Chemini-Para: « Ce fut au huitième jour » (vidéo)
Cette portion hebdomadaire de Torah se nomme « huitième » et on se demande pourquoi la parasha mérite d’être soulignée ainsi par le chiffre huit.
Nous savons que dans la Torah et dans le Judaïsme en général les chiffres ont une importance, nous avons déjà parlé de la symbolique du chiffre 7 ici le 8 revêt une autre importance et une autre signification en effet si le 7 met en valeur le caractère de sainteté qui succède au chiffre six : ששת ימים תעשה מלאכתך וביום השביעי שבת ויינפש.
C’est-à-dire qu’au terme des 6 jours de labeur, l’homme va entrer dans un domaine où ne règne que le sacré et pas seulement le profane avec ses préoccupations terrestres mais nous allons dépasser et sublimer cela pour que notre âme puisse atteindre un summum de sainteté dans le repos sacré et les préoccupations sacrées que sont toutes les activités du shabbat : la prière, l’étude, le sacré ou ce que nous pourrions appeler מעין קדושה une sorte de sainteté.
Qu’y a-t-il donc d’important après le septième ? Le huitième comme le huitième jour de la brith mila ou le huitième jour de hanouka (le menora n’a que 7 branches et la hanoukia 8+1), comme les 7 jours de souccot + 1 = shemini atseret qui va nous permettre de recommencer la lecture de la Torah ou comme le cycle de 7×7 = 49 jours qui existent entre Pessah et Shavouoth que nous fêtons après avoir terminé le compte des 49 jours puisque Shavouoth est le 50ème jour.
Nous avons encore d’autres exemples ainsi comme les années de shemita tous les 7 ans et le jubilée. Ce jour en plus qui nous fait dépasser le ou les cycles de 7 nous permettent de sublimer les étapes de la vie pour nous permettre de réinitialiser de nouveaux cycles de pureté et de sainteté nous pourrions dire ainsi que le huitième jour est celui du renouveau.
Dans la parasha de shemini, le huitième jour est aussi un renouveau car c’est ce huitième jour qu’ont été offerts les premiers sacrifices par Aharon. En effet : durant les sept jours (appelés yemé hamilouyim) dès que le Tabernacle a été dressé et précédant le 1er Nissan, jour de l’inauguration du Mishkan, Moïse a donné à Aharon et à ses fils l’exemple de ce que doit être le travail du Cohen Gadol car Moïse agissait sous les instructions de D pour bien illustrer ce que Le Tout Puissant espérait de Ses pontifes.
Le huitième jour donc, Moïse intronisa son frère Aharon dans ses nouvelles fonctions c’est donc pour cela qu’il était important de souligner ce jour de prise de fonction qui n’était en fait que le huitième jour depuis que Moïse avait réussi à dresser le Tabernacle était le premier jour de fonction du prêtre Aharon……
Ce huitième jour était le jour de Rosh Hodesh nissan et jour de l’inauguration du Mishkan nous précise Rashi. Or, se trouver continuellement dans un contexte de sainteté n’est pas chose simple, et cet état exige de la part de l’être humain une discipline ultra rigoureuse, tant sur le plan spirituel que matériel et le moindre écart peut enclencher des situations tragiques.
D’autre part, il fallait que chacun puisse comprendre que si la Présence Divine est délictueuse à la moindre faute l’homme ressentira le retrait de cette présence de façon très cruelle. La mise en garde pour ce qui concerne le plein exercice des cohanim dans le mishkan est si dure, si précise, que Moïse ne peut arriver à trop préciser et rentrer dans les détails.
L’impureté peut se traduire par des pensées inadéquates, des pensées traduisant une impatience, une sorte de jalousie, ou une envie inextinguible de se montrer responsable et apte au service divin. Nadav et Avihou, fils d’Aharon HaCohen et d’Elisheva s’approchèrent du Mishkan pour « balancer » l’encens tout en se disant qu’ils étaient bien suffisamment adultes pour avoir le droit d’exercer sans chaperon, sans guide, et sans avoir à se soumettre et poser des questions à leur père ou à leur oncle ou aux Anciens et, alors que des pensées étrangères occupaient leurs esprits au lieu d’adhérer entièrement à leur sacerdoce, un feu les dévora.
A propos de pensée étrangère les Sages expliquent la raison pour laquelle le Saint béni soit-IL ne permit pas à David de construire le Temple : D. a dit au souverain que la raison était qu’il avait fait trop de guerres et versé trop de sang.
Les Sages enseignent que le Temple protégeait le peuple d’Israël et le pays de tout danger de guerre provenant de quelque nation que ce soit et David le savait mais il eût pu avoir des pensées étrangères et c’est la raison pour laquelle c’est Salomon qui fit construire le Temple car il était pacifiste.
Les actes qui ne sont pas adéquats, ou les pensées impures peuvent avoir des conséquences regrettables, et, à l’inverse, un comportement exemplaire d’un seul individu peut entraîner un bénéfice spirituel incommensurable pour l’Humanité tout entière ainsi que le confirment les Sages du Midrash (Midrash Rabba sur Shir HaShirim –Cantique des Cantiques-) : La faute d’Adam et Eve a provoqué le retrait de la Shekhina au 1er des 7 cieux.
Devant l’horreur du meurtre d’Abel par Caïn la Shekhina se retira au deuxième ciel, puis, c’est devant la faute d’Enosh que la Shekhina recula au troisième ciel, puis, elle s’éloigna encore au quatrième ciel à cause de la génération du Déluge. La génération de la Tour de Babel (dor haplaga) entraîna encore une dégradation de la situation et la Shekhina se retrouva au cinquième ciel.
La génération des gens de Sodome et Gomorrhe provoqua le retrait de la Présence divine du cinquième au sixième et, le comportement des Egyptiens au temps d’Abraham fut si inique que la Shekhina se retrouva au septième ciel.
Mais, la personnalité d’Abraham homme pieux et plein de foi, permit à la Shekhina d’amorcer la descente vers le sixième ciel, puis, ce fut celle d’Isaac qui servit à redescendre encore d’une « marche » : du sixième au cinquième, celle de Jacob accompagna la Shekhina du cinquième au quatrième ciel, celle de Lévy du quatrième au troisième, celle de Kehat du troisième au deuxième, celle d’Amram, du deuxième au premier et c’est, escortée de Moïse, que la Shekhina revint sur Terre après s’être absentée plus de 2000 ans !!! L’homme a ainsi l’opportunité, en étant fidèle à HaShem, de permettre à la Shekhina de rester ici-bas.
Au verset 22 du chapitre IX, l’accent est porté sur les mains d’Aharon le Cohen. Pour quelles raisons ? La main, yad en hébreu = יד . Avec la main, on exécute mais aussi on transmet. Ainsi le Cohen bénit et nous transmettons la bénédiction sur la tête de nos enfants. Autre chose, le Cohen appose ses mains sur la tête du bouc et lui transmet les péchés du klal Israël.
Ici, une particularité dans l’écriture : yadav (ses mains) est écrit sans le youd qui indique le pluriel décliné de yad et donc cela se lit yado.
La signification en est que même lorsque le Cohen se sert de ses deux mains, la puissance est pareille à celle d’une seule main car chacune des mains représente un attribut divin : la main gauche est celle de la rigueur (midat hadin) alors que la main droite est celle de la miséricorde (midat harahamim) et, lorsque nous prions, nous devons faire en sorte que la main droite soit au-dessus de la main gauche de manière à ce que la miséricorde l’emporte sur la rigueur et qu’ensemble elles amènent la vertu : le hessed.
D’ailleurs, les anges dont nous rappelons dans la kedousha (hazara) de la âmida qu’ils s’écrient « kadosh kadosh kadosh » se tiennent debout, les mains sur la poitrine (la droite sur la gauche) et les talons joints.
Pour le commun des mortels qui s’aide d’un sidour il mettra les mains qui soutiennent le livre dans cette position également : main droite sur la gauche et, au moment où l’on répète « kadosh kadosh »etc. le fidèle lève les yeux vers son Créateur. Ainsi la bénédiction est deux fois plus puissante.
La première intervention sacerdotale d’Aharon HaCohen s’étant bien déroulée il fut empli de joie et c’est ainsi qu’il adressa au peuple réuni lui aussi en une seule entité la bénédiction du ciel transmise par ses deux mains réunies en une seule.
La bénédiction du cohen (sacerdotale) comporte 15 mots que cela représente-t-il : la main comporte 14 os (yad guematria = 14 +1 le Tout Puissant). En apposant sa main sur la tête de son enfant, le père ou la mère le bénit de toute la force que D. lui transmet avec Sa bénédiction divine. Un mot pour chaque os, et, un mot pour la shekhina.