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Jean-Pierre Le Goff, né en 1949, est philosophe de formation, écrivain et sociologue au CNRS. Ses ouvrages portent , sur les évolutions problématiques de la société françaises, notamment les paradoxes de Mai 68 et le gauchisme culturel. Son dernier livre La Fin du village. Une histoire française est paru chez Gallimard en 2012.


LE FIGARO. – En deux mois la France
est passée du 11 janvier à la campagne des élections départementales.
Tout est redevenu comme avant?

Jean-Pierre LE GOFF. – Après les événements de janvier, nous avons assisté à une prise de conscience des dangers du terrorisme islamiste et de l’islamisme radical. La mentalité angélique et pacifique en France a été ébranlée. Les diverses mesures prises par le gouvernement et les nouvelles lois en matière de sécurité discutées au Parlement en témoignent. Mais cela ne veut pas dire pour autant que cette mentalité ait disparu. Elle se redéploie dans le champ intellectuel et médiatique, sous les formes renouvelées d’une fraternité universelle qui plane dans les nuées et d’un œcuménisme mou qui évite soigneusement les questions qui fâchent. La nécessité impérative de combattre les germes de guerre civile et la volonté d’unifier le pays ne doivent pas conduire à un nouveau consensus informe qui «noie le poisson» et ne règle rien.

On invoque «l’esprit du 11 janvier» et on «remet le couvercle» sur le débat d’idées par peur de diviser et de «discriminer». En même temps, le débat et la confrontation intellectuelle sont placés sous la surveillance d’associations communautaristes qui se sont faites les dépositaires de la morale publique et n’hésitent pas à porter plainte pour un oui ou pour un non. C’est malheureusement ce qu’encourage une nouvelle fois le gauche au pouvoir au nom de la lutte contre les discriminations, renforçant ainsi l’enfermement dans une mentalité victimaire d’une partie de nos compatriotes musulmans. La politique de l’aveuglement volontaire et l’incohérence pratiquées au nom de bons sentiments n’ont donc pas disparu. Elles aboutissent à dénier ou à minimiser à tout prix les problèmes qui, n’ayant pas trouvé leurs canaux d’expression dans un cadre démocratique qui les rend intelligibles et les civilise, reviennent par la fenêtre sous la forme du défoulement populiste et de l’extrémisme.

La campagne du PS s’est concentrée
sur le Front national et les «valeurs républicaines» menacées…
Était-ce opportun?

Tout d’abord, ces élections départementales ont un caractère quelque peu surréaliste: après avoir annoncé la mort prochaine des «départements» et des conseils généraux il y a moins d’un an, les Français sont invités à voter à des «élections départementales» qui remplacent les «élections cantonales» pour élire un binôme homme-femme dont le citoyen ignore le pouvoir exact dans le cadre de départements dont on n’a pas encore bien défini les compétences… Sans prétendre que ce seul facteur explique l’abstention, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne crée pas forcément une forte envie d’aller voter. Contre l’abstention, le responsable du Parti socialiste et des écologistes ont envisagé un outil miracle: rendre le vote obligatoire qui, aurait le pouvoir de réconcilier les Français avec la politique et ferait reculer le Front national… Jusqu’où ira le Parti socialiste dans cette politique de l’autruche bête, moraliste et autoritaire?

Retrouvez l’interview de Jean-Pierre Le Goff dans le Figaro du 21 mars ou dans notre édition abonnée.

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