Les médias ont vraiment une drôle de façon de célébrer le premier anniversaire de l’investiture du président Trump.

Ce matin encore, en plus de la mise en sommeil des administrations US en raison d’un désaccord entre les différents partis, certains se demandaient en France comme à l’étranger si Donald Trump ira au bout de son mandat ou même si on ne finira pas par le destituer…

Jamais président US n’a été aussi brocardé, aussi haï, ni aussi persécuté par la presse, à la fois nationale et internationale. Pourquoi donc un tel mépris, une telle disgrâce ?

Cela pourrait tenir en une phrase : l’opposition entre la presse qui est un contre pouvoir et la presse qui se veut un véritable pouvoir avec lequel il faut compter. Mais cette revendication est exorbitante puisque les journaux, les télévisions et les radios ne tirent leur pouvoir d’aucune élection populaire.

La presse scrute le pouvoir, elle en dénonce la face cachée, elle en révèle parfois les écarts les plus condamnables mais cela ne la prépare pas à l’exercer, ce fameux pouvoir. Et c’est là que surgit le conflit : la presse, notamment la presse d’opinion, n’a pas digéré qu’un président nouvellement élu bouscule ses bonnes vieilles habitudes, la rappelle à l’ordre, elle qui se croyait investie d’un magistère moral, distribuant blâmes et satisfécits, sans tenir compte de l’opinion ni du vote de millions de femmes et d’hommes.

Donald Trump qui a la mentalité d’un homme d’affaires et qui a prouvé son immense savoir faire dans ce domaine, ne l’entend pas de cette oreille. Il a donne un grand coup de pied dans la fourmilière. Et bien entendu il a déplu à beaucoup de gens qui se croyaient protégés par des non-dits, par des traditions, des tabous, que nul n’a jamais osé remettre en question.

Et ceci vaut tant en politique intérieure qu’en politique extérieure… Voyez ce qu’il a fait dans le domaine fiscal ! Sous sa férule affutée, des multinationales de renom ont enfin consenti à rapatrier aux USA des milliards de dollars, à créer des emplois in situ car le nouveau patron de la Maison Blanche avait dit et répété : America first.

Même les adversaires les plus haineux sont obligés de reconnaître que l’économie US ne s’est jamais aussi bien portée, que Wall street affiche une insolente bonne santé, que le chômage diminue, bref tous les voyants sont au vert.

A l’extérieur, le maître-mot de Trump est : j’exige du respect pour les USA, en particulier de ceux qui tendent la main pour recevoir aides et subventions. Or, c’est tout le contraire qui s’était développé sous Barack Obama, lequel, tous le reconnaissent aujourd’hui, a, de manière criminelle, évacué ses troupes d’Irak laissant libre cours à Daesh et al Qaïda.

Au cours de ces trois ou quatre années, l’Etat Islamique s’est considérablement renforcé et enraciné. Pour reprendre le terrain perdu, les armées occidentales ont dû déverser des tonnes et des tonnes de bombes, causant d’incroyables destructions et d’innombrables victimes collatérales.

Pourtant, les généraux US avaient recommandé à l’ancien commandant en chef d’envoyer un fort contingent terrestre pour nettoyer le terrain. Obama a réagi en envoyant des troupes par doses homéopathiques.

Contrairement à cela, Donald Trump clame qu’il maintient plus de 2000 soldats sur le sol syrien afin d’étouffer dans l’œuf toute renaissance du terrorisme et il forme près de 30 000 soldats kurdes et arabes à la frontière entre la Syrie et la Turquie.

Contrairement à Obama qui avait opté pour le soft power il passe outre aux rodomontades du turc Erdogan qui se révèle être un mendiant politique (Bachar El Assad), proposant au bord des routes une alliance à qui en voudrait bien…

Toutes ces actions de D. Trump sont dignes d’une grande puissance qui ne se renie pas. En effet, une attitude de repli sur la scène mondiale n’est pas compatible avec le statut de grande puissance…

On a longuement épilogué sur les échanges entre Trump et son homologue nord coréen ; ce qu’on oublie de signaler, c’est que, sans les menaces du président US, la Corée du nord n’aurait jamais consenti en quelques jours ce qu’elle refusait obstinément depuis des années.

Certes, le tyran nord coréen, cet homme qui a fait exécuter sommairement son propre oncle, poursuit des plans bien à lui, et nous ne sommes pas à l’abri d’une mauvaise surprise… D’ailleurs, certaines voix s’élèvent à Séoul pour mettre en garde contre cette diplomatie des Jeux Olympique, qui pourrait bien donner naissance à un cheval de Troie…

Mais, de manière plutôt bizarre, personne ne veut porter au crédit de D. Trump cette rapide évolution de la situation.

Au Moyen Orient aussi, il a fait bouger les choses, mais il l’a fait à sa manière que n’agréent guère les médias locaux et internationaux. On peut être d’accord ou ne pas être d’accord concernant Jérusalem mais D. Trump a compris que le statut de la ville sainte obstruait toute voie de règlement car il paralysait les négociations.

En agissant ainsi, il n’a fait que tirer les leçons de la situation précédente. Les Palestiniens, aujourd’hui abandonnés de tous (jusques et y compris par Erdogan dont les mouvements de manches et de menton n’impressionnent personne) n’ont pas pris la mesure de la situation, de la nouveauté de la situation. Et aujourd’hui, ils en paient les conséquences. Ils ont cru pouvoir paralyser le rouleau compresseur  US en s’adressant à l’UE, laquelle va les recevoir poliment, tant ses moyens sont limités ; finalement, cela n’a servi à rien. Le vice-président US effectuera bien sa visite, rencontrera tout le monde, sauf  Mahmoud Abbas qui s’est exclu lui-même.

Le monde a changé, s’est transformé en profondeur, même dans le camp arabo-musulman qui se soucie bien peu du statut de Jérusalem ou du conflit résiduel autour de Gaza ou d’ailleurs. Les pays arabes sunnites, Arabie saoudite en tête, ont les yeux rivés sur l’Iran dont la politique invasive et agressive inquiète au plus haut point.

Or, même dans ce domaine, D. Trump est en rupture avec la politique de ses prédécesseurs, notamment d’Obama. Les récentes émeutes montrent que le régime des Mollahs est un colosse aux pieds d’argile et il ne m’étonnerait guère que, conscients de leur faiblesse, les Mollahs en rabattent. L’avenir nous le dira.

Dans cette attente, bon anniversaire Monsieur le Président Donald Trump !

 

Maurice-Ruben Hayoun

Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève. Son dernier ouvrage: Franz Rosenzweig (Agora, universpoche, 2015)

 

 

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires