux vendus par Israël. On voit moins de situations où des crimes de masse sont commis, mais vivre dans un Etat policier, sous constante surveillance, c’est comme devenir un zombie. »

Que penser de cet article 

Cet article reprend une partie importante de l’article du CPJ paru le 17 juin 2021, avant l’affaire Pegasus. Le journal Haaretz bien connu pour ses positions anti-israéliennes avait consacré un long article sur Eitay Mack traduit par le Monde avec le concours de Ofer Neiman.

Dans le même groupe de pression, on trouve Amnesty International, des députés arabes, ou de l’extrême gauche, un mélange d’antisémites et de Juifs honteux. Aljazeera est aussi de la partie. Tous ces activistes au même titre que BDS ont le même objectif combattre Israël.

Ils sont un peu déçus que l’affaire Pegasus soit en grande partie enterrée, et pour cause. Derrière des prétextes humanitaires, à géométrie variable, le seul objectif est de mettre Israël au ban de l’humanité, malgré les apports de son savoir-faire et de sa technologie pour combattre le terrorisme un peu partout dans le monde.

Les vrais enjeux derrière tout cela c’est la survie d’Israël, dans un monde qui ne connait ni le droit, ni la morale, et encore moins le respect de la vie humaine. L’exemple du Hamas est le plus parlant. Cette organisation ne rêve que de tuer des Juifs à n’importe quel prix, alors que Tsahal fait tout pour éviter la mort de civiles utilisés en boucliers humains.

L’article est donc à lire dans cette perspective.

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Marc A

Ca lui fait quoi d’etre passé du côté obscur de la force?

PCT

Vous avez entièrement raison.
Une question se pose: toutes ces vierges effarouchées n’ont elles pas de services d’espionnage en tous genres? DST, COA, KGB, M6…
Et ces services espionnent quoi? Le prix du Big Mac? La recette des crêpes? Ou des loukoums?
C’est bien parce qu’Israël est à l’origine du produit qu’il y a polémique.
Pitoyables

Joseph

Beaucoup d’ hypocrisie se concentre autour du logiciel Pegasus, si celui n ’avait pas ete cree par une societe israelienne, il n’aurait pas fait le buzz. On peut critiquer Israel de l’avoir vendu a des regimes peu recommandables, mais Israel a probablement eu un retour sur investissements avec ces ventes. Maintenant, toutes et ceux ’ qui ont eu des reactions de vierge effqrouchee, quand cete affaire a emergee, restent muettes face aux ventes d’armes de la France a des pays peu recommandables, aux ventes ou aux dons d armes de la Russie et la Chine a la Syrie ou l’Iran. En fait, quoique fasse Israel , il sera toujours critique par une minorite d ’antisionistes et d’antisemites dont les propos seront toujours rapportes par des medias hostiles systematiquement a Israel.

Damran

Dans notre peuple, nous avons des génies de très haut niveau, mais aussi de grands malades mentaux du style Eitay Mack.
Il est temps d’inventer un vaccin pour tenter de guérir ces dégénérés qui n’intéressent que les torchons qui trouvent en eux des alliés pour les soutenir dans leur haine pathologique d’Israël et souvent, du peuple juif.
Il faut savoir tracer une ligne rouge qui sépare la démocratie de la connerie….

yvetro

Vous avez parfaitement souligné le problème. Rien à rajouter