Axel Kahn, né le  au Petit-Pressigny (Indre-et-Loire) et mort le  d’un cancer, est un scientifique, médecin généticien et essayiste français. Directeur de recherche à l’Inserm et ancien directeur de l’Institut Cochin, il préside l’université Paris-Descartes de 2007 à 2011 puis la Ligue nationale contre le cancer de 2019 à 2021.

Il est surtout connu du grand public pour ses actions de vulgarisation scientifique et ses prises de positions sur des questions éthiques et philosophiques ayant trait à la médecine et aux biotechnologies — notamment le clonage et les OGM — en particulier dans le cadre de son travail au sein du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) de 1992 à 2004.

Il est le fils du philosophe Jean Kahn-Dessertenne (1916-1970) et de Camille Ferriot (1914-2005), originaires de Mussy-sur-Seine (Aube).Le père de Jean Kahn est d’origine juive alsacienne. 

Il est le frère du journaliste Jean-François Kahn (né en 1938) et du chimiste Olivier Kahn (1942-1999)2. Il passe les premières années de sa vie en nourrice au Petit-Pressigny. En 1949, il rejoint sa famille à Paris où son père dirige une école privée. Ses parents se séparent en 1954 et Axel reste avec sa mère et son frère Olivier. En 1957, sa mère fait une rechute de tuberculose et se fait soigner une année durant dans un sanatorium. Axel est envoyé en pension à Saint-Germain-en-Laye.

Après avoir été louveteau à cinq ans, il est enfant de chœur et entre chez les Scouts de France, où il est victime de pédophilie par un chef scout et un prêtre.

Très attiré par la religion catholique au point d’envisager un temps d’entrer dans les ordres, il perd la foi alors qu’il est pensionnaire en classe de seconde à Blois dans un lycée jésuite. Il prend conscience de ses origines juives et découvre le racisme. Axel Kahn entre en classe de première au lycée Buffon à Paris. Il s’engage à cette époque auprès du Parti communiste et devient en 1961 secrétaire des jeunesses communistes du lycée. Après un prix au concours général, puis le baccalauréat qu’il obtient avec mention, il fait des études de médecine et devient interne des Hôpitaux de Paris à l’hôpital Lariboisière notamment.

Axel Kahn, médecin, généticien et essayiste est mort.

Agé de 76 ans, le président de la Ligue contre le cancer est mort après avoir lutté contre un cancer dont il avait lui-même annoncé l’issue fatale.

 

Axel Kahn, médecin, généticien et essayiste, est mort à 76 ans des suites d’un cancer, a annoncé mardi 6 juillet la Ligue contre le cancer, dont il était président depuis juin 2019. Il avait lui-même pris l’initiative d’en annoncer l’issue fatale, le 11 mai, dans un communiqué.

Il avait ensuite accordé une série d’entretiens, dans lesquels il faisait part de sa sérénité face à la mort, témoignant de l’expérience « saisissante » que l’on vit quand on la sait toute proche : « La joie de tout instant de beauté est décuplée par l’hypothèse que l’on pourrait n’en plus connaître de pareille. Sensation inouïe, bonheur immense », écrivait-il ainsi le 14 mai sur son fil Twitter, en regard de fleurs et d’un arc-en-ciel.

Le suicide de son père marque de façon indélébile le jeune homme, d’autant que ce geste, inattendu, se double d’un message adressé à lui seul dans une lettre posthume : « Sois raisonnable et humain. » Injonction « extraordinairement vague », et qui le questionnera sa vie durant.

Premier directeur de l’Institut Cochin

Axel Kahn a fait médecine « par élimination », afin de ne pas entrer en compétition avec « les quatre hommes Kahn ». Ce sera l’hématologie (1974), discipline qui l’amène à se consacrer à la recherche : en 1976, il entre à l’Inserm en tant que biochimiste, intégrant une unité d’enzymologie pathologique au sein de l’hôpital Cochin, à Paris. C’est là qu’il effectuera l’essentiel de sa carrière scientifique, mettant les outils du génie génétique au service de la compréhension d’anomalies enzymatiques impliquées notamment dans les maladies du sang. Il s’intéresse ensuite au potentiel des thérapies géniques.

Ses activités de recherche s’accompagnent de prises de responsabilités administratives. Il devient ainsi le premier directeur de l’Institut Cochin (2002-2007), avant d’être élu à la tête de l’université Paris-V Descartes (2007-2011). Il se défendra d’avoir été alerté, avant la fin de son mandat, sur la gestion du centre de don des corps abrité par celle-ci, après la révélation en novembre 2019 par L’Express des conditions indignes dans lesquels des cadavres destinés aux recherches anatomiques y étaient traités.

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Avant cela, il aura présidé la Commission du génie biomoléculaire, chargée d’évaluer les demandes de mise en culture d’organismes génétiquement modifiés, et de laquelle il démissionnera en 1997, lorsque le gouvernement Juppé interdit la culture en France d’un maïs transgénique, à laquelle lui était favorable. Sa nomination dans la foulée comme directeur scientifique adjoint pour les sciences de la vie de Rhône-Poulenc (1997-1999), entreprise impliquée dans ces développements industriels, entachera son indépendance sur le sujet aux yeux de certains observateurs.

Soutien de Martine Aubry

Parallèlement, Axel Kahn est membre du Comité national consultatif d’éthique (1992-2004), à une période où les développements de la génétique et des techniques de reproduction nourrissent d’intenses débats. Clonage, tests génétiques, thérapies géniques : la clarté de ses interventions et son sens de la pédagogie en font dès lors un « bon client », disait-il, prisé des médias – lui-même sera cofondateur d’un journal scientifique, Médecine/Science.

Il se déclare opposé aux tests génétiques chez les athlètes féminines ou dans le cadre du regroupement familial, ainsi qu’à la brevetabilité des gènes ou au clonage thérapeutique. Il estime que la thérapie génique germinale, promue par les transhumanistes, vise in fine à « augmenter » l’espèce humaine – un projet « forcément inégalitaire », et donc « philosophiquement critiquable ». Considérant que « l’individu ne se résume pas à ses gènes », il bataille notamment contre les positions réductionnistes de Nicolas Sarkozy quand celui-ci considère que la pédophilie ou les tendances suicidaires chez les jeunes ont une origine génétique.

Lire l’entretien de 2018 : « Impossible de savoir quels seront les bons gènes dans deux siècles » selon Axel Kahn. Cette opposition n’est pas que scientifique : en 2012, Axel Kahn, soutien de Martine Aubry, compare le rassemblement organisé par le président sortant au Trocadéro à un « Nuremberg du tout petit », avant de regretter cette analogie. Le lycéen secrétaire aux Jeunesses communistes, encarté au PCF jusqu’en 1977, gardera le cœur à gauche, même après le « tournant de la rigueur » mitterrandien de 1983. En 2012, investi par le Parti socialiste dans une deuxième circonscription de Paris traditionnellement acquise à la droite, il perd face à François Fillon au second tour.

Auteur d’une trentaine de livres

Il dira avoir refusé par deux fois le poste de ministre de la recherche, ne voyant pas « dans des circonstances contraintes » ce qu’il pouvait apporter. Les difficultés du secteur ne lui étaient que trop familières : en 2004, il figure parmi les « mandarins » – le mot est de lui – qui se mobilisent dans le mouvement « Sauvons la recherche », réclamant à Claudie Haigneré un meilleur financement pour le monde scientifique en général et pour l’Institut Cochin en particulier.

Marcheur infatigable, il tire de ses déambulations quelques-uns de ses essais. Il est l’auteur ou le co-auteur d’une trentaine d’ouvrages – sur l’éthique, les biotechnologies, la morale, ou parfois autobiographiques. Le dernier, Et le bien dans tout ça ? (Stock), a été publié en mars.

Lire la tribune : « La Covid-19 n’est pas la source des pénuries de médicaments, elle les aggrave ». Ces derniers mois, Axel Kahn avait multiplié ses apparitions dans les médias à l’occasion de la pandémie de Covid-19, distillant ses conseils sur la gestion de la crise sanitaire. Cet engagement était notamment motivé par la défense des personnes atteintes d’un cancer : « Retards de diagnostic, reports d’opérations, infections nosocomiales : elles sont des victimes collatérales parmi les plus durement touchées », expliquait-il dans le dernier entretien accordé au Monde, le 28 février. Il s’y interrogeait sur ce que sa génération avait « manqué » pour que le discours ambiant vis-à-vis de la pandémie soit à ce point contaminé par l’« irraison la plus totale » et par le complotisme.

Jusqu’en avril, je planifiais les années civiles ; puis des saisons. Ce furent bientôt plutôt les semaines. Ce ne sont plus désormais que les aubes naissantes que je verrai, émerveillé, bleuir. Cela en vaut pourtant toujours la peine », tweetait Axel Kahn le 29 mai dernier. Le médecin et généticien, qui venait de quitter la présidence de la Ligue nationale contre le cancer, s’est éteint le 6 juillet et aura presque jusqu’au bout, sur Twitter, sur son blog, dans de nombreuses interviews écrites et télévisées, tenté de raconter ce que c’est, pour un homme, que de voir arriver sa fin.

Début avril, un mois à peine après la sortie de son dernier livre* (le 30e !), l’ancien chercheur apprenait en effet l’aggravation « fulgurante » du cancer dont il souffrait jusqu’ici en secret. La mort se profilait et il le fit aussitôt connaître publiquement pour ne plus cesser, dans des messages poignants et parfois un peu déconcertants, d’évoquer l’affreux compte à rebours et d’en tirer des leçons de sagesse.

C’est avec tristesse et émotion que la Ligue contre le cancer vient d’apprendre le décès d’Axel Kahn.

Au fond, le dernier des frères Kahn a aimé raconter sa mort presque autant qu’il goûtait à l’exercice de narrer sa vie. « Je crois fondamental de préciser quelles sont les bases culturelles et éducatives, quels sont les expériences et présupposés qui ont façonné ma personnalité morale », disait-il dans une interview donnée au Point en avril 2010. « C’est une clé de lecture essentielle et l’exercice vaudrait d’ailleurs pour tous les individus qui usent de la parole publique »… Or c’est peu dire que l’ancien chercheur et président d’université a lui-même usé de la parole publique en prenant part à d’innombrables débats sociétaux et bioéthiques et en défendant, d’après l’humanisme agnostique dont il se revendiquait, ce qui lui semblait ou non moralement acceptable.

Opposé à la GPA, pas à la PMA

Opposé au clonage comme à la légalisation de l’euthanasie ou de la gestation pour autrui, il était favorable en revanche, et depuis longtemps, à l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation aux couples lesbiens et aux femmes célibataires. Depuis le début de la crise sanitaire, on le voyait truster les plateaux de télévision pour critiquer les mesures gouvernementales et il jurait avoir vu monter bien avant tout le monde, à la faveur des longues marches qu’il faisait à travers la France, le mouvement des Gilets jaunes… « Je me souviens d’avoir fait jusqu’à douze plateaux de radio et de télé sur certains sujets […], je suis le bon client qu’on appelle à tout bout de champ et, puisqu’on me le propose, je considère que c’est mon devoir de le faire », racontait-il au Monde fin février.

« Est-ce qu’il y a un peu de vanité… ? Sans doute, oui. » Conscient de sa valeur, il avait tout de même assez d’autodérision pour l’être aussi de sa forfanterie. « Mélange impressionnant de radicalité et de vérité […], il va droit, quelquefois il peut tomber à côté, mais c’est un honnête homme », le décrivait le discret Pr Didier Sicard, qui le côtoya au CCNE – Comité consultatif national d’éthique – auprès de Libération. « Bien sûr, il peut agacer, s’avérer content de lui. Mais il est à la hauteur de ce qu’il exprime. »

Destin familial

Ces avis tranchés, cette obsession du bon sens éthique, Axel Kahn les justifiait constamment par un destin familial et personnel qu’il exposait volontiers… Dans ses ouvrages (un par an), sur son blog, dans les innombrables portraits qui lui ont été consacrés, il avait tout raconté. D’abord le quatuor masculin brillant et plein d’assurance qu’il forma longtemps avec ses deux frères aînés, Jean-François et Olivier, et leur père, Jean Kahn : Jean est philosophe ; Jean-François, plus tourné vers l’histoire et les sciences humaines, deviendra l’homme de presse que l’on connaît, et Olivier – décédé en 1999 – est chercheur en chimie.

Reste à Axel, pour épater les trois autres, le territoire inexploité de la médecine. On connaît aussi les deux moments clés de son existence, ceux au cours desquels tout a basculé. Une promenade, à quinze ans, lors de laquelle lui qui est croyant – au point de songer à la prêtrise – revisite un à un, en marchant, les dogmes catholiques et perd brutalement la foi. Ce catholicisme dont il disait avoir gardé les principes humanistes, il continuait cependant de l’appeler joliment son « village natal »… Puis vient le cataclysme. En 1970, Jean, le père tant aimé, se suicide en sautant d’un train. On retrouvera l’Évangile de Jean dans sa poche, et il laisse, surtout, une lettre terrible à son dernier fils, et seulement à lui. Elle commence ainsi : « Mon cher Axel, je m’adresse à toi comme le plus capable de faire durement les choses nécessaires » et s’achève par l’écrasante injonction suivante : « Sois raisonnable et humain »…

Cette lettre paternelle, énigmatique et tellement encombrante, deviendra le fil rouge de l’existence d’Axel Kahn. Il ne la révélera que des années plus tard à ses frères. Et sera longtemps partagé entre le sentiment inconfortable d’être le fils « élu » et la certitude, à l’inverse, que son père s’inquiétait pour lui, et lui seul, dans la fratrie. Car lorsque Jean décède, Axel est déjà un jeune homme hyperactif et aux positions extrêmement tranchées : le message paternel est-il une invitation à plus de mesure ? Fervent militant communiste pendant des années, puis socialiste proche de Martine Aubry, il avait ensuite, comme son frère Jean-François, soutenu officiellement le MoDem. Avant le deuxième tour de 2017, il avait multiplié les tribunes appelant à voter Macron, pour avouer plus tard, une fois Macron passé contre Marine le Pen, avoir en réalité voté blanc dans le secret de l’isoloir… Et on l’entend d’ici éclater de rire de cette facétie, au fond de cette ultime liberté…

Ce grand rire de gamin roublard, un rire tonitruant et tellement communicatif, était le même, exactement, que celui de son frère Jean-François. Jouisseur, il s’était marié trois fois, avait une multitude d’enfants et petits-enfants, et aimait plus que tout le spectacle de la nature et la marche. L’interviewant en 2010, nous lui avions demandé : « Axel Kahn, vous avez 65 ans. Jusqu’ici, avez-vous été un type bien ? » Il avait répondu : « J’ai essayé. »

JForum: sources Le Monde – Le Point

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