Des signes visibles de la profondeur de la pénétration du Mossad en Iran. Opinion

Si nous examinons les révélations sur l’Iran publiées par l’intermédiaire du Mossad, entre janvier 2018 jusqu’au dernier discours de Netanyahu aux Nations Unies ce mois-ci, nous voyons un schéma intéressant qui conduit à la conclusion que les publications récentes ne proviennent pas uniquement des archives qui ont été rapportées de  Shorabad, à Téhéran, en Israël et rendues publiques le 30 avril par le Premier Ministre. D’autres sources parallèles continuent d’alimenter régulièrement la précision des informations qualitatives qui parviennent aux oreilles des renseignements israéliens.

Vidéo: Omer Miron, GPO | Son: Ben Peretz, GPO –  https://www.youtube.com/watch?v=sVydQuS6g6o

 Le dernier rapport sur le tuyau apporté par le Mossad aux services d’espionnage européens lors d’un projet d’attaque contre des opposants iraniens à Villepinte, en France, a trahi le mode opératoire de l’Iran en Europe. Un diplomate iranien à Vienne a été arrêté et son chef, qui occupait le même poste avant lui, a également été mis en cause. Selon des publications étrangères, les deux hommes prévoyaient d’envoyer deux Iraniens se livrer à une attaque majeure contre le MEK (Moudjahidin du Peuple) en France. Le MEK est une organisation de l’opposition iranienne opérant hors des frontières de l’Iran et perçue par Téhéran comme une menace pour la légitimité du régime actuel.

Ce rapport fait écho à un certain nombre d’événements précédents autour des révélations du Mossad sur les actions néfastes de l’Iran. En janvier, le chef du Mossad, Yossi Cohen, a déclaré:  » Nous avons des yeux, des oreilles et même plus que ça en Iran« . Cohen n’a pas expliqué ses intentions pour des raisons évidentes, mais l’ajout de l’expression « et même plus » implique une pénétration qualitative en profondeur et de multiples entrées à divers niveaux.

Dévoiler les archives nucléaires

Un autre signe qui peut être attribué à la profondeur de la pénétration du Mossad en Iran est l’exposition des archives nucléaires. Si le Mossad a reçu une mission visant à retarder le programme nucléaire iranien en 2002 et que les archives n’ont été découvertes qu’en 2018, c’est un signe que le Mossad a, depuis, obtenu l’accès à des informations dont il ne disposait pas, il y a 16 ans. Une profonde pénétration en Iran pourrait expliquer la découverte de ces archives.

Continuons. Ceux qui ont bien écouté les remarques de Netanyahu lors de son dernier discours à l’ONU doivent se demander comment il sait que, dans l’installation qu’il a dévoilée, sont stockés (exactement) 15 conteneurs avec du matériel lié au programme nucléaire. En fait, Netanyahu n’a présenté aucune preuve de son affirmation, sur la scène de l’ONU, à l’exception de la photo d’une porte donnant sur un entrepôt en Iran.

Si nous supposons que le Mossad et Netanyahu disent la vérité sur la scène mondiale des Nations Unies, sans apporter de preuve visuelle, apparemment ces affirmations sont soutenues par des pièces à conviction fiables et solides. Ces informations peuvent venir de deux façons : les archives détournées et traduites en Israël ou des informations provenant d’une autre source et qui ont conduit l’institution vers la découverte de cette installation.

La thèse des Archives

Netanyahu a révélé les archives en avril de cette année, lorsqu’il a mentionné, lors de la même exposition publique, qu’elles étaient détenues par le Mossad depuis plusieurs mois. Pour alimenter le débat, il a mentionné le début de 2018 (janvier). Jusqu’à son discours devant l’ONU, l’institut a disposé de dix mois pour analyser les archives. En quoi consiste cette mise en cause devant les Nations Unies, sinon à mettre l’Iran dans l’embarras, de façon à provoquer l’AIEA en poussant cet organisme à enquêter sur l’installation, grâce à cette photo des entrepôts anonymes en Iran? S’il veut convaincre le monde que l’Iran cache un programme nucléaire secret, ne devrait-il pas apporter plus de preuves??

Les Iraniens savent déjà que les agents du Mossad se sont emparés des archives et ils savent ce qu’elles contiennent. La chasse aux sorcières en Iran contre les informateurs du Mossad a donc commencé dès le début 2018 après le vol des archives. De nouvelles révélations en octobre ne devrait pas l’affecter ni changer la donne. Par conséquent, il n’y a aucune raison de ne pas révéler tout ce que le Mossad sait à propos de  ce nouvel établissement, sur la scène des Nations Unies, à moins qu’on n’en sache pas plus que ce que Netanyahu a présenté.

Si la thèse ajoutant ces nouvelles révélations aux archives de janvier est correcte, les informations sont exactes et remontent jusqu’à 2015 en ce qui concerne la nouvelle installation révélée (le matériel présenté à partir des archives à ce jour date d’environ 2015). Si le Mossad savait que les informations sur cette installation étaient exactes, il y a trois ans, autoriser un Premier ministre à présenter des informations non vérifiées au monde entier risquerait de gêner Israël et les États-Unis. Pourquoi n’y a-t-il pas d’images satellite, de mesures de radiation ou d’images actualisées de l’installation, qui accompagnent le discours de Netanyahu sur la scène des Nations Unies?

La thèse d’une information complémentaire

Une thèse alternative affirme qu’il s’agit d’informations supplémentaires que le Mossad a reçues (depuis) et que Netanyahu a voulu exposer comme un événement qui fait suite à l’exposition des archives en avril. Netanyahu a longtemps fait de l’Iran le principal ennemi d’Israël, et il souhaite utiliser toutes les armes dont il dispose pour mobiliser le monde et contrecarrer le programme nucléaire de l’Iran. Une exposition publique régulière du programme nucléaire iranien est un bon moyen de le faire.

Nous nous souviendrons qu’après le discours de Netanyahu, on a rapporté qu’il voulait exposer une autre installation en Iran, mais que les services de renseignement israéliens s’y sont opposés. Si tel est le cas, cette thèse supposerait que le Mossad a reçu des informations sur deux installations supplémentaires liées au programme nucléaire iranien. Si on suit cette façon de pensée, l’information proviendrait d’une source iranienne. Elle a aussi révélé les informations sur les 15 conteneurs dont Netanyahu a parlé en ordonnant à l’ONU d’aller vérifier.

Si les informations proviennent d’Iran, sur la base desquelles Netanyahou savait exactement le nombre de conteneurs sur le site, il savait qu’ils étaient toujours sur le site au moment où il en parlait (apparemment enfermés dans les entrepôts du même lot) et il savait quel type de radiation nucléaire ils émettent (Netanyahu a recommandé de vérifier en s’équipant d’un compteur Geiger) .

Si les informations sont exactes quant au nombre de conteneurs évoqués lors du discours de Netanyahu, le Mossad dispose de renseignements qualitatifs résultant d’une infiltration en Iran, sans doute, par d’autres sources que celle qui a aidé le Mossad à extraire les archives et elle a permis de découvrir les deux installations supplémentaires avant le discours de Netanyahu à l’ONU.

Modèle intéressant

Si nous examinons les révélations du Mossad sur l’Iran, nous observons une tendance intéressante. Depuis les remarques de Cohen sur l’infiltration en Iran (« et au-delà »), en passant par l’exposition des archives en avril, l’interception de l’attaque de juin en France, jusqu’aux révélations publiques de nouvelles installations nucléaires iraniennes sur la scène  de l’ONU en octobre par Netanyahu, on obtient une collection d’expositions qualitatives concernant les activités nucléaires de l’Iran. La logique entourant les succès du Mossad sur  la question iranienne est cohérente avec celle de l’existence d’une ou de plusieurs autres sources distinctes

L’enthousiasme que manifeste Netanyahou, par la divulgation publique d’informations des renseignements en 2018 coïncide également avec cette logique. On peut supposer que Netanyahu est mis en contact, au fur et à mesure, avec des informations qui parviennent au Mossad. Ces informations qualitatives sur le programme nucléaire iranien ont peut-être suscité de l’enthousiasme chez le Premier ministre, pouvant s’en servir d’outil permettant de mobiliser le monde pour contrecarrer le programme nucléaire iranien au moyen de la publicité, à un niveau qui n’était pas arrivé depuis la nomination de Dagan en 2002, lorsque l’Iran est devenu le centre des activités du Mossad. On peut donc signaler un changement dans la qualité de l’information que l’agence de renseignements obtient dans ce contexte et s’attendre à ce que la moisson soit encore meilleure dans les temps à venir.

Ami Rohks Domb | 11/10/2018

israeldefense.co.il

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Bonaparte

@  » Des signes patents de la pénétration du Mossad en Iran  » .

Pour éviter des maladies il vaut mieux se protéger .