BMW, Volkswagen… Enquête sur le passé nazi des fleurons industriels allemands

BMW, Daimler-Benz, ou encore Volkswagen: le troisième Reich a largement contribué à l’édification de ces géants industriels. Un passé que l’Allemagne n’assume pas encore.

C’est un livre qui dérange et qui fait déjà grand bruit outre-Atlantique. Il touche à l’un des sujets les plus délicats de l’histoire économique du troisième Reich : sa contribution à l’édification de solides fortunes qui ont perduré jusqu’à aujourd’hui. Même si le sujet était connu, il était moins documenté que d’autres aspects du régime nazi. C’est aujourd’hui chose faite avec le livre de David de Jong, ancien collaborateur de Bloomberg News, qui a consacré plusieurs années à la recherche de documents et de travaux de recherche sur quelques dynasties industrielles allemandes, en particulier dans l’industrie automobile.

La famille Quandt, par exemple, qui contrôle BMW, Mini et Rolls-Royce, et dont la fortune actuelle est d’environ 38 milliards de dollars, doit tout à ses patriarches fondateurs, Günther et son fils Herbert, membres du parti nazi, qui ont utilisé la main d’oeuvre de 57 000 travailleurs forcés pour produire des armes et des batteries et qui ont « acheté » à la casse des entreprises détenues par des familles juives. A la fin de la guerre, les Quandt ont passé avec succès le test de dénazification, avant qu’Herbert, grâce à la fortune de son père, n’acquière BMW en 1960. Cela n’a pas empêché ses héritiers de donner le nom de Günther Quandt à la fondation charitable de BMW.

Il en va de même pour la fondation Ferry Porsche, qui porte le nom d’un homme qui s’est engagé dans la SS en 1938, en est devenu officier en 1941 et l’a toujours caché de son vivant. Avec son frère Ferdinand et son beau-frère Anton Piëch, il acquit à vil prix les actions de leur associé juif Adolf Rosenberger en 1935. Aujourd’hui, ce sont leurs héritiers qui contrôlent le groupe Volkswagen et leur fortune est estimée à 20 milliards de dollars.

On pourrait aussi citer le cas de la famille Flick : Friedrich Flick fut l’un des seuls grands patrons allemands jugés à Nuremberg, ce qui lui valut une condamnation à sept ans de prison pour crimes de guerre et crime contre l’humanité. Relâché dès 1950, il rebâtit son groupe et devint l’actionnaire majoritaire de Daimler-Benz. Ses héritiers disposent aujourd’hui d’une fortune estimée à 4 milliards de dollars et ont donné le nom de Friedrich Flick à leur fondation, qui siège au conseil de quelques-unes des plus prestigieuses universités allemandes.

Le livre de David de Jong se conclut sur cette question : pourquoi une telle timidité de leurs héritiers à reconnaître et à assumer le passé trouble des fondateurs de ces fleurons industriels ? Et quid de cette volonté de perpétuer leur mémoire au travers de fondations ?

« Plus je passais du temps à explorer l’histoire de ces dynasties et à me heurter à la volonté de leurs héritiers de faire oublier le passé des patriarches, plus je commençais à douter de la profondeur et de la sincérité de cette culture du souvenir que l’Allemagne professe à propos de la période nazie », écrit-il.

Par liguedefensejuive
source lexpansion.lexpress.fr

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