Cette mitsva est apparue au 16ème siècle et a été introduite par les cabbalistes (1), notamment Arizal (2), le plus cabbaliste d’entre eux. Elle nous fait penser bien évidemment à Tou’Bichvat.

(1) (La Kabbale (de l’hébreu קבלה Qabbala « réception », forme anglicisée écrite plutôt Cabbale ou Qabale en français) est une tradition ésotérique du judaïsme, présentée comme la « Loi orale et secrète» donnée par YHWH (D.ieu) à Moïse sur le Mont Sinaï, en même temps que la «Loi écrite et publique » (la Torah)). (Wikipédia).

(2) Rabbi Isaac Ashkenazi Louria ou Loria, rabbin et kabbaliste, est considéré comme le penseur le plus profond du mysticisme juif parmi les plus grands et les plus célèbres, et le fondateur de l’école kabbalistique de Safed Naissance : 1534, Jérusalem Décès : 25 juillet 1572, Safed, Israël.(Wikipédia)

La mitsva de Birkat Ha Ilanott se fait lorsque l’arbre a bourgeonné mais n’a pas encore de fruits. Deux arbres minimum sont nécessaires.

Lorsqu’on sort durant le mois de Nissan, et que l’on voit des arbres fruitiers qui ont produit des fleurs, on récite la bénédiction suivante :

« Barouh’ ata a.d.o.n.a.ï Elohénou Mélèh’ Ha’Olam chélo h’isser bé’olamo kéloum ouvara vo bériyott tovott véilanott tovott lehanott bahèm béné adam ».

Traduction : Tu es Bénis Hachem (Tu es la source de la Bénédiction) Notre D. Roi du Monde, qui n’a rien négligé dans son univers où il y a créé de bonnes créatures, ainsi que de bons arbres, afin d’en faire profiter les êtres humains

Le 1er Nissan tombe cette année (5775) Chabbat prochain (21 mars).

Du fait que le bourgeonnement des arbres est un phénomène qui se renouvelle de façon périodique, et que l’homme peut admirer le fait qu’Hachem fait refleurir des arbres desséchés (explication donnée par Rabbi Aharonn Ha-Lévi – le RAHA, dans Pékoudatt Halévyim sur la Guémara Brah’ot 43b), Il ne faut réciter cette bénédiction qu’une seule fois dans l’année et pas davantage.


Si le bourgeonnement s’est achevé

Si le bourgeonnement s’est achevé, que le phénomène de l’apparition des fleurs dans l’arbre s’est achevé en raison de perturbations météorologiques, et que des fruits commencent à apparaître, comme cela se produit parfois avec des amandiers, il est impossible de réciter la bénédiction sur de tels arbres. Même si les fruits ne sont pas encore sortis, si les fleurs sont tombées, il est impossible de réciter la bénédiction, car la bénédiction s’adresse uniquement au bourgeonnement des arbres. Cependant, si une partie des fruits a commencé à pousser sur l’arbre, mais qu’il possède encore quelques fleurs et bourgeons, on peut réciter la bénédiction sur un tel arbre.

Cette année (5775), le jour de Roch Hodech Nissan tombe Chabbat (21 mars).
Or, puisque nous nous efforçons de réciter Birkatt Ha-Ilanott dès le jour de Roch Hodech Nissan, nous allons expliquer si l’on peut réciter cette bénédiction le jour de Shabbat, ou bien s’il est préférable de la repousser à dimanche.

« De peur d’arracher »

 Avant tout, nous devons traiter le problème vis-à-vis de l’enseignement de la Guémara Sotta (37b) :

Rabba dit : Il est permis de sentir le myrte pendant Chabbat, même lorsqu’il est encore rattaché à sa racine. Par contre, il est interdit de sentir un Etrog (cédrat) lorsque celui-ci est encore rattaché à sa racine.

La Guémara explique que le myrte est destiné uniquement à être senti, et de ce fait, il n’est pas à craindre d’en arriver à l’arracher. Ce qui n’est pas le cas de l’Etrog qui est un fruit comestible, il est davantage à craindre d’en arriver à l’arracher lorsqu’on va le sentir.

C’est ainsi que tranchent tous les décisionnaires.

 A partir de là, il en découle de façon certaine qu’il n’y a pas à interdire la récitation de Birkatt Ha-Ilanott pendant Shabbat car les fruits sont absents de l’arbre au moment de la bénédiction. Et même si les fruits étaient présents, on ne les touche absolument pas au moment de la bénédiction, et on ne les sent pas non plus.

De ce fait, il n’y a pas à craindre de les arracher.

Les propos de Rabbi H’aïm FALLAG’I

Cependant, le Gaon Rabbi H’aïm FALLAG’I écrit dans son livre Mo’ed Lé’Hol H’aï (chap.1 note 8) :

 « Dans la ville de Constantinople (Turquie), l’usage est de réciter Birkat Ha-Ilanott même les jours de Shabbat ou de Yom Tov. Mais dans notre ville de Izmir, je n’ai jamais vu ni entendu qui que ce soit réciter cette bénédiction pendant Shabbat ou Yom Tov. Si la raison est le risque d’arracher les bourgeons pour les sentir, alors même les gens de Constantinople devraient prendre cette crainte en considération et s’abstenir de réciter cette bénédiction pendant Shabbat.» Fin de citation.

Mais à partir des propos des décisionnaires selon lesquels il n’y a pas à craindre d’arracher les bourgeons des arbres puisque les fruits sont absents et puisque l’on ne sent absolument pas les bourgeons, il n’y a donc pas à prendre en considération la remarque faite par le Gaon Rabbi H’aïm FALLAG’I sur ce point.

L’essentiel est donc l’usage de la ville de Constantinople où l’on récitait cette bénédiction même pendant Shabbat. C’est ainsi qu’écrivent de nombreux décisionnaires.

La réticence des gens de Izmir ou d’autres endroits à réciter cette bénédiction pendant Chabbat s’explique probablement grâce aux propos du Gaon Rabbi Rah’amim H’aï H’ouita Ha-COHEN z.ts.l (notre maitre Ovadia Yossef le Rav z.ts.l disait de ce Gaon qu’il n’avait pas son pareil dans notre génération et qu’il était un véritable géant de la Torah. Il ne tarissait pas d’éloges à son sujet, aussi bien sur sa grandeur dans la Torah que sur ses très grandes qualités humaines) dans son livre Chou’t Simh’att Cohen (chap.142) où il explique que cette réticence provient probablement du fait d’avoir à sortir les Siddourim (livres de prières) de la synagogue vers les jardins afin de pouvoir réciter à partir du Siddour et de dire le texte du « Yéhi Ratson » que l’on a l’usage de dire. Or, du fait qu’en dehors d’Israël il n’y avait pas de ‘Erouv et qu’il était donc strictement interdit de déplacer des objets de la synagogue vers l’extérieur pendant Shabbat, ils se sont donc abstenus de réciter cette bénédiction pendant Shabbat. Mais dans des endroits où il est permis de déplacer des objets d’un domaine à l’autre pendant Shabbat, ou bien que les Siddourim ne sont pas nécessaires, il est certain que l’on est autorisé à réciter cette bénédiction pendant Chabbat.

Les propos du Kaf Ha-H’aïm

Cependant, le Gaon Rabbi Ya’akov H’aïm SOFER z.ts.l écrit dans son livre Kaf Ha-H’aïm (chap.226 note 4) en ces termes : « On ne doit pas réciter Birkatt Ha-Ilanott pendant Shabbat. Il semble que selon les propos des Kabbalistes, la récitation de cette bénédiction entraîne un tri des étincelles de sainteté contenues dans le végétal. Selon cela, il y a là un interdit supplémentaire à titre de Borer (trier pendant Shabbat). De ce fait, il est interdit de réciter cette bénédiction pendant Shabbat». Fin de citation.

Cela signifie que selon les Kabbalistes, il existe des « étincelles de sainteté » contenues dans le végétal, et ces étincelles se retirent du végétal grâce à la bénédiction récitée et retournent à leur véritable place. Ce geste s’apparente donc à «trier » pendant Shabbat.

Dans un autre de ses livres, Chou’t Béer Maïm H’aïm manuscrit, il mentionne la question qui lui fut posée : Les différentes bénédictions et autres prières que nous récitons provoquent le même phénomène, pourquoi sont-elles malgré tout autorisées pendant Shabbat ? Il répondit que ces bénédictions et prières sont « de la nécessité du moment », et selon la Halakha, il est permis de trier pendant Chabbat lorsque c’est pour une utilisation immédiate.

Mais notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l (dans Chou’t Yéh’avé Da’at vol.1 chap.2) s’étonne particulièrement des propos du Kaf Ha-H’aïm sur ce point, car sur quoi s’appuie-t- il pour prétendre que l’interdit de trier pendant Chabbat est également relatif à un domaine spirituel comme celui-ci ? Notre maitre le Rav z.ts.l s’étend partiellement sur le sujet afin de réfuter catégoriquement les propos du Kaf Ha-H’aïm sur ce point, et il explique que l’on ne doit pas trancher la Halacha à partir de sujets Kabbalistiques comme ceux-là.

Par conséquent, il conclut sur le plan pratique qu’il est permis de réciter Birkatt Ha-Ilanott pendant Chabbat.

Dans la pratique, notre maitre le Rav z.ts.l écrit dans son livre H’azon Ovadia sur les lois de Péssah’ (page 23) que c’est ainsi qu’il faut agir et ne pas s’abstenir de réciter Birkatt Ha-Ilanott pendant Shabbat. Il ajoute que c’est ce qu’il fit lui-même en l’année 5755 (1995) où Roch Hodech Nissan tomba Shabbat, « et nous avons récité Birkatt Ha-Ilanott pendant Shabbat ».

Cas pratiques sur Birkat Ha-Ilanott

Le moment de Birkat Ha-Ilanott

Il apparaît dans les propos de nos maîtres qui ont instaurés cette bénédiction, ainsi que dans les propos des Poskim (décisionnaires), que le moment propice à cette bénédiction est le mois de Nissan, car c’est là où généralement les arbres bourgeonnent et sortent leurs fleurs. Il semble par évidence que c’est exclusivement à Nissan que l’on doit réciter cette bénédiction et pas à d’autres moments.

Les pays où les arbres bourgeonnent à d’autres moments de l’année

Mais aux États-Unis, il existe un problème qui se produit certaines années, puisqu’il arrive qu’au mois de Nissan, les arbres n’aient pas encore commencé à fleurir.

D’où la question, est-il possible de réciter Birkat Ha-Ilanott au mois d’Iyar ?

L’auteur du Sefer Ha-Echkol (du RAAVAD, l’un des maîtres les Richonim) écrit à la page 68 : « …pas exclusivement durant le mois de Nissan, mais à la 1ère fois dans l’année où l’on voit la fleur de l’arbre… »

Ainsi écrit également le RYTBA (Rabbénou Yom Tov Ben Avraham Al ACHVILI) dans ses commentaires sur la Guémara Roch Hachana (11a), et voici ses propos :

« …pas seulement pendant le mois de Nissan, mais en réalité, chaque région selon la période de bourgeonnement de ses arbres… » Fin de citation. C’est ainsi qu’écrivent de nombreux autres décisionnaires.

Par conséquent, notre grand maitre le Rav z.ts.l écrit qu’il est permis à chaque région de réciter Birkat Ha-Ilanott selon la période dans laquelle se produit le bourgeonnement des arbres, puisqu’il n’y a pas de Din exclusif à Nissan, mais seulement concernant le bourgeonnement du printemps qui a lieu généralement au mois de Nissan.

Sur quel type d’arbre doit-on réciter cette bénédiction ?

On récite Birkat Ha-Ilanott uniquement sur des arbres fruitiers, et non sur des arbres stériles qui ne donnent aucun fruit. Cependant, si l’on a récité la bénédiction sur des arbres stériles (par ignorance ou par accident – Bédi’avad), on ne doit pas recommencer la bénédiction lorsqu’on verra des arbres fruitiers.

Selon certains décisionnaires, on ne doit réciter cette bénédiction que lorsqu’on voit au moins 2 arbres en bourgeon. Selon d’autres décisionnaires, on peut réciter cette bénédiction même sur un seul arbre.

En cas de force majeure, le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l tranche qu’il est possible de réciter cette bénédiction sur un seul arbre.

Malgré tout, la personne qui récite la bénédiction sur de nombreuses espèces (en 1 seule fois) est digne de louanges.

Des arbres greffés

Il y a une divergence d’opinions Halakhique concernant des arbres que l’on a fait pousser en greffant 2 espèces différentes ensemble, comme l’arbre qui donne le Etrog que l’on greffe avec un citronnier, ou autre exemple similaire :

Certains décisionnaires tranchent qu’il est interdit de réciter Birkat Ha-Ilanott sur de tels arbres, puisque leur existence va à l’encontre de La Volonté du Créateur (puisqu’il est interdit selon la Torah de planter un arbre constitué de 2 graines d’espèces différentes), il n’est donc pas compatible de remercier Hachem pour cela.

Certains autres décisionnaires sont d’avis qu’il est permis de réciter Birkat Ha-Ilanott sur de tels arbres, puisque la bénédiction traite de la globalité de la création, et l’on peut donc réciter Birkat Ha-Ilanott sur des arbres greffés.

Bien qu’en réalité, on ne peut empêcher une personne désirant réciter Birkat Ha-Ilanott sur de tels arbres, cependant, Léh’atéh’ila (à priori), il ne faut pas réciter la bénédiction de Birkat Ha-Ilanott sur des arbres greffés, en raison du principe de SAFEK BERAH’OT LEHAKEL (chaque situation où il y a un doute si l’on doit faire une bénédiction ou pas, on ne doit jamais la faire, et une divergence d’opinions Halakhique constitue un doute).

Cependant, il existe un important argument pour autoriser lorsqu’il s’agit d’arbres pour lesquels il n’est pas évident d’interdire leur greffe, comme les arbres produisant des agrumes que l’on trouve de notre époque, comme le Etrog, le citron, l’orange amère ou le pamplemousse, car selon l’opinion de notre maitre le Rav z.ts.l (voir Chou’t Yabiya’ Omer vol.5 chap.19, et Halih’ot ‘Olam vol.2 page 200), il est permis de solliciter un non juif pour greffer ces types d’arbres les uns avec les autres. Selon cela, il est certain que leur existence ne va pas à l’encontre de La Volonté du Créateur, et il est donc possible de réciter Birkat Ha-Ilanott sur ce type d’arbres greffés, au même titre que l’on récite la bénédiction de Chéhéh’éyanou lorsqu’on en consomme les fruits.

Des arbres « Orla » Par contre, il est permis de réciter Birkat Ha-Ilanott sur des arbres qui sont encore dans leur cycle des 3 premières années depuis leur plantation (Orla), et même si normalement de tels arbres sont interdits au profit, puisqu’ils n’ont pas été plantés dans l’interdiction, il est permis de réciter la bénédiction sur ces arbres.

Source : Halacha Yomit

Halakha du 29 Adar 5775

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