Le milliardaire, copte, a relayé une photo de Mickey et Minnie façon islamiste.

Une initiative qui n’amuse pas tout le monde.Il est riche, immensément riche.

Et voilà que Naguib Sawiris est menacé pour un simple tweet. Il a relayé sur le réseau social une photo de Mickey et Minnie façon islamiste, keffieh et barbe foisonnante pour monsieur, voile quasi intégral pour madame.

Les Égyptiens adorent ce genre de blagues et, dans la rue, cette image a fait rire tout le monde. Mais Naguib Sawiris n’est pas un Égyptien comme les autres.

Il est milliardaire, puissant et s’implique depuis la chute du régime dans la politique.

Il a créé le Parti des Égyptiens libres, une machine de guerre au service des libéraux. Enfin, il est copte. S’il y avait une personne qui devait éviter ce genre de blague, c’était lui.

L’avocat salafiste Mahmouh Ismaïl a porté plainte pour blasphème début janvier. Il est aussi l’un des parlementaires les plus conservateurs de la nouvelle Assemblée du Peuple, membre du parti al-Asala, « l’authenticité ».

Plus royaliste que le roi, il a même fait retentir en pleine séance parlementaire l’appel à la prière, avant d’être repris par le président de l’Assemblée, Saad el-Katatni.

« Tu n’es pas plus pieux que nous ! »

Ce dernier, issu du parti des Frères musulmans, a assez peu apprécié de se faire donner des leçons de morale et a intimé à Mamdouh Ismaïl de se taire : « Tu n’es pas plus pieux que nous. Tu interromps les débats. Si tu veux, tu peux sortir pour aller prier à la mosquée », a sifflé Katatni. Mamdouh Ismaïl est sorti de la séance.

Naguib Sawiris n’a pas le même pouvoir. Ce qui s’apparente à un scandale religieux est en réalité une affaire très politique.

Le milliardaire égyptien est un magnat des télécoms et fait partie du Conseil de guidance, chargé de rédiger la Constitution et préparer les élections, notamment présidentielles.

Dans une Égypte au paysage politique en pleine formation, les partis et leurs hommes cherchent à s’imposer, parfois fermement. Affaiblir Sawiris, c’est affaiblir les libéraux – et ce tweet potache est tombé à point
.
Dans cette affaire, les salafistes accusent, les Frères musulmans se taisent et une autre autorité de l’islam égyptien, elle, tente de calmer les esprits.

L’université al-Azhar, mondialement réputée pour son enseignement des sciences islamiques, se prononce en faveur de la liberté de religion, d’opinion, de recherche scientifique et de créativité artistique. Mais al-Azhar peine à retrouver son autorité dans la nouvelle Égypte et pour beaucoup d’Égyptiens, ses discours sont parfois inaudibles.

Raidissement

En Égypte, la parole s’est libérée, mais elle est menacée par les avocats de tous bords qui y trouvent une nouvelle façon de poser les limites. Le très célèbre comédien égyptien Adel Imam a été lui condamné à trois mois d’emprisonnement pour « diffamation envers l’islam » dans une de ses oeuvres.

Là encore, l’avocat qui avait déposé la plainte était salafiste.

Ce raidissement devant les tribunaux ne se traduit pas vraiment dans la rue. Les blagues fusent sur les salafistes, dont on moque le style et les pratiques.

En voici une. Un salafiste monte dans un taxi. Il demande au chauffeur de couper la radio : « Au temps du prophète, ça n’existait pas. » Le chauffeur s’exécute puis s’arrête en plein milieu de la rue en demandant au salafiste de descendre. « Pourquoi ? » demande le salafiste. « Au temps du prophète, les voitures n’existaient pas. Mais tu peux continuer à pied ! »

SAMUEL FOREY
LE CAIRE, le 11/02/2012

http://www.lepoint.fr/monde/egypte-la-mauvaise-blague-de-naguib-sawiris-11-02-2012-1430434_24.php Article original

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