Dîner avec les Bahreinis dans la galerie de Jérusalem

 

Ce fut une expérience surréaliste dès la première nuit de Hanoukah! J’ai participé ç un dîner avec des visiteurs interconfessionnels du Royaume du Bahrein. La délégation de cet Emirat du Golfe était accueillie par le Centre Simon Wiesenthal (CSW). Comme beaucoup d’autres pays arabes, le Bahrein n’a pas de liens diplomatiques avec Israël. Depuis la création de ce dernier et jusqu’à récemment, il boycottait Israël.

En chemin pour le restaurant dans la galerie commerciale de Mamilla à Jérusalem, la délégation Bahreinie a traversé la cérémonie d’allumage des bougies offerte par le Habad. Il y avait tellement de monde à assister à ces festivités que les visiteurs ont presque été empêché de traverser la foule. On m’a dit que plusieurs délégués se sont mis à danser ensemble avec les représentants des Loubavitch et des passants.

La délégation bahreinie comprenait des Musulmans chiites et sunnites, des Hindous, des Sikhs, des Bouddhistes et des Chrétiens. Un prêtre syrien orthodoxe m’a dit que les initiateurs de son églises étaient Juifs. L’assemblée a commencé par l’allumage de la première bougie de Hanoukah, réalisé par le Rabbin Abraham Cooper, doyen associé au Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles. Ila ensuite passé le shamash, la bougie qui allume les autres, à plusieurs Bahreinis qui, chacun son tour, a touché bord à bord la bougie en train de se consumer, afin de participer symboliquement à l’allumage.

Cette délégation non-officielle a visité des sites religieux ou non en Israël, néanmoins, elle n’a été en mesure de venir que parce que les autorités de ce petit royaume arabe ne s’opposaient pas à cette visite. Le roi du Bahrein, Hamad bin Isa al Khalifa, a invité le Rabbin Marvin Hier, qui dirige le CSW et le Rabbin Cooper, en février de cette même années, afin de lui rendre visite dans la capitale de l’Île, à Manama. Cette rencontre n’a pas été tenue secrète et on en a même fait des reportages à la télévision locale [On se souvient également que le Rabbin Moshe Lewin, directeur exécutif de la conférence des rabbins européens, avait ouvert le bal, en décembre 2015, par l’allumage de la 1ère bougie de Hanoukah, à la Synagogue de Manama, la 1ère depuis 1948].

Le Prince Nasser Bin Hamad al Khalifa, fils du roi du Bahrein, s’est rendu à Los Angeles, aux quartiers généraux du CSW, avec une grande délégation, en septembre 2017. Il s ont aussi visité le Musée de la Tolérance du CSW et participé à un dîner auquel assistait des centaines de dirigeants inter-religieux. Quand la Hatikva, l’hymne national israélien, a été interprété, le Prince et la délégation se sont levés[1].

Au cours de cette visite, a été rendue publique une déclaration sur la liberté de culte, de la part du roi du Bahrein. Elle disait ainsi : « Toute personne dispose de la liberté de pratiquer sa religion, tant qu’elle ne porte pas atteint aux autres, respecte les lois du territoire et accepte la responsabilité, spirituelle et matérielle de ses choix ».

Le Rabbin Hier a déclaré au Times of Israel que le roi du Bahrein s’oppose, à présent, au boycott des Etats Arabes contre Israël. Le roi a aussi l’intention de permettre à ses citoyens de se rendre librement en visite touristique en Israël. Il reste encore certains Juifs vivant à Manama, où se trouve une synagogue. Selon un câble diplomatique secret américain dévoilé par Wikileaks, datant de 2005, le roi a mentionné à un responsable américain que le Bahrein aurait des contacts avec les renseignements israéliens [le Mossad, selon la tournure du câble][2].

Al Jazeera a aussi publié des informations concernant les oppositions palestiniennes et bahreinies (à l’interne) à cette visite en Israël. La chaîne qatarie a aussi mentionné que la délégation bahreinie s’est vue refuser l’entrée à Gaza[3].

Au cours du dîner, je me suis assis auprès d’un moine bouddhiste de Thaïlande qui vit au Bahrein. Il est moine depuis 17 ans. Il est à la tête de la communauté locale des Bouddhistes thaïs – dont certains membres proviennent du Sri Lanka – qui a 2.000 adeptes. Il n’a pas réellement pris part au dîner, car il ne mange jamais après le déjeuner.

Un gentleman hindou, en face de moi, n’a pas non plus mangé. Il m’a dit qu’il jeûne durant plus de 24 h tous les 15 jours. Il est dans la vente en tant que directeur marketing de la compagnie bahreinie du commerce. Il expliquait qu’il commençait chaque journée par deux heures de prière. En Israël, il a visité un temple près d’Ariel, où se trouve une petite communauté hindoue.

Tout près de lui était assis le prêtre de son temple au Bahrein. Il a dit ne pas jeûner et a désigné son voisin, l’homme qui jeûnait, comme un « adepte fervent ». Dans la terminologie israélienne, cela se traduit probablement par « ultra-orthodoxe ». Le pre^tre a aussi mentionné que plus de 350.000 Indiens de diverses religions vivent au Bahrein, dont sont 100.000 environ sont Hindous. Il existe 7 ou 8 temples hindous dans le pays. Un jour de fête, son temple peut recevoir la visite de plus de 15.000 personnes en un jour. L’homme assis à côté de lui, un homme d’affaires, est le président du temple.

Sur mon autre côté était assis un universaliste né en Amérique et qui vit dans le village de Mid Java, en Indonésie. Il dit qu’il se considère comme musulman, hindou, bouddhiste et chrétien. Il a ajouté que cela restait difficile d’être aussi un Juif. Nous nous sommes accordés sur le fait qu’à moins d’être né et d’avoir été élevé dans cette confession, devenir juif requiert beaucoup de travail éducatif.

Près de lui, autour de la table était assise la dirigeante de la délégation bahreinie, Betsy Mathieson. Elle dirige une organisation appelée : « Partager l’Humble mode de vie bahreini ».

Ce n’était pas exactement comme au temps des Macchabées, mais j’ai considéré ce dîner comme un petit miracle qui s’est déroulé au premier jour de Hanoukah.

 

Par Manfred Gerstenfeld

Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

————————————————–

[1] http://beta.latimes.com/local/california/la-me-ln-bahrain-tolerance-museum-20170913-story.html

[2] https://www.timesofisrael.com/bahrains-king-opposes-arab-boycott-of-israel-jewish-leader-says/

[3] http://www.aljazeera.com/news/2017/12/anger-bahrain-delegation-visits-israel-171211065439149.html

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires