Black M – Eagles of Death Metal : dis-moi sur qui tu tapes et je te dirai si l’intelligentsia française se scandalise de l’annulation de tes concerts

S’il fallait une preuve que le mépris des Kouffars est moins grave que celui des Arabes, la cascade d’annulations que connaît Eagles of Death Metal en est l’illustration. Le premier est considéré comme une faute vénielle par le Président de la république. Le second comme un crime.

Pour n’avoir jamais été dans la peau d’un grand américain chanteur de rock blond et tatoué, j’ignore le genre de regard qu’ils s’attirent chez la population méditerranéenne, mais apparemment ceux qui en ont fait l’expérience n’ont pas le droit de raconter ce qu’ils ont vécu, surtout s’ils ont le malheur de faire allusion à l’origine ethnique de celui qui les a regardés de travers. C’est du moins l’une des leçons qu’il faut tirer des propos du chanteur vedette de Eagle of Death Metal qui a échappé à la mort au Bataclan, épisode qui l’a marqué, un peu comme si, prenons un exemple au hasard, il avait vu ce soir là l’un de ses copains homosexuels émasculé, dépecé, puis laissé mort sur le périphérique, oui là sous ses yeux, comme l’a suggéré dix ans plus tôt, à la jeunesse de France, un autre chanteur qui s’en est mieux tiré puisqu’il a failli chanter à Verdun.

Le quart de l’opinion française qui penche encore à gauche était prêt à le laisser chanter à la mémoire des morts alors qu’il a prôné l’assassinat. Le même quart continue de s’insurger au nom de la liberté d’expression en faveur des pousse-au-crime. Le président de la République s’en est même mêlé mollement comme à son habitude, pour défendre l’auteur, alors que le groupe Eagles of Death Metal, qui certes ne brille pas par sa finesse, se voit interdire en ce moment scènes de province et festivals pour ce qui relève principalement de la faute de goût. Dire que certains étaient animés à leur égard de mauvaises intentions visibles avant le concert « comme tous leurs coreligionnaires » c’est interpréter les choses de manière trop générale certes, mais la nature des intentions, après le massacre, n’a fait aucun doute.

Si vraiment les responsables de festivals voulaient voir chanter chez eux de bons Américains qui ne disent jamais fuck, qui adorent les populations orientales et qui vont à l’église, il ne fallait pas faire appel à ce que l’Amérique compte de plus sommaire musicalement et de plus vulgaire socialement. Les Eagles of Death Metal en Californie font avant tout frissonner les illettrés au regard noyé de bière et de fatigue qui viennent d’ assister à une course de Monster Trucks. Tandis que chez nous c’est le public haut de gamme qui adore. Il se donne l’illusion de faire de la sociologie façon I-télé à chaque fois qu’il prend le pouls de l’Amérique profonde. Chez ces gens-là la vie n’est qu’un immense journal de Bruce Toussaint. Les petits marquis de l’opinion française les trouvaient jusqu’ici absolument délicieux ces grands garçons tatoués, comme tout ce qui mélange les têtes de mort et la bannière étoilée dans l’imagerie du Rock. Mais là, ils s’aperçoivent que l’Amérique de Trump n’est pas exactement celle du Starbucks Café.

Il y a pire, dans la cascade des annulations, on voit se dessiner une armature en train de s’effondrer, tout un système stalinien de programmation et de financements à la française, où le conseil général, la Région, la communauté de communes, contribuent pour moitié au budget d’un concert, et où de crainte de déplaire idéologiquement à ceux qui vont verser les subventions, les acteurs sur le terrain s’écrasent au dernier moment en méprisant totalement le public à qui le concert était destiné. « De toute façon la billetterie ne suffisait pas à en assurer l’équilibre », vous dit-on avec lassitude. Il s’agit donc avant tout d’entretenir, à perte, la flamme festive et l’illusion qu’on se démène pour faire bouger la région. Il s’agit de montrer au ministère concerné qu’on a pris des initiatives afin de contribuer à la gloire du ministre, le tout sur le dos de contribuables qui seraient stupéfaits de voir quel genre de demeurés traversent les océans en jet privé pour chanter à leurs dépens. Mais à la moindre embrouille, il n’y a plus personne, plus de responsable, rien que le sentiment d’avoir affaire à un système moribond, confit dans la lâcheté et l’auto-contradiction.

ATLANTICO

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tor

Je hais viscéralement ces bobos qui pensent détenir le monopole de l’analyse et de l’intelligence.
Ils seront considérés comme des collabos et traités comme tels lors de la très prochaine guerre civile