L’imam et le nouveau président démissionnent. Des radicaux tentent de prendre le pouvoir. La mosquée El Baraka s’enlise alors que de nouvelles élections auront lieu dimanche 25 octobre.

De nouvelles élections auront lieu dimanche 25 octobre au sein de la mosquée El Baraka. Rachid Belhaj, président de l’association des Musulmans de Lunel – qui la gère – a annoncé dimanche 18 octobre aux fidèles, qu’il démissionnait, dix mois à peine après son élection.

Ceci alors que l’imam Elhaj Benasseur vient lui aussi de démissionner. Ce dernier avait porté plainte pour des menaces de mort réitérées contre deux jeunes fidèles. Jugés en septembre dernier, condamnés et interdits de mosquée pour deux ans, ces derniers ont fait appel et sont immédiatement revenus sur place. L’imam, lui, a préféré déménager et démissionner. Et depuis, la mosquée n’a plus d’imam attitré.

« J’ai peur. Pour moi, pour ma famille », confie, sous couvert d’anonymat, un fidèle. Témoignant de l’atmosphère tendue, décrite comme un climat de violence verbale à la limite de l’affrontement physique, qui règne depuis plusieurs mois dans le lieu de culte lunellois.

Deux faits principaux ont amené à cette situation de pourrissement interne. Tout d’abord, bien sûr, les départs en Syrie et la mort, au fil d’un décompte macabre durant six mois, de huit jeunes Lunellois. Les premières annonces de décès datant d’il y a tout juste un an. Et les déclarations du précédent président de la mosquée, Lahoucine Goumri, qui avait refusé de condamner ces départs au jihad.

De multiples pressions

Puis, dans un second temps, la montée en puissance et en protestation d’un groupe de jeunes fidèles, qui a provoqué des tensions fortes. Ces derniers s’opposant à l’imam et revendiquant des pratiques jugées radicales par certains observateurs.

S’ajoutent à ces faits majeurs des pressions multiples. Deux des anciens présidents de la mosquée ont ainsi tenté de reprendre la main, durant l’été. Des jeux de pouvoir se nouent également entre Marocains d’origine (majoritaires à Lunel) et non Marocains ; entre adhérents nés à Lunel et immigrés récents.

Mais dans l’enlisement actuel, la difficulté la plus importante vient sans doute de l’affrontement entre le groupe de jeunes fidèles et le reste des croyants.

Doctrines tabligh, salafi et takfiri s’affrontent

Il correspond à un affrontement entre doctrines. La mosquée de Lunel est réputée “tabligh” – des piétistes. Des “salafi” la fréquentent également. Les désaccords entre ces pensées sont fréquents mais se règlent par la discussion. Ce qui n’est pas le cas, depuis un an avec un autre courant, “takfiri”.

Ses membres sont jugés menaçants par de nombreux musulmans lunellois. Ces derniers préfèrent ne pas prononcer leur nom et répondent à nouveau par ces mots : « J’ai peur ». Ils racontent que ce groupe remet en cause les règles édictées par les dirigeants de la mosquée et par l’imam. Qu’il a cherché à déstabiliser ce dernier en jouant sur le fait qu’il ne parle pas français, lui reprochant d’avoir condamné les départs en Syrie. S’isolant aussi dans des salles de la mosquée et refusant de rendre des comptes lorsque les gestionnaires viennent en demander.

Le fait que l’imam a porté plainte pour les menaces de mort a aussi été critiqué. Certains estimant que tout aurait dû se régler en interne : « Dans le Sud, on a le sang chaud. Ce sont des jeunes. Ce sont des paroles. Ils ne l’auraient pas fait », estime un proche, qui ne voit de plus aucune radicalité chez eux.

Mais ces paroles pèsent lourd aujourd’hui. L’affluence aux prières a diminué de moitié. « Je prie à la maison, indique ainsi un jeune Lunellois. L’imam s’en va. Celui de la Paillade aussi. Il faut se poser les bonnes questions. Pourquoi est-ce qu’ils partent, alors qu’ils prônent la paix ? (…) Ces jeunes, on ne sait pas trop combien ils sont. Ils ont la barbe, ils font de la muscu, mais ils sont incapables de citer le Coran. On ne sait pas ce qu’ils veulent. On dirait un phénomène de mode. Dans cette ambiance, autant rester prier à la maison. Mais on espère que ça va s’arranger ».

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