Les mandataires du régime iranien: cibler la tête du serpent

par Majid Rafizadeh

Les derniers mois se sont déroulés avec une escalade marquée des activités des mandataires, des milices et des groupes terroristes de l’Iran. Le Hamas, mandataire de l’Iran, a lancé ses attaques contre Israël, déclenchant un barrage de violence dans toute la région.

Simultanément, les milices soutenues par l’Iran en Irak ont ​​intensifié leurs attaques contre les bases et le personnel américains. Un autre mandataire de l’Iran, les rebelles Houthis au Yémen, ont également provoqué des troubles dans la mer Rouge, vitale pour le trafic maritime. Leurs actions menacent non seulement la stabilité régionale, mais elles ont également provoqué une onde de choc sur les routes commerciales mondiales et suscité des inquiétudes quant aux implications plus larges de leurs activités déstabilisatrices.

L’approche adoptée par l’administration Biden pour gérer l’escalade des conflits par procuration a été entachée d’une série de lacunes stratégiques, notamment une réaction faible et tardive à l’intensification des hostilités. Cette réaction tardive a permis aux mandataires de l’Iran de prendre de l’ampleur, créant un environnement difficile qui nécessite une position plus proactive et préventive. De plus, le recours de l’administration à des grèves limitées et inefficaces contre les mandataires s’est révélé insuffisant pour freiner leurs activités. La nature retenue de ces actions peut être interprétée comme une approche hésitante et prudente, incapable de transmettre un message ferme et décisif aux auteurs.

Par conséquent, le régime iranien et ses mandataires considèrent ces réponses comme de simples gestes symboliques, les encourageant à persister dans leurs actions agressives. Un défaut critique de la stratégie globale est l’incapacité à s’attaquer au principal catalyseur de ces groupes mandataires : leur payeur, le régime iranien.

En ne ciblant pas directement la source de soutien et de financement, le régime iranien, l’administration pourrait par inadvertance traiter les symptômes plutôt que la cause profonde du problème et, au lieu de diminuer l’agression iranienne, l’aggraver.

Le régime terroriste iranien a recours à des mandataires pour attaquer d’autres pays pour plusieurs raisons. L’une des principales motivations est de maintenir un certain niveau de déni et d’éviter toute attribution directe à leurs propres actions. En employant des groupes mandataires, les religieux au pouvoir peuvent se distancier des attaques, créant ainsi une couche d’ambiguïté qui complique le processus d’attribution des responsabilités. Cela leur permet de poursuivre leurs objectifs géopolitiques sans faire face à des représailles immédiates ni à une condamnation internationale.

En outre, le recours à des mandataires fournit aux ayatollahs un moyen rentable d’étendre leur influence et de poursuivre leurs programmes au-delà de leurs frontières. Les groupes mandataires peuvent agir comme multiplicateurs de force, menant des attaques ou s’engageant dans des conflits au nom du gouvernement parrain sans qu’il soit nécessaire d’intervenir militairement directement.

Cette approche permet à l’Iran de projeter sa puissance au niveau régional ou mondial sans engager de ressources importantes ni risquer une confrontation directe. En outre, la guerre par procuration devient un outil permettant de manipuler et d’exacerber les divisions existantes au sein du pays cible et de créer un environnement chaotique qui s’aligne sur les objectifs de la République islamique d’Iran d’« exporter la révolution ». Le régime iranien contrôle déjà quatre capitales du Moyen-Orient en plus de la sienne – en Syrie, au Liban, au Yémen et en Irak – ainsi que les groupes terroristes Hamas à Gaza et Hezbollah au Liban. Le régime s’efforce également depuis des décennies d’ étendre son influence en Amérique du Sud, en particulier « au Venezuela, au Nicaragua et à Cuba, tous des pays qui partagent une vision du monde opposée à l’ordre international dirigé par les États-Unis ».

Le recours à des mandataires par le régime iranien semble être une stratégie calculée visant à atteindre des objectifs géopolitiques tout en minimisant son exposition directe aux conséquences internationales. Il offre un mélange de flexibilité opérationnelle, de déni plausible et de capacité à exploiter les lignes de fracture existantes dans les pays cibles, ce qui en fait une tactique attrayante et fréquemment utilisée dans la poursuite d’objectifs stratégiques, tels que le contrôle hégémonique d’abord du Moyen-Orient puis ailleurs. .

Pour freiner efficacement la capacité de l’Iran à parrainer et à utiliser des mandataires, il faut envisager d’adopter une stratégie qui cible directement la source de soutien, en affrontant « la tête du serpent ». Une approche viable consiste à se concentrer sur les bouées de sauvetage économiques qui soutiennent les ayatollahs au pouvoir.

Ces bouées de sauvetage incluent le rétablissement immédiat des sanctions de « pression maximale » que les États-Unis avaient imposées plus tôt, ciblant des éléments clés de l’infrastructure iranienne – telles que les installations pétrolières, qui constituent des ressources vitales et des sources de revenus – et l’interdiction à toute personne faisant du commerce avec eux de commercer avec l’Iran. Perturber ces éléments critiques non seulement affaiblit les fondements économiques de ce régime terroriste, mais compromet également sa capacité à financer des activités par procuration.

Il est tout aussi important de cibler les dirigeants et les bases du Corps des Gardiens de la révolution islamique d’Iran, d’où sont formés les mandataires et où sont lancées les attaques. En frappant l’infrastructure économique et militaire de l’Iran, les États-Unis peuvent exercer une pression importante, envoyant un message clair selon lequel le soutien à la guerre par procuration – et aux tentatives iraniennes de finaliser leurs bombes nucléaires – aurait un coût intolérable.

Le Dr Majid Rafizadeh est stratège et conseiller commercial, universitaire formé à Harvard, politologue, membre du conseil d’administration de la Harvard International Review et président du Conseil international américain sur le Moyen-Orient. Il est l’auteur de plusieurs livres sur l’Islam et la politique étrangère américaine. Il peut être contacté à Dr.Rafizadeh@Post.Harvard.Edu

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Sur la photo : le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei (à droite), rencontre une délégation du porte-parole de la milice Houthi du Yémen, le 13 août 2019. (Source de l’image : khamenei.ir)

 

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